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Critiques de Maryse Condé (354)
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Le coeur à rire et à pleurer



Maryse Condé (qui semble avoir pris le nom de sa rue d'enfance comme nom de plume) nous raconte ses souvenirs d'enfance en Guadeloupe dans les années 50.

Chaque chapitre est consacré à une histoire; raison pour laquelle elle a sous-titré son livre "Contes vrais de mon enfance".



Huitième enfant d'un couple de bourgeois antillais, elle garde un souvenir teinté d'amertume. Vis-à-vis de ses parents d'abord, qu'elle présente souvent comme des orgueilleux, fiers de leur statut, trop fiers au point de pratiquer eux-mêmes un certain racisme anti-mulâtres. Parce que dans les années 50, être "noir" peut revêtir des tas de significations que Maryse, petite fille, éprouve des difficultés à comprendre. Pour elle, un enfant avec qui jouer est un enfant, point! Pourquoi ses parents lui reprochent-ils donc de s'amuser avec certains d'entre eux? Pourquoi doit-elle systématiquement prendre le rôle de souffre-douleur quand l'autre enfant est blanc ("je dois te donner des coups parce que tu es une négresse")?



Vis-à-vis de la société en général également. Incomprise à l'école, incomprise à la maison, cataloguée très vite de perturbatrice, elle semblait ne trouver sa vraie place nulle part.



C'est à hauteur d'enfant, voire de jeune adolescente, que les récits nous sont proposés. Donc, c'est au lecteur de détecter les lignes plus historico-politiques comme la lutte des classes, la place de la femme dans la société antillaise de l'époque, l'approche de l'enseignement, les relations avec la France... Parce qu'à cette époque, en Guadeloupe, on déteste l'Amérique par principe et on aime la France, par principe aussi. Ce que Maryse, enfant, ne comprend pas, ne trouvant d'ailleurs pas grande satisfaction dans ses voyages à Paris où l'image qu'elle a de ses parents se fane encore un peu plus.



Mêlant français et créole, la plume de l'autrice est très fluide et donne juste l'envie d'explorer un peu plus le sujet à travers d'autres ouvrages.
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L'Évangile du Nouveau Monde

e ne connaissais pas cette écrivaine et ce roman me le fait regretter car elle a un talent certain pour raconter des histoires et rendre vivante et proche de nous la civilisation guadeloupéenne de son enfance. Dans ce roman elle raconte le voyage initiatique pour un jeune Pascal qui est le fils de … Corazon Tejera, autrement dit, Dieu lui-même, pour ses adeptes. Alors Pascal serait le fils de Dieu ? c’est dur à porter ! déjà que sa naissance a été un miracle pour ses parents adoptifs qui l’ont recueilli dans un appentis qui ressemble fort à une crèche sous d’autres cieux. Voilà le roman est lancé, en s’inspirant des évangiles, Maryse Condé va nous raconter son pays et aussi le monde contemporain dans ce qui ne va pas trop mal et surtout ce qui va très mal.



Le message du Christ est toujours aussi dérangeant « aimons-nous les uns les autres » et toute vie sur terre a la même valeur. Pascal, un peu à l’image de Candide ira de société en société sans jamais trouver le bonheur. On le croit quand il est chez les Mondongues qui ont supprimé la propriété privée, l’alcool … Hélas ! cette société ira vers la tyrannie et Pascal devra prendre la fuite. Finalement, la solution ne sera pas « cultivons notre jardin » mais « trouvons l’amour ».



J’ai parfois beaucoup aimé ce roman surtout quand je sens vivre la société guadeloupéenne, surtout à travers le talent de conteuse de cette auteure. Cela m’a amusée de reconnaître mes souvenirs du catéchisme de mon enfance. Mais je m’y suis aussi souvent ennuyée . J’ai vraiment décidé de lire d’autres livres de cette auteure car son talent aux multiples facettes ne se résume certainement pas à ce roman très original.
Lien : https://luocine.fr/?p=14268
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En attendant la montée des eaux

En attendant la montée des eaux est ma première incursion dans l'univers de Maryse Condé.

