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Citation de jojobegood


Que beaucoup d’entre vous sont croyants, mais je sais aussi qu’il en est d’autres qui m’écoutent par curiosité, pour s’instruire ou simplement pour tuer le temps. Vous êtres tous mes frères, mes très chers frères, mes frères d’armes et mes frères en Dieu, je m’adresse à vous tous, catholiques, protestants, athées car la parole de Dieu est pour tous. Le message que je vous délivre en ce jour de deuil, qui est aussi le jour du Seigneur, consiste en ces simples trois mots : “ Ne désespérez pas !... “ car le désespoir n’est pas seulement péché contre l’adorable bonté divine : les incroyants mêmes conviendront avec moi que c’est un attentat de l’homme contre lui-même et, si je puis dire, un suicide moral. Il en est sans doute parmi vous, mes chères frères, qui, trompés par un enseignement sectaire, ont appris à ne voir, dans la suite admirable des événements de notre histoire, qu’une succession d’accidents sans signification ni lien. Ils s’en vont aujourd’hui répétant que nous avons été battus parce que nous n’avions pas assez de tanks, parce que nous n’avions pas assez d’avions. De ceux-là, le Seigneur a dit qu’ils ont des oreilles pour ne pas entendre et des yeux pour ne point voir, et sans doute, lorsque la colère divine se déchaina sur Sodome et Gomorrhe, se trouva t-il dans les citées impies des pécheurs assez endurcies pour prétendre que la pluie de feu qui réduisait leurs villes en cendres n’était qu’une précipitation atmosphérique ou un météore. Mes frères, ne péchaient-ils pas contre eux-mêmes ? car, si la foudre est tombée sur Sodome par hasard, alors il n’est pas un ouvrage de l’homme, il n’est pas un produit de sa patience et de son industrie qui ne puisse, du jour au lendemain, être réduit à néant, sans rime ni raison, par des forces aveugles. Pourquoi bâtir ? Pourquoi planter ? Pourquoi fonder une famille ? Nous voici, vaincu et captifs, humiliés dans notre légitime orgueil national, souffrants dans notre corps, sans nouvelles des êtres qui nous sont chers. Eh quoi ? Tout cela serait sans but ? Sans autre origine que le jeu de forces mécaniques ? Si cela était vrai mes frères, je vous le dis : il faudrait nous abandonner au désespoir, car il n’est rien de plus désespérant et rien de plus injuste que de souffrir pour rien. Mais, mes frères, je demande à mon tour à ces esprits forts : “et pourquoi n’avions-nous pas assez de canons ? “ Ils répondront sans doute : “ C’est parce que nous n’en produisions pas assez. “ Et voilà que se dévoile tout à coup le visage de cette France pécheresse qui, depuis un quart de siècle, avait oublié ses devoirs et son Dieu. Pourquoi en effet, ne produisions-nous pas assez ? Parce que nous ne travaillions pas. Et d’où vient, mes frères, cette vague de paresse qui s’était abattue sur nous comme les sauterelles sur les champs de l’Egypte ? Parce que nous étions divisé par nos querelles intestines : les ouvriers, conduits par des agitateurs cyniques, en étaient venus à détester leurs patrons ; les patrons aveuglés par l’égoïsme, se souciaient peu de satisfaire aux revendications les plus légitimes ; les commerçants jalousaient les fonctionnaires, les fonctionnaires vivaient comme lui gui sur le chêne ; nos élus à la chambre, au lieu de discuter, dans la sérénité, de l’intérêt publique, se heurtaient, s’insultaient, en venaient parfois aux mains. Et pourquoi ces discordes mes très chers frères, pourquoi ces conflits d’intérêt, pourquoi ce relâchement dans les mœurs ? Parce qu’un matérialisme sordide s’était rependu dans le pays comme une épidémie. Et qu’est ce que le matérialisme sinon l’état de l’homme qui s’est détourné de Dieu : il pense qu’il est né de la terre et qu’il retournera à la terre, il n’a plus de souci que pour ses intérêts terrestres. Je répondrai donc à nos sceptiques : “ Vous avez raison, mes frères : nous avons perdu la guerre parce que nous n’avions pas assez de matériel. Mais vous n’avez qu’en partie raison parce que votre réponse est matérialiste et c’est parce que vous êtes matérialistes que vous avez été battus“.
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