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Citations de Jean-Louis Thiériot (35)


Il se produit alors une chose unique dans l'histoire soviétique, preuve s'il en était besoin que le système se fissure, qu'il ne croit plus en lui-même ou en tout cas qu'il a perdu la vigueur de ses antidotes et la force d'interdire. Margaret Thatcher est autorisée à donner une interview à trois journalistes de la télévision soviétique. Pour la première fois un chef d'état occidental parle à la population, sans filtre et sans censure. Elle insiste sur la supériorité militaire soviétique, sur le déploiement unilatéral des SS20, sur les avantages de la vie à l'Ouest. Elle n'est même pas coupée. Modestement, elle indique dans ses Mémoires que "cette interview avait eu un impact énorme sur l'opinion soviétique". En 1976, Boris Eltsine dira dans une interview à The Economist : "L'interview de Mrs. Thatcher marqua la fin du système d'Etat soviétique." C'est exagéré, bien sûr. Mais il y a une part de vérité.
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Elles descend en flammes la politique du Coal Industry Act car "cela n'a pas de sens d'envoyer des hommes dans des puits où il y aura certainement des morts pour extraire du charbon que personne n'achètera". Elle s'en prend aux hauts fonctionnaires qu'elle connait bien. In peto, elle pense d'ailleurs que s'ils étaient bons, ils seraient dans le privé où ils gagneraient bien mieux leur vie. Leur sinécure au National Coal Board n'est pour elle que l'aveu de leur incompétence.
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Incontestablement, Maggy ne faisait pas partie des privilégiés. Elle savait qu'un shilling est un shilling et qu'il faut le gagner à la sueur de son front. Elle savait aussi que les recettes publiques, ce sont d'abord la peine des travailleurs et la peine des entrepreneurs. Venant d'où elle venait, elle pouvait renvoyer à leur guide du marxisme illustré les progressistes nés avec une cuillère d'argent dans la bouche.
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Parmi les résistants allemands à Hitler, Stauffenberg est de ceux que la France connaît le moins. Pourtant, il est celui dont l'action a été la plus décisive, le seul qui a failli tuer Hitler le 20 juillet 1944, le seul qui a organisé une conjuration sérieuse contre le système national-socialiste, le seul à avoir été à la fois le cerveau qui conçoit et la main qui frappe, le seul qui aurait pu changer le visage de la guerre. Alors, pourquoi ce silence ? Parce qu'il n'attire pas spontanément la sympathie. Conservateur, aristocrate, militaire, chrétien, misogyne, Claus von Stauffenberg n'est pas taillé dans le bois dont le siècle aime faire des héros.
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"Si vous voulez un discours, appelez un homme. Si vous voulez de l'action, appelez une femme."
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Un jour que le président Giscard d'Estaing se trouvait à Londres, il lui fit remarquer qu'il y avait quelque ironie pour l'amitié franco-anglaise de voir côte à côte les portraits de Nelson, le vainqueur de Trafalgar, et celui de Wellington, le vainqueur de Waterloo, Margaret qui le détestait cordialement lui répondit qu'"il n'était pas moins ironique pour elle d'avoir sous les yeux des portraits de Napoléon lors de ses visites à Paris". Combative, comme d'habitude, elle ajoute :"Le parallèle ne tient pas. Napoléon a perdu."
Lors d'une visite à l'Elysée, le labrador présidentiel fit irruption dans la pièce et s'empara du sac à main de Margaret. Un peu gêné, le président trouva pour excuse que l'effronté quadrupède était un cadeau de sa Reine. Nullement gênée par les usages diplomatiques, elle répondit que "si le chien était anglais, il avait reçu une éducation française"...
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En novembre 1973, les mineurs lancent le boycott des heures supplémentaires qui signifient concrètement une baisse de 25% de la production électrique. Le 13 novembre l'état d'urgence est proclamé. Le 13 décembre, Edouard Heath annonce l'introduction de la semaine de trois jours. Triste Grande Bretagne ! Pauvre Londres ! On se croirait revenu en temps de guerre. Black-out, coupures d'électricité. Le smog hante les rues de la capitale. La nuit, les ruelles de Dickens sont de retour : brouillard, pavés humides, rues sombres. Le gouvernement envisage d'émettre des bons de rationnement. Au cabinet, Margaret pousse à la résistance. A cette occasion, elle fait une expérience qu'elle n'oubliera pas, la lâcheté des élites, toujours prêtes à en découdre avant l'épreuve décisive, toujours prêtes à transiger quand se profile l'épreuve de force.