On peut dire que l'atmosphère de son roman est au diapason du pays central de son livre : Haiti. Violence , Misère , Catastrophes naturelles , envoutement et humanité.

Maryse Condé a écrit un roman foisonnant , touffu , nous emmenant des Antilles , au Mali, au Moyen Orient et en Haiti.

Babakar est un médecin d'origine malienne qui vit en Guadeloupe

Movar est haïtien. Celui ci amène à Babakar une jeune femme ,Reinette ( réfugiée haïtienne ) qui est sur le point d'accoucher. Reinette donne naissance à Anais. Malheureusement Reinette décède à la suite de cet accouchement.

Anaïs et Babakar vont s'attacher l'un à l'autre, au point que Babacar va s'envoler pour Haiti à la recherche de la famille d'Anaïs.

De ce point de départ Maryse Condé va faire un roman envoutant traversé par la vie de trois hommes ( Babakar - Movar - Fouad) et de trois femmes ( Thecla - Alezia - Estrella ).

Peu à peu chacun de ces personnages va nous relater les étapes de sa vie.

Maryse Condé a eu l'excellente idée de ramasser ces étapes dans des chapitres uniques pour chaque personne et de les dénommer récits.

Des récits, des histoires comme peuvent en raconter des griots. Dans ces récits se télescopent la réalité mais aussi la légende , le spirituel, le subtil.

Et le lecteur de voyager entre animisme, vaudou contes et légendes de l'Afrique à Haiti.

Ce roman est aussi et surtout un roman d'humanité. Une humanité déracinée, ballotée entre des régimes politiques , des misères physiques et morales. Comment s'affranchir de sa condition mais aussi de son passé.

En attendant la montée des eaux.... Tout un symbole.
Lien : https://auventdesmots.wordpr..
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L'Évangile du Nouveau Monde

« L’enfant naturel ? se moqua Pascal. Est-ce que tous les enfants ne sont pas naturels ? » Page 100



Spéciale Rentrée Littéraire.



Balade poétique sur les traces de l’évangile. Un couple stérile trouve un dimanche de Pâques un nouveau-né dans leur grange. Il l’adopte, le baptise Pascal et très vite une rumeur gronde : ce bébé serait-il l’enfant de Dieu ? Devenu adulte, Pascal part à la recherche de ses origines et retrouve la trace de sa mère biologique. Son père lui est introuvable mais semble faire le bien partout où il passe.

Alors que certains hommes ont besoin de voir en Pascal le fils de Dieu, d’autres le chassent, le traitent d’imposteur ou l’accusent de commettre des attentats. Et si en réalité, le seul vrai pouvoir que Pascal possède est l’amour ❤️



Maryse Condé nous entraîne dans un imaginaire fantasque et attachant sur les traces de Dieu, Judas et du messie et offre de quoi rêver tout en ne négligeant pas les sujets d’actualité : les migrants, le terrorisme, les pays émergents, la corruption, la pauvreté, les pays du Sud ... Un livre extrêmement moderne pour la doyenne de la rentrée littéraire 👏.
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L'Évangile du Nouveau Monde

Premier livre que je lis de Maryse Condé et j'ai un bilan mitigé. Je suis déçue de ma lecture car l'histoire de Pascal manque de suspens et de lien avec les différents personnages. Plusieurs personnages sont nommés mais ne sont pas suffisamment exploités. Cependant, Maryse Condé a une très belle plume que j'ai découvert et beaucoup appréciée. Il y a bonne dose de philosophie dans ce livre.
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Moi, Tituba sorcière

Tituba naît à la Barbade d’une esclave. Initiée aux arts guérisseurs et spirituels, elle n’en reste pas moins une femme qui se laisse piéger par l’amour et la sensualité et qui n’arrête jamais de croire en la bonté des êtres humains, malgré toutes ses rencontres qui lui prouvent le contraire.



