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Biographie :

Docteur en histoire, maître de conférences à l'EHESS depuis 2017, Masha Cerovic s'intéresse aux différents visages, aux pratiques associées aux guerres "irrégulières" (guerre de partisans en russe) dans l'espace (post-) impérial russe, considérées comme des violences politiques, qu'elles soient déployées par des "insurgés", "rebelles" ou "résistants", ou par des forces militaires étatiques de "contre-insurrection", "maintien de l'ordre", conquête ou colonisation. Ses principaux terrains de recherche actuels concernent:

- Les années quarante et la confrontation germano-soviétique. Dans le prolongement de la thèse sur les partisans soviétiques, elle continue à s'intéresser aux politiques nazies de lutte contre les partisans ainsi qu'aux multiples mouvements de guérilla qui se sont globalement déployés en réponse aux occupations impériales pendant cette décennie.

- Le rôle des guerres irrégulières et de leurs acteurs, au premier rang desquels les Cosaques, dans la guerre civile russe et, au-delà, dans la restructuration de l'espace impérial russe de la fin du dix-neuvième siècle aux années trente.
l'utilisation de la guerre irrégulière comme
- Instrument de la politique impériale russe sur les marges de l'empire, dans la longue durée. Dans ce cadre, elle prend en charge le volet militaire d'un projet collectif dirigé par Etienne Peyrat sur les relations russo-kurdes depuis la fin du dix-neuvième siècle.

Ancienne élève de l'ENS, Masha Cerovic a fait sa thèse à l'université Paris I Panthéon Sorbonne, a été directrice adjointe du Centre d'études franco-russe de Moscou. Elle est membre du CERCEC et associée au Centre Marc Bloch à Berlin.
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Masha Cerovic vous présente son ouvrage "Les enfants de Staline Seuil" aux éditions Seuil. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2194007/masha-cerovic-les-enfants-de-staline-la-guerre-des-partisans-sovietiques-1941-1944 Note de musique : Free Music Archive Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Maîtrise du terrain de la forêt et des marécages, adaptation sensorielle, survie dans des conditions climatiques extrêmes et manque de nourriture : ainsi sont dégagées les principales caractéristiques du mode de vie partisan. S'il est indéniable que ;les connaissances topographiques des habitants leur confèrent un avantage considérable sur les Allemands- mais pas sur leur collaborateurs locaux-, les autres qualités énumérées ne leur sont pas plus innées qu' à leurs ennemis.
L'univers du partisan est d'abord celui de la forêt et de la nuit. L'environnement sonore de la forêt est particulièrement déstabilisant : la première impression de silence total laissse à un trop-plein de bruits d'autant plus étranges qu'ils sont sourds mais omniprésents. Les yeux doivent s'habituer à la pénombre de la forêt, à son obscurité totale la nuit. Les saisons donnent à la vie des partisans un rythme propre.
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A partir de septembre, des dizaines d'autres commandants partisans sont convoqués à Moscou avec des agents du NKVD et de l'état-major central. Ces rencontres permettent aux autorités de s'informer de la situation sur le terrain, mais elles sont aussi l'occasion d'une vérification des cadres, au cours de laquelle plusieurs commandants sont démis de leurs fonctions , voire arrêtés...
Même si les archives ouvertes ne permettent pas de savoir combien d'arrestations ont eu lieu, celles-ci semblent malgré l'absence de directives connues en ce sens, participer d'une vague de répression politique visant à imposer le contrôle des autorités soviétiques , en écartant des commandants trop indépendants ou politiquement suspects, tout en faisant des exemples pour le reste.
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Après plus d'une décennie de terreur où la loyauté, vertu exaltée, exigée mais toujours remise en doute, était mesurée de façon arbitraire et secrète du régime, la guerre offre l'occasion de la démontrer en actes. Les masques tombent. La rhétorique de la révélation est centrale dans la définition de la figure du traître par les partisans. Qu'importe ses motivations, celui-ci avoue enfin par son comportement qu'il n'est pas réellement membre de la communauté soviétique imaginée, au sein de laquelle il s'est caché...
