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Critiques de Michel Serres (277)
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C'était mieux avant !

Je n’ai pas lu « Petite Poucette », mais il n’est pas besoin de l’avoir lu pour aborder ce nouveau manifeste de Michel SERRES.



Cette fois, il dénonce les fameux « c’était mieux avant » de nos grands-papas ronchons.



Tous les thèmes de la société y sont abordés d’une manière humoristique. Il passe la société « d’avant » et « d’après » au crible fin. Un régal ! Et je ne vous parle même pas de l’écriture magnifique, fine, poétique, comme je les aime.



A mettre entre toutes les mains. Abordable par tous, à peine une centaine de pages. Il serait bête de passer à côté.

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De l'amitié, aujourd'hui

Les Chroniques de Michel Serres et Michel Polacco sur France info sont rassemblées dans ce fascicule de 120 pages elles constituent une philosophie accessible, agréable à lire… et elles font du bien.

Les sujets abordés sont variés :

- L'amitié cette attirance et alchimie inexplicable entre deux êtres, c'est uniquement le « parce que c'était lui parce que c'était moi » de Montaigne qui résume le mieux ce beau sentiment.

- La Belgique et la BD, Monsieur Serres est tintinophile…et nous apprenons que nous devons beaucoup à la Belgique et ses hommes célèbres, Mercator, van Wesel qui écrivit le « premier traité d'anatomie exacte ».

Georges Lemaitre, prêtre catholique, chanoine, il a été le premier à dire que l'Univers est en expansion et à calculer la constante, dite par la suite « constante de Hubble' … Cette théorie fut appelé le « Big Bang » et Lemaître oublié.

- Mon chapitre préféré est, sur la jalousie ce sentiment responsable de bien des maux ! Michel Serres nous donne un remède pour la combattre… à lire

- Ses réflexions sur le suicide et la compassion qui se dégage de ses écrits sont riches et profonds d'enseignements.

Voilà un petit livre sage d'un grand philosophe ! A siroter sans modération pour notre plus grand plaisir. J'aime.

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C'était mieux avant !

Michel SERRES, philosophe du contemporain, arrive de nouveau dans cet ouvrage, par la puissance de son raisonnement et la pertinence des exemples choisis, à nous extraire de l'air du temps afin de nous doter de la capacité de comprendre aujourd'hui.



"C'était mieux avant ! ", nous conduit à nous interroger : était-ce mieux dans le temps ?



Nous sommes de la génération du tout, tout de suite et partout. Notre illusion de puissance et notre incarcération dans l'éphémère contraste avec les enjeux de pérennité à horizon de plusieurs siècles liés, par exemple, aux bouleversements climatiques. Ainsi, était-ce mieux lorsque nous savions inscrire nos actions dans le temps, dans la durée ?



L'une des véritables ruptures contemporaines ne serait-elle pas entre l'homme et l'humanité ?



À l'heure du développement durable, prenons-nous conscience de la perte d'un savoir-faire essentiel ? Saurions-nous encore construire le Mont-Saint-Michel sur une période de plus de 400 ans ? L'humanité aurait-elle ou pas des qualités d'ergodicité ? Tout connaître et construire globalement partout aujourd'hui nous permet-il ou pas d'accéder aux mêmes savoir et réalisations que ceux qui ont construit localement sur de nombreuses générations ? Dans cette logique, notre conscience d'appartenir à une humanité durable qui transcende notre individualité éphémère se serait-elle estompée ?



L'écriture - une révolution à énergie faible - a permis d'inscrire l'humanité et l'homme dans le temps, de raconter une histoire. L'analyse des traces et leurs datations nous ont fait prendre conscience que l'humanité, la terre, la nature, l'univers ont gravé, écrit leur souvenir, leur mémoire, leur histoire. Les écrits restent, n'est-ce pas ? Que permet donc l'âge du numérique - une autre révolution non-industrielle à énergie faible ?



Avant la révolution scientifique, nous apprenons que les sociétés, les organisations poursuivaient un objectif : perdurer. La révolution scientifique est très corrélée à la notion de progrès, de transformation, de croissance. Les révolutions industrielles à énergie forte ont logiquement suivi. Les sciences dures ont donné un rôle important aux transformateurs, scientifiques et ingénieurs, mais actuellement la parole, les médias sont aux mains de ceux qui sont formés aux sciences humaines, à l'économie. Ainsi, le progrès est-il encore pertinent pour l'humanité ? Ne sommes-nous pas à l'aube d'un nouveau changement de paradigme ou de nouveau la perpétuation deviendrait prioritaire sur le progrès ? L'un des enjeux serait-il la disparition ou pas de l'humanité ? À l'heure où l'homme tend à se prendre pour un dieu, l'humanité a-t-elle déjà été aussi éloignée de Dieu ? Notre illusion de puissance et d'éternité a-t-elle déjà été aussi forte alors que nous sommes prisonnier de l'éphémère ?

