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Citations de Jean Lartéguy (104)


- On a dit que le Liban était une terre promise, soupira Farouk.
- Oui, dit Stan, mais hélas promise à trop de monde.
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La reconnaissance est un sentiment tiède qui se dissout comme le sucre dans le thé. L'amour, tant qu'il dure, est violent, exclusif, capable de tous les sacrifices.
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Si un Libanais, obligé de quitter son pays, se lance dans les affaires, il ira aux Etats-Unis, jouer en bourse à Londres, garer ses fonds, à Genève. En revanche, s'il souhaite se distraire, se reposer, attendre, il restera à Paris.
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-Et vous, capitaine, qu'en pensez-vous?
-Je ne fais qu'un intérim à l'état-major. Dans un mois, je retrouverai ma compagnie méhariste, qui nomadise dans le Hoggar. J'avoue ne rien comprendre à tous ces événements. Dans un mois, mon commandant, sur mon méhari, guidé par les étoiles, je descendrai avec mes Chaomba jusqu'à la boucle du Niger.
-Votre voyage dure longtemps?
-Quatre, cinq mois, peut-être plus.
-Que faites-vous de vos nuits?
-Je rêve et je prie. Un homme qui ne sait pas rêver et qui ne croit pas en Dieu ne peut vivre au Sahara. Je veux parler, bien sûr, du Sahara que je connais et que j'aime. Ce n'est pas le même que celui des pétroliers.
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-Un instant, dit Urbain Donnadieu.
Il leva le doigt en l'air.
-Écoutez.
Par la fenêtre ouverte sur la nuit, ils entendirent les trois notes du crapaud. Irène et Philippe ne comprirent pas que, pour le vieil homme, ce champ flûté, limité à trois notes, signifiait que toute action, même si elle prolongeait un grand rêve, se limitait à la durée de la vie de celui qui l'accomplissait, que l'histoire, comme le sable, avait bu les rêves et le sang de millions d'hommes sans en être fécondée, et qu'en fin de compte ce petit cri harmonieux avait autant d'importance que les convulsions des peuples, l'écroulement des empires et la fin des civilisations.
Mais ce sont là des réflexions qui ne viennent qu'avec le raidissement des muscles, l'épaississement du sang et la fin des désirs, quand l'homme, se préparant inconsciemment à la mort, s'efforce d'enlever à sa disparition toute son horreur tragique.
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-L'Algérie? mais ça va tout de suite se terminer.
-Non, ce n'est pas possible ou alors je n'ai rien compris depuis que je fais la guerre. Avez-vous remarqué que dans l'histoire militaire jamais une armée régulière n'a pu venir à bout d'une guérilla bien montée? Si on utilise l'armée régulière en Algérie, on ne peut qu'aboutir à un échec. Je voudrais que la France ait deux armées: une pour la frime avec de beaux canons, des chars, des petits soldats, des fanfares, des états-majors, des généraux distingués et un peu gâteaux, avec de gentils petits officiers d'ordonnance précautionneux qui s'intéresseraient avec ferveur au petit pipi de leur général et aux hémorroïdes de leur colonel: une armée qu'on montrerait pour cent sous sur tous les champs de foire.
L'autre serait sérieuse, composée uniquement de jeunes sur-entraînés et qui en veulent, habillés de tenues camouflées que l'on ne verrait pas dans les villes mais auxquel on demanderait sans cesse un effort impossible, auxquel on apprendrait toutes sortes de trucs. C'est dans cette armée la que je veux me battre.
-Toi, tu vas avoir des ennuis.
-C'est bien possible, mais au moins je les aurai cherchés: et même, je vais me mettre tout de suite à les chercher.
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-Ce n'est pas un homme qui a tué l'Arabe, c'est la foule. La foule est une drôle de bête qui tape sur n'importe quoi et ensuite ne se rappelle plus rien; elle a le goût du meurtre, de l'incendie et du pillage. L'homme qui a cogné est peut-être un brave gars qui aime sa mère et soigne ses chats. Je pratique la foule depuis longtemps...Laisse tomber...et viens te laver les mains.
-Je hais la bête, je voudrais tirer dedans...
-Tout le monde hait la foule, tout le monde en fait partie.
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-Tu veux une pipe d'opium?
-Non.
-L'opium est pourtant le vice des témoins.
Armand Boisfeuras tira sur la pipe. La boulette grésilla, se gonfla et le vieux taïpan rejeta la fumée.
-Tu n'as pas envie de te reposer? Il y a une semaine que ta chambre t'attend.
-Non.
-Alors ?
-L'Asie est perdue; les communistes ont importé là-bas des méthodes efficaces et valables. Ils ont transformé la Chine et le Nord-Vietnam en une immense fourmilière parfaitement organisée, parfaitement inhumaine. Ça tiendra un bout de temps...
