AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Matthias Lehmann (84)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Chumbo

A chaque fois que j'ouvre un pays qui ne se passe pas en France, à quelques exceptions près, je me rends compte que j'ai peu de connaissances sur l'histoire de bien des pays.



Ainsi Chumbo permet d’appréhender l’histoire, la politique et la culture du Brésil au XXe siècle. Matthias Lehmann publie un roman graphique basé sur son histoire personnelle : la chronique d’une famille au Brésil sur soixante ans.

Ainsi on suit une famille de Belo Horizonte : un père souvent répugnant, une mère dans l'ombre de ce père et leurs enfants Severino, Ramires, Adélia, Ursula et Bérénice à partir de 1937.

Il aura fallu trois ans et demi de travail à Matthias Lehman pour emmener ses lecteurs dans un demi siècle d'Histoire collective.On ne peut être qu'impressionné par le talent du dessinateur et ses 368 pages de dessins foisonnant de détails et de trouvailles graphiques, avec un style qui évoque souvent celui de Robert Crumbn jalonnant aussi son récit de dessins satiriques et de coupures de presse pour raconter tous les événements historiques qui vont marquer la vie des personnages.

Multipliant les angles (la presse, l'architecture, la musique, la littérature, le football), Chumbo, au delà de l'histoire d'un pays, dépeint ses cultures, sa sociologie et montre la réalité violente d'un pays sous la dictature.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          240
Chumbo

Belo Horizonte, 1937, la famille Wallace est en route. Oswaldo Wallace, Maria Augusta, sa femme, ses fils Severino et Ramires et la petite dernière Adelia se rendent dans les montagnes. Wallace y est propriétaire de mines et la révolte gronde, les salaires n'ont pas été payés depuis 3 mois.



Ainsi commence l'énorme fresque racontée par Matthias Lehmann. Une fresque familiale, l'auteur s'étant largement inspiré de sa famille brésilienne pour bâtir une autofiction. Mais aussi une fresque politique tant elle traverse l'histoire du Brésil, contant les renversements militaires, la peur communiste, les espoirs et les déchirements, pendant près de 70 ans.



Cette saga se déguste lentement, il faut se l'approprier. Dans un graphisme en noir et blanc, fin, vivant, fourmillant, hachuré, accompagné de dessins inspirés de la presse et de la publicité de l'époque, le lecteur tente d'apprivoiser l'évolution de personnages torturés dans un pays brûlant.



Dans "Chumbo", Matthias Lehmann parvient sur 368 pages à lier la grande histoire du Brésil avec celles, intimes, de personnages (les 2 frères surtout !) que l'on prend plaisir à suivre. Un tour de force intense et déstabilisant !

Commenter  J’apprécie          70
Chumbo

Années 1930, Belo Horizonte, Oswaldo Wallace est un riche propriétaire. Rude avec ses employés, avec ses enfants Severino et Ramires et avec son épouse. Imbu, graveleux, il n'est apprécié que grâce à son argent. Il lutte violemment contre les grévistes dans son entreprise, ceux qui demandent juste depuis trois mois à être payés. C'est le cas de Luis Rebendoleng qui peine à faire survivre sa famille.



A travers ces deux familles au passé et à l'avenir très différents, Matthias Lehmann fait vivre soixante-dix ans du Brésil. Régime autoritaire jusqu'en 45, puis démocratie avant un coup d'état et l'instauration d'une dictature entre 1964 et 1985 et enfin retour de la démocratie (le roman graphique s'arrête en 2003.



Severino et Ramires, les fils d'Oswaldo, sont très différents, le premier réservé qui deviendra journaliste puis écrivain et le second extraverti, qui prendra fait et cause pour le pouvoir dictatorial, joueur, violent, dragueur très lourd, il ressemble à son père. Les deux frères sont les principaux personnages de cette histoire qui croiseront les enfants Rebendoleng et notamment Iara qui impressionne Severino et émoustille Ramires.



Roman graphique choral assez conséquent qu'il vaut mieux ne pas trop lâcher pour ne pas se perdre dans les personnages assez nombreux. J'avoue avoir été séduit par le dessin en noir et blanc, assez libre dans son découpage : petites ou grandes cases, voire pas de cases du tout, des reproductions de journaux, des doubles-pages, des pages muettes (dont celle que je mettrai ci-dessous qui, en quelques coups de crayon montre comment une ville change).



