Jenni Fagan

-Alors . Vous dites que vous avez vu ma mère.
- Ouais, affirme-t-il avec un hochement de tête.
- Et elle est arrivée ici sur un chat volant ?
- Oh, ouais. Il était superbe, il avait une épaisse fourrure. Ses ailes étaient immenses ! Votre mère est arrivée de ce côté-ci du bâtiment - les aides-infirmiers ont cru qu'elle marchait mais ils n'ont pas regardé en bas, ses jambes ne touchaient pas le sol ! Elle est arrivée en planant par ce couloir, et puis elle a franchi cette porte. Il l'a attendue, pendant qu'elle vous mettait au monde - et ça a pris une petit moment ! Ensuite elle a fracassé cette grande fenêtre voûtée là-bas, et elle a sauté. Enfin le chat l'a récupérée là-bas, près des bois, environ cinq minutes plus tard. Je les ai vus s'envoler vers l'est.
- Ah.
Il est tellement schizo que c'est sans espoir. Le plus bizarre, c'est que je suis persuadée qu'il a jamais menti de sa vie. [...]
- Et elle fumait des cigarillos, ajoute-t-il.
- Elle fumait des petits cigares ?
- Ouais. C'était une Reine bannie qui fumait des cigarillos.
Il se fout de ma gueule.
- Elles sont vraiment super, ce sont des filles sensationnelles, les Reines bannies. Vous n'en avez jamais entendu parler ?

- Tu sais ce qu'on te dit pas dans cette vie, Anaïs, c'est ça, ces...
Elle montre un mur couvert de tableaux de pénis.
- Le phallus, la bite, la queue, quel que soit le nom que tu lui donnes, c'est pas la chose la plus puissante du monde.
- Ah bon?
- Non. Tu vois...eux, c'est ce qu'ils croient, eux, ils construisent des gratte-ciels, des mosquées et des grosses armes en forme de pénis, pour te le faire croire.
- Pourquoi?
- La guerre des sexes. La domination absolue sur ce qui leur fait peur. La chose qui fait peur aux hommes, c'est "la chatte", alors ils essaient de rendre "la bite" plus effrayante...