Citations de Louis Jouvet (21)
« Au théâtre, il n’y a rien à comprendre, mais tout à sentir. »
Le "connais toi toi-même" de la philosophie antique, c'est tout le métier du comédien, tout son art. Se connaître soi-même par rapport à Alceste ou à Marguerite Gautier, ce n'est pas donné à tous les gens qui font de la philosophie.
Condamnés à expliquer le mystère de leur vie, les hommes ont inventé le théâtre.
L'acteur travaille sur sa sensation comme sur une matière.
C'est l'utilisation des facultés intuitives de l'acteur.
C'est l'approfondissement, la prise de conscience, le contrôle, l'affinement de la sensation première, c'est la sensation au deuxième degré, la sensation au travail.
Commencement de l'introspection, de l'intuition.
C'est l'enseignement du texte seul qui guide, c'est le texte seul qui conduit une représentation.
La vocation, c'est de faire un miracle
avec soi-même
J’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant.
L'acteur est l'interprète et l'instrument.
Avoir une conception du théâtre, c'est le limiter, c'est l'appauvrir, c'est fausser l'expérience, c'est refuser toute découverte et nier la vie même du théâtre.
En matière de théâtre, une conception est une négation préalable aux manifestations, au libre jeu de la représentation et à ses effets.
Les conceptions corrompent, stérilisent ou tuent, elles interdisent toute approche ou toute pénétration de la vie théâtrale et de ses secrets.
Dans toutes les conceptions sur le théâtre, le théâtre n'est pas en question.
Le royaume des imaginaires P.168
Est-ce l'éphémère du théâtre qui me fait pressentir quelque chose de plus grand derrière?
Sont-ce ses bassesses, ses pauvretés qui me font chercher des compensations?
Est-ce le désir de durer, de survivre, qui me fait y voir quelque chose de spirituel, une renaissance?
Mais disons tout de suite que la pensée n'est pas nécessaire au théâtre et qu'elle lui est contraire.
J'appelle pensée ce cheminement logique, ces raisonnements qui recouvrent la sensibilité des faits ou des choses au profit de théories ou d'idées, et éteignent ce dont le comédien a besoin: la spontanéité, la vivacité.
Introduction ou le comédien parle page 12
Dans une lettre du personnage à l'acteur :
« Dans les sentiers obscurs des métamorphoses, je dépiste toutes tes recherches ; c'est en vain que tu t'efforcerais de savoir les liens ou la parenté, la ressemblance qu'il y a entre Don Juan ou Don Quichotte ou Hamlet » Et se termine par : « Qui crois-tu donc que je suis pour oser dire qui tu es. »
[ Chapitre : Divagation du comédien – Le personnage de théâtre, page 111]
Tout ce que tu fais est théâtral, c'est bien placé, bien dessiné, mais le mécanisme avec lequel tu joues la comédie n'est pas humain, il reste théâtral dans ce que ce mot a de péjoratif.
C'est de l'attitude et du chiqué.
Tu n'as pas trouvé la scène par l'intérieur, par la situation même.
C'est une représentation extérieure de la scène.
C'est le geste extérieur, la grimace si l'on peut dire de ce que tu devrais éprouver...
Si l'administration militaire était bien faite, il n'y aurait pas de soldat inconnu."
L'acteur est l'interprète et l'instrument.
Il n'y a pas que les comédiens qui jouent de personnages. L'idée de la personne et du personnage intervient ici même socialement. Un même homme peut être à la fois brave père de famille, juge au tribunal ou commandant de Chasseurs à pieds, catholique, protestant ou athée, tout cela n'est que successions de personnages, mais cela ne fait pas un personnage. Il est impossible de tirer un trait sur ces définitions et de les additionner... c'est une série de personnages qui ne se suivent pas, et même, qui plus est qui ont entre eux des conflits; Le commandant de Chasseurs a peut être des difficultés avec le catholique. Ce conflit de la vie personnelle dans lequel on se sent un personnage et l'on se sent soi-même; c'est me conflit du comédien, c'est le métier dans lequel nous vivons
Le cinéma, c'est du théâtre en conserve.
C'est la vocation dramatique commune à tous les hommes, instinct qui les poussent à "dramatiser", se dramatiser eux-mêmes, et dramatiser ce qui les entoure dont ils n'arrivent jamais à atteindre le sens, à "partager" - gêne de communication et de participation et goût aussi de s'expliquer à soi-même et aux autres, et de se comprendre et tout simplement de comprendre pourquoi on aime, on souffre,pourquoi on vit et on meurt dans l'éternel et le sempiternel inexplicable de notre vie
p. 37 (chapitre sur la vocation)
Le public trompe le comédien, n'est-il pas vrai, et le comédien trompe le public. C'est un jeu de sincérité, un marché. C'est ce jeu qu'il importe de considérer, dans son honnêteté, ses procédés.
Un être seul est en mauvaise compagnie.