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En France, on a souvent coutume de considérer l'écrivain Jonathan Coe comme le plus talentueux pourfendeur des maux de la société thatchérienne. Le Testament à l'anglaise vient sur toutes les lèvres. L'auteur y décrit à la fois les turpitudes de l'upper class et les tourments d'un écrivain mercenaire dont la compagne finit par mourir, faute de soins en raison des listes d'attente dans les hôpitaux. Mais quelles que soient les qualités du roman, c'est une oeuvre de fiction qui ne dessine nullement une image fidèle de l'Angleterre sous Margaret. D'abord, si les problèmes du NHS sont évidents, il serait malhonnête de les mettre à son débit. Elle a hérité d'une situation calamiteuse. Mais il est évident que sous la plume d'un habile romancier, il n' y a pas mieux pour faire pleurer Margot...
En revanche, là où le livre se trompe complètement, c'est lorsqu'il présente le royaume thatchérien comme celui des patriciens de bonne souche et des aristocrates de vieille race. C'est tout le contraire. C'est pour cela qu'au parti conservateur, elle croisera le fer avec les "old good fellows", contre la camarilla des vieux étoniens ou la coterie des élégants d'Oxbridge. Même si c'est d'une manière un peu précipitée à son goût, elle s'attachera à ce que son successeur soit d'origine modeste. John Major vient de l'Angleterre d'en bas. Au culte de la naissance, elle entend que succède celui du mérite et du travail.
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Pour un simple visiteur, entrer à Westminster est déjà un choc. C'est à la fois Reims et Saint-Denis, l'autel du Sacre et la Nécropole des Rois, le Panthéon, l'Assemblée nationale et le Sénat. On est saisi par la majesté des lieux, par leur unité aussi...on dirait une cathédrale dédiée à la gloire d'Albion. Les rois s'y marient, s'y font couronner, y dorment du sommeil de la terre. Poètes ou hommes d'état, tombes et cénotaphes mêlés, les ombres des Grands Hommes les veillent. Milton, Disraeli, Shakespeare, Gladstone, James ou Byron, ils sont plusieurs centaines, comme autant de frères aînés à marquer la singularité de la Via Britannica. C'est là aussi que siègent la Chambre des Communes et la Chambre des Lords, le Parlement, cette promesse de liberté donnée au monde bien des siècles avant la Révolution française. C'est là qu'a pris forme un modèle politique admiré par Voltaire, vanté par Montesquieu, loué par Tocqueville, imité partout, égalé nulle part : le modèle de Westminster.
Pour un parlementaire, c'est plus impressionnant encore. C'est un labyrinthe de salles, de bureaux, de couloirs; on recense plus de mille pièces. On imagine le choc pour une jeune femme de 34 ans.
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Mais, avant tout, elle était méthodiste. On ne comprend rien à Margaret Thatcher si l'on ne saisit pas l'essence du méthodisme dans lequel elle a baigné.
La "parabole des talents" est la pierre angulaire des méthodistes. Donner le meilleur de soi-même, le meilleur des talents reçus de Dieu, est la plus belle manière de lui rendre hommage et d'assurer son salut personnel. La parabole des talents est une méthode. Elle impose une morale exigeante, mais aussi, à la lire littéralement, une obligation de travailler dur pour acquérir davantage, un devoir de corriger l'autre lorsqu'il se trompe et de l'aider, mais seulement s'il le mérite. De l'exigence morale à l'intolérance, le pas est vite franchi. Quant à la charité, quand elle est subordonnée au mérite de celui qui reçoit, il est permis de se demander s'il s'agit encore de charité. Certaines mauvaises langues ont pu avancer que le méthodisme, c'était "le ciel au Bon Dieu et la terre aux banquiers". Sociologiquement, c'est en tout cas "la religion des marchands prospères et des riches fermiers" selon le mot de Peter Jenkins.
