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Critiques de Jérémie Moreau (506)
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Les Pizzlys

Jérémie Moreau propose une bande dessinée sans nulle autre pareille. De celles qu’on peut lire et relire en absorbant des éléments différents à chaque fois. De celle qui restent longtemps en tête, sans doute même toute sa vie d’amateur de BD.
Lien : http://www.bodoi.info/les-pi..
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Les Pizzlys

J'ai toujours été tiraillé pour les oeuvres de Jérémie Moreau, alternant parfois entre oeuvres remarquables et titres plus quelconque à mon goût. Mais c'est aussi le signe d'un auteur qui n'hésite pas à se remettre en question et à tenter des choses dans le médium. Il ne se cantonne pas à une recette miracle qui marche à chaque fois et chaque titre qu'il propose est une proposition différente.



Même si ce titre fonctionne moins sur moi, j'y retrouve la qualité de narration de Moreau et sa faculté à caractériser des personnages en quelques pages seulement. Il apporte un contexte sans user de longueurs et sait être d'une grande efficacité pour que le lecteur comprenne rapidement tous les tenants et aboutissants.

La seconde force est la thématique. Il livre ici une oeuvre franche dans son discours mais ne tombe jamais dans la caricature non plus. Il y a un tact pour faire passer son message.



Ce qui me bloque finalement dans cette oeuvre c'est les dessins. Je n'ai pas du tout été emballé par le graphisme de l'oeuvre et surtout les expressions des personnages. Cela m'a bloqué dans l'immersion et certains passages en devenait frustrant. Je n'ai pas retrouvé cette alchimie et je sortais de ma lecture par moment.
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Les Pizzlys

L’aventure est racontée avec brio. On ne lâche pas d’une semelle nos compères et les quelques rares autres habitants du village. Ils partagent leurs joies, leurs doutes, avec une humanité qui fait mouche à chaque page. Le tout dans un décor apaisant, où le rythme n’a plus rien à voir avec notre société où tout va très vite et où le superflu est devenu indispensable.
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Les Pizzlys

cette bande dessinée désarçonne par sa mise en couleurs très acidulée. Le propos semble osciller vers un récit pour la jeunesse, flirtant avec la philosophie à deux balles du retour à la nature pour sauver nos âmes. Puis, au fil des pages, le scénario gagne en profondeur et en subtilité. Quelques belles bouffées poétiques apportent une dimension onirique au récit et confirment, s'il en était encore besoin, que depuis la Saga de Grimr, Jérémie Moreau est devenu un auteur qui compte.
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Les Pizzlys

Encore un très bel opus de Jérémie Moreau !

Ici, on part à la dérive avec Nathan, jeune chauffeur Uber ayant à sa charge ses jeunes frère et sœur dans un Paris dur et éprouvant.

La rencontre avec Annie, une cliente en partance pour l'Alaska, son pays d'origine lui permet une échappatoire de ce destin de lutte.

Sur un coup de tête, ils partent donc tous les quatre vers ce territoire plein de promesse de Nature, de monde de relation directe avec ses émotions et les enjeux de la vie.

Pourtant, le monde continue à tourner dans ce bout du monde aussi, le réchauffement climatique, les traumas personnels ...

Le dessin de Jérémie Moreau magnifie ces personnages, tels des "enfants perdus" et c'est la grande qualité de cette BD à mes yeux.

J'ai été un peu moins bouleversée qu'à la lecture de Penss ou des autres Bds de l'auteur mais peut-être l'aspect mélancolique et la tonalité un poil désespérée y sont-elles pour quelque chose.

A lire en tout cas !
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Les Pizzlys

Grâce à des personnages très attachants, à la simplicité de son trait, à des ambiances graphiques souvent étonnantes, oniriques ou quasi chamaniques, et à une narration totalement maîtrisée, Jérémie Moreau réussit à vraiment nous émouvoir, tout en nous faisant bien prendre conscience du danger de la crise climatique.
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Les Pizzlys

Un roman graphique ancré dans notre monde, et empli de spiritualité, qui nous fait réfléchir sur les travers de notre société et leurs conséquences .



"Sillonnant Paris jour et nuit au volant de sa BMW à crédit, Nathan enchaîne les courses Uber pour subvenir aux besoins de ses frères et sœurs. Faisant littéralement corps avec son GPS, Nathan plonge dans un vide assourdissant quand son portable tombe en panne. Suite à un accident, Annie, sa dernière cliente, lui propose de partir vivre en forêt avec Zoé et Étienne au fin fond de l'Alaska."

Une toute nouvelle vie s'offre à eux. Mais, quand on est esclave du tout numérique, difficile de renouer avec la nature, de retrouver sa nature profonde.

Ils vont s'y adapter, plus ou moins facilement.

Ce qui est certain, c'est que cette expérience de vie ne sera pas anodine. Elle sera profondément ancrée en eux.



Cette histoire dénonce la dépendance au numérique, notre déconnexion de la nature, les conséquences de notre mode de vie sur la planète et donc le dérèglement climatique, les dégâts que ça induit aussi sur la population en Alaska...

