- Toute œuvre est une conclusion frustrée. Le résultat n'est pas primordial. L'important, c'est l'expérience. Le processus, réfléchir, faire, sentir, voir... c'est tout cela, l'œuvre. À la fin, il en reste une trace. C'est ce que les autres voient. Mais c'est ce qui compte le moins. La seule chose qui compte, c'est ce que tu as vu, ce que tu as ressenti, ce que tu as vécu.
D'après lui, l'artiste n'est pas innocent. Personne ne l'est. L'artiste est partie intégrante de ce qu'il dénonce. Et il se limite à le reproduire. Par conséquent, il lui est impossible de s'afficher les mains propres. Il doit au contraire prendre parti. Se salir les mains, les couvrir de merde, [...].
- Et depuis quand l'art doit-il être bienveillant, moral et légal? rétorqua Helena sans se démonter. Le fait d'être de l'art n'empêche pas une œuvre de constituer un acte social répréhensible. L'éthique et l'esthétique sont deux choses différentes depuis bien longtemps.
Montes m'avait bouleversé. Son œuvre m'avait impacté. À l'époque, l'art était pour moi précisément cela, l'impact, la capacité de tout bousculer. Les actions de Montés, cette façon d'exploiter et de torturer les personnes sans defense, étaient à mon sens difficilement justifiables. Et pourtant, elles m'attiraient, m'intriguaient et me séduisaient, comme dans une séance d'hypnose où on serait conscient de la manipulation exercée par l'hypnotiseur, mais où l'on continue cependant de jouer le jeu car on ne sait pas encore vers quoi il pourra nous mener.