Pas mal d'ellipses -d'où parfois cette peine pendant une ou deux pages à retrouver le fil- qui permettent de balayer l'histoire du pays. Le livre de Matthias Lehmann est très instructif, pour qui, comme moi, ne maîtrise pas du tout l'histoire du Brésil et qui suis allé vérifier ou compléter certaines informations. J'ai une petite tendresse pour Severino le garçon sensible et réservé et pour Iara, la femme qui ne s'en laisse pas compter, ce qui, à l'époque était très compliqué pour une femme souvent reléguée aux tâches domestiques et à élever les enfants. Ils illuminent et humanisent le récit. Un ouvrage qui a dû nécessiter un travail incroyable. Très bien documentée, c'est une fiction qui permet de découvrir un pays "complexe et fascinant" (4ème de couverture), de mieux comprendre la société brésilienne.
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          50
Chumbo

Dans ce gros pavé de 364 pages, qui a nécessité quatre années d’écriture, Matthias Lehmann, auteur de bande dessinée franco-brésilien, déroule une enquête familiale à la fois intime et politique, qui se déploie sur 70 années d’histoire brésilienne, de 1937 à 2003. On y suit le destin tourmenté de la famille Wallace, dont le père dirige une mine (au départ) prospère dans la région du Minas Gerais. L’album s’attache en particulier aux parcours contrastés des deux frères, que tout oppose : Séverino, sensible et introverti, qui deviendra journaliste, opposant politique et écrivain ; et Ramires, plus grand, plus fort et plus brutal, qui s’adonne à tous les petits trafics, vit aux crochets de sa famille et s’alliera sans états d’âme avec la junte militaire au plus fort de la répression.

Cette fresque ambitieuse, ample et spectaculaire embarque son lecteur dans tous les plis et replis de l’histoire contemporaine du Brésil, avec une bonne dose d’humour et un vrai souffle baroque. Issu du fanzine, Matthias Lehmann nous offre un dessin vigoureux, expressionniste et taillé à la serpe, dans un noir et blanc saisissant. Son trait, qui évoque tout autant la gravure sur bois que la BD indé tendance Robert Crumb, impressionne par sa précision et sa force d’évocation. Une œuvre forte, singulière, captivante.

Commenter  J’apprécie          10
Chumbo

Une fresque qui court des années 30 à la fin du XXeme siecle au Brésil et qui suit la famille Wallace composée du père, macho méprisant qui cherche à reproduire dans son fils cadet, son parfait alter égo, la mère, qui voudrait se libérer de la tutelle maritale et de ses enfants, et des enfants, Severino, l'ainé, intellectuel, qui souffre de son physique et cherchera à s'engager à gauche, tandis que son frère Ramires, d'un an son cadet, est son modèle inversé, comme son père, pro militaire,et 3 petites soeurs qui apparaissent par intermitences. La vie n'est pas simple pour tous, malgré une vie plutot aisée.

ISituation politique instable oscillant entre régime militaire, corruption et pouvoir fort? Des tentations utopistes incarnées par les pérégrinations de Severino et ses tentatives de suivre ses udéaux. Difficultés de vivre dans un monde fait par les hommes pour les hommes pour les personnages féminins.

C'est une intrigue multiple allié à un graphisme à la Crumb (et ce n'est pas forcément un compliment) avec des personnages complexes, très ambivalents, à la limite de la génance parfois, car les personnages ne sont pas forcément sympathiques - même Severino même sa mère. Cela reste très riche et intéressant sur un contexte brésilien peu connu pour nous européens.
Commenter  J’apprécie          50
La favorite

L'histoire m'a bluffée. Au départ, j'ai été déconcertée par la mise en page, le dessin qui m'a fait penser à des illustrations de vieux contes. Pour être honnête, j'ai failli aussitôt refermer le livre et passer à autre chose. Mais j'ai commencé à lire cette histoire dramatique où la folie, le désespoir, la lâcheté, la cruauté entraîne un enfant dans une spirale sans fin où l'amour n'existe qu'au travers des coups qu'il reçoit...