Homo sapiens devenu Homo deus suite à l'avénement de l'ordinateur et des reseaux aurait-il besoin du véritable Deus ordinator pour se remettre sur le chemin où il doit marcher ? Autrement dit,l'humanité doit-elle trouver un cadre légal naturel qui permettrait à certains d'en réchapper ? Quelle légitimité limiterait la violence de la nature, contre laquelle les hommes, en progressant comme bon leur semble au mépris de ses lois, seraient entrés en conflit ?



Quelle œuvre de plusieurs millénaires serions nous en train de construire ? Nos aïeux ont su écrire la bible - 40 écrivains d'époques et de milieux très divers sur une période de 1600 ans -, mais saurions-nous encore en tirer de véritables leçons ? Pourquoi sommes nous les descendants de Noé autant que ceux d'Adam ? Qu'en penserait donc André MALRAUX ? L'avenir de l'homme et de l'humanité sera-t-il mieux dans le temps ?



D'une façon prosaïque, quelles seraient alors les bonnes étroites relations à tisser et à entretenir entre un campus de sciences dures comme celui de Paris Saclay et une cité des humanités et des sciences sociales comme le campus Condorcet ?



Ce livre est génial ! Lisez-le !

Bonne lecture. Bonnes réflexions !



Lecture liée :

Les Métamorphoses du calcul. Une étonnante histoire des mathématiques. Gilles DOWEK - INRIA

Grand Prix de Philosophie de l'Académie Française 2007.
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C'était mieux avant !

Michel Serres, 87 ans nous livre essai de 95 pages où il pousse un colère contre les grands-papas ronchons comme il les nomme.

Il réagit contre les paroles si souvent entendues "C'était mieux avant" par rapport aux jeunes représentés par sa célèbre "Petite Poucette".

Les trois quarts du livre évoquent le passé qu'il a vécu où la vie était bien plus désagréable qu'aujourd'hui mais quand même vers la fin, il reprend les points forts de son passé comme la communication réelle entre les habitants dans les villages où il a grandi, la beauté de l'architecture remplacée par les constructions "états-uniennes" , dixit Michel Serres.

Pour terminer, il se pose quelques questions sur la grandeur de l'espèce humaine et son devenir.

Michel Serres n'est donc pas complètement optimiste, il fait quand même référence à des valeurs qu'il regrette vers la fin mais dans l'ensemble, il préfère notre époque.

Il tient à donner un message optimiste aux jeunes d'aujourd'hui qui doivent continuer le chemin.

J'ai trouvé en Michel Serres, le message que je tiens moi aussi à donner à mes enfants et petits-enfants , à mes jeunes collègues aussi sans pour cela ignorer les réalités .

J'ai vu ce monsieur à la grande librairie du 9 novembre.

Il a encore montré une capacité exceptionnelle d'échange et de communication avec les autres qui étaient présents sur le plateau.
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C'était mieux avant !

Comme je parle très bien des livres que je n'ai pas lus, je prédis à celui-ci un beau succès: le grand âge est à la mode, on ne compte plus les films et bouquins sur la vieillesse.

Une vieillesse qui refuse d'accepter "des ans l'irréparable outrage" et se sent des picotis dans les mollets, des étoiles dans les yeux et des éclairs de génie sous la casquette. Par ailleurs, les poncifs, utilisés dans le sens du poil ou à contre-sens, remplaçant la pensée, celui-ci devrait faire recette.



Mais moi je dis que j'avais eu l'idée avant, et que Michel Serres me l'a piquée en faisant sur babélio un excellent quiz intitulé "c'était mieux avant!" élaboré par Junie, cette visionnaire qui prédit le passé.



Car oui, c'était mieux avant. Avant le Déluge, avant les bombes atomiques, avant le glyphosate et la GPA, avant les tablettes tactiles pour nourrisson, avant les hypermarchés et la télé-réalité, avant la disparition du dernier orang-outan, avant le soja transgénique, avant le shopping sur internet, avant les robots qui surveillent les vieux à domicile, avant les vacances virtuelles grâce au casque de réalité augmentée, avant que la mer recouvre les îles Fidji.

