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Citations de Loulou Robert (364)


Un père extrêmement intelligent, qui travaillait pour respirer, qui savait relativiser les choses de la vie. Un sage, faussement sage, car derrière sa voix douce et son savoir, mon père était malheureux. Son intelligence la rendu ainsi. Voir le monde tel qu’il est, c’est une malédiction.
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Un regard triste. Toujours prêt à m'écouter. Sam ne se moquait jamais. On ne parlait pas. On se comprenait. Le silence est plus puissant que les mots.
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J’allume mon ordinateur. Reprenons.
Je ne raconterai pas l’histoire de ce que j’écris. Il y a des personnages, une route et des péripéties. Une trajectoire. Un début et une fin. Il s’y passe des choses. Pas de dragons ni de tueurs en série. Je suis chacun de ces personnages ; je suis imaginaire. Je ne sais pas de quoi le texte parle. Il parle, c’est tout. Je ne sais pas non plus de quoi la vie parle. Je la laisse aller. L’écriture aussi. Elle coule. Les yeux fermés, mes doigts connaissent le chemin. Je sens la fin. Ils tentent de me freiner. Retarder. Je n’ai pas pensé à après, quand le dernier point aura été tapé. La différence entre un livre et la vie ? A la fin du livre, la vie continue. Et ma vie ? Est-ce qu’elle va continuer ?
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Les tumeurs sont combatives. Pas comme nous. Elles s’accrochent. Elles grandissent, font des petits puis les petits qui deviennent grands pour faire d’autres petits. Elles voyagent. Seins, estomac, testicules, fesses, sang, cerveau. Même les pieds. On vit dans un monde où on meurt d’un cancer du pied et c’est normal.
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Je monte le son. Je n’ai pas peur, honte de rien. Je danse toute seule devant toi. Tu me regardes. Tu es fou de moi. Surtout dans ces moments-là. Puis tu finis par « Sitting on the dock of the bay ». On est d’accord sur ce point. C’est notre chanson préférée. Tu me rejoins pour danser. L’un contre l’autre. Mes bras autour de ton cou. Parfois je pleure. Parfois c’est toi. C’est toujours beau.
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Tu fais signe au serveur. Je veux un verre de vin blanc. C'est plus simple qu'un cocktail. Plus classe que la bière. Je ne connais rien au vin. Chez moi, on prime la quantité, pas la qualité. On aime le vin blanc sec et pas cher. J'ai donc demandé au serveur sec et légèrement fruité. Fruité, j'aime bien ce mot. Tu as commandé pour moi un verre de menetou-salon.
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Des jours en vrac. Ils comptent. Ils marquent. Ils frappent. Ils blessent. Ils renforcent. Ils s'entrechoquent. Des chiffres. Des années. Des litres. Des kilogrammes. Des kilomètres. On compte. On décompte. Tic-tac. Le chrono avance. Il ne s'arrêtera jamais. Tic-tac. Même le jour où c'est terminé, il continue sa route. Pour les chiffres, il n'y en a qu'une.
J'aurais pu être comptable. Des plus et des moins. Un résultat. C'est clair et simple. Pas droit à l'erreur. Cocher. Vérifier. Taper sur des touches. Revérifier. Tout est rangé. Exact. Ordre et perfection. J'aurais dû être comptable.
Je n'aime pas les maths.
Je ne suis pas en ordre.
Je ne suis pas exacte.
Je ne suis pas parfaite.
Je ne suis pas comptable.
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Je ne voulais pas voir la maladie . Je détestais ce mot : anorexie . Il sonne acide, rêche et froid et fait mal à la gorge . Son image révulse . C'est le "réxie" , qui est dur à avaler , [..].
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Ce soir, je me sens conne. Je n’aime pas. J’ai toujours une longueur d’avance. Là je suis en retard. Sous terre. À la cave. Avec les rats et les déchets de tout Paris. C’est là que se trouvent les cons. Du moins, les cons qui ont conscience de ce qu’ils sont. Car pour les autres, les vrais cons, c’est une autre histoire. Ceux-là, ils sont au-dessus. À côté, partout. C’est ce qu’ils croient. On les laisse croire. C’est le propre du vrai con de se penser intelligent.