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Le poison de l'antisémitisme était totalement absent de la famille Roberts. A leur manière, ils furent même des "justes". Sa soeur Muriel avait une correspondante autrichienne, Edith, la fille d'un banquier juif de Vienne. Sentant le péril, il avait demandé à Alfred d'accueillir sa fille jusqu'à ce que lui-même eût mis ses affaires en ordre. Il ne put jamais rejoindre l'Angleterre. Mais Edith fut sauvée, accueillie dans la maison de Southwort Road, puis dans d'autres demeures amies du Rotary. Le nazisme prenait un visage concret. Edith avait amené à Grantham ses souvenirs de rafles, de pogroms et d'étoiles jaunes. Margaret en garda un souvenir bouleversé. Elle se rappela surtout des images : Edith interdite de monter dans le tramway parce qu'elle était juive, Edith obligée de nettoyer les rues de Vienne sous les quolibets des passants parce qu'elle était juive, Edith orpheline parce qu'elle était juive.
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Entamons donc ce voyage. Il est sans fioritures. Le lecteur n'y retrouvera ni l'élégance piquante du monde de James Ivory, ni la rudesse sympathique de celui de Ken Loach. Mais il assistera au triomphe d'une volonté pour qui "labor improbus omnia vincit". Il suivra une vie qui ressemble à un roman et une réforme qui ressemble à un miracle.
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Les "généreuses" idées soixante-huitardes se sont parfois trouvées repeintes aux couleurs rouge sang de la tragédie. (...) L'analyse marxiste a développé toute une théorie de la "violence d'Etat" (...) : sélection à l'Université, violence d'Etat ; la pauvreté, violence sociale ; la concurrence, violence encore. Si tout est violence, si l'Etat est oppresseur par nature, alors tout est permis. (...) Dans leur extravagante saga sanguinaire, les Brigades rouges, la Bande à Badeer ou encore Action directe n'ont fait que pousser à l'absurde cette rhétorique-là.
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Sur la question de l'histoire, le ton monte. Les historiens présents dans la commission rêvent d'introduire dans les études secondaires, l'héritage de l'Ecole des Annales, le temps long, l'analyse critique des textes, les grands flux économiques, les notions de structure et de superstructure...autant de notions passionnantes à l'université, mais certainement pas pour des jeunes béjaunes de moins de seize ans. Elle est stupéfaite de tant d'aveuglement. En plus, la commission présente l'agaçante manie d'aimer tout ce qui n'est pas britannique, surtout si les Britanniques n'y jouent pas le beau rôle. Margaret ne veut en aucun cas que l'école anglaise soit celle de la repentance. L'histoire doit être la fondation qui cimente la nation, pas la critique qui la dissout. Dans une note incendiaire à John MacGregor, elle l'invite à ramener "son gang de savants" à la raison. Elle finit par avoir gain de cause. L'actuel National Curriculum est largement son oeuvre.
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Elle s'était juré de mettre les professeurs au pas; c'est elle qui a été remise au pas, broyée par le système, dévorée par le Mammouth...Avec une honnêteté assez remarquable, elle dresse un bilan sans complaisance de ses années (1970-1974) à Curzon Street. Le livre blanc, "c'était typique des plans démesurés de ces années dépensières (...) Avec le recul, je m'aperçois qu'il marquait le point culminant des tentatives de l'Etat pour surmonter les problèmes éducatifs du pays en engloutissant toujours plus d'argent dans le système." Les innovations pédagogiques qu'il avait été impossible d'empêcher, c'était une erreur car "toute éducation digne de ce nom implique l'enseignement d'un savoir, des exercices de mémorisation et l'aptitude à mettre en pratique ce que l'on apprend...Dans la frénésie d'abstraction qui dominait alors, ces évidences avaient été oubliées...par des pédagogues qui pensaient que la meilleure manière d'apprendre...réside dans la découverte par soi-même."