Par amour, Tituba se vendra comme servante à un pasteur arriéré et violent et prendra soin de sa famille… mais la méchanceté rôde, même chez les enfants. Et le village américain de Salem, obsédé par le Malin et ses apparitions, cristallisera tous les dangers de l’application hypocrite d’un culte.



C’est ainsi que Tituba sera accusée, comme d’autres femmes, d’être une sorcière. Battue et emprisonnée, seule Noire, elle sera oubliée par l’Histoire. Maryse Condé la réhabilite et lui invente une fin de vie, puisque l’Histoire perd sa trace après la grâce présidentielle de 1693.



Ce roman biographique est composé de nombreux dialogues, il se lit donc plutôt rapidement ! Les chapitres sont bien rythmés, on s’attache à Tituba et à ses malheurs.

Mais je crois que j’attendais un peu trop de ce roman que je veux lire depuis très longtemps : après tout ce que j’avais lu sur lui, il ne m’a pas éblouie autant que je m’y attendais…

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Moi, Tituba sorcière

J'ai rencontré Tituba pour la première dans "La Chasse aux sorcières", puis dans mes lectures relatives à l'affaire des sorcières de Salem. Je n'y peux rien, c'est une histoire qui me passionne comme tous les faits de "sorcellerie" au creux desquels se mêlent la question de la place de la femme, celle des croyances et de la folie des hommes ainsi qu'une bonne dose d'Histoire.

Je me souviens m'être souvent demandé ce qu'il était advenu de Tituba après l'amnistie générale accordée aux accusés de l'affaire, quand il fallait calmer les esprits échauffés et échaudés par des accusations toujours plus nombreuses et des exécutions toujours plus iniques.

Du destin de l'esclave du révérend Parris après Salem, nul n'a rien écrit. Ni Miller, ni les autres.

Jusqu'à Maryse Condé.



De l'écrivaine guadeloupéenne, je n'avais rien lu, malgré les exhortations de ma maman pour qui elle est l'une des plus grandes. Lorsqu'on lui demande de parler des romans qui ont le plus marqué sa vie de lectrice, elle cite "Pêcheurs d'Islande", "Premier de cordée", "Germinal" et "Segou", dont elle conserve précieusement l'édition de 1984.

"Segou" qu'elle m'incite à lire depuis... longtemps.

Je me dis qu'après "Moi, Tituba, sorcière", j'y viendrai sûrement puisqu'en effet, il m'a fallu Salem et Tituba pour venir à Condé. Il m'a fallu ce roman dont j'ai tout aimé et que j'ai dévoré en quelques heures.



Dans une langue dure, âpre mais poétique, Maryse Condé redonne vie, chair et souffle, à Tituba, et tout en lui redonnant aussi sa voix -puisque la narration se fait toute entière à la première personne- elle lui permet de se réapproprier son histoire, ou ce qui pourrait être son histoire, puisque le texte, bien que prenant appui sur des faits historiques qu'il relate le plus rigoureusement possible, demeure un roman.

Coulent bien sûr dans la vie de cette héroïne foncièrement humaine, forte et attachante la violence, les mensonges et l'odeur du sang et du soufre, la rumeur de sorcellerie charriés par les flots de Salem, mais pas seulement.

L'histoire de Tituba est aussi celle de la Barbade et de l'esclavage, des croyances vaudous et animistes mises à l'épreuve du Dieu que voulait imposer les colons à leurs esclaves. C'est celle des plantations et de la traite négrière. C'est celle des femmes qui sont toujours moins que les hommes et des hommes qui trahissent après s'être faits aimés, de leur lâcheté. C'est celle de tous les fanatismes qui poussent à exterminer: sorcières, juifs, esclaves... Qu'importe le bouc émissaire, pourvu qu'on ait l'ivresse.



De sa conception -deux phrases brutales et presque insoutenables qui viennent ouvrir le roman- à son enfance dans une plantation où elle n'est rien, de la mort abject de sa mère à son désir pour John l'indien qu'elle épousera, des riantes Caraïbes au Massachussetts tendu de noirceur et de brumes à sa geôle, du second voyage à son retour à son point de départ, "Moi, Tituba, sorcière" nous attache aux pas d'une héroïne d'exception, marquante, bouleversante et à qui Maryse Condé rend enfin l'hommage qu'elle mérite tout en tissant un vibrant hommage aux premières révoltes d'esclaves et aux nègres marrons.

