Si les humains avaient possédé la sagesse des chevaux, il leur aurait dit :
D’où vous vient cette constante volonté de remplacer tout ce que Dame Nature vous propose par les fruits de vos divagations ? N’avons-nous pas toujours résolu les problèmes de traction de vos charges ? Pour faire plus, il suffit d’augmenter notre nombre. Pour aller plus vite, il suffit d’accroître le nombre des relais.
Croyez-vous que tout ce que vous élucubrez peut se substituer sans dommage à ce qui est beau, sain et gratuit ? A force d’agrandir les champs pour laisser passer vos monstres indélicats, notre damier de parcelles colorées va se muer en un vaste espace uniforme et monotone dans lequel la petite caille ne trouvera plus le couvert. Adieu canepetière ! Adieu râle des genêts ! Bientôt, on ne saura même plus que vous avez existé !
Croit-on avoir débusqué le Diable… on le traque, on l’assaille à coups de goupillon et de conjurations mais aussi à coups de calibre 12 et même de fusées paragrêle ! Son immatérialité lui donne toujours un coup d’avance sur nos champêtres archanges Saint-Michel. Il ressurgit à l’endroit le plus inattendu, au moment le plus inopiné. Il entre aussi sournoisement dans la complexion d’un animal que dans celle d’un humain. Il peut se tapir dans les viscères du tracteur de Raymond ! A force de le côtoyer, même le curé semble ne pas lui avoir échappé…