Montage de Paul CAMERON
"Les bêtes de Black city" disponible sur www.tabou-editions.com
(…) la confiance trahie n'est pas si simple à restaurer (…).
Le destin avait-il eu finalement pitié de moi et exaucé mes vœux ? Ou bien Ethan et sa copine étaient-ils les vrais méchants de l'histoire ? Sa belle gueule ne l'empêchait pas d'être pourri jusqu'à la moelle.
- Tu appartiens à la cour des Ténèbres ? m'étranglai-je, dans ce qui tenait autant de la question que du cri d'horreur.
- En effet, confirma Ethan. Comme à peu près la moitié des faës résidant en Avalon. Et non, nous ne sommes pas tous maléfiques, tout comme les humains ne sont pas tous bons.
Je détestais l'admettre mais, à cause de ma mère, l'alcool me faisait peur. Jamais, jamais je ne voudrais devenir l'ivrogne stupide et négligée en laquelle ma mère s'était transformée. À mes yeux, aucune sensation forte ne valait ce déclin.
Pour la première fois depuis que j'avais fugué, je ressentis un pincement de culpabilité. Maman serait-elle capable de se prendre en charge et de s'occuper de ses factures maintenant que je n'étais plus là ? (…). Puis je me repris. Même si elle s'était de plus en plus reposée sur moi au fil des ans et se comportait comme une gamine, elle était quand même adulte et pouvait se prendre par la main comme une grande !
(…) je ne pense pas qu'édulcorer la vérité lui donne meilleur goût.
J'étais venue en Avalon pour fuir ma mère, mais je crois qu'une autre partie de moi avait secrètement espéré trouver chez Papa les conseils et les attentions qui me manquaient. Je voulais qu'un adulte plus âgé et plus sage que moi m'aide à donner un sens à ma vie et à envisager l'avenir.
Vous connaissez ce vieux proverbe chinois disant qu'il faut se méfier de ses rêves parce qu'ils pourraient se réaliser ? Je ne l'avais jamais aussi bien compris.
J'estime que j'étais parfaitement en droit de ruminer la situation dans laquelle je me trouvais, mes craintes pour l'avenir, mes interrogations quant aux gens à qui je devais me fier. Mais quand je m'éveillai le lendemain matin, devinez ce que j'avais en tête ? Le baiser d'Ethan. Quelqu'un a-t-il aperçu mon sens des priorités ? Parce qu'il était visiblement aux abonnés absents.
Je n'avais jamais été une grosse fan des bad boys au lycée. Toujours tellement imbus d'eux-mêmes, ils croyaient que se conduire comme des abrutis faisait d'eux des mecs cool. Évidemment, ils n'étaient pas vilains à regarder. Et un bad boy faë... Je ne vous raconte pas.
Pour votre information, s'évanouir, c'est nul. J'avais toujours cru que tourner de l'œil consistait simplement à perdre connaissance pendant quelques instants. Je ne savais pas qu'il fallait y ajouter la nausée, la tête qui tourne, des frissons et la peau moite.