Lidia Stankiewicz

Il faut savoir que les stimulations hormonales vident littéralement les ovaires de leurs ovocytes. Si des fécondations in vitro menées à l'aveugle ne débouchent pas forcément sur une grossesse, certaines femmes deviennent réellement "stériles" à cause des hyperstimulations de leurs ovaires. La procréation médicalement assistée est un facteur de stérilité secondaire.

Mais voilà que, par miracle, le don de gamètes permet à la femme de concevoir un enfant et de devenir sa mère biologique. Peut-on dire de cette femme qu'elle est infertile ? Evidemment non. Cela pour deux raisons : elle a accueilli l'embryon et l'a fait grandir au sein de son corps, et c'est son corps tout entier qui a été nécessaire pour créer la vie. Il ne suffit pas d'un ovocyte pour devenir maman. Comme il ne suffit pas de mettre un nourrisson au monde, d'ailleurs. La conception d'un enfant ne peut pas avoir lieu si tous les paramètres physiques et psychiques ne sont pas réunis.

Il s'opère comme une inversion des rôles : ce n'est plus le corps de la femme qui se met à disposition pour être fécondé, mais le médecin qui en retire des morceaux pour faire la fécondation hors et loin de lui.

L'acte de conception serait donc acte de création. Il ne commencerait pas au moment où la volonté de concevoir est consciente. Il serait de nature plutôt intuitive, se construisant progressivement, toute une vie durant, et son idée consciente ne serait qu'un aboutissement. Pour la psychanalyste, il est possible de concevoir un enfant seulement si on abandonne la maîtrise de son corps. On ne "force pas un enfant à venir en décidant, mais on le laisse apparaître". Rien ne sert de contrôler les mécanismes connus de son organisme, puisque l'enfant est une œuvre inconnue. La conception échappe ainsi à toute maîtrise, et le désir d'enfant ne peut être assimilé à une quelconque décision consciente. A quoi peut-on alors l'assimiler ?