Adaptation #11 : Max et les Maximonstres
Le livre est le lieu où je dépose les fantaisies qui m’ont accompagné la vie entière. Le lieu où je leur donne une forme qui fait en sorte qu’elles signifient quelque chose. [...] La fantaisie est le noyau, le cœur de toute écriture pour enfants, de toute littérature, probablement de tout acte de vie. L’écrivain rattache à son travail des éléments qui lui viennent de ce qu’il y a de plus profond et de plus caché dans son Moi. Des circonstances diverses affleurent un filon particulier qui réside dans l’enfance, une veine qui demeure ouverte et vivante. C’est en cela que consiste le don particulier de l’artiste.
L’imagination est pour l’enfant le moyen de transport gratuit dont il se sert pour pouvoir poursuivre son chemin à travers les problèmes quotidiens. C’est le pot d’échappement normal et salutaire pour les émotions corrosives, telles que la frustration, l’impuissance, l’ennui, la peur, la solitude et la rage.
"Max, roi des Maximonstres, resta seul.
Une envie lui vint d'être aimé,
d'être aimé terriblement.
De loin, très loin, du bout du monde,
lui venaient des odeurs de bonnes choses à manger.
Max renonça à être roi des Maximonstres."
Depuis leurs plus jeunes années, les enfants vivent en familiarité avec des émotions déstabilisantes et, du fait que la peur et l'anxiété sont une part intrinsèque de leur vie quotidienne, ils affrontent la frustration comme ils peuvent. C'est grâce à l'imaginaire qu'ils parviennent à la catharsis. C'est le meilleur moyen pour dompter les Maximonstres.
"Il était une fois un garçon qui s'appelait Pascal et qui , à toutes les questions répondait : "ça m'est égal !" Lis son histoire, mon ami, car à la fin tu trouveras une morale, comme promis."
Pascal, un petit conte moral en un chapitre et un prologue.
Les Maximonstres roulaient des yeux terribles, ils poussaient de terribles cris, ils faisaient grincer leurs terribles crocs et dressaient vers Max leurs terribles griffes.
"Une goutte par-là une goutte par-ci c'est extra, c'est exquis, une bonne soupe de poule au riz."
Ma soupe de poule au riz, le livre des mois.
"Je veux qu'Ida soit gardienne
De maman et de sa soeur,
Afin que bientôt je vienne
La serrer fort sur mon coeur."
"Je vais te manquer sans mollir."
"ça m'est égal !"
C'est ainsi que le féroce animal engloutit le jeune Pascal.
Pascal, un petit conte moral en un chapitre et un prologue.
Chère Mili,
Je suis sûr que tu es allée te promener dans les bois ou les vertes prairies, et que tu as franchi l'eau vive et claire d'un ruisseau. Et dans ce ruisseau tu as jeté une fleur, une rouge, une bleue, ou une blanche comme neige. Elle est partie à la dérive, et tu l'as suivie des yeux aussi loin que tu le pouvais. Et elle s'en est allée, tranquille, portée par les vaguelettes, de plus en plus loin, tout le jour et toute la nuit aussi, au clair de la lune ou des étoiles. De lumière, elle n'avait pas beaucoup besoin, car elle connaissait le chemin et elle ne se perdit point. Après qu'elle eût voyagé trois jours sans s'arrêter pour se reposer, une autre fleur vint à sa rencontre sur un autre ruisseau. Une enfant comme toi, mais loin, très loin d'ici, l'avait en même temps jetée au fil de l'eau. Les deux fleurs s'embrassèrent et poursuivirent ensemble leur chemin ; ensemble elles restèrent jusqu'à ce que toutes deux sombrent dans le fond. Tu as également vu un petit oiseau s'envoler au soir à tire-d'aile au-dessus de la montagne. peut-être as-tu pensé qu'il allait se coucher ; pas du tout : un autre petit oiseau survolait à tire-d'ailes d'autres montagnes, et tandis que tout sur le terre était plongé dans l'obscurité, tous deux se rencontraient dans le dernier rayon de soleil. Le soleil étincelait sur leurs plumes et, tandis qu'ils virevoltaient dans la lumière, ils se disaient l'un à l'autre bien des choses que nous, sur la terre en dessous, ne pouvions entendre. Tu vois, les ruisseaux, les fleurs, les oiseaux se rejoignent, mais les gens ne le font pas ; les grandes montagnes et les fleuves, les forêts et les prairies, les cités et les villages s'interposent entre eux, ils ont leurs places définies, l'on ne peut les bouger, et les humains ne savent pas voler. Mais un cœur humain s'échappe vers un autre, en dépit de ce qui s'interpose. Ainsi mon cœur s'échappe vers le tien et, bien que mes yeux ne t'aient point encore vue, il t'aime et pense qu'il est assis auprès de toi. Et toi, tu dis : "Raconte-moi une histoire". Et il répond : "Oui, chère Mili, prête-moi donc l'oreille."