J'ai acheté ce livre de Michel Serres après avoir assisté à une conférence de l'auteur sur ce même thème.
La conférence m'avait profondément emballé, mais j'ai éprouvé de la difficulté à lire l'ouvrage qui est une suite d'explications avec des glissements entre la guerre mondiale, la seconde, qui prit fin en 1945, et la guerre mondiale, celle que l'Homme livre au monde.
Pas toujours facile même si le fond est très riche.
A lire, et probablement à relire pour bien appréhender tout ce que Michel Serres a voulu exprimer.
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Le temps des crises est un essai qui analyse l'origine de la crise, qui continue de toucher le monde aujourd'hui.
Michel Serre fait un rappel historique des différentes ruptures qui ont marqué les hommes. Il établit une différence entre crise et rupture, et pour sortir de cette crise, il faut plutôt la voir comme une rupture, à condition que les hommes le comprennent et s'investissent pour cela.
Au cours des siècles, des ruptures ont mis fin à de grandes périodes historiques, et la société a pris une autre chemin, intégrant ces apports. Ces changements se sont multipliés au cours du XXes, de plus en plus rapides, mais les institutions, elles, ne s'adaptent pas, il y a un décalage.
Lorsqu'il y a une crise, il ne faut pas chercher à revenir à la situation antérieure. Sinon, elle se renouvellera de façon cyclique. Il faut intégrer ces changements et prendre une autre direction. c'est pourquoi aujourd'hui, il ne faut pas revenir à la situation précédente: l'économie, créée par l'homme, a pris le pas, et se conduit comme si nous ne l'avions pas produite, et le monde réel semble vouloir se venger de ce que lui avons fait subir.
Aujourd'hui, le duo hommes-société est confronté à la planète, au monde dans sa globalité (habitants, tectoniques, climats...). Le monde jusqu'à présent était considéré comme un objet dont on ne tenait pas compte. Aujourd'hui, il vient jouer les trublions pour se faire entendre, et devenir sujet des négociations à part entière. Comment la planète peut-elle se faire entendre? Qui peut parler en son nom? Le combat va être difficile car chacun avait l'habitude de voir uniquement devant sa porte, chacun défendait ses propres intérêts, même dans les négociations dites mondiales concernant le climat, l'écologie, la pollution...Des savant ''laïques, jurant de ne servir aucun intérêt militaire et économique''pourront prendre la parole. Cela rappelle les trois catégories de population: ceux qui prient, ceux qui se battent et ceux qui produisent. Ces trois instances peuvent perdurer, modernisées, mais à condition que chacune reste à sa place. L'économie ne doit surtout pas prendre le pas. Ces pourquoi des savants prêtant serment de neutralité vis à vis des lobbies pourront parler au nom de la planète. mais à chacun de s'impliquer.
La réflexion de Michel Serre est ardue, et cela nécessite la création de nouveaux concepts, pour remplacer ceux qui sont démodés. De plus, son style d'écriture, ses tournures de phrases demandent de la concentration. N'ayant pas lu les ouvrages antérieurs de cet auteur, j'ai eu un peu de mal à suivre sa pensée, lorsqu'il fait allusion à des concepts développés dans des livres précédemment publiés. Il fait un rappel de définition, mais j'ai l'impression d'être un peu passée à côté de quelque chose.
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Caractéristiques des technologies de l’information offertes à la jeunesse :
Accès libre aux savoirs et aux réseaux,
Partage symétrique de l’enseignement, du travail et des soins,
Pratiques procédurales et algorithmiques,
Mise en place de codages, formulaires et gestuelles,
Capacité d’autonomie, d’expérience, d’expression,
Exercice de l’intuition : intelligence, invention, innovation, jeu,
Outil : écran moteur et transparence publique/privée,
Environnement : virtuel, soft, féminin, travailleur, métissé, mondial,
Mode d’échanges : instantané, délocalisé, horizontal, convivial,
Valeurs vivantes d’usage et de jouissance,
Subjectivité cognitive revendiquée,
Contrôle réciproque et notation généralisée,
Conduite et pilotage des sociétés humaines via les technologies,
Démocratie d’acteurs, d’où le brouhaha.