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On trouve des tambours de bronze au Laos, en Birmanie ou au Tonkin, partout où vivent encore les peuples qui les premiers ont habité le Sud-Est asiatique comme les Moïs ou les Khas, les Karens et les Kachins. Ce sont grands chaudrons qui produisent quand on les frappe un roulement semblable à celui du tonnerre. Le plateau de ces tambours est orné au centre d’une étoile, et, sur le pourtour, de grenouilles qui s’accouplent.
Selon la légende, le général Ma Yuan qui vivait au ſer siècle de l’ère chrétienne, sous la dynastie des Han, avait été chargé de défendre les marches du sud de la Chine. Mais comme on ne lui avait pas donné de soldats, il avait eu l’idée d’installer des tambours de bronze dans toutes les cascades proches des lieux où vivaient les peuples crédules des montagnes. L’eau tombant sur ces tambours faisait résonner si fort le métal que les montagnards croyaient entendre les armées innombrables du Fils du ciel. Ils restèrent pendant de longues années sur leurs crêtes sans oser descendre dans les vallées.
Tous ceux qui ont vécu au Laos trouvent dans cette légende la clef des événements incompréhensibles qui s’y sont déroulés récemment. Vingt siècles après le général Ma Yuan, les communistes chinois et vietnamiens ont installé des tambours de bronze dans toutes les cascades du Laos pour y attirer cette fois les Blancs, ces barbares crédules et courageux. Ils ont fait croire aux Français, puis aux Américains, qu’ils allaient conquérir ce pays. Ils ont multiplié du nord au sud des incidents sans importance, des combats qui ne faisaient que quelques blessés. Ils ont pris des villages que personne ne songeait à défendre. A grand fracas, ils ont monté un mouvement procommuniste : le Pathet Lao, qui tenait son existence de leur seul appui. Chaque fois que trois soldats laotiens prenaient la poudre d’escampette, les journaux du monde entier annonçaient qu’ils avaient à leurs trousses un régiment vietminh ou une division chinoise .
Obsédés par les roulements des tambours, les Blancs se sont portés au secours du Laos pour combattre une armée qui n’existait pas. Ils se sont épuisés à la chercher. Ayant ainsi détourné leur attention, les communistes, travaillant en secret dans leurs sapes, sécrétant ces sucs qui dissolvent toutes les résistances, ont pu ronger le Sud-Vietnam, le Cambodge, la Birmanie, l’Indonésie, la Malaisie, Singapour…
(Les tambours de bronze)
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"Ces collines sont très belles, fascinantes au point d'être une raison de mourir. Mais j'aimerais que vous en reveniez..."
Ils se quittèrent, chacun allant de son côté voir comment s'installaient les sections.
Dimitriev remuait dans sa tête cette phrase du capitaine: "Fascinantes au point d'être une raison de mourir..."
Il pressentait le secret de Lirelou: quelque chose en lui avait brûlé, dont il restait des cendres et des traces, des cendres encore chaudes et des marques brûlantes.
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Chao Khung se servit un grand verre de choum, regrettant le cognac. A Luang-Prabang, à la cour du bon roi Savang, il lui arrivait certains soirs d'en descendre une bouteille, à l'admiration du souverain qui, lui, ne marchait qu'au Pernod. Très peu coupé d'eau, il est vrai. « Reste fidèle aux français lui avait conseillé le roi. Ce sont les moins mauvais de tous les Blancs parcequ'ils veulent être aimés, qu'ils sont un très vieux peuple, qu'ils ont comme nous le goût des filles, des bons alcools et des longues siestes ». (p. 182)
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-Le lieutenant Rebuffal, dit Lirelou, m'a cité un jour une de ces petites poésies japonaises de trois à quatre vers...
-Un haï-Kaï, précisa Lexton.
-La nuit
En face d'une armée immense
Dans leur trou
Deux hommes.
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Jamais l'argent ne les intéresse, rarement la gloire, et ils ne se soucient que fort peu de l'opinion de leurs contemporains. C'est en cela qu'ils diffèrent des autres hommes.
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A ma connaissance aucun mercenaire ne répond plus à la définition qu’en donne le Larousse « Soldat, qui sert à prix d’argent un gouvernement étranger. »
Les mercenaires que j’ai rencontrés et dont parfois j’ai partagé la vie combattent de vingt å trente ans pour refaire le monde. Jusqu’à quarante ans, ils se battent pour leurs rêves et cette image d’eux-mêmes qu’ils se sont inventée. Puis, s’ils ne se font pas tuer, ils se résignent à vivre comme tout le monde – mais mal, car ils ne touchent pas de retraite _ et ils meurent dans leur lit d’une congestion ou d’une cirrhose du foie.