Et même temps, l'auteur nous emmène dans un voyage spirituel et onirique au cœur des mythes fondateurs et des animaux guides. De cette façon, c'est comme s'il essayait de retisser un lien, entre nous et la nature.



Le pizzly, croisement entre l'ours brun et l'ours polaire, est ici un véritable symbole du réchauffement climatique. Le monde semble se métamorphoser. Un peu comme Nathan, son frère, et sa sœur.



Et si la fin du monde n'était que le début d'un nouveau monde ? C'est ce que cette histoire laisse espérer.
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Les Pizzlys

Nathan est au bord du burn-out. Chauffeur Uber le jour et la nuit, il essaie de joindre les deux bouts pour subvenir aux besoins de ses frères et soeurs. C’est une cliente, Annie, prise de compassion, qui lui redonne un brin d’espoir : la vieille femme lui propose de tout quitter, et de venir lui et sa famille, avec elle en Alaska, pour se ressourcer.

Ce roman graphique est un petit bijou. D’abord, ses sublimes illustrations, originales et émouvantes, qui ne feront probablement pas l’unanimité, mais ces couleurs contrastées, ces tons pastels parfois, se marient à la perfection avec la pureté des paysages, le blanc de l’Alaska, ses montagnes et sa verdure… puis ce titre, si symbolique et qui fait écho à notre environnement, le Pizzlys étant un mélange entre le grizzly et l’ours polaire, conséquence du réchauffement climatique… Enfin, l’histoire, empreinte de beauté… les besoins primaires (chasser pour manger), les loisirs simples (marcher, observer, entrer en communion avec la nature), se sentir petit face à l’immensité de l’horizon : un véritable retour aux sources pour les personnages, dominés par leur quotidien connecté et en perpétuel mouvement. Ces derniers évoluent justement chacun à leur manière et pour des raisons différentes, leurs émotions étant palpables malgré la simplicité du trait, ils en deviennent beaux et touchants. Une quête d’identité couplée à une belle réflexion sur notre environnement, mêlant réalité et onirisme.
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Les Pizzlys

Un grand merci aux éditions Delcourt et à NetGalley pour la découverte de cette belle BD de Jérémie Moreau : Les Pizzlys.



Drôle de titre ! Au fil de ma lecture, je vais comprendre que le pizzly est un ours issu du croisement d’un ours polaire et d’un grizzly… Cette rencontre est une conséquence du réchauffement climatique.



Des personnages attachants : Nathan enchaîne les courses Uber jour et nuit, dans Paris, au volant de sa BMW achetée à crédit ; il n’a pas de vie en dehors de son travail car il doit subvenir aux besoins de son frère, Étienne, et de sa sœur, Zoé, dont il a la charge depuis le décès de leurs parents. Faisant littéralement corps avec son GPS, en plein burn-out, Nathan plonge dans un vide assourdissant quand son portable tombe en panne.

À la suite d’un accident, Annie, sa dernière cliente, lui propose de partir vivre en forêt avec Zoé et Etienne au fin fond de l'Alaska. Cette rupture totale avec leur vie citadine connectée va bouleverser leur repères et les changer au plus profond d’eux-mêmes.



Il y a plusieurs niveaux de lecture dans cette histoire…

Une satire de notre quotidien esclave du tout numérique, des ordinateurs, tablettes, consoles de jeux, téléphones portables, de la connexion Internet…

Une analyse des conséquences du réchauffement climatique…

Une ouverture vers le retour aux mythes fondateurs…



J’ai beaucoup apprécié les ambiances graphiques qui jouent beaucoup sur le monde des rêves et de l’inconscient. Ainsi, Nathan est littéralement happé par son travail, son esprit ne pouvant plus concevoir l’espace qui l’entoure autrement qu’au travers d’un prisme GPS ; il y des épisodes de décorporation vraiment très évocateurs, très flippants aussi. Plus tard dans le récit, les atmosphères oniriques vont nous entraîner vers le chamanisme à travers la présence du fameux pizzly.

Au début de ma lecture, j’ai eu du mal avec les physionomies humaines réduites à des traits sombres pour matérialiser la bouche et les yeux. Au vu de la qualité des dessins sur l’ensemble de la BD, je reconnais que cette forme d’expressivité est voulue et fait sens, les humains ayant perdu le lien avec la Terre, se révélant incapable de communiquer sainement.

Juste un petit bémol concernant les dialogues en anglais, certes accessibles pour mon modeste niveau. Mais qu’en est-il pour celles et ceux qui ignorent tout de cette langue ? Une traduction serait bienvenue.



Roman graphique initiatique, conte philosophique… Cette histoire nous parle, nous interroge, nous émeut, nous fait sourire parfois.

L’auteur mêle habilement le tragique et l’humour, le constat lucide et l’avancée possible.



J’ai adoré !



