Dans cette phase primitive, pouvant aisément se situer vers 30 000, nous constatons des utilisations originales de la topographie de la grotte [Pair-non-Pair]. Au fond de la cavité, peu importante d'ailleurs, légèrement sur la gauche, existe une source, précédée d'un petit bassin de réception avant une évacuation extérieure des eaux. Une expérience de coloration à la fluorescéine a prouvé une relation entre la source et les eaux rejetées à l'extérieur. Les gravures "ornent" donc une "grotte sanctuaire", possédant une source profonde, évidente et première liaison reconnue entre ces gravures animalières et cette eau qui sourd des profondeurs de la terre.
Cette liaison, datée ici de 30 000, se retrouvera dans l'école magdalénienne, à la base d'une profonde philosophie, à Tito Bustillo, à Ekaïn, à Rouffignac : le mythe des eaux souterraines et des profondeurs chthoniennes, annonciateur des mystères de Delphes et d'Éleusis !
(L'art périgordien - p. 81)
Les complexes galeries de la double grotte de La Pasiega, dans le massif du Castillo, abondent en figures animalières archaïques (avec les réserves toujours nécessaires).
[...] Une profonde diaclase est utilisée pour porter, sur chacune de ses parois, une biche rouge... les deux biches s'enfoncent dans l'épaisse ligne d'ombre. Non loin, une autre biche s'évade des profondeurs. Entrée et sortie des ténèbres forment un dualisme symbolique qui va devenir leitmotiv, prendre profonde signification. C'est aussi un dualisme entre l'ombre et la lumière, la nuit et le jour. N'est-ce pas également l'opposition entre le monde obscur des grottes elles-mêmes et les paysages lumineux qui s'ouvrent devant leur porche ?
Je reste profondément frappé par une observation géographique : la plupart des grottes ornées s'ouvrent sur de très beaux paysages, sur de vastes étendues de chasse, propices à la reconnaissance et à la surveillance du gibier.[...] Ce dualisme me semble autrement plus crédible, réel et concret, que l'hypothèse d'un dualisme sexuel émise par A. Leroi-Gourhan.
(L'art périgordien - p. 85)
L'utilisation systématique des accidents naturels est un fait permanent dans l'art préhistorique. Elle prend cependant des degrés différents.[...] Elle pourra être intellectuelle ou religieuse, comme à Rouffignac, l'utilisation systématique des "bouches d'ombre", images des gouffres chthoniens où mugissent les eaux souterraines.
(Lointaines origines - p. 55)
Prologue
Seul un « pluralisme explicatif » permet de tenter de comprendre quelles pouvaient être les motivations profondes de ces artistes anonymes. Le mythe éleusinien pourrait bien en être le prolongement. L'art ne serait-il pas l'expression d'une humanité avide de vivre... et de renaitre ?
Devant une grotte d’Oranie (Afrique du Nord), le mage, armé d’un burin de silex et d’un percuteur, fait sauter les deux incisives supérieures médianes d’un patient. On ignore les raisons de ce rite ! Pour être plus séduisant’ peut-être ?
Les légions romaines assiègent Alésia. L’eau et les vivres sont limités pour les femmes, les enfants, les vieillards, considérés par les guerriers gaulois comme des « bouches inutiles ».
Jeunes filles très hospitalières, servantes de Peithô dans l'opulente Corinthe..