Jamais l’argent ne les intéresse, rarement la gloire, et ils ne se soucient que fort peu de l’opinion de leurs contemporains. C’est en cela qu’ils différent des autres hommes.
(Les mercenaires)

J’ai bien connu les centurions des guerres d’Indochine et d’Algérie.Un temps je fus des leurs, puis, journaliste, je devins leur témoin, parfois leur confident.
Je me sentirai toujours lié à ces hommes, même s’il mare un jour de n’être plus d’accord sur la voie qu’ils choisiront de suivre, mais je ne me sens nullement tenu à donner d’eux une image conventionnelle et embellie.
( Les centurions)

Les Prétoriens, comme les Centurions auquel il fait suite, est un roman et les personnages en sont imaginaires, bien qu’ils évoluent au milieu d’événements parfois réels. Que l’on n’y cherche pas des secrets d’État : sur notre vieux ponton il n’en existe plus, les rats les ont dévorés.
(Les prétoriens)


Ce roman est l’histoire de deux villes qui n’existent plus : Hanoï et Saigon. Il y a bien dans le delta du Tonkin une ville qui porte encore le nom d’Hanoi, comme dans le delta de Cochinchine une autre qui s’appelle toujours Saigon. L’une est la capitale d’une république autoritaire et bureaucratique, l’autre d’un État papelard et anachronique.
Elles sont prudes, hypocrites et si leurs parcs sont ratissés et leurs bâtiments repeints, elles n’ont plus rien à voir avec les deux villes métisses qui, nées de l’union des Blancs et des Jaunes, moururent de leur divorce,
C’étaient deux belles métisses infidèles et tendres, cruelles et sensuelles, paresseuses, violentes, impudiques et secrètes.
Ceux qui les aimèrent – et ils furent nombreux – contractèrent auprès d’elles un mal dont ils n’arrivent point à se guérir : le Mal Jaune : une sorte de nostalgie qui devient poussée de fièvre certains soirs de cafard, certains jours d’abandon. (Le mal jaune)
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Ce sont les enfants ou des hommes restés longtemps enfants, qui conquièrent les royaumes et vivent les grandes aventures. Puis les vieillards viennent expliquer comment ils s'y sont pris.
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Boisfeuras s'approcha de Glatigny, toujours accroupi près du cadavre.
-Sept promotions de Saint-Cyriens détruites en Indochine. C'est un peu trop, Glatigny, quand le résultat est une défaite. Il sera difficile de nous remettre de cette saignée.
-Un gosse de vingt ans, une espérance et un enthousiasme de vingt ans sont morts, dit Glatigny. C'est un sacré capital qui vient d'être dilapidé et que l'on ne renouvelle pas facilement. Qu'en pensent-ils à Paris?
-C'est l'heure où l'on sort du théâtre.
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De la Birmanie, je ne vous dirai rien que vous ne sachiez déjà, qu'elle mérite bien son surnom : le »pays du grand bond en arrière ». Au temps des Anglais, son revenu était le plus haut de tout le Sud-Est asiatique, aujourd'hui il est le plus bas de toute l'Asie, Inde comprise, malgré des ressources immenses et systématiquement inexploitées. (p. 17)
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-Cette patrouille ne vous ennuie pas?
-Non. Si je n'avais pas été désigné, je me serais porté volontaire.
-Les grades? Les décorations? La difficulté? Le danger?
-Non. Cette montagne, toubib, toute blanche dans la nuit, et ce long cheminement dans la vallée plein de broussailles; les branches qui vous giflent, les racines qui vous prennent les pieds, les cailloux sur lesquels on trébuche...On ne voit plus la montagne, mais l'on sait qu'elle se trouve là. Elle est le but, la raison de tout l'effort. Je n'arrive pas très bien à vous expliquer...C'est confus, mais j'ai le sentiment que cette patrouille a pour moi beaucoup d'importance, qu'elle me permettra de découvrir une chose qui m'est essentielle, dont j'ai toujours eu besoin.
Martin-Jamet compris alors que le lieutenant ne reviendrait pas de cette patrouille.
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Le rideau vient de tomber sur Saïgon et sur vingt-cinq ans de ma vie. J'y débarquais pour la première fois en 1950. J'avais fait la traversée à bord de la Marseillaise, un beau paquebot tout blanc où, jeunes officiers promis à la mort, nous claquions nos soldes dans le bar des premières classes pour attirer l'attention des belles Eurasiennes, des femmes de planteurs ou de fonctionnaires qui s'en allaient rejoindre leurs maris dans ce paradis exotique.
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Toutes les révolutions finissent dans les casernes, même si elles commencent ailleurs.
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