Ce qui m'a surprise c'est qu'à un moment une révélation inattendue fait basculer l'histoire. Voilà. Je ne veux pas en dévoiler plus.

C'est une BD surprenante. Merci à l'auteur pour les émotions ressenties.
Commenter  J’apprécie          21
La favorite

À force d’entendre du bien de « La favorite », j’ai fini par arriver à me le procurer. La bande dessinée de Matthias Lehmann proposait un parti pris graphique intéressant couplé à une histoire intrigante. Mais les promesses étaient-elles tenues ? Le livre est paru chez Actes Sud BD et pèse pas moins de 150 pages.



Constance est orphelin. Élevé par ses grands-parents, elle subit les brimades de sa grand-mère qui n’hésite pas à la punir pour un oui ou pour un non. Son grand-père, lâche et passif, laisse faire. Les brimades sont à un point tel que Constance doit s’habiller en petite fille alors qu’il est un garçon ! Isolé dans cette grande maison de la Brie, l’âge aidant, des envies de se rebeller commencent à germer en lui. L’arrivée d’une famille de Portugais et de leurs deux enfants dans la maison, pour entretenir l’ensemble, va rompre la solitude de l’enfant.



Quel curieux ouvrage que voilà ! Outre le thème malsain, Matthias Lehmann développe des planches variées, pleines d’inventivité et souvent déconstruites. Ainsi, il n’y a pas réellement de continuité dans le livre. Des scènes se succèdent, racontées par Constance. Cela peut-être une anecdote, une explication d’ensemble, des flashbacks… Cette richesse pourrait rebuter, mais c’est au contraire ce qui fait toute la force du bouquin. Varié et inventif, on a l’impression d’être devant une œuvre assez unique, porté par un thème fort.



Malgré la haine et la cruauté très présentes dans « La favorite », le livre évite tout manichéisme. L’auteur aurait pu se contenter de montrer l’horreur de la situation, façon fait divers, mais ce n’est pas le cas ici. Chaque personnage est porté par son caractère, son histoire et ses motivations. On ne cherche pas d’excuses aux grands-parents, mais des explications.



Au-delà du cercle familial, très fermé, la description de la Brie, de son village et de ses notables est savoureuse également. Leur culpabilité est abordée implicitement, leur cruauté bien plus frontalement. Que de petitesse et de frustration se dégagent de « La favorite ! ».



Afin de mieux encrer dans l’ambiance « fin de race » de l’ouvrage, Matthias Lehmann utilise un dessin en noir et blanc hachuré, façon gravure du 19ème siècle. Le choix est très pertinent, renforçant les ambiances de vieille France. Le dessin reste simple en soit, mais sait s’adapter aux situations, montrant une grande maîtrise de l’auteur dans la gestion des noirs.



Doté d’une histoire forte et de planches déconstruites remarquables, « La favorite » fait partie de ces livres qui pousse la bande-dessinée dans ses retranchements. Voilà un one-shot de grande qualité qui vous tiendra en haleine du début à la fin. Du grand art !

Commenter  J’apprécie          70
La favorite

Roman graphique reçu dans le cadre de la dernière masse critique.

Livre commencé le 24 décembre, ambiance festive qui dénote par rapport à la teneur du bouquin.

Le trait est gras, les hachures durcissent les propos.

L’intrigue est glaçante, le malaise est au coin de chaque bulle.

Les tableaux sont déstructurés dans l’espace de la page, parfois énormes et imposants quand ils remplissent une double page, d’autres fois tout riquiqui, serrés dans un coin quand ils évoquent le fouillis dans lequel les personnages vivent.

Malgré le dévoilement partiel de l’intrigue, Constance ou Maxime, le suspens est maintenu jusqu’au bout.

Une tranche de vie, la folie d’une union contre nature, une folle à lier incapable d’aimer, un pauvre être extraverti qui n’a pas osé affronter sa différence, mais qui par son désir de vengeance permettra à la favorite de vivre enfin sa vraie vie.

Commenter  J’apprécie          20
La favorite

L'histoire touchante d'une enfant, Constance, élevée par une femme hystérique et cruelle et un homme complètement dépassé par l'attitude de sa femme.

