Du jour où mon mari rendit publique sa volonté de se rendre à Jérusalem pour faire la paix avec Israël, je sus qu'il serait assassiné....les jours qu'il me restait sur cette terre à ses côtés étaient désormais comptés. De ce jour de 1977 jusqu'à son assassinat, les maux de tête qui depuis des années m'accablaient de temps à autre devinrent quasiment
quotidiens.
La vie d'une femme passait obligatoirement par le mariage. Les pauvres vieilles filles ! Toute leur famille les considérait comme un poids et un déshonneur. Le mariage, quel qu'en fût le prix, était infiniment préférable.
Bien que les hommes ne l'eussent jamais admis, c'étaient les femmes qui prenaient la plupart des décisions importantes concernant l'économie domestique : quand construire une pièce supplémentaire, quand acheter des animaux à élever pour la vente, etc. Comme le dit un autre adage paysan : "L'homme est le fleuve, la femme est le barrage."
Cette première aube au pied des pyramides était pour Anouar et moi le début d'un voyage dont les étapes avaient été soigneusement prévues. Nous ne savions pas où il nous mènerait. Souvent nos itinéraires divergeraient. Mais toujours notre destination serait la même. L'amour. La dignité. L'honneur. La paix.
Un autre adage du village disait : "La femme ne fait que deux sorties dans sa vie : de chez son père chez son homme, et de chez son homme à la tombe."