Le traître n'est plus reconnaissable, comme dans le discours bolchevique d'avant-guerre, à son apparence ou à son origine sociale. Il est ici l'incarnation même du moujik, à la duplicité motivée par l'appât du gain : aucune trace ici de lutte de classes ou de contre contre-révolution. Si la traîtrise trouve ses racines dans l'essence même de l'ennemi intérieur, dans sa nature profonde, il est inutile de lui chercher des causes politiques ou sociales. Il est vrai que les partisans, surtout dans leurs rapports à Moscou, continuent d'user du lexique propre aux répressions staliniennes, décrivant les traîtres comme des koulaks, des criminels, mais ils ne prétendent même plus que ces termes renvoient à des réalités sociales....
La guerre permet alors de mener à bien la tâche entamée en 1917, en extirpant les "éléments nuisibles" pour permettre l'avènement de la société nouvelle. C'est d'autant plus vrai que, dans le contexte de la guerre, l'ennemi intérieur n'est plus seulement l'ennemi de la révolution ou du prolétaire, mais est devenu "ennemi de l'homme", en révélant sa nature profondément animale.
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Le sang unissait la communauté combattante, le sang des victimes qui abreuvait la terre, le sang versé du guerrier, le sang impur de l'ennemi qui venait sceller le serment donné. Les frontières de l'humanité purifiée et de la bestialité étaient tracées par le sang et le feu, sur ce "sentier brûlant" de la rédemption individuelle et collective. Le deuil individuel était transcandé en une communauté de souffrance; la pulsion de violence devenait communion, l'intimité se faisait politique.
Cette mutation s'inscrivait profondément dans une culture soviétique spécifique, à tous les niveaux. Comme ils y étaient appelés depuis la révolution, les individus se faisaient les instruments de l'Histoire, répondant à leur devoir et leur dette envers la patrie, transformant à la fois eux-mêmes et le monde, en effaçant la barrière entre le privé et le public, l'intime et le collectif. Ils puisaient dans les sources staliniennes la figure de l'ennemi et l'entreprise de purification du corps social. Ils vivaient en un temps eschatologique, dont les bolcheviques s'étaient faits les hérauts. En même temps, les communautés quasi féodales ainsi nées du devoir et de la vengeance n'étaient pas la reproduction ou la restauration de l'Etat soviétique. Les partisans ne formaient pas un mouvement et ne répondaient pas à l'idéal de l'avant-garde révolutionnaire. Au coeur de leur identité ne se trouvaient pas l'Etat et le Parti, mais la communauté combattante, l'unité, la brigade.
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L'expérience soviétique, l'utopie révolutionnaire et le traumatisme de l'occupation : c'est là que trouve ses racines la culture de violence des partisans, qui n'est ni simple continuité avec l'avant-guerre ni une déclinaison de la culture de guerre soviétique dominante.
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Or, tandis que les partis communistes dans les autres pays européens ont constitué un apport organisationnel souvent décisif à la constitution des résistances nationales, c'est justement dans la patrie du socialisme que ces partis se révèlent non seulement efficaces, mais souvent dangereux comme bases de l'action clandestine. Ce n'est généralement qu'au prix de lourdes pertes que les partisans ont saisi toute la portée de la faillite du Parti, du danger mortel qu'il y avait à supposer la loyauté des camarades.
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Les femmes forment un groupe "émancipé" par la révolution qui n'a jamais trouvé sa place dans ces communautés combattantes . Leur nombre dans les unités est difficile à évaluer , dans la mesure où elles ne sont pas comptabilisées de façon homogène. Elles sont toujours présentes, au moins dans leurs rôles "traditionnels", d'épouses, d'infirmières, de ménagères. Certaines unités les enregistrent toutes comme "partisanes",d'autres n'en listent aucune , certaines ne décomptent que la minorité de "vraies combattantes". Officiellement, environ 10 % des partisans de Biélorussie sont des femmes...