J'ai aimé la fin surprenante et la mise en page originale, un peu moins le style des illustrations.
Commenter  J’apprécie          30
La favorite

Dans une mise en scène parfois proche du strip, son livre manque toutefois d’intensité par moments, mettant peut-être une distance trop grande entre ses personnages et le lecteur. Mais l’album est original et bien mené, et mérite donc d’être découvert.
Lien : http://www.bodoi.info/la-fav..
Commenter  J’apprécie          30
La favorite

La beauté des images de Lehmann est bien de s’en tenir toujours au cauchemar, (...) sans s’égarer dans les dévoilements faciles d’une sauvagerie qui ne serait que du voyeurisme.
Lien : http://www.chronicart.com/ba..
Commenter  J’apprécie          00
La favorite

Fin des années 70, petit village de la Brie. Constance vit avec ses grands-parents dans une demeure bourgeoise. A dix ans, elle n'a jamais eu le droit de sortir de l'enceinte de la propriété ni de côtoyer d'autres enfants, sa seule compagnie est un chat, c'est sa grand-mère qui s'occupe de son instruction cinq heures par jour. De ses parents, elle sait seulement qu'ils sont morts. De sa tante Eléonore décédée à dix ans, en revanche, elle entend beaucoup parler - des photos et des souvenirs de la défunte trônent partout.

Constance est souvent punie : « Grand-mère m'obligeait à passer la nuit dans le grenier si je faisais une grosse bêtise. Elle voulait m'éduquer à la dure. Sur l'échelle des punitions, le grenier était la plus haute, juste au-dessus du martinet. » Le grand-père est alcoolique et couard, il se laisse mener par le bout du nez par son acariâtre de bonne femme et ne réagit pas lorsqu'elle se montre excessivement sévère avec Constance. Il la laisse même *** attention spoil *



Je ne spoile pas vraiment ici, puisque la quatrième de couverture l'annonce d'emblée, et c'est d'ailleurs cette thématique qui m'a donné envie de découvrir cet album. Mais je trouve dommage que cet élément de l'histoire soit dévoilé dès la présentation par l'éditeur, alors qu'on l'apprend assez tard et que son annonce participe à la montée en puissance de l'intrigue.



Cette BD m'a déçue, parce que j'attendais davantage de subtilité *** re-spoil *

On est mal à l'aise dès les premières pages, la maltraitance est vite affichée, et le graphisme épais et ingrat alourdit encore l'ambiance pesante. Certes, on va de surprise en surprise dans cette intrigue sombre, et pourtant on se dit qu'on aurait pu deviner les rebondissements et le dénouement, tant on a déjà lu/vu ce genre d'histoire.



• Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour ce partenariat.
Lien : http://www.canelkiwi.com/arc..
Commenter  J’apprécie          341
La favorite

Quel album ! Il secoue ! Il glace le sang ! Il effraie !



Je n’ai tout d’abord pas tellement aimé les dessins à gros traits noirs qui donnaient à tous les personnages un aspect dur, froid et vieillot. Trop de rayures à mon goût ! Et puis, les éléments se dévoilant peu à peu, j’ai compris que le dessin collait à l’histoire et qu’il ne pouvait en être autrement. Il participe complètement à créer un malaise ambiant. Malaise grandissant au rythme de la lecture et de ce qu’on apprend de la situation.



Une petite fille est maltraitée par sa grand-mère, elle se réfugie dans son imaginaire pour échapper à cette violence. On ne peut en dire davantage. J’ai d’ailleurs découvert cette BD sans en rien savoir et c’était bien mieux. Pas de quatrième de couverture qui dévoile l’essentiel et tant mieux ! L’effet de surprise a donc été total. Je n’aurais certainement pas pris une aussi grande claque si j’avais su ce que certains livrent (y compris des critiques professionnels ! Grrrr !).



Une histoire glauque, effroyable qui pourrait être tirée d’un horrible fait divers.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
Commenter  J’apprécie          110
La favorite

Avec son dessin à la plume d'une vivacité très loquace, dans une mise en scène d'un éclectisme déstructuré, il déjoue le réalisme pour insinuer ce qu'il faut d'imaginaire, de fantastique.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
Commenter  J’apprécie          00
La favorite

prix du scénario

Commenter  J’apprécie          10
La favorite

Constance a une dizaine d’années. Orpheline, elle vit avec ses grands-parents dans la riche demeure familiale.