Bouleversant. Révoltant. Cruel et magnifique.



Je ne croyais lire qu'un récit sur l'une des protagonistes de l'Affaire des sorcières de Salem pour assouvir mon intérêt un peu boulimique pour le sujet et c'est ce que j'ai trouvé, pour mon plus grand plaisir, mais j'ai trouvé bien plus.

J'ai trouvé la beauté sous la cruauté, la puissance des mots qui fait celle de l'engagement.

Dans "Moi, Tituba, Sorcière", j'ai également trouvé une langue incantatoire et hypnotique comme je les aime, mâtiné de ce rien de surnaturel, de transe qui envoute.

J'ai trouvé Toni Morrison, j'ai trouvé "Beloved". J'ai trouvé Billie Holiday, comme en visite chez Thomas Gilbert et Arthur Miller.



J'ai trouvé Tituba et Maryse Condé.





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Victoire, les saveurs et les mots

C'est un livre attachant qui n'a rien de convenu. On découvre le destin d'une jeune fille pauvre, qui améliore sa situation grâce à son talent de cuisinière sans jamais atteindre à une vraie indépendance, ni financière ni sentimentale. Un esclavage qui ne dit pas son nom, et qui est accepté par l'intéressée comme une donnée intangible de sa vie. J'ai pensé à la Félicité de Flaubert.

L'auteur décrit sa grand-mère avec distance, sans chercher à inventer une familiarité qui n'a jamais existé. Le style est très personnel, très vivant. Sans pathos, mais avec beaucoup d'empathie et de curiosité pour cette femme d'une autre génération, et plus encore d'un autre monde. On a l'impression que c'est la fille de Victoire, mère de Maryse, qui a payé de sa sensibilité le changement radical de l'une à l'autre.

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L'Évangile du Nouveau Monde

Il est dit que ce livre est le testament de Maryse Condé, je veux bien le croire car beaucoup de thèmes qui ont été égrainés dans toute son œuvre s'y retrouvent/ ReligionS , créolité, amour, communautarisme, prostitution, migrants, place de la femme dans les sociétés caraïbes



J ai eu du mal à rentrer dans ce livre ( essai ?? Conte philosophique) mais après j'étais comme **enchantée** en plus une très elle langue



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L'Évangile du Nouveau Monde

Je comprends l’intention de Maryse Condé d’écrire une sorte de vrai faux évangile avec un messie métis et contemporain né aux Antilles, adopté par un couple chrétien, né d’une femme convertie à l’islam et d’un père brésilien ayant fondé un ashram. Cet enfant, nommé Pascal, accomplit malgré lui quelques actions messianiques boiteuses et quelques faux miracles et cherche à changer le monde pour le rendre plus tolérant et plus harmonieux. Ses quelques tentatives utopiques se soldent par des échecs et mènent à la désillusion. L’épilogue de cet évangile est un hymne à l’amour. Vaste sujet, peut-être trop vaste pour un si court roman. Le texte est plein de références décalées à l’évangile, mais autant les Monty Python me font rire dans La vie de Brian, autant là, cela m’a au mieux arraché un sourire. Je n’ai pas senti de satire, de second degré. A moment donné j’ai pensé à Gibreel Farista et Saladin Chamcha des Versets sataniques, mais sans le souffle, la verve et la malice du conteur. D’autant que L’évangile du Nouveau monde finit presque comme les Versets sataniques ont commencé ! Au bout du compte j’ai eu beaucoup de mal à aller jusqu’au bout des aventures du personnage de Pascal, plus proche de Forrest Gump que d’un messie. Quel dommage !
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En attendant la montée des eaux

Si je me suis un peu perdu et relativement ennuyé avec ce livre, force est de reconnaître que Maryse Condé est un grand écrivain.



