C'est sur le constat ébahi d'une inexplicable débauche de violence que s'achevait Fargo et que No Country commence; les salauds de maintenant sont beaucoup plus salauds que les salauds d'avant. Les temps ont changé et Ed Tom, si bon shériff soit-il, se trouve réduit à l'impuissance. Son amertume vaut bien celle de Lévi-Strauss quelques années avant sa mort lorsqu'il évoquait la disparition de dizaines d'espèces animales et de groupes ethniques pour conclure : "Le monde que je vais quitter est un monde que je n'aime pas." Pourquoi cette rupture de la continuité ? D'où vient cette débauche de cruauté sadique, cette frénésie, cette rage ? Pourquoi le renoncement au respect des anciens ? Thématique brûlante dans la société occidentale, la question de la fin d'une civilisation et de la déferlante des "invasions barbares" s'invite clairement dans No Country.