#LesPizzlys #NetGalleyFrance


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Les Pizzlys

Le Pizzly, appelé aussi Grolar, est un ours hybride issu d'un croisement naturel entre un ours polaire et un Grizzly. Ayant permis le rapprochement entre deux espèces vivant sous des latitudes atmosphériques différentes, il est, pour certains, le symbole du réchauffement climatique. Vous comprendrez, en lisant ce roman graphique, à quoi fait symboliquement référence ce titre éponyme.

Cette fable écologique plonge le lecteur dans une atmosphère à la fois onirique et terriblement réelle.

Par la construction elliptique de son histoire, l'auteur donne à réfléchir en décrivant l'effondrement d'un monde avec pudeur et subtilité. Les personnages nous embarquent dans un univers où tout est suggéré plus que démontré mais l'on peut y saisir des sujets forts tels que la perte de repères, la quête de sens, ou encore l'adaptabilité des espèces, avec une grande sensibilité et une note d'espoir malgré tout.

Les illustrations sont d'une grande esthétique. La construction innovante de la forme donne encore plus de poids au récit. Les couleurs vives sont plus marquées que celles que l'on peut voir dans les précédents romans graphiques de Jérémie Moreau (« La saga de Grimr », « Penss et les plis du monde » ou même « le discours de la panthère ») et accentuent cette touche imaginaire du récit.

Un auteur talentueux déjà primé et qui, avec ce dernier ouvrage, gagne encore en maturité. Fidèle à la maison d'édition Delcourt, je lui souhaite de nous faire vivre encore longtemps de beaux moments de lecture comme celui-ci.

Une bande dessinée très actuelle, engagée et émouvante. Magnifique.

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Les Pizzlys



Les pizzlys de Jérémy Moreau est un roman graphique dans l'air du temps. Famille abandonnée, réalité remplacée par les écrans, burnout,... Où est notre place? Est-ce que tout va si mal? Nathan décide de partir pour l'Alaska avec son frère et sa soeur, pour fuir Paris et se reconnecter avec la réalité. Une histoire poétique qui nous propose de voir l'avenir comme un grand changement auquel on saura s'adapter, un peu comme le pizzly.

Les dessins sont sobres et laissent transparaître parfaitement l'histoire.

Une bouffée d'air et un espoir... Un vrai plaisir.
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Les Pizzlys

Nathan est chauffeur uber, il passe son temps dans sa voiture a essayé de gagner sa vie, pour subvenir aux besoins de son frère et de sa soeur, depuis que leur mère est partie. Lors d'une course, il a un accident. Il ne comprend pas ce qu'il s'est passé, il n'en peux plus. Heureusement tout le monde va bien, sauf la voiture. Sa passagère, Annie, touchée par la situation de vie de Nathan, Zoé et Etienne, décide de les amener avec elle, là où elle a grandit, en Alaska.



Les illustrations sont magnifiques. Les grandes étendues de forêt, la nature, les animaux.

La grande thématique est l'avancée dramatique du réchauffement climatique. On en entend parler chez nous, et avec ce livre, nous remarquons que cela va plus vite qu'on pourrait le croire. Cette histoire est plus qu'actualité.



Les personnages sont attachants, on voit qu'ils se transforment au contact de la nature, qu'ils essaient de la comprendre.



Une histoire que j'ai beaucoup aimé, très poétique, et qui fait la part belle à la beauté de la vie et de la nature.



Merci beaucoup aux Editions Delcourt pour cette magnifique découverte.
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Les Pizzlys

Nathan vit en région parisienne. Il est chauffeur Uber et s'occupe de son frère et de sa sœur, Zoé et Étienne. Alors qu'il a eu un accident et qu'il est manifestement au bord du burn out, sa dernière cliente, Annie, l'invite à s'installer en Alaska.

Je ressors peu enthousiasmée par ce roman graphique. En premier lieu je n'ai pas été emballée par les dessins. Je trouve que le trait manque de détail, notamment avec les visages lisses des personnages, et je trouve également les couleurs un peu criardes.

Ensuite, côté intrigue, l'histoire peine à définir un genre, un peu roman initiatique, un peu récit écolo, un peu histoire onirique, le temps sans vraiment aboutir à rien. Nathan erre sans fin dans la forêt et se perd, sans que je n’aie réussi à comprendre ce que l'auteur voulait exprimer. Le parcours de son frère et de sa sœur est assez convenu. Bref, je trouve le message flou, voir incompréhensible.

Je n'ai pas non plus réussi à m'attacher aux personnages : Nathan est assez transparent, on ne comprend pas trop ce que cherche Annie en les emmenant avec elle et Zoé et Étienne ont tout de gamins un peu trop gâtés, pour ne pas dire tête à claque.

Bref, je suis peut-être passé totalement à côté de cet album, qui aurait gagné pour moins à se concentrer sur un seul sujet.

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Les Pizzlys

Sillonnant Paris jour et nuit au volant de sa BMW à crédit, Nathan enchaîne les courses Uber pour subvenir aux besoins de ses frères et sœurs. Faisant littéralement corps avec son GPS, Nathan plonge dans un vide assourdissant quand son portable tombe en panne. Suite à un accident, Annie, sa dernière cliente, lui propose de partir vivre en forêt avec Zoé et Etienne au fin fond de l'Alaska.



