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Citations de Karine Miermont (20)


A ce moment-là, au moment où je réalise que ce chat va mourir, que son temps est particulièrement compté, je prends rendez-vous sans le savoir avec le livre. (...)

21 janvier. Nina est condamnée, condamnée à mourir (...)
Condamnée à mourir comme nous tous le sommes. (...)
La perte. l'expérience de la perte , même celle d'un animal, nous renvoie à la perte de ceux que nous aimons et bien sûr à la nôtre, à la fin de chacun, à l'inacceptable, l'incompréhensible fin de tout être vivant, à la fois nécessaire (sinon, que signifierait l'immortalité ?) et douloureuse.
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Gabrielle est devenue une amie, ma seule amie ici, quelqu'un qui t'aide, qui t'écoute, te soutient. Tous ces gens incroyables. les travailleurs sociaux, les bénévoles, les flics, les avocats, toutes les associations, Ies organisations! Vous vous rendez pas compte, les Français! C'est pas dans notre culture de nous occuper autant de la vie de chacun. On n'en revient pas, nous, on les prenait un peu pour des fous la police, la justice, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, c'est incroyable tout ça pour nous, KWÂ! Je leur ai dit: ce que vous avez fait, personne ne l'aurait fait pour moi au Nigeria! J'ai mis du temps à comprendre comment ça fonctionnait la France, ô! Maintenant je sais à peu près. J'ai obtenu l'asile, un permis de séjour longue durée. Ce qui me fait rire ici, c’est qu’il y a des gens qui se comportent comme si la France était une dictature, ou un État désordonné et bien pourri comme le Nigéria...
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Et parce que c'est un chat, ce qui n'est pas tout à fait la même chose qu'un chien. Qui peut dire sérieusement qu'il possède un chat ?
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Les animaux n'ont pas de parole, on passe son temps à tenter de deviner ce que veut l'animal, on lui parle même parfois, comme s'il allait nous répondre, ou simplement acquiescer ou dire "Non" ... Tout bien réfléchi, il me semble que l'on cherche plutôt à traduire des gestes, des attitudes et des cris en mots. Les différents cris et miaulements, qui expriment différentes situations, sensations, différents états, que nous entendons et comprenons comme un langage, et à l'aune de notre langage, leurs cris sont comme une voix.
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Nous marchons sur des fossiles, nous marchons sur le temps, l'espace qui tient le registre et nous qui regardons.
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On dit d'un chat qu'il est casanier, qu'il a son territoire, un reste de son comportement de fauve, profond et ancré, plaqué sur sa condition d'animal domestique, une société ancienne entre animal et humain qui se rendent mutuellement des services.
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Il nous suffit de quelques mots justes pour comprendre, une écriture concise et qui n'en rajoute pas, les silences entre les mots qui écrivent aussi, l'imagination de la lecture qui fait sa part d'écriture.
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Le paysan se fait rare, pourquoi? Parce que ce métier si beau est trop dur, ça ne gagne rien, alors ils partent tous vers la ville.
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Tu te vois d'abord comme responsable de ta dette et des espoirs de ta famille, tu te vois d'abord comme une coupable ! La plupart des femmes règlent leur dette jusqu'au bout, un truc que les policiers et les associations ont eu du mal à comprendre, il leur a fallu du temps pour comprendre que le groupe, la famille, le clan sont plus importants que chacun de nous au Nigeria ! Et que tu respectes toujours tes aînés, tes parents, quelqu'un qui est plus âgé que toi tu le respectes automatiquement et quoi qu'il fasse, c'est pourquoi les filles respectent leur Madam même quand elle les menace, même quand elle les bat, car il y a, en plus de la dette, en plus du serment et de la famille, il y a le respect, ô, le respect dû aux anciens qui sont comme une famille pour toi, tu les appelle Tantie ou Mama ou Ma, c'est une habitude au Nigeria, tu les appelle comme s'ils étaient tes parents, c'est le piège des mots, en plus du piège de la vie.
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Marcher pour marcher, éprouver le besoin d'avancer en silence dans la forêt, regarder, sentir, écouter, avec toujours l'idée d'une présence autre possible, avec les sens aiguisés par son retrait, son silence, laisser la place aux bruits infimes ou manifeste, feuilles bougées par quelque souffle d'air, feuilles mortes et branchages en humus écrasé par le petit pas affairé et leste d'un écureuil ou déplacé en bourrelets sinueux par le groin d'un sanglier qui fouille pour trouver les faînes des hêtres ; le gargouillis d'un ruisseau, le son du vent, le grincement d'un arbre, l'écrasement d'une branche, la chute d'une feuille, le cri d'un geai, celui d'une biche dérangée, le chant de la chouette Tengmalm, celui du pinson, du merle, de la chevêchette, le martèlement du pic épeiche. Penser aux cris et aux chants des absents, ceux pour lesquels certaines zones de forêt et de pâturage ont été identifiées nommées classées pour être protégées mais ça n'a pas suffit, leur effacement s'est poursuivi, accéléré par la présence humaine trop forte en toutes saisons, nous les humains qui voulons voir marcher glisser avancer pénétrer partout, routes parkings accès.
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Des salves de vent qui font bouger la forêt, ondoyer les branches et les cimes, salves d'air puissant qui animent tous les immobiles, persistants ou caducs, qui font clignoter ceux aux feuilles restantes jaunes-orange-rouges.
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Nous marchons sur des fossiles, nous marchons sur le temps, l'espace qui tient le registre et nous qui regardons.
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Dans la forêt le silence de la parole, mais pas des voix.
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Les mots sont édulcorés, elles disent work à la place de prostitution, elles en parlent comme un travail, et comme si elles le faisaient librement. Elles se construisent un personnage pour survivre, et pour sauver la face, ne pas avoir trop honte. Être digne dans l'indignité, fière dans l'humiliation, gaie dans la tristesse.
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Un jour de Grace c’est un jour comme un autre, tous les jours sont pareils, sept jours sur sept, il n’y a pas d’arrêt pas de vacances pas de pause voulue, il n’y a que des pauses nécessaires: parce qu’on change d’endroit, on n’est plus au Bois, on se retrouve à Barbès, à Château d’Eau, boulevard de Strasbourg; parce qu’on est malade; parce qu’on est enceinte et qu’il faut arrêter la grossesse.
Un jour de Grace, de Joy, de Happy. Un jour et une nuit, tous les jours et toutes les nuits.
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Finalement, je renonçai à comprendre l’ensemble de la situation, comme quelqu’un qui tenterait de saisir le tout, la totalité d’un réel cruel, comme quelqu’un qui réfléchirait à des solutions pour éradiquer le problème. Non, c’était trop vaste et les intérêts trop nombreux, la traite de ces femmes nigérianes n’était qu’une facette d’un phénomène encore plus étendu, car dans beaucoup d’endroits les corps les plus vulnérables étaient utilisés comme des produits ou des objets que l’on vend avec le maximum de plus-value, le maximum de marge, corps vendus pour le sexe, pour les organes aussi. Corps vendus comme des machines que l’on fait fonctionner pour travailler, baiser, soigner. L’exploitation des corps semblait en expansion partout ; en 2015 l’Organisation internationale du travail estimait à 21 millions les victimes du travail forcé, dont 5 millions pour la prostitution. 
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Elle s’appelle Grace, prononcez greïsse. Le Nigeria est une ancienne colonie et l’anglais est devenu la langue officielle, une langue commune pratique permettant à des centaines d’ethnies de se comprendre à peu près, et de former peut-être un seul pays. Au bois de Vincennes elles sont presque toutes nigérianes, et toutes portent un prénom anglais, Tracy, Favor, Peace, Rose, Joy, Beauty, Mercy, Margaret, Gift, Kate, Queen, Happy, Sharon, Destiny, Princess, Grace. 
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INCIPIT
Une reine.
L’histoire pourrait commencer comme ça.
Cette femme longue, déliée, une liane.
Grace l’intrépide
Chausse ses sandales, marche dans la ville, marche dans le Bois,
Grace, quelques milliers de mètres entre toi et moi,
Porte Dorée le jour, bois de Vincennes la nuit,
Il avait fallu s’approcher d’elle.

