The Enforcer (La femme à abattre) (1951)
« Si tu crois que tu peux t'en tirer comme ça, t'es cinglé ! crie le district attorney avec passion. Tu timagines que tu peux neutraliser les gens en les tuant ? Tu te trompes ! Les morts parlent. Peut-être pas devant la Cour, mais à toi, ils te parleront, Mendoza. La nuit, quand tu chercheras le sommeil ! »
Rico a glissé de la corniche,il est suspendu dans le vide, la main fermée sur l'autre main, doigts entrelacés, neuf étages au-dessus du sol. Nelson s'agrippe à Ferguson.Le corps de son chef, il le sent, est entrainé lentement, imperceptiblement, vers le gouffre.
C'est alors que le cri éclate. Le cri de Rico qui a lâché et qui tombe. Le cri de douleur inhumaine. Il perce la nuit, se prolonge, décroit, décroit toujours - comme la plainte d'un damné aspiré par l'enfer.
Puis, c'est le silence, absolu, prodigieux.
- Foutu, le Rico, murmura Nelson, pour lui-même, sur le mode incrédule. Foutu, le Rico...
Bientôt deux heures du matin. La ville dort… La ville, avec ses hauts buildings compacts et blancs, profilés vaguement sur le ciel nocturne… La ville avec ses rues vides, si vide que le seul bourdonnement d'une voiture attardée y éveille un écho brutal… La ville, avec ses enseignes clignotantes, rouges et blanches, racoleuses de fantômes… Jungle de pierre, créée par l'homme, désertée en cette heure par l'homme…. Décor monté, semble-t-il, pour quelque vision de cauchemar….
1957 pour la traduction française.
Voilà donc un consortium de tueurs opérant sur une échelle assez vaste pour se réserver les services exclusifs d'un croque-mort!
Une entreprise diabolique!
Ferguson ne put réprimer un frisson.On lui avait déjà parlé de lieu qui puent le maléfice,de ces lieux où même les brindilles et les cailloux semblent porter le souvenir de quelque récent et noir forfait. « Les terres maudîtes «, comme on les appelle...Pour la première fois de sa vie Ferguson, se trouvait au cœur même d’un tel site.
Au fond le journalisme , qu’était-ce ? Des kilomètres de papier, des océans d’encre , et tout ça pour quoi ? Pour satisfaire une curiosité vulgaire, pour occuper ces minutes vides qu’on est obligé de passer dans le métro, accroché à la poignée souple...Que devenait les journaux une fois lus?