Le plaisir n’est que l’ombre du bonheur. Il est directement causé par des stimuli agréables d’ordre sensoriel, esthétique ou intellectuel. L’expérience évanescente du plaisir dépend des circonstances, des lieux ainsi que de moments privilégiés. Sa nature est instable et la sensation qu’il inspire peut vite devenir neutre ou désagréable.
Amour et compassion doivent toutefois être éclairés par la sagesse. Celle-ci est fondée sur la compréhension des causes immédiates et ultimes de la souffrance. Par souffrance, on n’entend pas simplement les souffrances visibles dont nous sommes si souvent témoins ou victimes : maladies, guerres, famines, injustice, pauvreté, mais aussi leurs causes, à savoir les poisons mentaux. Aussi longtemps que notre esprit reste obscurci par la confusion, la haine, l’attachement, la jalousie et l’arrogance, la souffrance, sous toutes ses formes, est prête à se manifester.
Si la mort est certaine, son heure est imprévisible. Comment faire face à la mort sans tourner le dos à la vie ? Comment y penser sans être désespéré ou effrayé ? De fait, la manière dont on envisage la mort influence considérablement la qualité de la vie. Certains sont terrifiés, d’autres préfèrent l’ignorer, d’autres encore la contemplent pour mieux apprécier chaque instant qui passe et reconnaître ce qui vaut la peine d’être vécu. Elle leur sert de rappel pour aiguillonner leur diligence et éviter de dilapider leur temps en vaines distractions.
Je me suis souvenu instantanément des regards de pitié que les gens posaient sur moi quand je souffrais. Quand j’étais petit, j’avais une santé très fragile, j’étais tellement frêle. Je voyais constamment l’angoisse et la peur dans les yeux de mes parents, de mes proches et de l’équipe médicale qui prenait soin de moi. Quand on est un enfant, ce n’est vraiment pas drôle de se faire regarder comme ça et de voir l’inquiétude dans les yeux des « grands ».
L’ignorance consiste à ne pas en être conscient, comme le mendiant, à la fois pauvre et riche, qui ignore qu’un trésor est enfoui sous sa cabane. Actualiser sa véritable nature, entrer en possession de cette richesse oubliée, permet de vivre une vie pleine de sens. C’est là le plus sûr moyen de trouver la sérénité et d’épanouir l’altruisme dans notre esprit.
Pour celui qui a su extraire la quintessence de l’existence, la mort n’est pas une déchéance ultime, mais un achèvement serein. « C’est le bonheur de vivre qui fait la gloire de mourir », écrivait Victor Hugo.
Toutes les causes qui me touchent et que j’endosse, que ce soit celle des adolescents et des adultes en thérapie, celle des personnes vivant avec un trouble alimentaire, ou ayant un handicap physique ou une limitation intellectuelle, ou encore celle d’enfants atteints de cancer ou de maladies terminales ont en commun de faire ressortir des valeurs et des qualités de cœur importantes: la vérité et la vulnérabilité.
Outre le fait que je sois plutôt à l’aise avec des sujets disons «inconfortables», je carbure à ces deux éléments qui illuminent mes jours et ma vie. Ils donnent un sens à mes projets et à mes relations. Et ils en dictent mes choix.
Lorsqu’on est en présence d’une personne en fin de vie, il n’y a guère de place pour la futilité, les malaises et les mensonges. Chaque minute compte, est précieuse, donc pas de temps à perdre avec le small talk.
J’ai réalisé au fur et à mesure que nous avancions dans les rencontres lors du tournage de la série Face à la rue que c’était cette authenticité que je ressentais et que j’appréciais chez ces gens vrais et vulnérables.
Peut-être parce qu’ils ont tout perdu et qu’ils n’ont plus rien à perdre?
Il y a urgence d’être dans la vérité et de tout dire ici. Même dans le silence.
La situation est semblable avec les gens aux prises avec des dépendances. En thérapie, on leur enseigne à exprimer et à vivre leurs émotions à froid, sans substances ni fuites. Pas de bullshit,comme on se plaît à dire. On est vrai ou on ne l’est pas. Entre les deux, il y a trop de zones grises et cela met en péril notre sobriété.
La rigoureuse honnêteté devient donc un véritable mantra.
L’amour de l’autre ne doit pas naître d’une simple réaction émotionnelle, mais s’appuyer sur une réflexion et aboutir à un engagement ferme.