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Critiques de James Cañon (71)
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Dans la ville des veuves intrépides

Colombie, années 90. Un petit village est pris d'assaut par les guerilleros qui viennent réquisitionner les hommes du village pour grossir leurs troupes.

Les femmes se retrouvent donc orphelines de maris, de fils, de pères... et doivent survivre, voire vivre !

Les débuts sont plus qu'anarchiques, pas d'organisation, un village en déperdition totale rythmé par le deuil puis... doucement, certaines de ces femmes vont vouloir reprendre les choses en main par sursaut d'orgueil et par amour pour leur village.

Et l'auteur nous emmène alors dans une fable teintée d'humour, d'émotion et de gravité...



Mon avis : L'auteur m'a baladée grâce à ce roman à travers tout un tas d'émotions qui ne semblent jamais être laissées au hasard.

On navigue entre le désespoir de ces femmes, victimes de la guerre à leur manière, l'humour poussé à son extrême [les femmes mettront en place un système de décompte du temps spécifiquement féminin et tout à fait loufoque... mais qui tient la route !], l'amour à tout prix, peu importe comment, peu importe avec qui...

je dirais que le mot d'ordre de cette histoire est "loufoque". Cependant, l'auteur maîtrise parfaitement son histoire de bout en bout et tout reste crédible.

Au-delà de l'histoire de ce village, le roman est ponctué de chroniques de combattants qu'ils soient guerilleros ou paramilitaires où l'on comprend qu'il n'y a pas d'ennemis, d'attaquants, juste des hommes qui veulent retrouver leurs femmes, leurs enfants, leur travail, leurs terres, et leur quotidien, peu importe qui gagne ou qui perd !

En bref, un joli conte drôle, émouvant, très bien écrit, très bien mené où je me suis laissée embarquée malgré la "loufoquerie" ambiante.
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Dans la ville des veuves intrépides

Je suis en train de le lire et j'avoue que je passe un excellent moment .

C'est assez long à lire tellement il y a de portraits plus truculents les uns que les autres.

Vivement ce soir pour retrouver ce village incroyable et la suite de la galerie de portraits ! !
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Dans la ville des veuves intrépides

Baroque, foisonnante, éblouissante de fantaisie, la chronique tragico-burlesque d’une bourgade perdue au fin fond de la Colombie. Un roman brillant, inventif, hilarant.

Depuis ce jour où les guérilleros ont débarqué et réquisitionné tous les hommes de la ville, Mariquita tombe en ruine. Seules, livrées à elles-mêmes, les femmes ne savent plus à quel saint se vouer.

Qu’à cela ne tienne. De ménagères soumises, d’épouses dociles, les femmes vont se transformer en leaders politiques de choc, instigatrices flamboyantes d’un nouvel ordre social.

Ainsi, les très moustachues soeurs Morales décident de remédier à leur condition de célibataires frustrées en créant un bordel ambulant ; Francisca, la veuve d’un grippe-sou notoire, mène la grande vie après avoir découvert le magot de son mari.

Et surtout, la ville de Mariquita peut compter sur la tenace Rosalba, la veuve du brigadier, auto-proclamée maire, et sur padre Rafael, seul rescapé de la gent masculine, qui n’hésite pas à se porter volontaire pour assurer la procréation de la nouvelle génération…
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Dans la ville des veuves intrépides

Roman agréable à lire, histoire légère mais qui ne m'a pas touchée
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Dans la ville des veuves intrépides

À Mariquita, petit village perdu de la Colombie, les hommes ont disparu un matin de 1992. Les guérilleros communistes sont venus et les ont emmenés. Désormais, le village ne compte que des veuves, des vraies et des veuves de fait, privées d’époux. « Son Mariquita chéri s’était mué en un village de veuves dans un pays d’hommes. » (p. 33) Le gouvernement n’entend pas les demandes répétées des femmes et le village tombe lentement dans l’oubli, comme effacé des cartes et du temps. D’hommes, il ne reste que le prêtre et un adolescent que sa mère a déguisé en fille pour le soustraire aux guérillos.



Après des années de déréliction, la veuve Rosalba décide de reprendre en main le village. La voici maire de la collectivité et bien décidée à rendre sa prospérité à Mariquita, à la force de ses bras et de ceux de ses compagnes. « Il n’existait rien de tel que le sexe faible. Les femmes étaient faites de chair et de sang, exactement comme les hommes. Une femme qui avait ses deux pieds plantés là où ils devaient l’être pouvait travailler comme un homme, ou même mieux. » (p. 68) Même si le manque d’hommes – le manque de l’homme – se fait cruellement ressentir, Mariquita relève la tête et reprend vie. La préoccupation première de Rosalba est de pérenniser l’espèce. C’est alors que le padre Rafael propose le noble sacrifice de sa personne pour repeupler le village. Mais cette tentative, comme celles qui suivront pour repeupler le village, est vouée à l’échec. Il y a comme une malédiction sur Mariquita : les hommes n’y reviendront qu’à une certaine condition…



