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Citations de Jean-Pierre Martinet (158)


Ma solitude, vous ne pouvez même pas l’imaginer… Elle est sombre et chaude comme le ventre de ma mère…
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Tours est une belle ville, pleine de parcs et de vieilles maisons blanches. On s'y sent en exil, comme partout, mais il y a une certaine nostalgie dans l'air qui n'est pas déplaisante. C'est sans doute dû à un côté un peu vieillot, un peu "ville d'eau".
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[…] C’était une chaussure de femme à talon plat. La semelle était légèrement décollée. Une chaussure blanche. Pointure moyenne. J’ai fondu en larmes, brusquement, j’ai lâché la chaussure et je suis parti en courant. Impossible de savoir qui avait porté cette chaussure ? une blonde, une brune, une jeune femme ? En quelle année ? Et combien de temps ? Sous quel ciel ? Avec quels rêves ? Amours déçues ? Amours comblées ? Morte, peut-être ? Ou en train d’agoniser sur un lit d’hôpital ? Folle ? Tuberculeuse ? Ou, au contraire, pleine d’entrain, de joie de vivre ? Des enfants ? Une petite file, peut-être ? Des garçons ? Où donc était l’autre chaussure ? Pourquoi cette séparation cruelle ? Perdue dans un terrain vague ? Jetée dans un vide-ordure ? Attachée à sa sœur ? Je n’arrivais pas à arrêter l’hémorragie. Toute l’horreur, toute la beauté du monde, toute l’horreur de vivre dans ce morceau de cuir blanc. Toute l’horreur. Toute la joie.
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Dinah ? Rien. Elle ne veut rien dire. J’ai peut-être frappé un peu fort. Elle ne remue plus. Ces nouvelles générations sont bien peu résistantes. Au moindre coup dur, hop, plus personne.
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Qu’êtes-vous devenu, Jérôme ? Répondez-moi franchement. J’ai parfois l’impression que vous avez choisi de vous suicider de la manière la plus horrible qui soit : sans mourir vraiment.
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J’ai caressé doucement les chemisiers de Solange, et j’y ai posé ma tête, un bref instant. C’étaient des chemisiers bon marché, en tissu synthétique, comme on peut en acheter dans les prisunic. Solange n’aimait guère dépenser, et elle n’était pas coquette. Deux jupes, un pantalon, un imperméable. Il n’y avait rien d’autre, à part un peu de linge de corps. Ce dénuement m’a donné envie de pleurer. Il n’y a que deux qui n’aiment plus la vie, ou qui l’ont quittée depuis longtemps, pour avoir une garde-robe aussi vide. Comme si plaire aux autres, les aguicher, les fasciner, ne serait-ce qu’une seconde, ne leur disait plus rien. Comme s’ils rêvaient d’un autre pouvoir, d’un VRAI pouvoir. Comme si cette puissance ne pouvait s’exercer qu’au prix de leur propre disparition.
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Devant les urinoirs, un couple d’hommes, dans la pénombre, faisait l’amour debout, en silence. Ils n’avaient même pas pris la peine de se déshabiller complètement, ils s’étaient contentés de laisser glisser leur pantalon sur leurs cuisses et je fixais stupidement ces fesses blanchâtres qui s’agitaient mécaniquement, sans la moindre frénésie, sans la moindre joie apparente, et qui s’agiteraient encore des heures et des heures, et pourquoi pas, jusqu’à la fin des temps peut-être. […] Je ne m’étais jamais aussi bien rendu compte que ce soir à quel point les gestes de l’amour, sous toutes leurs formes, me faisaient horreur. Ces gesticulations de suppliciés, ces soubresauts de corps tétanisés. Vraiment. Notre misère, notre solitude. La dernière fête des condamnés à mort. Mais qui donc nous viendra en aide ? Ils appellent ça le plaisir. Il y en a qui écrivent des livres entiers là-dessus. Mais qui donc nous viendra en aide ? Qui donc aura pitié de nous ?
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Un léger réchauffement s'annonçait: le retour du printemps, peut-être. On irait vers l'été, les brumes se dissiperaient, elle emporteraient avec elles la cité pourrie, visqueuse, les marécages, les cercueils gluants de boue du cimetière Kolokovo, tout cela s'évanouirait dans l'air tiède comme un mauvais rêve, et on irait vers l'été, les jours interminables, la joie interminable, les rires de fillettes sous les marronniers, boucles d'or, petits riens, feuilles, cailloux blancs, rubans, papier crépon, tarlatane, fanfreluches, trésors dérisoires des placards et des tiroirs. Chandails endormis, corsages des mortes. Oreillers brodés avec la forme d'une tête chérie. La joie verte le ciel vert les femmes avec leur corps unique solitaire, on irait vers l'été les collines la mer les odeurs d’œillets sauvages dans les dunes.Soudain, j'ai eu l'impression que Solange, encore une fois, chuchotait à mon oreille. Le pou a dévoré l'univers. Oui il a. Il l'a fait. Il a a a.