Vous avez oublié comme on a les mains moites quand on écrit une lettre d'amour. Comme on transpire quand on coupe du bois. Comme on a froid en montagne à 6 heures du matin. Comme on est heureux de se réveiller en entendant la mer, le vent dans les feuilles, un cri d'oiseau. Vous avez oublié comme la nuit est noire et comme ça rassure de voir apparaitre la lune. Vous avez oublié l'odeur de la menthe et de la camomille en été, vous ne savez plus reconnaitre un hêtre, un chêne, un frêne, un bouleau.

Vous êtes les habitants d'un astre bientôt asphyxié, dénaturé, dévitalisé, dégradé, et moi aussi je suis sur la même planète, et on n'a pas de canot de sauvetage.
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C'était mieux avant !

Le grand philosophe publie un petit livre-manifeste « C’était mieux avant ! », fustigeant les nostalgiques pessimistes.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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Petite Poucette

Dans Petite Poucette, j'ai apprécié le retour dans le passé, et l'analyse qu'en fait Michel SERRES qui nous dit entre autres choses que la morale religieuse ou laïque se résumait pour les élèves en des " exercices destinés à supporter une douleur inévitable et quotidienne due à la famine, la maladie, la cruauté du monde...".



Comment le jeune Sapiens moderne peut-il donc comprendre la littérature et l'histoire sans être passé par la case "rusticité, guerre, souffrances physique en tous genres" ?

C'est ce qui questionne notre philosophe.

Moi un peu moins.

entre autres choses que la morale religieuse ou laïque se résumait pour les élèves en des " exercices destinés à supporter une douleur inévitable et quotidienne due à la famine, la maladie, la cruauté du monde...".



Comment le jeune Sapiens moderne peut-il donc comprendre la littérature et l'histoire sans être passé par la case "rusticité, guerre, souffrances physique en tous genres" ?

C'est ce qui questionne notre philosophe.

Moi un peu moins.



Voilà donc pour nos écoliers d'aujourd'hui dont fait partie Petite Poucette (celle qui écrit de ses deux pouces sur les claviers !).



Quand il est question de leur manque d'attention et du pouvoir des médias sur eux, je suis d'accord.



Quand M.SERRES écrit que " les médias se sont saisis depuis longtemps de la fonction d'enseignement", je ne le suis plus du tout.



Certes, nos jeunes générations ont de nouveaux comportements à développer pour mettre en oeuvre une posture ouverte aux savoirs véhiculés (en partie) par le multimédia.



Mais les enseignants se doivent aussi de repenser leur pédagogie ; toujours s'adapter au public en distillant autrement les contenus (le savoir), en permettant aux élèves de l'intégrer et le mémoriser.

Ça, il ne dit pas, et c'est bien dommage, car certes les médias et les connections de notre société moderne donnent un nouveau visage à l'enseignant et à l'élève, mais une pédagogie réinventée peut être mise en place. Simplement.



Et puis, à mi-parcours, j'ai lâché totalement par l'esprit ce texte que j'ai trouvé alors alambiqué. Ce fut au final un essai irrégulier quant à son contenu, après un départ sur les chapeaux de roue, j'ai sauté en marche, autant agacée par certaines idées réductrices que par le manque de contenu.


Lien : http://justelire.fr/petite-p..
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C'était mieux avant !

Michel Serres n'en finit pas de surfer sur l'éloge de la médiocrité ambiante - le vide intellectuel des jeunes dont la tête - c'est lui qui l'écrit - se trouve dans leur ordinateur ou leur tablette, si ce n'est leur téléphone portable , au bout de leurs pouces (cf. La Petite Poucette), et maintenant la négation du malheur contemporain sous prétexte que nous sommes sortis des guerres, de Staline, Hitler, Pol pot, etc. Quel aveuglement, voire quel cynisme ! Quelle grossière argumentation, digne du café du commerce. Les jeunes n'ont jamais autant craint l'avenir (cf. Miguel Benasayag et bcp d'autres psychiatres à ce sujet), les solidarités n'ont jamais été autant ruinées par la concurrence généralisée et l'accélération existentielle due au numérique (cf. Hartmut Rosa, et tant d'autres...), ... Après la seconde guerre mondiale, on sait l'appétit de reconstruire qui fut celui des hommes, la foi dans l'avenir des soixante-huitards (qui ont mal tourné, d'ailleurs), ... La liste serait interminable de ce que Serres fait mine d'ignorer et que, heureusement, de vrais penseurs nous mettent sous les yeux. Serres fut un bon philosophe dans les années 60-70, il est triste de le voir radoter, heureusement dans de cours textes destinés à la vente au kilo, sur des sujets qu'il ne maîtrise pas, ce du haut de sa chaire hors-sol de Stanford (l'une des universités les plus riches du monde). Il me fait penser à ces personnes âgées qui veulent jouer les "jeunes dans leur tête" en faisant l'éloge à tout-va du numérique contre ses critiques informés, alors qu'elles sont incapables d'ouvrir la pièce jointe d'un email...