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Avec ses proches, les relations sont chaleureuses. Nombreux sont ceux qui se souviennent de l'avoir vu préparer elle-même le café dans les salles de réunion, ou même des oeufs brouillés dans les cuisines du ministère lorsque les réunions se prolongeaient tard dans la nuit. Elle se souvenait des goûts de chacun et ne jugeait pas utile de déranger le personnel. Scrumbled egg pour les uns, boiled egg pour les autres, sa mémoire ne la mettait jamais en défaut. Elle était "maternelle", "attentive", "humaine" à l'égard de ceux qui la servaient loyalement. On était de son clan ou on en était pas. Mais quand on en était, il y avait de la mère poule à l'égard de sa couvée. Elle soutenait, réconfortait et poussait. Le pouvoir était pour elle une passion, un service, un idéal, pas une course aux privilèges. La simplicité était sa manière. Rien à voir avec une élite anglaise qui faisait des fastes de la monarchie le prolongement de ses plafonds blasonnés ou avec une élite française qui ronronne de contentement sous les ors de la République, sur les tapis de la Savonnerie hérités de l'Ancien Régime.
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Le "Maiden Speech" (discours de jeune fille) est une institution typiquement britannique. A chaque session parlementaire, les noms de cinq ou six nouveaux élus sont tirés au sort dans un chapeau pour présenter une proposition de loi de leur cru. Autant dire que nombreux sont ceux qui n'interviennent qu'en fin de législature, voire jamais, en cas de dissolution anticipée. La chance, cette alliée indispensable de tout grand destin, est au rendez-vous de Margaret. Son nom sort en deuxième.
Lorsqu'elle s'avance le 5 février 1960 pour prendre la parole, elle sait qu'elle joue son va-tout. Impeccablement vêtue de bleu acier, pendant vingt-sept minutes, sans jamais consulter ses notes, elle débite un texte à la fois lyrique et précis, appuyé par un feu roulant de faits et de chiffres. Elle rappelle que l'Angleterre et le pays de Galles dépensent chaque année plus de 1,4 milliards de livres versées par le budget de l'Etat, cite des anecdotes - les conseils municipaux transformés en officines occultes du parti travailliste ou des syndicats - rappelle de saints principes qu'elle appuie du poing et de la voix : "Nous avons le droit de savoir comment notre argent est dépensé."
Quand elle se rassoit, la Chambre sait qu'un nouvel orateur est né. Elle a réussi là où Disraéli avait échoué en se ridiculisant lors de son Maiden Speech. La loi est adoptée par 152 voix contre 39. La presse est unanime : "Un triomphe" titre le Daily Telegraph, "Une nouvelle étoile est née" proclame le Daily Express, "La gloire et Margaret ont fait amies hier" s'enthousiasme le Sunday Telegraph.
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Le soir à la veillée, elle évoque souvent avec son père les lectures du moment. Par exemple, un livre de John Strachey, paru en 1932, La Prochaine Lutte pour le pouvoir, qui fait alors fureur. Il prédit la fin du capitalisme et l'avènement du socialisme. Alfred lui démontre aisément qu'il n'en est rien. La boutique va-t-elle plus mal ? Non. Ne rend-elle pas de grands services ? Si. Les petites gens s'en plaignent-elles ? Non. Travaillerait-on aussi dur, si c'était pour l'Etat ? Non. Donc travail, prospérité et capitalisme vont de pair. Paresse, déclin et socialisme de même. Un peu court sans doute. Mais efficace : les convictions de Margaret sont forgées pour la vie.
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En France, Margaret Thatcher est un mythe. Vue de droite, elle est le parangon de toutes les vertus, la "Dame de fer" qui a su rendre son pays au marché, tordre le cou aux syndicats et redonner des couleurs à un Union Jack passablement délavé. Vue de gauche, c'est bien évidemment l'inverse. Elle focalise sur sa personne toutes les angoisses et toutes les hostilités possibles. Pour mesurer la haine qu'elle suscite, il suffit de se rappeler la violence de la chanson de Renaud, Miss Maggie, qui tournait en boucle sur toutes les radios en 1985 :
Les assassins sont tous des frères
Pas une femme pour rivaliser
A part peut-être Madame Thatcher
(...)
Moi je me changerai en chien
Si je peux rester sur la Terre
Et comme réverbère quotidien
Je m'offrirai Madame Thatcher
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La richesse permet l'épargne (...) nécessairement vouée à l'investissement direct par l'intermédiation bancaire. Dans tous les cas, elle contribue à l'amélioration des outils de production et donc de l'offre de produits ou de services eux-mêmes créateurs d'emplois.
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