— J’ai eu le temps de réfléchir, crois-moi. La seule explication, c’est que t’es dans un sacré merdier. Raconte-moi.
C’est nerveux, je me mets à rire, j’éclate de rire. Une réaction à laquelle Aiden ne s’attendait pas du tout.
— J’ai dit un truc drôle ?
— Non ! Mais avoue que c’est drôle : tu viens de passer des heures au poste à te faire cuisiner pour le meurtre de ton beau-père, ta maison est sous scellés et le seul truc qui t’inquiète, c’est moi !
Il me sourit pour la première fois.
— Je ne peux pas m’empêcher de m’occuper de toi… Pourtant tu m’as menti depuis le début. Je t’avais pourtant raconté des trucs que je n’ai jamais dit à personne… J’avoue que, sur le coup, ça m’a déçu.
Une larme glisse sur ma joue.
— T’imagines pas comme je suis désolée, Aiden, mais je te jure aussi que je l’ai fait seulement parce que j’étais obligée. Mille fois j’ai voulu t’expliquer, mais je ne pouvais pas…
— Pourquoi ? C’est quoi tes ennuis ? Dis-le-moi bordel, que je puisse t’aider.
— Tu ne pourras pas.
— Bien sûr que je peux, tu oublies que je suis Aiden Parker !
— Pas cette fois, Aiden.
— Dis-moi juste ce qui…
— Non ! je m’écrie… Crois-moi, je t’en supplie.
— Allez, Thea, commence par le début, répond-il très calme.
Je soupire. De toute façon j’avais pris la décision de lui raconter. On est arrivés chez moi, je me gare dans l’allée. Le réverbère éclaire son visage.
— Aiden, il est hyper tard et t’as l’air crevé. On devrait dormir un peu, je te raconterai tout demain matin, d’accord ?
— Ça marche.
Je me dépêche d’entrer, Aiden me suit à l’étage, sans un bruit. Autant ne pas réveiller ma mère. Je lui montre la chambre d’amis qui possède sa salle de bains indépendante et pars lui chercher de quoi se laver. Je reviens au bout de cinq minutes.
— Tiens, une brosse à dents et du dentif…
Waouh ! Aiden Parker, le dieu du stade, est presque entièrement nu, il ne porte plus que son boxer ! Mon Dieu, faites que ma langue ne pende pas jusqu’à terre.
Je m’empêche tellement de le reluquer que j’en ai la migraine. Je lui tends une serviette et des affaires de toilette d’une main tremblante. Pauvre niaise, Amelia !
Apparemment, j’ai réussi à couper la chique du petit biquet, il me dévisage comme si j’étais un extraterrestre. C’est officiel, je suis la première nana à l’avoir mouché. Ses potes, tous plus canon les uns que les autres, éclatent de rire à s’en péter le bide.
Elle veut un dessin pour dégager de mon chemin la nouvelle ?
-Non, merci. Mais si tu le demandes gentiment, je peux te montrer ou aller te faire voir.
Plus j'en apprends sur lui, plus j'ai envie d'en savoir. Tout ce qui vient de lui me fascine. Lui et moi avons beaucoup en commun : un passé qu'on essaie de dissimuler à la terre entière et de nombreux secrets noirs charbon.
C’est la première fois qu’on me présente des excuses aussi minables. Je ne sais même pas si on peut considérer ça comme des excuses. Ça ressemble plus à des insultes.
-Aiden, je te jure que ça ira !
-Non.
-Mais si je...
-Non.
-Alors comment tu...
-Non.
-Tu m'énerves, Aiden ! Tu sais ça ? Tu m'énerves !
C’est pas interdit d’être à la fois canon, musclé, avec des neurones dans le ciboulot, quand on a une personnalité détestable ?
Je préfère faire partie de ta vie en connaissant les risques plutôt que de te perdre sans savoir où tu es.
J’ai toujours adoré me déguiser, me maquiller et sortir avec des amis, mais depuis ce que j’ai subi, je ne supporte plus le jeu d’épouvante d’Halloween.
On me regarde. J’aimerais être certaine que c’est pour mon look et non parce que je suis la nouvelle qui n’a même pas fait sa rentrée avec les autres.