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C'était mieux avant !

Voici un petit livre qui avec pertinence, humour et vigueur met en pièces les jérémiades sans fondement de " Grand Papa Ronchon " qui affirme sans cesse que " c'était mieux avant " ! à l'adresse de Petite Poucette. Se reporter à cet ouvrage brillant et dont " c'était mieux avant " est le prolongement.

Les exemples concrets et autobiographiques employés par Michel Serres trouveront un écho chez chacun d'entre nous.

Pas de nostalgie infondée donc ! Toutefois nous avons sans doute un prix à payer pour nos vies prolongées et bien plus ouvertes sur le monde, c'est moins de solidarité concrète et quotidienne de notre entourage et une solitude galopante à combattre, sans qu'on sache clairement comment ...

Lisez offrez ce petit livre autour de vous !
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C'était mieux avant !

Un opuscule qui se boit d’une traite, en moins d’une heure, et qui glisse dans le cerveau comme un bonbon sucré ou un miel malicieux.

Dans C’était mieux avant ! Michel Serres tord le cou à la nostalgie d’un passé qu’il a vécu et dont il n’a pas oublié le goût parfois amer, toujours très rude, fréquemment bien plus mortel que notre époque. Illustrant son propos de ses propres expériences, il balaye nombre d’aspects quotidiens et démontre factuellement qu’avant ce n’était pas mieux, bien au contraire, n’en déplaise à Éric Zemmour et tous les aficionados d’un retour à ce fameux Éden des siècles précédents. Tout juste accorde-t-il à la vie communautaire et à la communication entre les gens d’hier, plus de crédit qu’à l’isolement dans lequel confine trop souvent le monde occidental d’aujourd’hui.

Le grand-papa ronchon comme il se définit lui-même fustige les élites seniors de l’argent ou ceux au pouvoir dont le conservatisme traduit la peur et le refus du progrès. Et le philosophe de finir sur une note d’espoir : ce sera sûrement mieux demain ! L’intercommunication de masse rendue possible par les réseaux sociaux devrait signifier la fin des organisations pyramidales, la naissance de la démocratie et la survivance de l’espèce humaine, si elle renonce à ses rêves de gloire et de puissance terrestre pour accepter l’humilité et la petitesse de sa condition.

J’ai eu l’occasion d’aller l’écouter la semaine dernière dans le cadre de sa tournée de promotion et je peux que recommander aux Babelionautes qui auront cette même opportunité, de la saisir. C’est peut-être une des dernières fois qu’il se déplace en France. Il est jubilatoire, plein d’humour et ses anecdotes m’ont ravi…

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C'était mieux avant !

Présenté comme la suite de Petite Poucette, ce livre fait un tour d'horizon de la vie quotidienne au début du 20ème, Michel Serres étant né dans l'entre-deux guerres, pour la comparer à celle d'aujourd'hui.

Réjouissant petit livre plein d'idées qui insiste sur la paix (relative) dans laquelle nous vivons, au regard des bombes du siècle précédent.

Sur l'hygiène, le travail, la condition des femmes et des enfants, la santé , le constat est implacable: c'était pas mieux avant!

A la fin du livre, petit contrepoint sur nos vies isolées, peut-être le prix à payer?
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Carpaccio : Les esclaves libérés

On prend le livre comme un catalogue artistique bien documenté sur Carpaccio à Venise et l'on se trouve plongé dans un exercice d'interprétation de l'oeuvre qui nous mène depuis le combat contre le mal à ce voyage vers la douceur et la paix.
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La légende des anges

Superbement illustrée, c'est avant tout la légende de la communication.
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Pantopie : De Hermès à Petite Poucette

Un très beau parcours sous forme de dialogues à travers la pensée de Michel Serres: son évolution, ses préoccupations, sa méthode.
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Darwin, Bonaparte et le Samaritain

bien
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Du bonheur, aujourd'hui

Pour ceux qui ont eu l'occasion de découvrir cette chronique diffusée le dimanche soir sur France Info, lire ce recueil est un vrai bonheur!