Une petite citation : "Bienheureuses celles qui mastiquent le triste pain de la vie sans chercher à analyser à tout prix les ingrédients qui entrent dans sa composition".



Maryse Condé livre une critique féroce de l'Afrique et des Antilles, ses dirigeants en fait. C'est plaisant de lire un livre sans concession, soigné et honnête.
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Moi, Tituba sorcière

Il était dans ma bibliothèque depuis plusieurs années et malgré les bons retours entendus, impossible de me lancer. Il ne me tentait pas, on me l'a offert et je me disais à chaque fois qu'un jour je le lirai.



Et je ne regrette pas ! Quelle histoire, quel récit.



Tituba n'a rien pour elle. Fille née d'un viol, noire et femme au XVIIè siècle... c'était dur, sa vie, l'époque et les résonances si actuelles. A-t-on vraiment beaucoup évolué côté droits des femmes, des noirs, des juifs ? Ce roman, dont j'ai beaucoup apprécié la plume, fait réfléchir.
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Moi, Tituba sorcière

J'ai lu Tituba en 3 jours. Lu? Dévoré plutôt !!! Je l'ai adoré. L'écriture est parfaite avec des morceaux de bravoure que je ne suis pas prête d'oublier... (dommage que je n'ai pas le temps de les copier sur Babelio) La thématique bouleversante. Noire, femme, esclave, sorcière. L'époque. Les lieux. Tout. Superbe. Magnifique. Je suis FAN. Merci beaucoup d'avoir mis ce texte puissant entre mes mains. Que ça fait du bien de lire des textes coups de poing et d'une rare finesse. Vive l'écriture féminine !!! Vive l'écriture noire!!! Vive la vraie grande écriture. 🥰
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Moi, Tituba sorcière





Tituba, esclave noire, est née d'un viol de sa mère par un blanc. Très vite orpheline elle est recueillie par Man yaga qui lui apprend le secret des plantes et du vaudou.



Tituba à réellement existé et sa vie fut terrible. Après avoir été marié à John Indien, elle sera vendu à un Pasteur Samuel Paris qui l'emmènera à Boston puis à Salem où aura lieu le procès des sorcières de Salem quelques années plus tard.

Dans cette ville puritaine, elle sera accusée de sorcellerie. Samuel Paris va manipuler les gens du village " les possédés" pour arriver à ses fins . On ne sait pas ce qu'est devenu Tituba, l'auteur nous donne sa version.

Ce que l'on sait : une vingtaine de jeunes femmes ont été accusées, quatorze ont été pendues.

Il ne faisait pas bon de vivre aux 17 siècles. Une histoire touchante et une belle écriture, l'utilisation du' je ' rend l'histoire encore plus intense.

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Ségou, tome 2 : La Terre en miettes

J'ai commencé avec grand intérêt ce deuxième tome de Ségou. En fait, je me suis un peu perdue dans les noms et les liens de parenté. Le livre est très intéréssant, on y apprend beaucoup sur l'histoire du Mali, mais je crois que l'auteure a été un peu trop ambitieuse... En voulant tout raconter les personnages ont peu d'épaisseur. De toute façon, c'est un livre qui m'a angoissée. L'histoire du Mali et en général, celle de l'Afrique est vraiment douloureuse. Tous veulent les richesses des peuples considérés comme moins civilisés. En se disant civilisateurs, d'un côté l'Islam, de l'autre les Blancs, veulent tous la même chose. Ce qui d'ailleurs est facilité par les luttes intestines et rivalités entre tribus et peuples . C'est triste, c'est poignant, et ç'a m'a fait beaucoup réfléchir sur la nature humaine.
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Moi, Tituba sorcière

Magnifique récit à la première personne de la vie de Tituba, née sur l'île de la Barbade à la fin du XVIIe siècle, du viol de sa mère esclave par un marin anglais. Enfant, elle voit sa mère pendue pour avoir levé la main sur un Blanc. Avec l'aide de la vieille Man Yaya, elle apprend les plantes qui soignent et guérissent puis tombe amoureuse d'un esclave dont elle sent qu'il lui apportera le malheur. Achetée par un pasteur, emmenée à Salem, elle est naturellement accusée de sorcellerie par les bigots du lieu.