Petite BD, sympa mais pas assez développée à mon goût. Les dessins ne sont pas d'un style que j'apprécie mais j'ai été vite prise dans l'histoire donc ça ne m'a pas gêné. J'ai beaucoup aimé suivre les aventures de ses 3 frères et sœurs, l'aspect écologique est fortement présente et bien développé. Le petit truc que je n'ai pas trop suivi, c'est le problème de Nathan. Ce côté de l'histoire un assez peu compréhensible, et pas vraiment résolu. Cette histoire aurait gagné en profondeur en étant plus développé, les sujets sont justes survolé.
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Les Pizzlys

Nathan est chauffeur Uber. Il travaille nuit et jour pour subvenir aux besoins de son petit frère et de sa petite soeur, depuis que leur mère est morte. Au bout du rouleau, complètement épuisé, il a des soucis de pertes de mémoires. Un jour, il prend une cliente en charge et il a un accident. Touchée par ce jeune homme à bout de force et son histoire, elle invite la famille à venir vivre avec elle en Alaska pour se ressourcer.

Ce roman graphique est un coup de cœur.

J'ai trouvé les graphismes originaux et superbes. Il en ressort une émotion qui m'a touchée en plein cœur. Les couleurs sont magnifiques et certaines planches vous transportent vraiment ailleurs.

L'histoire est dramatique, avec cette fratrie qui se bat pour survivre à la perte de leur maman. Nathan qui sacrifie tout pour ses frères et soeurs. L'entraide dont fait preuve Annie, en les amenant chez elle. Autant de valeurs humaines qui se perdent dans notre monde contemporain et urbain.

Ce roman graphique traite aussi du réchauffement climatique, dramatique en Alaska. On ne peut pas y rester insensible.

On voit les personnages évoluer, se transformer, s'ouvrir à la nature et s'apaiser.

C'est beau, émouvant et touchant, j'en ressens encore l'émotion.

Je vous recommande cet ouvrage à 100%.

J
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Les Pizzlys

Si je suis sensible aux questions environnementales et que cet album aborde les conséquences en Alaska des changements climatiques, je suis resté hermétique à cette lecture. En effet, à la fois les illustrations et les couleurs choisies ne m'ont pas permis de rentrer vraiment dans l'histoire.
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Le Discours de la panthère

Perdu au milieu des eaux, sur un littoral de sable, un buffle pousse la montagne centrale d’une île avec sa tête. Un dragon de Komodo le mord à la patte et une discussion s’engage alors. Le Buffle explique qu’il doit sauver l’île de la chute d’une comète et le varan a faim. C’est la première des six histoires que nous raconte Jérémie Moreau. Une autruche se trouve trop laide et se cache la tête, un oiseau migrateur voudrait quitter les siens pour découvrir le monde, un éléphant a peur de perdre la mémoire de son peuple et on termine par la panthère promise par le titre.

Le Discours de la Panthère explore un genre peu utilisé par les auteurs de BD, la fable philosophique. Ou comment La Fontaine rencontre Platon, comment Ésope croise Montaigne dans des contes pertinents qui interrogent sur l’hérédité de nos comportements, sur l’estime de soi, le libre arbitre, la tolérance, l’émancipation, mais aussi sur la sélection naturelle, sur le cycle de la vie… Je dis interroge car la grande force de cet album, c’est qu’il ne fait que poser les questions, implicitement, à travers des contes qui semblent destinés aux enfants. Aucune réponse. Cette absence de réponse, de pensée toute faite ou de morale apporte de la fraîcheur en même temps qu’une vrai réflexion sur la nature des choses.

Une BD a plusieurs degrés de lectures. Ces contes animaliers riches en couleurs plairont aux enfants et le questionnement philosophique fera réfléchir les plus grands.

Les dessins aussi ressemblent à des illustrations réussis de livres pour enfants. La forme correspond parfaitement au fond. Certaines planches à l’aquarelle sont superbes et on prend plaisir à les observer longuement pour mieux les apprécier. Ces dessins aux nombreuses nuances ont un effet apaisant indéniable.

Un album tout en poésie qui donne de l’énergie et qui fait du bien.
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Penss et les plis du monde

Cette bande dessinée est envoûtante et singulière. Toutefois, il est très difficile de dire pourquoi. Le dessin de type aquarelle, trace des lignes fluide, et marque des paysages du premier millénaire où l'homme a commencé à fouler cette terre. La découverte de l'agriculture et des secrets de la nature semble magique. Le lien qui unit hommes et femmes au sein d'un même clan, est indéfectible.
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Penss et les plis du monde

La beauté d'une fleur m'a sauvé, maman.

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre qui n'appelle pas de suite. La première édition date de 2019. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, entièrement réalisée par Jérémie Moreau, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Elle comporte environ 230 pages.