Le vin, le rire, la nuit,..sont autant de sujets décortiqués par ce duo de Michel au carré
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Petite Poucette

Ces petits poucets et poucettes nous dépassent, nous enseignent, nous rendent différents, moi du haut de mes 76 ans, je les admire.

Vivre dans ce monde si autocentré sur lui-même, mais là d'où je suis je leur tend le bras, la main, le pouce, pour que nous nous rejoignions
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Hergé mon ami

Michel Serres, c'est bien connu, est l'homme qui réconcilie tous les hémisphères (droit et gauche, nord et sud) avec science et bienveillance. C'est celui qui - observez son regard pétillant de malice - ne dédaigne pas non plus le recours à la plus extrême drôlerie. Il suffit pour s'en convaincre de lire ou relire son étude des "Bijoux de la Castafiore" ("Rires: les bijoux distraits ou la cantatrice sauve", 1970), qu'on retrouve ici (illustrée par les cases de la BD) aux côtés d'une autre, inédite celle-là et tout aussi jubilatoire, sur la contribution d'Hergé à la théorie du fétichisme dans "L'Oreille cassée". Messager transdisciplinaire de par sa double formation, scientifique et philosophique, vaquant des sciences exactes aux sciences humaines, cet infatigable voyageur dans l'espace et dans le temps, est devenu sur le tard l'ami et visiteur fidèle de Georges Rémi (1907 - 1983), RG. La "tintinophilie" de Michel Serres a fait depuis le tour du monde. "Hergé mon ami" est le fruit d'une collaboration parfaite entre les éditions Moulinsart et le Pommier qui témoigne de cette amitié ; l'entente profonde du penseur et de l'artiste devenus deux "amis de vieillesse", à l'image de la couverture aux couleurs du "Lotus bleu" renvoyant au lien indéfectible que Tintin reporter et Tchang nouèrent un jour sur les bords du Yang Tsé-Kiang. Plusieurs textes sont rassemblés : "Le Jules Verne des sciences humaines", "Hergé portrait", "Genèse de l'art neuf", "Hergé ethnologue" et quelques autres parus entre 1983 et 1997. Une très belle composition où l'air de la "Gazza ladra" n'étouffe pas celui des plus hautes cimes du Tibet ( "La plus précieuse des raretés", 1994). Ode à la douceur de l'amitié, aux voyages, à RG et sa bande... dessinée, qui n'exclut pas non plus Fanny sa coloriste. La mise en regard des textes avec les extraits des oeuvres citées forment un ensemble esthétique d'une lumineuse unité ; diffusant et le savoir sophistiqué du savant et sa mémoire reconnaissante d'éternel enfant des bords de la Dordogne envers le créateur bruxellois et son héros positif rassurant. Ses aventures l'avaient très tôt conquis et détourné de ses peurs, à l'aube de la seconde guerre mondiale car Michel Serres a découvert L'oreille cassée dans sa version hebdomadaire en 1939 ("Case mémorable", 1985). Son écriture alliance subtile entre les mots de la science et ceux de la poésie fait évidemment le reste dans ce livre que je qualifie simplement de très beau.



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Petite Poucette

« Les nouvelles technologies nous ont condamnés à devenir intelligents ! »

Michel Serres.



Après avoir été littéralement subjugué par la conférence de Michel Serres qu’il a donné à l’INRIA en 2007 à l’occasion des 40 ans de cet institut, j’ai souhaité lire son ouvrage relatif au sujet. J’ai été en effet assez déçu par son contenu, bien moins intéressant que ce qu’il est capable de raconter en conférence. Finalement, pour peut-être ne pas perdre le lecteur, il s’en tient à des généralités et ne développe pas beaucoup le propos qu’il maîtrise pourtant parfaitement bien à l’oral. Cela m’a donné l’impression d’un ouvrage assez fade.



Alors, je peux comprendre que le lecteur, n’ayant pas écouté les conférences, trouve que l’auteur est furieusement naïf. Certes, Michel Serres est naïf, mais résolument optimiste. Il ne me semble pas que Michel Serres prétende que les élèves d’aujourd’hui n’ont pas besoin de professeurs ; il dit juste que l’enseignement doit s’adapter à son temps et aux moyens techniques qui lui sont proposés. Vous imaginez-vous si l’école n’avait pas évolué depuis que l’écriture, l’imprimerie existent ? En serions-nous encore à apprendre par cœur des pages entières ?