La belle langue de ce roman donne vie à l'esclave Tituba, qui cumule à la fois le statut de femme et celui de Noire et est pour cela accusée de tous les maux. Les ravages de la religion sont particulièrement bien dépeints. Bien loin de céder et de se résigner, Tituba, ne cesse cependant de faire coïncider son art et son désir de liberté.
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Moi, Tituba sorcière

Maryse Condé a écrit ce roman consacré à Tituba qui fut l'une des sorcières (la seule noire) de Salem. Comment Tituba acquit une réputation de sorcière à La Barbade, comment elle aima et épousa John Indien, comment ils furent tous deux vendus au pasteur Samuel Parris qui les emmena à Boston puis dans le village de Salem. C'est là, dans cette société puritaine, que l'hystérie collective provoqua la chasse aux sorcières et les procès tristement célèbres de 1692.

Maryse Condé a pris le parti d'en faire la fille d'Abena, jeune Ashanti (du Ghana) enlevée et violée sur un vaisseau négrier, pour être vendue à des colons à la Barbade. Puis elle a tricoté son roman en décrivant la condition des esclaves à cette époque, la superstition des blancs vis-à-vis des « nègres » qui possédaient peut-être un pouvoir surnaturel grâce à l’utilisation des herbes aux pouvoirs de guérison, associé aux sacrifices d’animaux, coutumes et croyances importées d’Afrique.

En réalité, Tituba aurait été une Amérindienne Arawak et non une esclave noire, capturée en Amérique du Sud alors qu'elle était enfant, emmenée à la Barbade et vendue comme esclave. Elle avait entre 12 et 17 ans lorsqu'elle entra au service de Samuel Parris. Né en 1653 à Londres, il était le pasteur ultra puritain du village de Salem, et serait à l’origine de cet épisode d’accusation de sorcellerie en faisant accuser des personnes, dont Tituba, par ses enfants, pour se venger de la communauté de Salem qui refusait de lui payer son bois de chauffage. Dans cette société totalement sous influence de la religion, Parris commença à évoquer dans ses sermons, une conspiration contre lui et contre l'Église, inspirée par Satan. Ce fut donc le déclanchement d’une chasse aux sorcières complètement hystérique, haineuse et vengeresse qui a entraîné l'arrestation d'une centaine de personnes, puis l'exécution de quatorze femmes et de six hommes.

Après avoir fait des excuses publiques en 1694, il a quitté la région en 1697, sans représailles, il est mort le 7 février 1720 !!!

Quant à Tituba, seules les élucubrations toutes plus fantaisistes les unes que les autres, lui ont dessiné un après Salem !

Vive la religion !


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

Je m’initie à l’écriture de Maryse Condé. Née à Pointe à Pitre en Guadeloupe, elle fait ses études à Paris, épouse un guinéen et part vivre en Afrique. Guinée, Ghana, Sénégal, et s’imprégnera de la culture africaine, celle de ses ancêtres victimes de l’esclavage. Patrick Chamoiseau, dont son Texaco et Simone Shwarz Bart ont déjà bonne place dans ma bibliothèque et donc de mon approche de la culture africaine-créole-française. Dans Ségou, je retrouve et approfondis ma connaissance de l’histoire du Mali (après Amadou Hampaté Ba) et ma visite dans le pays en 2005 avant que les cinglés d’AQMI n’aient mis le pays à feu et à cendre et presque interrompu le tourisme. Le premier volume de cette saga en deux tomes, développe quatre sujets qui s’interpénètrent à la même époque, soit sur 3 siècles du 17ème au 19ème dans la partie de l’Afrique noire.

La progression de l’Islam « il n’y a de dieu que Dieu » et les guerres de pouvoir que cela va engendrer, dont El hadj Omar (1797-1864) sera le grand ordonnateur -avec les milliers de morts que l’on suppose-

La traite des noirs par les Portugais envoyés au Brésil.