Etoiles montantes de poucets décideurs.
Les modes de transmission et d’organisation des aînés, eux, restent fondés sur
la rationalité de l’armée romaine , c’est-à-dire :
Hiérarchique, pyramidale, élitiste et secrète,
Composée d’experts et de porte-voix, de mâles dominants,
Émettant des discours abstraits, déclaratifs ou analytiques,
Evoluant dans les dimensions des appartenances, du passé et de la force des choses,
Pratiquant la démagogie des miettes,
Glorieuse mais menacée d’obsolescence.
⇒Ce hiatus générationnel contemporain rend nécessaire et urgent :
- la mutation des vivre ensemble dans les institutions
- et la réinvention des apprentissages pour être et connaître.
Patricia JARNIER 27 avril 2017
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Quelques déceptions sur ce livre. Michel Serres dit ce que tout le monde sait , le monde change. Faut-il pour cette raison jeter tout l'"ancien monde" pour des poucettes à la tête-ordinateur bien pleines, mais peut-être mal faites ? Gardons l'ancien monde et ce qui a marché et améliorons le...par internet.
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Un livre très court pour présenter l'évolution de notre société, de notre approche du savoir.
Avant: le par coeur, le savoir oral, le tout dans la tête, le savoir approprié à une minorité.
Après: l'arrivé de l'imprimerie, du livre a permis de répartir le savoir, une tête bien faite fondée sur le livre...
Aujourd'hui, web, smartphone nous permettent d'accéder au savoir partout à tout moment, plus de par coeur, plus de tête remplie... un homme sans tête, une société qui se doit d'évoluer face à cette évolution, à ce savoir disponible.
Ce livre ouvre des portes mais ne fait que ça, derrière, l'analyse n'est pas continuée. A nous de la faire avec notre tête encore un peu remplie...? Il m'a laissé perplexe car il m'a semblé que des questions comme l'esprit critique, la manipulation, la tromperie, la solitude psychologique, l'impatience et une série d'autres aspects ont été volontairement écartés juste pour s'émerveiller de ce changement. Ok, ravie mais restons lucides si possible non?
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Moi qui aimait tant sa "musique des mots" sur les ondes...Ce moi "moderne" regrette la longueur du texte, contradictoire avec le propos...Aller à l'essentiel, découvrir des choses nouvelles dans une perspective imaginative, ce qui dans ce livre, est dit être "la" condition pour attirer l'attention et l'envie d'apprendre des enfants du nouveau Perrault....l'essentiel est dilué dans des tours de phrase savants et la perspective trop abstraite reste fuyante..... la partition de l'écrit n'a pas comblé mes oreilles.
Si j'avais été petite poussette...je l'aurai refermé avant la fin...et resté dessus, sans l'envie d'en reprendre un peu.....un livre autour duquel tourne l'envie, suivit de l'ennui.
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Un style qui peut étonner ou même repousser mais les idées sont intéressantes. L'enchaînement des ces idées est par contre un peu brouillon.
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Il était une fois un vieil homme qui avait rencontré un petite fille. C’était sur la route à mi-chemin entre le Château d’Avant et la Cité d’Après. Il y avait là une colline d’où le vieil homme, qui venait du château d’Avant, pouvait observer ces deux lieux. Il s’était tout particulièrement pris d’affection pour cette petite fille, elle vivait dans la Cité d’Après. Et comme vous vous en doutez, il l’avait surnommée " Petite Poucette "…
Le Château d’Avant était là depuis des siècles. Il tenait debout sur de profondes fondations. Des fondations de papier imprimé et d’apprentissage méthodique. Au Château, le savoir se transmet par les livres et les doctes enseignants qui patiemment professent à la masse ignorante et transie de leurs descendants. Mais n’imaginez pas les habitants du Château comme d’horribles réactionnaires, durant des siècles, ils avaient fait progresser leur société, connu souffrances, privations, guerres et révolutions et s’étaient établis sur des institutions telles que l’église, l’armée, la classe, le marché.