Constance n’a pas d’amis, elle ne connait aucun autre enfant. Sa grand-mère lui donne des cours, à raison de cinq heures par jour. Le reste du temps, elle lit les livres qui lui sont « prescrits » par sa grand-mère. Au mieux, elle a le droit de jouer dans le jardin de la propriété.



Constance ne sait rien de ses parents d’ailleurs, elle ne sait même pas si ce sont les parents de sa mère ou ceux de son père qui l’élèvent.



Constance ne peut profiter d’aucun geste d’affection, d’aucun signe de tendresse. Ses journées se déroulent dans un huis-clos où grand-mère impose sa loi, son diktat. La vieille bique acariâtre est omniprésente, omnipotente. Le pépé quant à lui préfère procrastiner, limitant ses déplacements de la chambre au salon. Ses loisirs : lire le journal et descendre ses litrons d’alcool.



Constance a peur. La moindre entorse à la règle est sévèrement réprimée par les coups de martinet de la vieille… quand ce n’est pas l’isolement dans le grenier… quand ce n’est pas les coups de poings.



Rien ne semble capable d’ébranler ce quotidien morose et silencieux. Jusqu’à ce que la grand-mère décide d’embaucher un couple de gardiens pour veiller sur le manoir.







Matthias Lehmann livre un récit prenant. L’huis-clos se déroule dans une riche demeure familiale et met en scène un couple qui inculque à leur petite-fille des règles d’éducation très strictes. La matriarche fait régner sa loi et toute entorse au code de conduite qu’elle impose est sévèrement réprimé. Bien qu’il désapprouve les positionnements de sa femme, son époux se montre pourtant totalement incapable de faire front face à elle. Le couple d’aïeuls part à la dérive, incapable de se donner de l’affection, chacun se mure dans on monde et leurs rares échanges donnent lieu à des confrontations verbales d’une grande violence. Perdue dans cet univers austère, l’enfant n’a d’autres choix que celui de satisfaire les désirs de sa grand-mère. L’enfant ne remet rien en question, ni le fait qu’elle est consignée à demeure, ni le fait que ses temps de sortie dans le jardin sont réglementés et chronométrés, ni le fait qu’elle ne peut fréquenter l’école ce qui la prive du contact avec ses pairs. Enfin, l’absence de communication est telle que l’enfant ne sait rien de ses origines.



L’auteur fait évoluer trois personnages torturés, aigris et désabusés. Le grand-père brille par sa passivité ; on le sent détenteur d’un lourd secret mais il préfère noyer ses pensées dans l’alcool plutôt que d’affronter la réalité. La grand-mère quant à elle est une femme intelligente et machiavélique ; elle est omniprésente et omnipotente auprès de ses proches. Le manoir familial est plus qu’une demeure, c’est son territoire : elle y agit en chef de meute et ne cherche même pas à épargner ses proches des différentes humeurs dont elle peut être l’objet. Méchante, malsaine, colérique, elle ne peut vivre sans régner sur les autres, obligeant ces derniers à subir la violence psychologique qu’elle entretient à chaque instant. Pire encore, elle exulte presque lorsqu’il s’agit de corriger la petite qui n’a pas bien débarrassé la table ou qui est rentrée une minute trop tard de son temps de jeu quotidien dans le jardin. Généralement, le tête-à-tête entre l’enfant fautif et l’adulte autoritaire se termine dans le grenier, lieu où les coups pleuvent, où parfois les liens qui enserrent les poignets sont si serrés qu’il est impossible de bouger les mains, où les privations de nourriture tenaillent le ventre… Ce qui sauve l’enfant, c’est finalement la richesse de son monde imaginaire, un univers dans lequel l’orpheline peut se réfugier.



(...)



