AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Maurice Corcos (22)


6. « La relation à l'autre est marquée chez le sujet alexithymique par sa difficulté foncière à identifier les émotions de cet autre. Ainsi l'autre est moins négativé, chosifié, désobjectalisé, dévitalisé que perçu comme un objet avec qui des transactions peuvent être négociées selon les besoins plus qu'affectivement et ceci sans perversité particulière. » (p. 101)
Commenter  J’apprécie          30
4. « Dans les inter-relations humaines […], le débat oppose ceux pour qui, quoi qu'ils en disent, l'empathie est affaire de cerveau congénère que l'on finira bien par élucider (après les phérhormones, l'ocytocine est en pointe), et ceux qui veulent garder le mystère sur les affinités électives (tout en se référant au vibrato d'une voix ou au satin d'une peau...), se contentant de l'évidence de la densité de la présence de l'objet et gageant que l'indétermination de sa nature est même un plus. » (p. 46)
Commenter  J’apprécie          30
2. « Viendra alors la question de l'accessibilité d'un sujet dit "alexithymique", en proie à un clivage corps-psyché, à ses affects et ses pensées et plus profondément à son monde interne et à son inconscient et donc cette autre question de sa possibilité de recul dans l'émotion puis dans la réflexion lui permettant le traitement mais aussi l'analysabilité de ses conflits... pour qu'un acte existe, peu ou prou, entre ses élans vitaux pulsionnels et ses actes. Place complexe ou bref intervalle où loge la pensée, et où se joueront les possibilités de mentalisation, représentation, élaboration, fantasmatisation, verbalisation, symbolisation. Une pensée forcément subjective quoiqu'elle en puisse mais.
La pensée en tant ; pour qu'elle soit une pensée vivante et non un simple traitement-gestion cognitif de l'information ; qu'elle puisse être une pensée de soi sur soi concomitante d'une affectation vivante de soi à soi, toutes deux dépendantes étroitement de l'environnement proche et social, celui-là même qui aura sollicité le sujet à penser après l'avoir affecté-touché. C'est le fameux "touché-touchant" qui rend l'intentionnalité du monde et l'indispensable "expérience de la chair" décrit par Merleau-Ponty (1964). » (pp. XIII-XIV)
Commenter  J’apprécie          20
"Toute l'énergie psychique est dévolue à l'échafaudage et aux ravalements successifs d'une façade de l'être qui vue de l'extérieur semble lisse et propre, presque sereine, pour autant qu'elle contient une liberté pulsionnelle redoutée. Mais son corps qui n'abdique pas si facilement tend à se lézarder. Le sujet vit alors selon les cas son corps comme plus ou moins étranger à lui-même, non réel, asséché, ce qui rend celui-ci persécuteur jusqu'à être vécu comme la source du mal."
Commenter  J’apprécie          10
5. « […] S'il se veut être social, le sujet doit être un être histoire : l'histoire intime, cette troisième dimension de la personnalité qui donne sa densité à l'être, sa singularité, son charme...
L'alexithymique n'est pas dépourvu de souvenirs, mais ceux-ci n'ont pas le goût et l'odeur de la chair. Il n'y a pas de nostalgie (avec ce qu'elle comporte d'idéalisation) de l'enfance, car l'enfance n'a pas été une aire d'illusion entretenue par la capacité de rêverie parentale, et donc pas d'adhérence à des systèmes de croyance hérités de cet âge... d'où l'esprit des faits et la passion de l'exactitude. » (p. 74)
Commenter  J’apprécie          10
1. [Incipit:] « Ce serait quoi au fond une vie sans émotion ? Guère plus qu'une existence nous obligeant à rester sur des rails ou dans des clous, et à ne pouvoir commander que le plat du jour dans le menu sans jamais oser la carte. "Qu'est-ce que vous prenez ?... - La même chose."
C'est quoi une vie toujours au bord de l'émotion ? Une vie compliquée par des résurgences inouïes, des reviviscences irréelles qui risquent à tout moment de la désordonner, voire de la disloquer, et qui feraient que le présent s'annulerait dans un perpétuel retour au passé. "Qu'est-ce que vous reprenez ? - La même chose." » (p. XI)
Commenter  J’apprécie          10
Le travail analytique est, par lui-même, non pas la remémoration de quelque chose, mais un travail de la mémoire réactualisée, mémoire que j'ai appelée dans certains cas mémoire amnésique. Le patient répète, il ne sait pas qu'il répète quelque chose, ou, s'il le voit, il ne voit pas à quoi cela peut se référer de son histoire passée, etc. Alors qu'est-ce qu'il se remémore ? La question ne se pose plus dans ces termes. [...] Aujourd'hui on souligne que quelque chose se réactualise. Je ne crois pas qu'il y ait de remémoration pure, car, quand quelque chose revient du fond, ce qui remonte à la surface n'est jamais ce qui a été envoyé primitivement par le fond.
Commenter  J’apprécie          10
Maurice Corcos
"Cette infinie retenue en matière d'émotions ne relève pas de la pudeur névrotique mais plutôt d'une sorte d'impuissance ou d'handicap affectif [...]. Comme si le sujet ne comprenait pas de quoi on lui parle parce que les choses lui parviennent désincarnées, trop claires, trop crues. Alors cette insensibilité est une réponse involontaire du sujet à une expérience trop douloureuse parce qu'elle n'a pas fait sens ou pire, parce qu'elle a manqué."