La Cité d’Après n’avait pas de murs et expérimentait encore les processus de son établissement. Ici le savoir s’était affranchi du papier, mais pas encore de l’écrit ; Il s’échangeait librement entre pairs et se construisait en collaboration de tout un chacun sans le carcan des disciplines d’Avant. Au sein de la Cité, les communautés s’organisaient en réseau d’affinités multiculturelles qui repoussaient vigoureusement les anciennes filiations. N’avaient-ils pas raison de rétorquer que ces filiations s’étaient majoritairement constituées dans le sang...
Et le vieil homme observait les échanges entre ces deux mondes ; Plus particulièrement le phénomène de la transmission des connaissances : Ceux d’Avant voulaient bien faire profiter ceux d’Après de leurs leçons, mais comme ils les avaient apprises. Et ceux d’Après semblaient prétendre connaître déjà ces leçons et rêvaient d’en apprendre d’autres, professées autrement...
Le vieil homme n’avait qu’un rêve. Lui dont on disait pompeusement qu’il était " une vigie plantée sur le mât de notre époque ", qu’on appelait même " oracle " ! Lui voulait retrouver sa jeunesse... Pour pouvoir comme la petite fille exercer la dextérité digitale de ses pouces pour inventer le monde de demain...
Il était une fois... demain ? Hier ?... Maintenant ?...
Certainement maintenant lui ferai plaisir. " Main-tenant " tenant en main... cet outil numérique ultra-connecté qui caractérise tellement cette nouvelle citoyenne. Car la virtualité et l’immatérialité de ses échanges ne doivent pas conduire à penser qu’elle se désintéresse du monde qui l’entoure. Ce qui déconcerte, c’est que ce nouveau monde, il est en train de s’inventer au jour le jour... S’éloignant des axiomes et considérant du monde d’autrefois selon une évolution bien plus rapide.
Mais notre aîné ne nous parle pas de ce monde qui émerge. Il nous parle de cette petite fille et de ses conceptions qui la motivent. Il nous parle avec tendresse d’elle. Elle qui aujourd’hui est en âge d’avoir des descendants à son tour...
Puissions-nous vivre une époque intéressante... Michel Serres ne nous maudit pas, il nous ouvre les yeux. Les perspectives qu’il propose semblent vertigineuse tant elles donnent l’impression que ces jeunes à la moderne habileté palmaire et aux " neurones du numérique " sont différents de tous ceux qui les ont précédés.
Continuons à faire une optimiste confiance comme celui d’Avant en as en celle d’Après...
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Michel Serres est vieux, très vieux... mais il est philosophe et heureux. Ce livre est une bouffée d'oxygène car au lieu d'opposer les générations, de critiquer les digitals natives, de recracher le venin passéiste du "c'était mieux avant", l'auteur porte un regard attendri sur les petits poucets et les petites poucettes.
Il démontre dans un court ouvrage combien l’accélération du progrès a creusé une différence jamais encore vécu par une génération vis à vis de ses parents. Une nouvelle ère débute et ce n'est pas forcement pour u modèle décadent.
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Des chroniques très intéressantes même si on adhère pas toujours au point de vue de M.Serres. Le format permet de piocher le sujet que l'on veut selon l'humeur du moment.
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Opération Masse Critique...
Merci aux éditions de L'Herne et à Babelio bien sûr.
Ce petit ouvrage de quelque 150 pages rassemble une trentaine de brèves chroniques, parues dans "Le Monde de l’Éducation" entre 1997 et 1999. C'est ce détail qui m'a décidée à choisir ce livre parmi tant d'autres. "Le Monde de l’Éducation", revue bien connue des enseignants et des étudiants : et pourtant, moi qui me destine à ce merveilleux métier de professeur des écoles, je n'ai jamais pris le temps d'en parcourir les pages.
Dans ce petit recueil, sont réunies quelques réflexions intéressantes sur l'enseignement et le savoir en général, ou du moins quelques pistes de réflexion que tout bon enseignant, à mon sens, devrait se poser un jour. Non, je ne suis pas toujours d'accord avec vous, Monsieur Michel Serres, tout philosophe, tout académicien que vous soyez, mais qu'importe ! Vous ouvrez la voie, vous m'aidez à faire quelques pas, je peux ensuite vous lâcher la main et penser par moi-même.