Elles occupent dans les unités des fonctions variées. Elles sont particulièrement recherchées pour les missions de renseignement, de liaison, de terrorisme, à cause de leur plus grande liberté de mouvement en territoire occupé et de la moindre méfiance qu'elles suscitent....
Enfin, une minorité de partisanes sont des combattantes à égalité avec les hommes, se conforment au rôle que les autotités soviétiques , en particulier le Komsomol, voudraient les voir jouer. Elles peuvent à ce titre trouver une place d'honneur dans les brigades, mais il ne leur est pas aisé de négocier les conséquences de cette remise en cause des rôles sexués. Les plus admirées de ces combattantes se voient dénier leur féminité.
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Au total, sur les 180 000 partisans biélorusses qui effectuent leur jonction avec l'Armée rouge, moins de la moitié la rejoint. Quarante-deux mille d'entre eux entrent en fonction dans l'appareil de l'Etat et du Parti, prenant le contrôle de la république du jour au lendemain, en attendant que les retours et et la consolidation de l'appareil en 1946-1947 viennent mettre fin, comme en Ukraine, à leur domination. Plus de 40 000 partisans restent toutefois engagés dans la guerre sur le territoire soviétiquen 6 000 partisans rejoignent le NKVD, 5 000 les "bataillons de destruction", et 32 000 combattants restent mobilisés dans leurs brigades non dissoutes avant la fin de 1944. En effet, des milliers de ceux qui ont survécu à la "lutte contre les bandes" des Allemands sont mobilisés dans la "lutte contre le banditisme" en URSS. Anciens collaborateurs, soldats de passage et déserteurs de l'armé rouge forment partoutles noyaux de ces groupes armés de "bandits" qui s'en prennent aux biens, aux personnes et aux représentants du régime soviétique à travers les campagnes, au milieu des ruines et des millions de Soviétiques en mouvement, réfugiés, rapatriés, déplacés, fugitifs.
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Bientôt, les anciens partisans sont écartés de nombreux postes de responsabilité, et le flot de leurs mémoires se tarit dès 1947. Ce n'est qu'à partir de la fin des années 1950 qu'ils accèdent de nouveau à la parole, sous l'étroit contrôle du régime. Les comités centraux des partiq pilotent entièrement une politique qui n'est pas de mémoire, mais de création du mythe, celui de la guerre du peuple héroîque, uni dans le sacrifice volontaire, qui ne laisse place ni aux "traîtres", ni même aux victimes, un récit où le mythe partisan permet d'effacer 1939 et 1941. Aucune faillite de l'Etat, aucune défaite, aucune hésitation du peuple soviétique uni dans sa lutte, aucune discussion de son coût humain : au niveau de l'Union soviétique, les partisans glorieux combattants derrière les lignes ennemies, o,nt depuis le premier assisté l'Armée rouge, et c'est leurs exploits militaires contre les Allemands qui fotrment la trame du récit. La question de leurs relations avec les civils reste un non- dit, un silence dont l'ombre plane jusqu'à aujourd'hui sur les mémoires.
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Dans ce contexte aussi, on assiste à une multiplication des violences contre les femmes. Si les sources ne permettent pas de quantifier ces violences, les plus susceptibles d'être tues par tous les protagonistes, ces occurences, réccurentes, ne peuvent être considérées ni comme des incidents isolés ni comme une autre norme...
Les femmes sont violées en forêt, loin des regards et de la protection du village. Les violeurs, des éclaireurs, agissant donc en petits groupes autonomes, loin de la brigade, passent à la violence dans cet espace de marginalité, où ils sont libérés des contraintes et contrôles civils comme partisans. De fait, trois groupes de partisans concentrent une part disproportionnée des accusations pour leur comportement violent : les éclaireurs , les saboteurs et les groupes chargés du ravitaillement, soit des hommes envoyés régulièrement hors du territoire partisan, loin du contrôle de la brigade, en petit nombre, pour des durées indéterminées.
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