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Je devrais commencer par me présenter.
Ce qui vous intéresse est de savoir si cette histoire est vraie. Si la personne qui a écrit cette histoire a vécu cette histoire. Si son cerveau a vrillé comme celui du personnage. Pulsation cardiaque. Boum. Boum. Boum. Si ce cœur était réel. Si ce cœur était le mien. Cette question revient à chaque page. Chaque passage à la radio. Est-ce sa voix ? A la télé. Son visage ? Je pourrais parler à la troisième personne. Dire elle. Dire tu.
Je dis je. Cette histoire existe. Réelle ou pas. Elle existe. La réalité on s'en fout. La réalité n'écrit pas d'histoires. Je. Tu. Il. Elle ne vit pas. Elle ne mange pas. Ne ressent pas. Ne baise pas. N'aime pas. Ne meurt pas.
Je ne veux pas être réelle.
Je ne veux plus savoir qui je suis.
Je ne sais plus qui je suis.
Je ne me présenterai pas.
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- Oui, j'aime les livres . Il n'y a pas de mal à ça, pas vrai?
- Non, il n'y a aucun mal à aimer quelque chose . Et je pense qu'aimer lire en est une bonne mais un livre par jour, c'est trop Bianca .
- Il n'y a rien à faire ici . En général , on reproche aux gens de ne pas assez lire , pas l'inverse . Avec vous, quoiqu'on fasse, c'est toujours mal .
- Ton cas relève de l'obsession . Tu lis pour ne pas penser . Tu te réfugies dans les livres , ce qui t'empêche d'avancer et de te concentrer sur toi .
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Un jour , j'ai arrêté de manger . Je me suis enfermée dans une boite puis dans une autre . De plus en plus sombre . Je n'ai jamais trouvé ce qui s'y cachait . Peut-être qu'elles étaient vides .Peut-être que c'est ça mon problème . Le vide . Peut-être que je voulais simplement qu'on me voie, alors je me suis rendue malade . Peut-être que je ne trouvais pas de sens . Peut-être que je refusais de grandir . Peut-être que mes parents ont merdé quelque part .
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Je crois que c'est ça mon truc : regarder, observer, absorber . Une éponge de vies .
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Chez moi , c'est ma mère qui boit . A la maison, c'est toujours l'heure de l'apéro . le rhum de onze heures, le verre de vin en cuisine, le whisky de quatorze heures, le gin de dix-neuf heures et la vodka de vingt-trois heures . Elle dit que c'est son repas préféré. C'est pour rire mais moi, ça ne me fait pas rire .
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On s’endort collés. Fesses contre sexe. La position t’excite. Alors on fait l’amour. Je n’ai pas toujours envie. Toi si. Je ne jouis jamais quand tu es en moi mais je ne m’inquiète pas. Toi si. Tu descends ta main ou ta bouche jusqu’à mon sexe. Là, je jouis. Maintenant, on peut dormir.
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Sa mère croit son mari [...]. Clara fugue . Clara couche . Clara boit . Clara se drogue.[...].
Ma fille se drogue et souffre de mythomanie . Le docteur Richard change le diagnostic . Beau-père pédophile/attouchements incestueux .
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Hier, l’affaire Adèle Haenel a fait la une des médias.
Hier, Vanessa Springora a écrit Le consentement.
Hier, Polanski a remporté le César du meilleur réalisateur.
Hier, la haine sur les réseaux sociaux. La violence. Il faut choisir son camp.
Hier, des scandales partout, tout le temps. J’ai mal à la tête.
J’ai terminé d’écrire ce livre en juin 2019. Depuis, je fuis mon ordinateur et ma pensée. Depuis, j’ai déménagé à Tours. Depuis, j’ai adopté un chien. Depuis, j’ai peur. Peur de replonger dans le noir.