Non la lecture de ces petites chroniques n'apporte pas de réponses, la philosophie n'en apporte jamais, elle nous lance sur le chemin de la pensée.
Non, vous ne trouverez pas dans ces pages des solutions aux problèmes que notre école républicaine rencontre aujourd'hui. Un système remis en cause, réformé sans cesse, pour le meilleur et... Merci Monsieur Sarko, pour le pire.
Et pourtant si vous voulez bien prendre le temps de vous interroger quelques minutes, le temps d'une lecture, sur notre manière de transmettre le savoir, comment donner le goût de la connaissance aux futures générations, et prendre le temps de réfléchir à ce que notre société nous propose dans ce domaine, alors non, vous n'aurez pas perdu votre temps.
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Michel Serres, né en 1930 à Agen (Lot-et-Garonne), est un philosophe, historien des sciences et homme de lettres français. Son nouvel ouvrage, Andromaque veuve noire, qui vient d’être édité, regroupe ses chroniques parues dans le Monde de l’Education entre janvier 1997 et mai 1999.
Une petite trentaine de textes courts, abordant tous peu ou prou, le thème de l’enseignement et de la transmission du savoir.
Michel Serres se gausse des politiques nouvellement nommés qui veulent réformer l’enseignement dans le seul but de se faire mousser ou de contredire leurs prédécesseurs, lui sait au regard de sa longue expérience que « tous les systèmes se valent, l’important étant ce qu’on en fait » et que le savoir dépend des modalités de transmission. A l’ère des ordinateurs et d’internet, ces médiums ne sont pas de simples outils de travail. Une réforme de l’enseignement ne portera ses fruits que si elle intègre le fait que les contenus dépendent des canaux de diffusion.
Le philosophe reste par ailleurs optimiste sur l’avenir du livre, constatant que « jamais un support nouveau ne détruisit le précédent ». Bien que nos vies soient régies par les écrans d’ordinateurs, tablettes, Smartphones et autres technologies modernes, nous continuons à écrire et imprimer. Mais la nature des messages échangés dépend des supports qu’ils utilisent.
L’auteur s’interroge aussi sur la science et l’éthique, remarquant que bien souvent c’est après qu’une découverte a été faite, qu’on se demande si elle est moralement acceptable. Comment inverser cette tendance, sans entraver la liberté ?
Je dois avouer que la lecture de ces différentes chroniques m’a le plus souvent paru ardue. Si quelques unes sont aisément compréhensibles, d’autres doivent être relues et même dans ce cas, l’obscurité ne se dissipe pas pour autant. Il faut dire aussi que si Michel Serres est un conteur très agréable à l’oral (par exemple ses interventions à la radio sur France-Info), à l’écrit malgré ses efforts, il adopte un style un peu daté fait d’éléments de phrases inversés, qui rendent la lecture un peu complexe.
Ces chroniques parues à l’origine dans un magazine, constituaient certainement un moment de lecture plaisant, mêlant culture et réflexion en un texte court, mais ici dans un livre, l’accumulation produit l’effet inverse. Un bouquin intelligent mais pour un public ayant le niveau.
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Rencontre avec l'homme du troisième type, voici de quoi traite cet ouvrage. Tout d'abord homme communiquant grâce à la parole, puis enfin par l'écrit, et notamment par le biais de l'invention de l'imprimerie, l'homme d'aujourd'hui continue de communiquer mais d'une manière nouvelle : à travers le web, utilisant non plus sa plume et son parchemin mais cet outil révolutionnaire que l'on appelle ordinateur. Aussi, grâce à lui et à ses outils de recherche, chaque individu peut emmagasiner un très grand nombre d'informations en très peu de temps. Ce n'est plus l'homme qui cherche, c'est la machine qui cherche pour lui. Michel Serre a surnommé les protagonistes de son essai "la petite poucette" et "le petit poucet", individus à part entière mais qui se fondent dans une incroyable masse d'autres individus avec lesquels ils échangent, sans nécessairement se connaître et qui ont accès aux mêmes informations qu'eux.