L'eau s'écoule avec les reflets changeants du soleil, marquant des lignes de crête des ondulations, faisant comme des points de lumière, montrant les ondes, ou encore une eau assombrie autour des rochers qui affleurent. Ces phénomènes lumineux en surface de l'eau se répètent alternativement, sous les yeux grands écarquillés de Penss, un jeune homme accroupi sur un rocher, fasciné par ce phénomène. Il pense qu'il est le seul à remarquer la beauté du monde, que tous les autres passent leur vie à courir. Sa mère finit le trouver et elle lui reproche d'être en perdu dans sa contemplation, sans même prêter attention aux poissons. Elle ajoute que les hommes de la tribu sont rentrés de la chasse, et qu'Ovie a accouché. Elle et lui n'ont rien à lui offrir. Ils se mettent à marcher pour remonter la pente un peu prononcée et se présenter devant le mari d'Ovie. Les autres se sont mis à la queue-leu-leu pour offrir leurs cadeaux. Vient le tour de la mère de Penss qui s'agenouille et présente une poignée de cailloux. Le mari répond qu'elle peut les garder et qu'elle doit expliquer à son fils qu'on ne peut pas passer ses journées à rêvasser. Le soir, devant le feu de camp, les chasseurs distribuent des morceaux de viande cuite. Assis en tailleur comme les autres, Penss tend ses mains en avant quand vient son tour, mais un autre récupère le morceau qui lui est destiné et proteste : il n'a jamais ramené un bout de viande ou même quoi que ce soit. Ce garçon ne donne rien d'ailleurs : ni bonjour, ni merci, ni même aucun geste d'affectation pour l'un ou l'autre des membres de la tribu. Tant qu'il voguera seul avec lui-même, cet homme ne voit pas pourquoi Penss mangerait la viande pour laquelle le chasseur risque sa vie.



Penss sort de la caverne et va contempler le ciel étoilé nocturne. Sa mère le rejoint et lui dit sa façon de penser. Elle a peur pour lui, car tout le temps il se trompe. Il se trompe de vie. Il voit les reflets quand il faut regarder les poissons. Il préfère l'obscurité froide des montagnes au feu de son clan. Il regarde la mousse à ses pieds quand il faut voir l'horizon. Demain les chasseurs vont chasser le bouquetin, elle lui demande de les accompagner. Penns reste dehors à regarder les étoiles, en se disant que sa mère ne comprend pas : ces montagnes, ces étoiles sont infiniment plus belles que n'importe quel homme. Le lendemain, Penss a pris sa lance et il suit le groupe de chasseurs, en restant bien en arrière. Ils se mettent en position en haut d'une colline et le meneur voit un groupe d'une quinzaine de bouquetins plus bas dans la vallée. Il agrippe la tunique de Penss et le tire pour qu'il dévale la pente. Ce dernier se retrouve devant un bouquetin figé par la peur. Soudain les quadrupèdes fuient en courant, bousculant le jeune homme au passage. Un puma est apparu au sommet d'un rocher et il se précipite vers les animaux, et donc vers Penss.



Ce nouveau récit complet succède à La saga de Grimr (2017) dans la bibliographie de l'auteur. Ce dernier passe ainsi de l'Islande au dix-huitième siècle, à des hommes préhistoriques, dans la phase chasseur. Au cours de ces deux cent trente pages réparties en un prologue et six chapitres, Penss va se séparer de sa tribu, décidant de rester dans la vallée où ils se trouvent, seul avec sa mère âgée, alors que les autres vont de l'avant pour trouver du gibier. En continuant d'observer la nature avec attention et curiosité, il finit par deviner le cycle de reproduction des végétaux au fil des saisons, et par devenir un précurseur de l'agriculture. Lorsqu'une autre tribu arrive dans la zone où il s'est installé, deux points de vue s'opposent entre les chasseurs et les cueilleurs, deux philosophies de vie. Le bédéiste maîtrise son récit de bout en bout, en particulier la pagination : il choisit donc de développer des scènes contemplatives, des pages sans mots, sans texte, pour montrer Penss en train d'observer et d'effectuer des déductions, de tester des méthodes de façon empirique. C'est presque paradoxal : alors que le personnage principal prend son temps, le lecteur avance plus vite dans les pages car elles sont dépourvues de texte. Elles sont au nombre de 41 pages silencieuses.



Le lecteur se laisse bien volontiers porter par cette narration visuelle douce et très facile d'accès. Il est sous le charme dès la première page, avec les reflets changeants sur l'eau, les différentes formes qu'ils peuvent prendre : Penss observe pour lui et il est sous le charme de ces cinq cases, chacune avec une composition de couleurs différentes, tout en décrivant bien un endroit unique. L'enchantement continue sur la deuxième page, et culmine une première fois sur la page 3 : une composition qui relèverait du domaine de l'abstrait si elle n'était pas contextualisée dans sa partie supérieure (environ un cinquième de l'image) par la présence du personnage. Dans le même temps, c'est aussi une belle représentation de l'écoulement de la rivière. Pour cette séquence, l'artiste a choisi de marquer fortement les différents moments de la journée avec les couleurs : un peu brun et gris pour l'après-midi, gris pour la fin de journée, noir avec des teintes orangées pour la nuit et le feu. L'artiste dessine les personnages de manière simple, éloignée de la représentation photographique, lisible par des lecteurs de tout âge, sans pour autant leur infliger un jeunisme généralisé. Leur visage et leur corps sont marqués de petits traits secs attestant la rigueur de leur mode de vie primitif. Il accentue fortement cet effet pour les traits creusés de la mère du personnage principal alors qu'elle vit ses derniers jours.



