C’est quand même pas facile de contrôler ses pensées, ses émotions. Je suis pas encore un Jedi.
Grandir, c’est être déçue ? Alors, Maman, je n’ai pas envie de grandir.
Une passion, c’est un refuge et ça s’entretient. Si mes expériences peuvent vous inspirer alors je serai heureux. Je vous aurai transmis mon goût de l’effort, quel que soit le domaine que vous choisirez. Continuez de vivre intensément, ne cédez pas à la fatigue, à la fainéantise. La passion vous porte où que vous soyez.
En fait, comme asile, je ne vois que la mer, le bateau pour me soulager. Quand i'y passe du temps, notre voilier est comme une extension de moi-même. J'adore le barrer, faire des manæuvres, sentir qu'il répond comme je l'entends, qu'on joue ensemble avec le vent. II est rapide, marin, facile à skipper seule. C'est l'oasis que l'on recherchait. Je ne sais pas pourquoi ça ne m'a pas sauté aux yeux. En mer je suis tout à la mer, aux vagues, au temps, au vent. Je m'oublie pour interpréter la nature, m'adapter à ses décisions, m'en servir, lui échapper ou en jouir. En mer je me dépasse, me grandis.
Il est devenu trop autocentré et pas assez seul pour ça. Et puis coté danger, il sent la mer, c'est le meilleur dans le domaine, il est si fort qu'à mon avis, il prendrait même les bonnes décisions contre son gré. La voile est devenue inhérente à lui. Il fait corps avec son bateau. Une espèce de centaure mi-homme mi-vaisseau. Il finira figure de proue !
Tu seras seule dans ta tombe, Penn. Personne n’ira pour toi alors vis ta vie à toi. Ne la gâche pas.
Tu sais, je pense qu’en rentrant, je vais profiter des enfants. Ils me manquent, là, tu peux pas l’imaginer. Cette histoire malheureuse a au moins une vertu : je me rends compte du temps que j’ai perdu parfois alors que je me trouvais auprès d’eux.
C'est là que j'ai entendu leurs souffles, un jet d'une dizaine de mètres au vent dur bâbord et un autre moitié moins puissant. Une baleine bleue de la taille de Temerair à quinze mètres avec son petit. Pas eu le temps de réfléchir aux dégâts qu'ils pourraient infliger au bateau ni à la blessure que je pourrais leur causer.
Leur apparition m'a exfiltré de mon malheur. [...] Le temps s'est suspendu. [...] Leur finesse, leur grâce, leur élégance m'ont subjugué, saisi. Une onde de sérénité a traversé mon corps tout entier. Plus rien n'existait que ces deux animaux massifs, majestueux et moi, si fragile à côté d'eux. La noblesse du monde se matérialisait sous mes yeux.
Je sais pas comment t'expliquer. La nature m'accueille parce que j'ai su déchiffrer ses messages, la respecter et surmonter les épreuves auxquelles elle m'a soumis. Je suis arrivé aux termes d'un parcours initiatique. [...]
En tout cas, elle m'offre un bonheur incommensurable, l'impression de partager les sensations d'un monde qui me dépasse, des sensations auxquelles je n'aurais pas accès sans cette intronisation. Ma chance est absolue.
Parfois ses détracteurs la trouvaient capricieuse, excentrique, hypersensible, elle n'était rien de tout cela. Juste une femme tourmentée par la peur de perdre son amour. Contrairement à ce qu'elle laissait paraître, elle s'était inquiétée, alarmée même. Toute sa vie. Depuis la première alerte, il y avait cinquante ans.