Ouvrage intéressant même si je n'ai pas toujours été d'accord avec les théories émises par l'auteur (ce qui explique ma note mitigée pour ce dernier) et que j'ai trouvé, par moments, un peu difficile d'accès.
Un livre qui reste néanmoins très bien écrit et qui est plus que jamais d'actualité et est destiné à le rester pour de nombreuses années encore ! A découvrir !
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Un nouvel humain est né.
Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l'oral à l'écrit, puis de l'écrit à l'imprimé. Comme chacune des précédentes, la troisième, tout aussi décisive, s'accompagne de mutations politiques, sociales et cognitives. Ce sont des périodes de crises. De l'essor des nouvelles technologies, un nouvel humain est né : Michel Serres le baptise « Petite Poucette » ou « Petit Poucet » - clin d'œil à la maestria avec laquelle les messages fusent de ses pouces. « Petite Poucette » va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d'être et de connaître...
« Petite Poucette » est également le titre d'un discours académique prononcé par Michel Serres devant l'Académie française lors de la séance du mardi 1er mars 2011 au sujet des nouveaux défis de l’Éducation...
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"Les Petits Transis ont donné naissance à une petite Poucette". Voici l'acte de naissance de ce nouveau siècle, de cette nouvelle ère. Le bébé ne ressemble en rien à ses parents. Il accède à toutes les informations, ils transportent sur lui et vers d'autres l'information, il s'agite et bavarde devant tous les autels, il illustre à l'infini les concepts, et ses parents... suivent l'exemple. Le monde porte sa tête, serait il libre à présent d'inventer? C'est avec confiance et tendresse que Michel Serres regarde Petite Poucette construire une nouvelle planète. Un très agréable moment de lecture qui nous permettra , toutes générations confondues, x-y-...z - de connecter notre pensée.
Astrid SHRIQUI GARAIN
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Quand les grands-pères se raccordent à leurs petites-filles !
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"Comment aimer en musique?" "Peut-on penser en musique?" "Doit-on louer en musique?" Michel Serres (professeur d'université, agrégé de philosophie, auteur d'essais philosophiques et d'histoires des sciences dont Temps de crises et Biogée) a répondu à ces trois questions par trois récits. Trois récits musicaux composent cet essai: Musique.
Bruits: s'appuyant sur la légende d'Orphée, conte l' initiation d'Orphée auprès des Bacchantes et des Muses, alors qu'il est "désireux de se délivrer de l'enfer détonnant", son errance, sa descente aux enfers pour sauver Eurydice. Michel Serres qui se veut "voyageur orphique", parle du passage du bruit (chaos puis "clameur du vent","plainte de la brise"...) à la musique car en descendant au plus profond de soi, on rejoint en quelque sorte le sein maternel là où "la vie profonde compose une partition", là où la musique "sauve du mal".
Voix: est un récit autobiographique car Michel Serres, enfant, inventait des chants pour "couvrir les bruits de la guerre". La musique "inspire la création", mais le chemin pour y parvenir est ici plus savant (avec passage vers l'abstraction).
Verbe: est la partie la plus spirituelle de cet essai Musique car Michel Serres (en se référant au Magnificat) prend le chemin de la Visitation, évoque "la naissance de l'âme grande dans les vocalises issues de la gorge maternelle au commencement du chant psalmodié".
Musique est un essai très enrichissant, bien ordonné en chapitres et sous chapitres pour permettre au lecteur de comprendre que la musique est universelle, est lumière, permet l'envol, l'élévation de l'âme, rassemble, guide vers l'abstraction, est joie. "Elle est là et elle n'est pas là" donc elle est mystère et, alors que l'écrivain descend du sens vers la musique des mots, le philosophe parle à plusieurs voix.
Musique est une belle leçon de philosophie, un voyage initiatique entrainant le lecteur sourd et muet des ténèbres vers la musique céleste. La musique n'est-elle pas divine?
Oui, assurément!
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