Jean-Charles Kraehn

Enlaidi is not Tramp



L'occasion est trop belle avec le tome 10 dont la voile (c'est une image, Kraehn privilégie plutôt les mazout) se profile à l'horizon, de revenir sur cette série en s'arrêtant sur ce volume qui clôt le 3ème cycle dit asiatique.



Un petit retour en arrière s'impose.

Dans le 1er cycle, on découvre Yann Calec, jeune officier de marine, aux commandes d'un cargo poubelle dont la vocation finale est de finir par le fond, dans le cadre d'une arnaque à l'assurance. La découverte de la vérité lui vaudra beaucoup d'ennuis dont un séjour au bagne, avant de bénéficier d'un happy end qu'on devine provisoire.



De fait, dès le 2ème cycle qui débute au tome 5, Calec retrouve son lot d'ennuis, sous le ciel africain cette fois.



Et nous arrivons au 3ème cycle qui nous intéresse aujourd'hui. Calec a été obligé d'accepter un emploi peu reluisant au Tonkin. Là bas, son histoire personnelle va croiser la grande Histoire.



Au niveau du scénario, cette série étant partie sur des bases élevées, je ne sais pas si on peut dire qu'elle a progressé dans le temps, mais une chose est sûre : si vous aimez la BD d'aventure, le roman policier, les personnages complexes, un certain romantisme, l'Histoire, les clins d'oeil aux plus grands (les policiers présentés ici en Dupont-d sadiques)...Tramp est fait pour vous.



Au niveau du dessin, le style de Jusseaume (contrairement à Gil St-André, Kraehn ne s'est pas mélangé les pinceaux) est d'une impeccable facture classique et colle parfaitement à l'esprit de ces histoires fifties.

Ce n'est pas la nouvelle école, mais nom de Clapton, ça fait du bien !



En plus, on trouve les 3 premiers cycles en intégrale. Franchement, c'est presque trop de bonheur !

Critique du troisième cycle des tomes 7 à 9.

Quel bonheur ces Tramp ! Ce que j’aime le plus ? Le dessin très réaliste et le cadre maritime.

Yan Calec, commandant de navire mercenaire, part en Indochine, pays où son père a laissé des traces. En parallèle, il recherchera le fils de son voisin, engagé. D’où le titre bien choisi du premier tome de ce cycle : Escale vers le passé. Bon scénario, belle intrique. J’aime le professionnalisme des auteurs qui nous apprennent des termes de marine. Il est également appréciable de savoir qu’une série est complète. Je laisse mariner (sans jeu de mot) le dernier tome que l’on m’a dit excellent. Je pense que je ne resterai pas longtemps sans craquer !

Après une mise en place du décor et de l’intrigue et un second volet revenant sur le passé du père de Yann et sur les horreurs de la guerre d’Indochine, ce troisième volet renoue avec l’action et prend les allures d’une course au trésor en pleine jungle. Cette partie « chasse au trésor » n’est cependant pas l’attrait principal de cette conclusion car l’intérêt principal de cette trilogie se situe au niveau des deux enquêtes parallèles menées par Yann Calec et au niveau du fond historique didactique développé par l’auteur et magnifiquement restitué par Patrick Jusseaume.



Après avoir exploité le passé du commandant Pierre-Yves Calec, Jean-Charles Kraehn lève le voile sur la mort de ce dernier et exploite pleinement les pistes du présent : celles de Ha Tu, la femme de Pierre-Yves Calec, et de Fabien Marchand, le fils du voisin de Yann, entré à la Légion Etrangère. Les deux enquêtes, celle du père et celle du fils du voisin, se rejoignent donc au fil des pages, permettant ainsi à l’auteur d’apporter une réponse à toutes les questions soulevées lors de ce cycle asiatique.



Encore un très bon cycle !

A la fin notes historiques et carte situant l'action toujours très intéressantes. Dessin classique, les couleurs lavées et chaudes accentuent l'ambiance. Je reste mitigé sur l'histoire et son suspens mais intéressant et à lire, je pense, lorsque l'on veut découvrir la BD (comme moi)

Suite et fin du cycle asiatique, qui nous conduit sur les traces du père de Calec et le trésor du Tonkin. J'aime beaucoup les dessins qui nous plongent dans les paysages des différentes régions du Vietnam. Les références aux personnages d'Hergé sont marrantes. Cependant, j'ai trouvé le dénouement un peu long.