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Solange me répétait souvent, ces derniers temps, comme à peu près chaque année vers la mi-avril, qu’il allait falloir bientôt se méfier de la douceur du temps.
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Cette fois, la poule ne me picorait plus affectueusement le nez, elle me plantait méchamment son bec dans le cou. Je lui ai frappé non moins méchamment le sommet du crâne du plat de la main, en la priant d’avoir au moins la politesse de me laisser écouter la chanson jusqu’au bout. […] D’ailleurs, je n’avais aucune intention de rendre sa liberté à cette sale petite poule blanche. D’ailleurs elle m’avait fait caca dessus. D’ailleurs elle était ma seule amie. D’ailleurs elle n’avait qu’à m’obéir puisque moi j’étais un homme et elle une poule.
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A cause d’un caoutchouc percé, on donne naissance hu hu. Naissance, c’est-à-dire moisissure, et aussi cet assassin qui grandit dans vos propres entrailles, en donnant des coups de pieds, histoire, déjà, de vous faire mal. Vous dévorant, déjà. Car moi, entre nous, l’amour, c’était pas pour avoir un enfant. Il grandissait en moi, il grandissait, me bouffait, cognait, il s’augmentait de ma propre vie, mais je n’y tenais pas tellement. Ratage intégral : il naît. Trop tard pour le tuer. Vit. Gigote. Tant pis. On ne peut plus. Grandir, eh oui. Sans doute trop forte la pression du foutre sur le caoutchouc. Ou alors, mauvaise qualité. Ça arrive. Alors, à un moment, il faut bien. Voilà. On l’appelle Jérôme Bauche. C’est un genre de malentendu, toute cette histoire, voilà. Il est là. On dit… C’est un genre d’histoire courant. Je me moquais bien des radotages de mamame. Il y avait bien longtemps que je savais à quel misérable miracle je devais la vie (d’après pas mal de gens, et puis d’après des statistiques, et puis d’après mes lectures, la prison contre les murs de laquelle je me cognais la tête tous les jours, c’était ce qu’on appelle, en général, la vie. Oui, c’est comme ça, qu’on l’appelle, à ce qu’il paraît…).
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Mourir est interdit. On vous répète sans arrêt : « Il faut vivre, il faut vivre… » Certains affirment que la vie est bonne et douce, qu’il faut tout réapprendre. Il faut regarder les feuilles pousser sur les arbres, il faut regarder les chevelures, les enfants, les animaux. Je ne sais pas. Pour moi la vie n’est plus qu’une rumeur, au loin, une vision aussi imprécise qu’un songe.
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Les mots restent des mots. Ils n’ouvrent pas des portes fabuleuses.
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Quand je mourrais, je me souviendrais de la vie comme d’une méduse d’une taille monstrueuse que l’on effleure avec dégoût, parce qu’il faut bien, et moi aussi je me sentais comme ça, fuyant, visqueux, comme les autres, pas épargné par le désastre universel, oh non, mais flasque, si flasque, avec ma peau flasque, mes paroles flasques, mes histoires vaseuses, la flaccidité de mes pensées, et le dégoût de moi-même, au fond, tout au fond, ces flatulences qui jamais ne parvenaient à l’air libre et m’asphyxiaient lentement. Je me sentais gluant et sombre, comme si le monde dans lequel on m’avait plongé de force, à ma naissance, avait fini par devenir ma propre substance, à force.
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"C'était elle, je commençais à le croire, qui ramenait l'hiver sur Paris. L'amour est glacial, comme l'enfer, à ce qu'on dit. Dur et inflexible. Surtout lorsqu'il n'est pas partagé (et l'amour, le vrai, n'est JAMAIS partagé). Il fallait continuer à avancer, dans ce désert, sans attendre le moindre encouragement, sans espérer le moindre répit. De toute manière, je n'étais nullement décidé à renoncer : on ne s'arrête pas en route pour un oui ou pour un non si l'on a décidé d'explorer vraiment la région des glaces, on ne revient pas en arrière."
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Rien ne vous intéresse, ni l’amour, ni les livres, ni la nature, absolument rien. Vous ne vous détestez même pas assez pour vous tuer. Vous passez vos journées à traîner dans la ville, sans jamais adresser la parole à personne, et à boire de la bière tiède.
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De trop neiger, on s'ensommeille.
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J’ai redressé le corps pour qu’il ait l’air moins avachi dans le fauteuil. Ce n’est pas parce qu’on est mort qu’il faut en profiter pour manquer de tenue.
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Jean-Pierre Martinet
Que le monde soit un gros caca, on n'a pas attendu Cioran pour le savoir.
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Ah, comme vos rues sont froides, messieurs, et comme on y meurt lentement, à petit feu, à petits pas, de chagrin et d'ennui ! Comme le coeur est lourd à porter en vos déserts ! On y chemine en exil toute sa vie. Etrange voyage d'hiver.
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