Citations de Marie-Aimée Lebreton (22)
La corvée de bois était le nom donné aux exécutions sommaires. On emmenait en pleine campagne un groupe de prisonniers ou de simples suspects pour effectuer une corvée de bois, et là on faisait mine de leur rendre leur liberté et on les abattait comme les lapins. Et comme on ne pouvait pas obliger les appelés à commettre des assassinats, Rolles choisissait parmi eux des volontaires. Il arrivait souvent que ceux-là se rétractent au dernier moment.
François était sûr de lui et passionné de philosophie. Tout le contraire de Jacques qui ne comprenait pas toujours que l’on puisse s’émouvoir d’un auteur ou d’une poésie. Leurs caractères opposés ne les empêchaient pas d’aimer se retrouver, ce qui n’était pas toujours du goût des parents de François.
Choisir ses amis, c’était choisir son avenir.
Après la mort du père, Madame Plume était descendue à la rivière où les femmes nageaient autrefois parmi les nénuphars et les oléastres. Elle savait que son corps ne lui donnerait pas d'autres enfants.
Lourd son cœur dans la chaleur incendiaire.
Énorme la respiration stupéfaite.
Mais toujours pareil l'amour.
Sonore comme le vent dans les arbres.
Rond comme le monde en veille, près de l'enfant endormi.
Oh ! Ma fille, tu es née à présent et je t’aime. Je dis que mon ventre est triste mais tu es là et je te regarde. Mes yeux sont noirs mais tendre à l’intérieur. Tu es née aux premiers chants de l’aube et je t’appellerai toujours l’enfant de l’aube. Je sais que tu as déjà tes souffrances. Mon enfant, mon amour ! Mais c’est comme ça ! Une vieille loi du monde ! Mes seins tout gorgés d’amour cherchent ta bouche pour téter eux aussi. Mais de lait, je n’ai pas assez. Mon enfant, mon amour. La faim muette laisse des marques tout autour de ma bouche. Les chagrins attroupés dans l’assiette ne suffisent pas à me nourrir.
C’était le début de l’été. Le père avait vingt ans, il riait parce qu’il était vivant… Il était algérien, Madame Plume était française, de cela ils ne parlaient pas.
Je suis née au creux des montagnes, là où le ciel change de couleur dans la courbure du vent. Derrière le vent, en contrebas de la colline, se dressait le minaret du village. A heures régulières, la voix du muezzin annonçait le nom des dernières victimes tombées sous les bombes.
Nine savait qu’elle n’avait jamais oublié la terre qui l’avait enfantée. Nous sommes ainsi faits, nous cherchons toute notre vie à nous glisser dans le lit du temps pour retrouver le pays natal, fascinés que nous sommes par les femmes qui, au premier matin du monde, nous ont donné la vie
Au village, on a dit qu’ils t’avaient jeté sur le bord de la route, comme un chien. Tu es mort trop tôt et de toi je n’ai rien, pas même les mots de la mère.
Ce que ses larmes voulaient retrouver, c’était le chemin qui mène à ‘enfance. Ramener de l’oubli les lieux qu’elles avaient habités.
Tu m’uses disait la mère, tu me fatigues. Je ne sais pas comment te donner ce que tu me prends déjà !
C’était une fin d’après-midi ordinaire. La lumière se diffusait comme du lait. Pourrait-on faire passer toute la beauté du monde dans la simplicité des jours sans histoire ? A quel mystère se raccrocher lorsque les élans du cœur sont ralentis par les mots qui ne veulent pas venir ?
Le vent du désert accompagnait leurs figures ensablées de sang et de larmes. Leurs yeux vides portaient la marque d’un destin aussi lourd que les cadavres empilés au fond des charniers.
Avant d’aller poser son âme sur la branche d’une étoile, il prit sa langue entre ses mains pour chasser l’odeur visqueuse de la mort
Mangano était un type sûr de lui qui avait fait la Seconde Guerre mondiale. Pour lui, l’Algérie, c’était de la rigolade.
La vraie vie ne passe jamais très loin de ceux qui portent en eux l'enfant qu'ils ont été. Là est l'essentiel de leur appartenance au monde.
...elle savait qu'ils s'aimaient... " au creux des montagnes, là où le ciel change de couleur dans la courbure du vent".
Elle avait trouvé ce qu'elle cherchait, au bord du récit, un mot pour le dire, un petit mot d'amour.
En apercevant les collines se décoller du reste, ils eurent un sentiment que les artistes connaissent bien: l'échange entre la pensée et la singularité d'un paysage.
Choisir ses amis, c'était choisir son avenir.
nous sommes ainsi faits, nous cherchons toute notre vie, à nous glisser dans le lit du temps, ce pays lumineux pour retrouver le pays natal, fascinés que nous sommes par les femmes qui au premier matin du monde, nous ont donné la vi.e
P90 : « C'est à peine si le contre-jour inquiétait les couleurs lumineuses du papier peint, »
P123 : La vraie vie ne passe jamais très loin de ceux qui portent en eux l'enfant qu'ils ont été, Là est l'essentiel de leur appartenance au monde, pensait-elle. En quittant Bouïra, Nine n'était pas nerveuse, Elle écoutait chaque mouvement de sa respiration, multipliant les versions d'une langue dont elle entrevoyait désormais tous les trésors,
« Nine savait qu’elle n’avait jamais oublié la terre qui l’avait enfantée. Nous sommes tous ainsi faits, nous cherchons toute notre vie à nous glisser dans le lit du temps pour retrouver le pays natal, fascinés que nous sommes par les femmes qui, au premier main du monde, nous ont donné la vie.