Il se crée un décalage entre ces personnages à l'aspect simple détouré par un trait de contour encré, et les paysages, le plus souvent en couleur directe, sauf quand le dessinateur a besoin d'être dans un mode descriptif précis pour les végétaux. Les différents environnements apparaissent alors avec le point de vue de l'auteur, dans un registre descriptif, parfois proche de la frontière de l'impressionnisme. Après les reflets sur l'eau, le lecteur en fait l'expérience avec la pente pierreuse, parfois des grosses pierres avec des contours esquissés au pinceau, parfois juste la couleur de la roche et des quelques touffes d'herbe desséchée, avec des motifs abstraits au pinceau pour évoquer la séparation entre les pierres. Dans ces temps préhistoriques, la nature est le personnage qui prend le plus de place, omniprésente, l'être humain n'étant qu'un épiphénomène aux répercussions aussi limitées que fugaces. En outre, le regard de Penss donne également la place principale à la nature. Le lecteur éprouve la sensation de prendre un bon bol d'air pur tout du long de sa lecture : une pente rocheuse, un éboulement de pierres, une marche sur une ligne de crête, la vue d'ensemble d'une vallée verdoyante, la richesse et la diversité des arbres fruitiers qui se dressent haut rendant Penss minuscule par comparaison, le gris bleuté de la neige recouvrant tout rendant la vie d'autant plus fragile, etc. Ce mode de représentation permet de glisser sans solution de continuité dans une vision onirique lorsque le jeune homme a mangé des psilocybes sans idée de ce qui va se produire : une hallucination de la page 61 à la page 67, lui permettant de concevoir cette notion des plis du monde.



La lecture est à la fois facile et dépaysante, sans exagération dramatique, tout en transcrivant bien l'état d'esprit des personnages, les tensions, les moments de peur, de colère, d'inquiétude, voire d'angoisse, et le caractère très têtu, obstiné même du personnage principal. Le bédéaste sait également jouer sur la composition des cases allant du dessin en double page, à 28 cases dans une même page, alignant des cases rectangulaires dans des bandes bien horizontales, ou parfois passant à des cases en trapèzes avec des bandes inclinées pour accompagner des mouvements, intégrer des inserts avec un effet extraordinaire lors de la première relation sexuelle de Penss (en pages 146 et 147). Le lecteur note de ci de là des éléments qui ne sont pas réalistes, à commencer par la tunique en peau de bête toujours identique quelles que soient les saisons. Il y a aussi la capacité de compréhension de Penss qui devient un agriculteur perspicace par la seule force de sa volonté, par des essais et des erreurs, dans un cheminement empirique, mais sans aide d'un autre. Le lecteur perçoit inconsciemment que le récit relève plus du conte que du reportage ou de la reconstitution historique. Il prête alors attention aux épreuves que traversent le héros : un voyage initiatique lui permettant de grandir. Des moments universels : la mort de la mère, se repaître de ce qu'elle laisse, ne pas gâcher, être à la merci des éléments, de phénomènes arbitraires sur lesquels on n'a pas de prise, se confronter aux autres, à leur vision du monde, à leur opiniâtreté. Penss n'est pas sans défaut : il estime avoir raison contre tous les autres, en conséquence de quoi il refuse leur mode de vie au risque de mourir de faim, et il n'hésite pas à les convaincre d'adopter le sien, au risque de mourir de faim également. Il se heurte au fait que le rythme de la nature ne soit pas le rythme de l'être humain. Il fait l'apprentissage des responsabilités, des compromis face au principe de réalité, des mauvaises intentions de certains, mais aussi de la force d'expression de l'art (les œuvres pariétales de Craie), la capacité de travail d'un groupe comparée à celle d’un individu seul. Pour autant il n'abandonne jamais sa conviction, son principe, sa croyance de pouvoir subvenir au besoin de nourriture par le monde végétal, fruits et légumes. Le lecteur peut alors y voir un métacommentaire sur la nécessité de changer de paradigme, de passer à un mode de vie sans viande, et écoresponsable. Une nécessité d'une production plus respectueuse de la vie, toutefois pas au prix de la survie de l'espèce.



