AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Lipette


Nous sommes au préventorium depuis plusieurs semaines, le temps est sans fin. Notre moral est au plus bas, quand l’impensable se produit. Un miracle, que nous n’osions plus imaginer. Alors que nous sommes totalement désespérés, que nous avons complètement perdu foi en l’avenir, et que dans notre chambre nous sommes tous les trois amorphes, effondrés, à nous morfondre, la porte s’ouvre. Nous avons peine à le réaliser tant cela paraît irréel. Maman. Maman apparaît. Elle est revenue. Maman nous a retrouvés. Maman, dans un état épouvantable, d’une maigreur terrifiante – elle ne pèse plus que vingt-sept kilos –, mais elle est là, c’est bien elle. Nous n’arrivons pas à le croire. Maman est venue nous chercher, elle est vivante.

Nous fondons dans ses bras, transportés de joie. Elle, est en larmes. Maman est vivante, elle est avec nous. Nous retrouvons instantanément notre raison de vivre. Avec maman à nos côtés, tout redevient possible.

[...]

Entre cent trente mille et cent quarante mille femmes ont été déportées à Ravensbrück, dont huit mille Françaises. Près de quatre-vingt-dix mille y ont péri. Souvent je m’interroge et me demande comment, alors que tout le monde est mort autour de nous, nous sommes revenus tous les quatre vivants de cet enfer. La fratrie complète et notre mère. Je ne vois qu’une explication : l’amour de maman, sa force, son courage. Son énergie.

Notre mère nous a insufflé la foi dans la vie, elle a été l’ultime rocher auquel nous avons pu nous accrocher quand tout s’effondrait, que nous n’avions plus rien, que nous n’étions plus rien. Elle a continué à nous apprendre à nous tenir debout au milieu de ce champ de lambeaux de chair et de cendres. Elle a tenu à ce que l’on reste dignes, toujours. Elle s’est privée du peu qu’elle avait pour nous le donner. Elle a été notre joie quand nous la retrouvions le soir à Ravensbrück, alors qu’elle n’avait plus aucune force après le calvaire de l’Arbeit. Elle s’est battue chaque jour pour trouver de quoi nous nourrir, récupérer un bout de sucre, un peu d’avoine pour André. À Bergen-Belsen, son amour a permis que nous tenions encore, encore un peu… Elle n’a survécu que pour notre survie.

Maman a été notre guide, notre soutien, notre refuge, notre modèle.

Elle a su nous protéger, nous aimer par-dessus tout.

Notre mère nous a portés deux fois. Elle nous a donné deux fois la vie.

L’amour d’une mère est incommensurable.
Commenter  J’apprécie          60





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}