Non, l’enseignement a changé, s’est adapté et continuera d’évoluer. Il évolue peut-être trop lentement par rapport au bond que nous a fait faire l’arrivée du numérique, mais de toute façon,quiconque aura beau freiner des quatre fers, finira par suivre malgré lui.



Il est évidemment important d’apprendre aux enfants à capitaliser, trier les données dont nous abreuve le Web pour en tirer une information juste. Mais si les enfants ne savent pas le faire ? Les adultes savent-ils mieux qu’eux ? En étons si sûr ?



Je propose de partager quelques liens :

Conférence à l’INRIA :https://interstices.info/jcms/c_33030/les-nouvelles-technologies-revolution-culturelle-et-cognitive



Pourquoi et comment le monde devient numérique : http://www.college-de-france.fr/site/gerard-berry/inaugural-lecture-2008-01-17-18h00.htm



Les inversions mentales de l’informatique, clefs de la révolution numérique : http://www.vivreensemble.lecese.fr/archives2011/vod/ColloqueCESE-8.mp4
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Philosophie - H.S. : Tintin au pays des phi..

Tintin au pays des philosophes est un Petit plaisir plutôt bien pensé. Il s’agit d’une réédition – en édition de luxe – d’un numéro spécial de Philosophie magazine de l’année 2011 qui permet tout à la fois de s’initier à cette discipline de manière ludique et de relire différemment Tintin.



D’une manière ou d’une autre, une fois cette lecture achevée, plusieurs autres vont se révéler nécessaires. Il faudra s’attendre à avoir envie de relire les albums du canon, ou à l’inverse de s’intéresser davantage à la philosophie en visant des ouvrages généralistes. Le travail de coordination de Sven Ortoli aura donc fonctionné.



Il est vrai que la démarche peut laisser dubitatif. Plusieurs grands noms de la discipline produisent des articles sur des thèmes tels que la morale, la politique, l’homme, la raison, le rire, l’art. Ils prolongent ainsi une initiative de Michel Serres qui a laissé sceptique Hergé en personne. Certains articles (notamment lorsqu’il est question de Vérité, du rapport au vrai, des médias) donnent l’impression d’être le fruit d’extrapolations assez éloignées du texte. Certains développements sont parfois difficiles à assimiler, comme le recours à un jargon hermétique.



Pourtant l’on s’adapte assez facilement et c’est avec curiosité que l’on découvre cette nouvelle dimension, d’autant qu’un effort de vulgarisation a été consenti. Vous pensiez être dégoûtes de la philosophie ou lassés de Tintin et bien voilà vos certitudes remises en question ! D’autant qu’il n’est pas seulement question d’idées, mais également d’histoire, de symbolique… le propos est riche et immersif. De nombreuses insertions viennent par ailleurs égayer le texte et rappeler des souvenirs.



Tous les auteurs tentent de réhabiliter Hergé aujourd’hui largement critiqué pour plusieurs de ses albums. Ils ne s’en cachent pas et proposent des arguments pertinents, notamment lorsqu’il est question de colonialisme ou de rapport avec l’occupant. Tintin au Congo, donne lieu à une analyse intéressante. Il est regrettable de constater que Tintin en Amérique et Tintin aux pays des Soviets n’en profitent guère.



Des sélections ont été opérées avec un effort visible pour englober la totalité de la geste du reporter à la houppette. Certains albums sont plus longuement commentés que d’autres qui doivent parfois se contenter de simples références. Il est hélas regrettable que les références faites par les différents auteurs concernent également ces albums phares (L’oreille casée, Le lotus bleu, Tintin au Tibet, le cycle lunaire). La réflexion reste centrée sur les bandes dessinées occultant les autres supports (dessins animés, films) et l’exploitation commerciale faite de l’œuvre d’Hergé.



Tintin au pays des philosophes se révèle donc être une agréable surprise. Le livre permet d’initier une relecture avec un éclairage supplémentaire. Il permet également d’élargir le débat, tout en remettant à plat certaines polémiques faciles. Une belle découverte donc et surtout un agréable cadeau à faire… ou à recevoir !
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Certains les nomment génération Y ou "digital natives", les jeunes, (nouvelles ?), générations nous battent à plate couture devant un écran. Moi j'ai préféré les désigner sous le terme générique de ........?........

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