Voilà une bande dessinée aussi ambitieuse que facile de lecture. Le créateur a conçu un récit qui sait profiter de la forte pagination en prenant son temps, sans pour autant ralentir la vitesse de lecture, ou exiger un effort de concentration particulier. Il a dosé la simplicité des personnages qui n'en semblent que plus vivant dans les environnements, et la représentation plus douce de ces derniers, s'approchant parfois de l'impressionnisme. L'intrigue est linéaire : Penss estime que les êtres humains doivent se nourrir de la production de végétaux, plutôt que de chasser et de tuer des animaux. L'ambition du récit se révèle progressivement : le personnage principal agit par principe, ce qui se heurte aux réalités de la vie quotidienne, aux compromissions nécessaires pour assurer sa survie. Progressivement, son voyage prend une dimension existentielle et implique la communauté d'une tribu, d'autres individus devant assumer les conséquences de ses décisions. Éventuellement un lecteur adulte peut regretter une narration parfois un peu simplifiée pour réaliser un conte tout public.
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La saga de Grimr

Qui imaginerait un arbre sans racines ? Une chose impossible.

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre qui n'appelle pas de suite. La première édition date de 2017. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, entièrement réalisée par Jérémie Moreau, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Elle comporte environ 230 pages.



Einmar fils de Thorir, un scalde, se tient sur une grande étendue désolée. Il songe à un jeune garçon : il croit en ce garçon. Depuis le début. Mais il lui faut des preuves. Au moins une. Incontestable et indélébile… car une saga repose sur des faits avérés et recoupés. Et puis il faudrait un certain culot pour rédiger une saga sur un orphelin. Une saga est inextricablement reliée aux autres sagas par les liens généalogiques qui les unissent. Ses racines sont toujours les branches des précédents. Qui imaginerait un arbre sans racines ? Une chose impossible. Une contradiction dans les termes. Pourtant il croit qu'il faut faire une exception. Car la preuve est là. Immense. Elle dépasse tout ce qu'il imaginait. Au XVIIIe siècle, l'Islande vit la période la plus sombre de son histoire : enfoncée progressivement dans une misère totale., à la suite d'une incroyable série de catastrophes naturelles, sous le joug danois depuis 1380.



Le volcan fume dans une zone désertique de l'Islande. Le dégagement de fumée gagne en ampleur. L'enfant Grimr ressent l'éruption imminente et il dit aux deux adultes qui l'accompagnent de se mettre à courir, ce qu'ils font tous les trois. Son pied bute contre une pierre et il se répand par terre. Il se retourne et il voit se former un champignon de fumée chargé de poussière au-dessus du cratère. Les deux autres lui enjoignent de se remettre à courir. Le nuage engloutit le garçon qui continue d'avancer sans savoir où il va. Deux danois se déplacent à cheval, avec quatre enfants sur la monture derrière eux. Ils voient émerger Grimr du nuage de poussière et s'écrouler devant eux. L'un des cavaliers met pied à terre, et époussète l'enfant inconscient : c'est une belle prise. Le lendemain, les enfants sont vendus à un marchand au port. Celui-ci demande ce qu'on coupe les cheveux de Grimr. L'homme va demander aux femmes en train de travailler si l'une d'elle a un couteau. Elles lui font remarquer que les enfants ont profité de son inattention pour se carapater. Ils leur courent après, alors qu'ils renversent des étals pour le retarder. La scène est observée depuis un toit par Vigmar le voleur, fils d'Arnar, très amusé. Finalement les enfants se retrouvent dans un cul de sac. Vigmar intervient pour aider Grimr, et les quatre autres sont repris par l'adulte à leur poursuite. Vigmar emmène l'enfant vers l'intérieur des terres, dans son repaire, auquel on accède par un tunnel. Avant il lui a demandé son nom et comme l'enfant est orphelin, il a décidé de l'appeler Grimr Enginsson, ce qui signifie fils de personne. Les deux avancent dans le tunnel qui débouche au milieu d'une falaise donnant sur l'océan. Vigmar se félicite d'avoir récupéré la corde qui liait les enfants : il va en tirer un bon prix.



Il faut un peu de temps au lecteur pour s'assurer de ligne directrice de l'histoire : il s'agit de suivre Grimr au fil de plusieurs passages de sa vie, cette fin de l'enfance, un peu d'adolescence, le début de la vie d'adulte. L'auteur joue avec l'écoulement du temps, sans le marquer vraiment, mais il est visible que son personnage principal n'est plus un enfant à la fin du récit. La scène d'introduction avec le scalde vient renforcer le titre : il s'agit d'écrire une saga, c’est-à-dire une épopée d’une famille sur plusieurs générations, ou d’un personnage remarquable. Visiblement Grimr constitue une exception : il a accompli un acte si immense que même sans famille connue, il mérite une saga. L'auteur raconte donc une partie de la vie de cet individu, dans un contexte très précis, à la fois en termes de lieu, à la fois en termes d'époque. Il intègre quelques mots spécifiques à ce contexte : Thing ou Allthing, Draugr, Bitafiskur, Gogordsmenn, Skyr. Ils se comprennent avec le contexte, ou ils bénéficient d'une note en bas de page. En outre, il met en scène Hans Markusson, émissaire de sa gracieuse majesté du Danemark, et la pauvreté des Islandais. Le lecteur voit bien que l''histoire se serait déroulée différemment si le contexte géographique et temporel avait été différent : ce ne sont pas juste des indications sans importance, ou sans incidence.