Lire l'article complet sur le blog
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
Commenter  J’apprécie          30
La favorite

La Favorite, c'est d'abord une claque visuelle, le dessin en noir et blanc haché à la plume style gravure de Mathias Lehmann est à couper le souffle, mais aussi une claque scénaristique : dans les années 70, Constance doit supporter de vivre enfermée dans une grande demeure bourgeoise avec sa grand-mère acariâtre aux méthodes d'un autre temps et son grand-père lâche et porté sur la bouteille.



Ce récit sombre et cruel, illuminé par l'imagination grouillante du personnage principal, est réellement fascinant et percute le lecteur avec son dénouement inattendu et glaçant.
Commenter  J’apprécie          40
La favorite

quel étrange récit, quel style prenant !

bravo à l'auteur !

Commenter  J’apprécie          10
La favorite

Derrière une couverture en couleurs, je découvre une BD en noir et blanc aux dessins très particuliers, ressemblant à des gravures. La Favorite m’a complètement absorbée et je n’ai pu la lâcher qu’une fois ma lecture achevée. Une BD originale, de celle qui laisse des traces : plongée dans un récit noir, surprenant et captivant.



La Favorite conte l’histoire d’une enfance particulière, celle de Constance, dans les années 70. Cette petite fille vit sous la férule de ses grands-parents près de Coulommiers, surtout celle de la grand-mère qui n’a de cesse de la surveiller, à l’affût de la moindre bêtise. Dans ce cadre, les punitions ne sont pas rares. D’ailleurs l’album débute par l’évocation du grenier dans lequel Constance redoute plus que tout de devoir dormir si elle a déplu ou fauté. De ses parents, Constance ne sait rien, à part qu’ils sont morts, de quoi alimenter toutes sortes de fantasmes. Elle ne va pas à l’école, sa grand-mère lui donnant les leçons, avec force châtiment. Heureusement, le parc de la grande maison bourgeoise où elle vit lui permet de quitter cette atmosphère oppressante, lorsqu’on lui en laisse le temps. La Favorite se déroule durant les années 70, et si Giscard d’Estaing s’invite dans le récit, d’autres symboles de l’époque apparaissent ici et là.



En tournant les pages, les partis-pris de l’auteur Matthias Lehmann renforcent son récit : peu de cases classiques, plutôt des dessins agencés entre eux selon les mouvements du scénario. Parfois, des objets ressortent des cadres, un martinet, une branche d’arbre, un dessin d’enfant. Les planches sont toutes uniques et frappent par leur adéquation avec le scénario, ce qui fait qu’on a du mal à lâcher l’album avant la fin. Surtout que l’histoire, au départ en vase clos, s’ouvre progressivement vers autre chose que le début ne laissait présager. Un tournant survient qui m’a complètement surprise, d’autant plus que j’avais commencé la BD sans arrière-pensée d’aucune sorte puisque je ne connaissais ni l’auteur, ni l’histoire (d’ailleurs le résumé de l’éditeur est décevant puisqu’il annonce en grande partie le contenu de la BD : dommage). Une fois le tournant assimilé, tout prend progressivement sens et on se surprend à revenir en arrière, à relire des passages.



A l’arrivée, une BD forte, qui marque autant par le graphisme que par l’histoire.
Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
Commenter  J’apprécie          50
La favorite

Lecture très étrange...

J'ai été attirée par la couverture qui avait l'air parfaitement adaptée à la saison et le fait qu'il n'y avait aucun résumé apparent: j'aime bien les surprises!



Il y a des moments que je n'ai tout simplement pas compris... des références ouvertes au viol par des enfants de 12 ans? Vraiment?

Je comprends pourquoi la mère adoptive habille le garçon en fille, mais ce sujet aurait vraiment pu être davantage exploité ainsi que la santé mentale du petit garçon...

La fin l'a sauvé du 2 étoiles pour moi, car le développement des personnages y est plus important et je l'ai bien apprécié.



Si vous cherchez une lecture facile, atmosphérique et un peu étrange... allez-y sans trop d'attentes.
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Matthias Lehmann (393)Voir plus

Quiz Voir plus

saints patrons ( avec indices)

Saint patron des enfants Indice : barbu

Nicolas
Bernard
Christophe
Hubert
Honoré
Valentin
Joseph
Pierre
Marc
Fiacre

10 questions
32 lecteurs ont répondu
Thèmes : religion , saints , patronsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}