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Après une semaine enfermée dans ma chambre, je n'ai pas eu le choix. Mon père en a fini avec la compassion. Je pourrais très bien mentir et sécher les cours. Mais je n'en ai pas l'énergie, et puis il n'y a plus de Coca dans le frigo. Il faut sortir en acheter. Mon premier choix de tenue s'est arrêté sur mon pyjama. Là encore, mon père n'est pas d'accord. J'aurais pu dire merde, mais je réserve ce mot à d'autres. Il a envoyé Katy dans ma chambre. Moment de complicité belle-mère-fille ? Pas du tout. Elle ne sait pas quoi me dire, alors elle me donne son shampoing. "Il fait de très beau cheveux, tu vas voir." C'est naze, comme cadeau de consolation. J'ai les cheveux gras, merci, je suis au courant. C'est peut-être parce que je ne vais pas très bien. Entre nous, offrir du shampoing à qui que ce soit, même à quelqu'un que l'on n'aime pas trop, c'est nul. Il sent bon, manquerait plus qu'il pue, en plus. C'est assez rare pour un shampoing. Quoique, je me rappelle que ma grand-mère, celle qui est morte, en avait un qui sentait vraiment mauvais. Les vieilles plantes, le genre de shampoing que l'on trouve en pharmacie, qui a pris l'odeur des médicaments. A chaque flacon vide, elle retournait acheter le même. Je n'ai jamais compris. Du coup, ses cheveux sentaient le vieux, comme elle. Celui de Katy est à la moelle de bambou. Je passe sous l'eau glacée afin de me réveiller. Le cauchemar continue. Katy me désespère : "L'eau froide c'est bon pour les cheveux, elle les rend brillants." Elle ferait mieux d'écrire un bouquin de recettes capillaires. Moi, la moelle de Bambou, je m'en fous. Elle fait peut-être briller les cheveux mais pas les yeux.
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Une nuit. Seize épisodes de Friends. Deux cents quatre-vingts "Here Come the Sun". Dix avions dans le ciel. Un livre de trois cents pages. Une nuit ; plus de temps. J'avais plus de temps. Dans mon studio, la nuit était l'occasion de faire connaissance avec mes voisins. Appartement 402 : un couple de quarantenaires. A peine plus âgés que mes parents. Sans enfant ; un bulldog français. Elle, les cheveux aux épaules, fine du haut, large du bas. Le visage qui n'a pas souri. Les rides qui tiraient son visage au sous-sol. A la cave. Lui, crâne rasé sur un corps d'ancien rugbyman. Un léger strabisme à l’œil gauche. Plus chaleureux que sa femme ; un petit côté pervers refoulé. J'ai partagé l’ascenseur avec eux une semaine après mon emménagement. C'est tout. Seulement trois étages, soit moins d'une minute. Je ne leur ai jamais parlé. Les murs l'ont fait. Ils laissaient passer les ronflements. Les grincements de lits, de dents, de tout. Le programme télé. Je regardais plusieurs films en même temps. Le four sonnait chez eux. Chez moi, le micro-ondes. Je prenais des bains. Eux des douches. Tard le soir. Tôt le matin. Ils se disputaient souvent. Ne se réconciliaient jamais. Ils aimaient leur chien. Ils le trainaient comme un enfant. Lui regardait des films pornos dans la salle de bains. Elle, des rediffusions du Docteur House. Ils baisaient une fois par semaine. Ils ne faisaient pas l'amour. Ils baisaient.
Je partageais leur vie. Sans bruit. Ils ne me connaissaient pas. Ils n'ont jamais sonné à ma porte. J'avais l'âge d'être leur fille. J'étais leur voisine, j'étais silencieuse et je n'existais pas.
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La porte était fermée. Les portes ne doivent jamais être fermées dans les lycées ici, justement pour cette raison. Pour que les lèvres des professeurs ne viennent pas s'attarder sur celles des élèves.
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