Dire "Courage !" à une adolescente revient à demander à une plante de s'arroser toute seule.
...nager sous la pluie est un de ses petits plaisirs préférés. Un frisson clandestin pareil à la cuillerée de sucre roux en plus dans son porridge du matin ou le plaisir de glisser son pied dans une chaussette qui a chauffé sur le radiateur.
L'eau était toujours froide, comme celle du bassin. Mais sa fraîcheur était aussi délicieuse qu'une glace un jour de canicule.
Rosemary n'arrive pas à se remémorer un seul jour où la piscine n'a pas fait partie de sa vie ; sa séance de natation lui est aussi routinière que la tasse de thé qu'elle boit sur son balcon.
Il y avait des cours de natation au lycée, mais dès qu'elle a été en âge de décider d'arrêter, elle ne s'en est pas privée. C'est arrivé à la puberté, quand le corps des filles devient ce vêtement mal ajusté qu'elles aimeraient ôter.
Le lit était le seul endroit où ils cessaient leur bavardage constant, préférant le silence des mots pour entretenir des conversations entières avec leurs corps.
Ils formaient un couple, une paire, ils étaient les guillemets d'une citation. Ils allaient ensemble et chacun grâce à l'autre avait moins peur et se sentait moins seul. George craignait de n'être personne ; avec elle, il était quelqu'un. Rosemary redoutait l'abandon : il lui tenait la main et l'emmenait avec lui.
Pour leurs amis, ils étaient Rosemary et George, George et Rosemary. Ils venaient par deux, comme le sel et le poivre.
Elle avance lentement, s'arrête à l'occasion pour palper des légumes, les prendre en main, les tourner dans tous les sens comme un éleveur de bêtes de concours examinerait un chiot.
La piscine est remplie de canards en plastique. Ils flottent à la surface et forment une mer jaune de sourires.
Rosemary préférait avoir un emploi plutôt qu'un frigidaire, mais elle se gardait bien de leur dire
'Love is love,' says Rosemary. 'Just like a tree is a tree. It can be a sapling or a hundred -year-old oak, but it still has roots and life and is at the mercy of the seasons.'
Pendant un temps, il n'y eut rien d'autre dans le salon à part les livres qu'ils avaient empilés contre les murs. Ils trouveraient leur place dans la bibliothèque plus tard. Chacun d'eux possédait une vaste collection, des romans qui les avaient accompagnés toute leur enfance et réconfortés à l'adolescence.
Au coup de sifflet de l'instructeur, ils plongent l'un après l'autre comme des bouteilles renversées, sans douter une seconde que l'eau les accueillera avec un sourire et que leur corps saura réagir une fois immergé.
L'eau était toujours froide, comme celle du bassin. Mais sa fraîcheur était aussi délicieuse qu'une glace un jour de canicule.