Modern technology, Autocracy and Democratic Technics - Lewis Mumford 1972
Dans nos écoles d'urbanisme, j'ai trouvé des tracés hallucinants de villes entières prévues en sous-sol, de cités sous-marines dont les habitants pourraient vivre et mourir sans venir jamais au contact avec le milieu extérieur vivant, riche, varié, indispensable à la santé à la stabilité psychologique, à la croissante culturelle depuis ben plus de trente mille ans !
La vitesse raccourcissait le temps ; le temps c'était de l'argent ; l'argent c'était de la puissance. Le plus en plus loin, plus en plus vite s'identifia avec le progrès humain.
« La question que nous devons nous poser n’est pas de savoir ce qui est bon pour la science ou la technologie, [...] mais c'est de savoir ce qui est bon pour l'homme : non pas l'homme des masses, soumis à la machine et enrégimenté par le système, mais l'homme en tant que personne, libre de se mouvoir dans tous les domaines de la vie. » p.23 - 24
« La technique actuelle se distingue de celle des systèmes autoritaires du passé, ouvertement brutaux et déficients, par un détail particulier qui lui est hautement favorable: elle a accepté le principe démo- cratique de base en vertu duquel chaque membre de la société est censé profiter de ses bienfaits. C'est en s'acquittant progressivement de cette promesse démocratique que notre système a acquis une emprise totale sur la communauté tout entière, qui menace d'annihiler tous les autres vestiges de la démocratie. » p.19
Les inventeurs des bombes atomiques, des fusées spatiales et des ordinateurs sont les bâtisseurs de pyramides de notre temps : leur psychisme est déformé par le même mythe de puissance illimitée, ils se vantent de l’omnipotence, sinon de l’omniscience, que leur garantit leur science, ils sont agités par des obsessions et des pulsions non moins irrationnelles que celles des systèmes absolutistes antérieurs, et en particulier cette notion que le système lui-même doit s’étendre, quel que soit le coût ultime pour la vie.
Comme le prouve l'expérience acquise au cours de l'histoire, il est beaucoup plus facile d'anéantir la démocratie en créant des institutions qui ne confèreront l'autorité qu'à ceux qui se trouve au sommet de la hiérarchie sociale que d'intégrer des pratiques démocratiques dans un système bien organisé, dirigé à partir d'un centre, et qui atteint son plus haut degré d'efficacité mécanique lorsque que ceux qui y travaillent n’ont ni volonté ni but personnels.
Le bénéfice majeur apporté par la mécanisation n’est pas l’élimination du travail.
Les organismes, à la différence des pierres , des boulets de canon et des planètes, ont un avenir en partie déterminé par tout ce qui est arrivé à l'espèce et à la vie organique en général, en remontant jusqu'à leurs tout premiers commencements, et même avant cela dans la constitution et la spéciation des éléments eux-mêmes.
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Quand Karl Pearson a comparé le cerveau à un central téléphonique traitant les appels provenant de l'intérieur ou de l'extérieur, il ne prenait en compte qu'une faible partie de ses activités : c'est une centrale électrique, un entrepôt, une bibliothèque, un théâtre, un musée, une salle d'archives, un siège de gouvernement.
Le désir n'est donc pas seulement le père de la pensée : il est la source de tous les actes et de tous les comportements créatifs de l'homme.