Les flics les connaissent, toutes ces filles intrépides comme Grace. Ils connaissent leurs endroits, ils connaissent leurs chemins, leurs horaires. Les hommes les connaissent. Ils savent les lieux les plus tranquilles, là où elles sont nombreuses, abritées dans des camionnettes alignées les unes derrière les autres dans une rue sans éclairage du bois de Vincennes, cette rue que les flics appellent la Dark Road. Chaque jour les filles rejoignent la file des camions régulièrement déplacés pour ne pas être enlevés par la fourrière, régulièrement garés dans la même rue en prenant soin de laisser un espace libre entre chaque véhicule, la place pour une ou deux voitures qui pourront stationner le temps d’une passe ou d’une nuit. L’avant de chaque camionnette est éclairé par une lanterne pour dire il y a quelqu’un, pour dire je travaille ou plutôt nous travaillons car le plus souvent elles sont deux ou trois par camion, une à l’avant dans l’habitacle vitré, une à l’arrière dans la chambre simulée, une dehors et qui marche. L’avant du camion c’est la vitrine, une vitrine lumineuse, un décor de cinéma. La lumière floue diffusée par la lampe-tempête accrochée au rétroviseur crée le mystère et la beauté. Mystérieuse cette femme éclairée par le halo de la combustion de la mèche imprégnée de pétrole, femme aux cheveux sans attaches ou tressés, ondulés ou très lisses, vaporeux ou plaqués, mystérieuse cette femme que l’on devine, que l’on ne voit pas tout à fait tout en ne voyant qu’elle au milieu de l’obscurité.
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Nous marchons sur des fossiles et les arbres sont des horloges. Dans leurs troncs les années clairement affichées, dans leurs silhouettes chaque saison, les arbres sont le temps. Quel est celui des arbres de cette forêt qui tient le compte depuis le plus longtemps ?
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Approcher ce qui nous suit. C'est l'un des motifs de la marche ici, pour moi comme pour le chasseur qu'est Matthieu et que je ne suis pas. Mais il y a là un même besoin, une envie, une curiosité attisée, qui devient récompense lorsque l'on voit, lorsque l'on entend, l'on sent, lorsque l'on capture un instant l'image d'n animal, ou un son, une odeur, une trace, un indice, qui sinon nous échapperaient, si l'on n'était pas concentré, silencieux, replié, en retrait, caché, comme seul.
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