A la récréation je remarquai, fendant la foule des élèves qui se pressaient dans le couloir central, la haute stature d'un homme de trente-cinq ans au regard clair derrière ses lunettes, incisif, impérieux, au profil d'aigle, avec un grand front, des cheveux bruns plutôt longs, vêtu d'un blazer bleu marine à boutons dorés, d'une cravate club et de pantalons de flanelle sombre. Son air artiste me laissait penser qu'il était notre professeur de dessin, mais j'entendis un condisciple qui murmurait à un autre que c'était monsieur Leroy, le professeur de français.
Les paroles DE JÉSUS À THOMAS
Lorsque vous ferez de deux un et que vous ferez l’intérieur comme l’extérieur et l’extérieur comme l’intérieur, et ce qui est en haut comme ce qui est en bas, et lorsque vous ferez, l’homme avec la femme, une seule chose, en sorte que l’homme ne soit plus homme et la femme ne soit plus femme, lorsque vous ferez des yeux au lieu d’un œil, et une main au lieu d’une main, et un pied au lieu d’un pied, une image au lieu d’une image, alors vous entrerez dans le Royaume.
Ces paroles que l’Évangile selon Thomas attribue à Jésus veulent signifier l’aboutissement de la quête intérieure de l’homme qui, dépassant toute dualité liée à sa condition terrestre, s’abîme dans l’Unité des origines par l’expérience mystique de la coïncidence des opposés.
(Évangile selon Thomas, logion 22, En Quête de la gnose (vol. II), H.-Ch. Puech, Gallimard, p. 15).