Le problème, s'agace le chercheur, c'est que, "techno- narcissisme" oblige, on a souvent surdéterminé le rôle réel de ces plateformes : leurs algorithmes sont sensibles aux émotions fortes, aux convulsions du rire, aux grondements de la colère. Autrement dit, elles peuvent s'avérer utiles pour renverser un régime autoritaire. Mais ensuite, ce n'est certainement pas sur Facebook que l'on peut construire le consensus.
Bill Gates a développé l'infrastructure de l'industrie du logiciel, Mark Zuckerberg s'est rêvé en bâtisseur des expériences sociales connectées. Et toute l'histoire (et les déboires, ensuite) de Facebook peut presque se déduire de cette vision initiale de la plateforme (une notion qui, dans la bouche de Mark Zuckerberg, a évolué pour devenir, en 2014, infrastructure).
Mark Zuckerberg est né le 14 mai 1984 à White Plains, une ville de près de 60 000 habitants située dans l'État de New York, à quelques 40 kilomètres de Manhattan. C'est une ville bien connectée à New York. Elle a sa petite skyline de buildings en verre avec quelques sièges sociaux de grandes entreprises en guise de moteur économique. En réalité, Mark Zuckerberg a grandi un peu plus loin, dans une ville plus petite, plutôt coquette, sise au bord de l'Hudson, Dobbs Ferry. Dobbs Ferry fait partie de ces villes de la région qui se sont gentrifiées ces trente dernières années : les classes moyennes supérieures y ont trouvé des maisons accessibles, les écoles ont plutôt bonne réputation, et on "commute" facilement, comme on dit aux États Unis, vers New York. De la gare de Dobbs Ferry à la grande gare centrale de Manhattan, compter trente cinq à cinquante minutes.
Au fond, Mark Zuckerberg est déjà un grand, un très grand architecte - au sens informatique. Il a le génie des réseaux et maîtrise comme personne la montée en puissance de son nouvel "outil" de communication. Et il n'a aucun mal à s'inscrire dans la lignée des pion niers de l'informatique et de sa démocratisation.