Le début de la christianisation par les anglais et les français à partir des pays du golfe du Bénin, et du colonialisme qui allait suivre.

A travers ses personnages, la communauté animiste Bambara de Ségou connaitra chacun de ces cataclysmes.

C’est un livre dense, extrêmement bien documenté, plein de violence et de nostalgie des traditions qui sont abandonnées par l’extermination des hommes qui les pratiquent.

Que retient-on de l’histoire…


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Moi, Tituba sorcière

Grand coup de coeur pour ce magnifique roman d'une auteure guadeloupéenne injustement méconnue. Tituba naît d'un viol sur l'île de la Barbade au 17ème siècle, elle perdra sa mère très jeune et partira habiter en autarcie dans la forêt jusqu'à sa rencontre avec l'un des hommes de sa vie : John Indien. Tous deux esclaves seront emmenés dans les bagages de la famille Parris direction Boston puis le petit village de Salem où la situation sera critique car nous sommes à l'époque des procès de sorcières. Tituba est considérée comme telle, elle qui a appris la science des plantes médicinales, la communication avec les morts... d'une vieillarde nommée Man Yaya décédée depuis.



Tituba est une personne intègre, pour laquelle j'ai vraiment ressenti de l'empathie et surtout pas de peur. Elle est magique dans tous les sens du terme, elle se démène pour sa vie, pour survivre tout simplement car hormis les plaisirs de la chair ils sont inexistants. Les jours passent et repassent entrainant leur lot de désolation et de malheur. Et pourtant Tituba relève la tête et est fière quelque soit la situation. C'est une femme forte plutôt que sorcière.

Une galerie de personnages fera des bouts de chemin avec elle mais qu'importe je n'ai eu d'yeux que pour Tituba un sacré modèle de courage.



Et quelle belle écriture !!
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Moi, Tituba sorcière

Le point de départ est très intéressant et nécessaire, oui : traiter de l'esclavage et de ses conséquences par un regard féminin, de la domination des hommes sur les femmes en contexte colonial en y ajoutant le fondamentalisme religieux. On comprend d'ailleurs rapidement que l'opposition réelle n'est pas entre propriétaires blancs et esclaves noirs, mais entre hommes et femmes, par-delà les couleurs. Sauf que... comme pour les deux autres ouvrages de Maryse Condé que j'ai déjà lus, je trouve que si l'idée initiale est passionnante, le contexte historique riche, le romanesque, l'intrigue, ne sont pas à la hauteur.

Comme pour Ségou, j'ai ainsi trouvé que l'héroïne n'était pas assez approfondie. Certes, le texte repose sur une focalisation interne. Mais on ne comprend pas toujours ses sentiments, sa personnalité : elle insiste sur sa liberté, mais accepte une vie de servitude dès qu'un homme lui demande. Elle ne pense qu'à la vengeance, mais refuse de faire le mal. Elle sait qu'elle doit être discrète pour ne pas attirer l'attention, et part faire des sacrifices dans la forêt... Peut-être aussi que ce qui m'a empêché de rentrer pleinement dans l'histoire, c'est que, justement, elle n'est pas inconnue : le thème des sorcières de Salem est déjà exploité dans la littérature.

J'ai été gênée par quelques anachronismes dans la langue : un personnage ne peut pas utiliser le terme de racisme au XVIIIème siècle dans son sens actuel, ni celui de féminisme - le mot lui-même n'existant pas. De même, il n'est pas logique que Tituba, présentée comme illettrée, pense au futur récit qu'on fera sur sa vie et à sa postérité. Les derniers mots du texte avant l'épilogue : "d'étranges arbres portant d'étranges fruits" ne sont pas amenés non plus de façon subtile.

Finalement, c'est la fin que j'ai préférée, lorsque Tituba est devenue un pur esprit qui hante son île, guérissant les douleurs des femmes, les incitant à chercher leur plaisir, tout en jouissant elle-même des beautés de son île. C'est dans ces quelques dernières pages qu'elle devient vraiment personnage de fiction et non personnage réel en marge de l'histoire.
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