Le romancier Philippe Djian, adapté de nombreuses fois au cinéma (notamment dans "37°2 le matin" de Jean-Jacques Beineix, "Impardonnables" d'André Téchiné, "Elle" de Paul Verhoeven), publie un nouveau roman, "Sans compter". Un polar qui ne dit pas son nom et s'approche par moment du fantastique. Il est l'invité d'Olivia Gesbert.
#litterature #polar #cinema
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Le cinéma occupe une place singulière dans l'industrie, celle d'une économie de prototypes. Autrefois un solide pifomètre, une bonne dose d'expérience et la place privilégiée du cinéma comme divertissement familial laissaient une certaine marge d'erreur et de folie aux créateurs et aux producteurs. Depuis l'arrivée de la télévision, l'éclosion des technologies nouvelles et des groupes intégrés, le modèle industriel prévaut de plus en plus. On assiste à une rationalisation des modes de fabrication du domaine audiovisuel, le cinéma n'en étant plus qu'une branche. Ainsi, on a assisté à l'apparition d'une tendance lourde au management. On a vu débarquer des contrôleurs de gestion, des comptabilités analytiques, et toute une batterie d'économies d'échelle et de standards de financement : bref, l'industrie a soufflé dans les bronches du petit peuple des artistes.
Depuis qu'elle l'avait largué sur son bord de trottoir, au fils des jours, il sentait son chagrin se creuser comme une mer de tempête. Une mer grise, rageuse, avec des rafales qui forcissaient. Une pensée cognait dans sa tête avec la régularité des déferlantes sur la coque d'un bateau en perdition.
Même s'il savait que son amour meurtri allait voyager en clandestin dans ses bagages, mieux valait encore la mer de Libye, elle emporterait peut-être un peu de sa douleur au large.
Des petits cailloux, jalons précieux d'une suite ininterrompue de minuscules riens, de gestes, de pensées, de secrets, de désirs mêlés qui fabriquaient une vie d'amoureux.
Mentalement, il faisait tourner le présentoir des instants, comme des touristes croissent des cartes postales.