Commenter  J’apprécie          00
"Les sensations prennent la couleur introuvable de l'angoisse, faute d'être partagées. Lorsque l'accordage entre la mère et l'enfant a fait défaut, on en arrive avec G. Bataille à la conclusion que le rythme de l'autre, "c'est l'enfer".
Commenter  J’apprécie          00
"Comme la pensée du rêve, le mot d'esprit [...], l'anagramme [...], les "jeux de mots" [...], la création romanesque ou poétique apparaît comme une forme de la passion de l'originaire, passion située ici dans la langue [...] : "N'importe, c'était terriblement risqué, ce livre. Une feuille transparente le sépare de la folie" a dit un jour J. Joyce à propos de son livre Ulysse. "La folie, c'est l'absence d’œuvre" écrit M. Foucault, 1965."
Commenter  J’apprécie          00
"Ainsi le sentiment du vide auto-créé est-il la défense face au risque de résurgences archaïques s'extirpant bouillonnantes d'un pli, d'une fissure, d'une déchirure, d'un trou dans l'étoffe affective native."
Commenter  J’apprécie          00
"Le langage, les mots seront toujours insuffisants, parce qu'il existe un écart irréductible entre le vécu et l'exprimé, entre le ressenti et la verbalisation. Écart qui a le mérite de nous protéger de la fusion et de la transparence, en nous rappelant la différence radicale entre soi et autrui."
Commenter  J’apprécie          00
"Être, c'est être perçu (esse est percipi)."
Commenter  J’apprécie          00
"D'une certaine manière le stress renvoie moins à la notion de "signal d'angoisse" qu'à la "détresse" [...] lorsque l'angoisse, ne pouvant être mentalisée, déborde sur le soma du corps."
Commenter  J’apprécie          00
"[...] avant d'être éventuellement menaçantes, les émotions sont d'abord des garants non seulement de notre survie, mais en outre de notre rationalité comme de nos plus hautes réalisations. Il ne s'agit pas d'une fantasmagorie que nous devrions éradiquer sous prétexte qu'elle entraverait l'efficacité rationnelle. C'est une réalité qu'il nous faut reconnaître pour ne pas se priver de son importance vitale. Si nous nous fermons aux messages du corps, et à la vivance de nos émotions, nos comportements deviennent aberrants, inadaptés, notre logique abstraite désaffectivée n'est plus qu'adaptation conformiste et notre créativité s'étiole."
Commenter  J’apprécie          00
"Ainsi le langage du corps en psychothérapie, ne serait-ce que dans les trémulations du timbre de la voix dans certains moments signifiants, est tout aussi important à considérer que le contenu verbal. [...]
Les autres sens participent eux aussi, bien évidemment, à la vaste entreprise de goûter la chair du monde et s'en nourrir corps et âme. On peut penser que c'est la qualité de cette nourriture substantielle, qui fait la texture et la densité de l'être."
Commenter  J’apprécie          00
"Or la fonction symbolique étant une fonction du vivant appartenant à l’Évolution et permettant de catégoriser, coder subjectivement sensations et affects, le défaut de celle-ci pourra être pallié, chez le faux-self, par le recours à une "pensée opératoire" ou un langage intérieur impersonnel (langage proverbial ou conformiste [...])."
Commenter  J’apprécie          00
3. « On pourrait avancer que notre "culture du narcissisme" […] sélectionne, dans le sens darwinien du terme, certains types de personnalités, y compris celles présentant un fonctionnement alexithymique si on veut bien tenir compte du fait que l'alexithymie serait un mode défense d'un narcissisme fragile face à certains affects. » (p. 6)
Commenter  J’apprécie          00
4. « Mais ne pas vouloir entendre que le sujet dit à son médecin que là où ça déborde (dans le symptôme), là où la douleur est la plus vive (dans la dépression), là, c'est moi aussi, et que cette façon-là d'être au monde est la plus tolérable qu'il ait trouvé pour l'instant, même si elle n'est pas parfaitement syntone avec ce que le socius exige d'engagement et de performance... » (pp. 126-127)
Commenter  J’apprécie          00
3. « Mais ne connaissons-nous pas, comme le sait tout médecin, et jusqu'à en tenir compte dans son dialogue avec le patient, les limites de la médecine ? Et plus celle de la psychiatrie, sa branche la plus pauvre, qui ne sait toujours pas comment fonctionne la mémoire humaine, ni ce qui fonde les impulsions corporelles à l'origine des sensations, ni le mécanisme fantastique du saut du soma à la psyché, des affects aux émotions, puis aux sentiments et aux pensées, puis enfin aux symboles et au langage... et enfin encore à la langue. » (p. 120)
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Maurice Corcos (35)Voir plus

Quiz Voir plus

Bussi or not Bussi ? that is the question !

Mince, j'ai oublié le vrai titre, au sec.... (Pas Charlélie C. pour deux sous, ni Tom Novembre d'ailleurs !)

Un avion sans elle
Un avion sans ailes

10 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Michel BussiCréer un quiz sur cet auteur

{* *}