L'environnement joue un rôle encore plus grand dans l'histoire, que ce soit un fjord, les coutumes islandaises, et encore plus le territoire lui-même. Grimr dispose de la faculté de sentir quand la lave va couler, un autre élément spécifique du récit. En tant qu'artiste, l’auteur donne à voir ce paysage si particulier. Il détoure les personnages d'un trait fin, délicat et fragile et il réalise les décors en couleur directe. Le lecteur a un aperçu du paysage dès la séquence d'ouverture : des tons gris, un sol nu et désolé, mais aussi des tâches vert foncé pour une flore fragile et peu abondante, des teintes avec une touche de marron lorsque la terre est présente par-dessus la roche, et des volutes de fumées grises, sous un ciel également gris avec une faible luminosité. Suit un dessin en double page, avec ce qui ressemble à un mur de pierre, représenté de manière naïve et grossière, avec une multitude de pierre. La suite est tout aussi étonnante avec la montagne noire, avec quelques dégradés dans le noir pour figurer le relief, et des trainées de pinceau en arrière-plan pour des roches plus claires. Le choix de l'artiste est de jouer sur l'impression faite par ces paysages, par ces sols, plutôt que sur la description photographique. Ça fonctionne très bien : les cases noyées de gris avec petites tâches noir dans le nuage de poussière, les traits de pinceau pour représenter les plissements de la montagne et la verdure clairsemée (p. 37), une composition quasi abstraite pour les flancs de la montagne (p. 40), des traces blanches déliées dans le gris de l'eau pour une source d'eau chaude (p. 108), de grandes trainées blanc cassé pour la toile des tentes lors de la fête de mariage, etc. Cette façon de représenter culmine dans un dessin abstrait en double page, 152 & 143, l'image mentale de Grimr ressentant les mouvements tectoniques et ceux de la lave, une image extraordinaire. Le lecteur représente également l'écoulement de la lave pendant une quinzaine de pages lors d'une éruption et le lecteur se retrouve à éprouver une sensation de chaleur, de force primale à l'avancée inexorable, un grand moment visuel.



L'artiste a adapté son mode de représentation des personnages afin qu'il s'intègre en cohérence avec la représentation des paysages naturels. Ils sont finement détourés, avec un rendu global simplifié, un peu naïf. Des bouilles aux traits un peu exagérées, des expressions de visage appuyées, comme habitées par des émotions intenses, ou au contraire un calme inébranlable, une résignation de victime qui subit, une détermination aveugle. D'un côté, le lecteur perçoit bien l'état d'esprit de chaque personnage ; de l'autre côté, les personnages apparaissent un peu trop entiers, sans nuance, comme les personnages d'un conte… ou peut-être d'une saga. Les prises de vue et les découpages de planches suivent les personnages dans leurs déplacements, dans leurs activités, de manière simple et parlante. L'artiste laisse une grande place aux paysages naturels. Cela donne une lecture facile et aisée, douce et agréable, assez du fait d'une narration qui peut sembler décompressée, mais qui en réalité donne la place nécessaire à l'Islande.



Le scénariste a fait le choix d'une histoire linaire dans un ordre chronologique, ce qui ajoute à l'impression de simplicité et de naturalisme. Le lecteur suit les épreuves d'un orphelin recueilli par un individu ayant vécu de rapines sans méchanceté, et voyant là l'occasion de s'établir en vivant honnêtement comme passeur dans un fjord. Malgré la bonne volonté de Vigmar et de son protégé, les événements se liguent contre eux et ils se retrouvent dans une situation d'accusés à tort. Grimr attire la sympathie du lecteur à lui, malgré son mutisme, son caractère taiseux, introverti, méfiant et renfermé, sa force énorme qui lui permet de se sortir de bien des situations et de pouvoir faire face aux adultes, et de leur tenir tête. Dans le même temps, il se sent un peu passif dans sa lecture, contemplant avec plaisir les paysages, regardant les personnages supporter les coups du sort, et essayer de se construire une place un peu plus heureuse. Il compatît aux malheurs de Grimr, tout en voyant que pas grand-chose ne parvient à entamer sa carapace, et qu'il semble surmonter chaque obstacle. Il voit bien qu'il mérite sa saga, et dans le même temps il ne parvient pas à se sentir entièrement impliqué dans ce personnage. Il se surprend à ne pas s'offusquer plus que ça des accusations injustes dont il est la victime.



Sans nul doute, Grimr mérite sa saga, et l'auteur le prouve. Le lecteur prend un grand plaisir à découvrir l'interprétation de l'artiste des impressions générés par les paysages naturels de l'Islande. Il apprécie une lecture fluide, très facile, et qui sait prendre le temps, qui sait respecter le rythme de l'île. Il voit bien comment le personnage principal est le jouet du milieu dans lequel il évolue, est soumis aux forces systémiques qui le dépasse, que ce soit l'autorité danoise sur le sol islandais, ou le manque de considération pour un individu sans famille dans la tradition du pays. Pour autant, il ne ressent une forte compassion envers lui, ayant l'impression de toujours rester un peu à distance de cet individu intraverti.
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