Peu à peu, la notion du temps s’efface et personne ne sait plus le mesurer. Pour contrer ce lent effacement dans le temps, Rosalba met en place un calendrier parfaitement féminin qui sera la base du futur de Mariquita et de ses habitants. « Bien sûr que nous avons un avenir. Qu’il soit bon ou mauvais, c’est une autre affaire. » (p. 315) Finalement, le destin du village est lié à un accomplissement suprême, à une transformation totale pour atteindre un état à la fois autarcique et pacifié.



Chaque fin de chapitre est consacrée au portrait d’un homme, guérillero ou paramilitaire colombien. En matière de femme, je ne vous ai parlé que de Rosalba, mais vous serez aussi séduits par Orquidea, Gardenia, Magnolia, Emilia et leurs concitoyennes. Chacune d’elles se révèle loin de l’homme et de ses diktats. Il n’est pas question d’amazones et de féminisme brutal, mais d’une féminité qui prend toute la place, d’abord parce qu’elle y est contrainte, puis parce qu’elle embrasse à pleines paumes un destin sans les hommes.



James Canon se réclame de Gabriel Garcia Marquez et son roman n’est pas sans rappeler Cent ans de solitude et ses méandres familiaux et temporels. Mariquita est un village oublié qui arrache son autonomie et sa survie au néant et au désordre. Entre réalisme magique et féminisme loufoque, ce roman est drôle, grave et nourri d’intertextualité. Cette utopie de doux (douces ?) dingues n’est pas d’une originalité renversante, car elle rappelle trop de monuments littéraires sud-américains, mais elle offre un divertissement plaisant, où la cocasserie est férocement tendre et diablement féminine.

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Dans la ville des veuves intrépides

Un bijou ! Drôle, amusant et surprenant. Mais aussi une histoire qui ouvre à la réflexion.

À lire. Sans conteste !
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Dans la ville des veuves intrépides

Une très belle découverte. C'est un roman qui a beaucoup d'allant, on avance à cent à l'heure avec une écriture vive et alerte. Les personnages nous sont vite rendus sympathique.

Pour ma part j'ai bien apprécié les chapitres consacrés aux guérilleros bien que le lien avec l'histoire du village de Marquita ne soit pas vraiment évident. Ces passages ont fonctionné un peu comme une bouffée d'oxygène bien venue car plus j'avançais dans le roman plus l'absurdité de certain rebondissement et le repli sur soi des femmes de Marquita me donnait une impression étouffement.

J' ai trouvé que l'histoire qui par moment prend vraiment son temps pour se développer, faisait quelques fois de subit bon en avant. Cette disparition des hommes est une idée intéressante mais j'ai vraiment été gêné par les raccourcis que James Canon fait prendre à son intrigue, j'aurais préféré qu' il aille un peu moins loin dans son idée et développe plus certain changement.



Un roman qui m' a énormément fait pensé à ceux dans la même veine Arto Paasiilina, seule l'écriture change.

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Dans la ville des veuves intrépides

Cette histoire se passe à Mariquita, petite ville de Colombie. Alors que les hommes du village sont partis, recrutés par les guerilleros, les femmes peu à peu reprennent leur village en mains. Elles y créent un système de gouvernement communitaliste (j'aime bien ce mot !). C'est une histoire hors du temps, un peu utopique. Un essai de vie communautaire. Livre pas toujours facile à lire, des chapitres longs, mais on a envie d'aller jusqu'au bout. Bon ! Sans plus !
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Dans la ville des veuves intrépides

Un jour, les guérilleros sont venus dans le village de Mariquita perdu au fin fond de la Colombie, ils ont pris tous les hommes et depuis : "Son Mariquita chéri s’était mué en un village de veuves dans un pays d’hommes.".

Il ne reste que les femmes, quelques enfants et le prêtre : "Un village habité par des femmes courageuses vivant en autarcie, qui travaillaient la terre du lever au coucher du soleil, et qui ne baisseraient jamais les bras, pas même dans les situations les plus épouvantables. Un village laissé à l'écart par les maladies et les tragédies, oublié par la mort.".

Il va leur falloir apprendre à vivre dans cette nouvelle communauté, à s'organiser, à apprivoiser leurs pulsions sexuelles car forcément, cette absence d'hommes va finir par peser sur toutes ces femmes.

Ainsi, les soeurs Morales vont mettre en place un bordel ambulant tandis que les filles du bordel de Mariquita vont finir par déserter ce village, le prêtre va se proposer comme géniteur pour repeupler Mariquita et permettre à une nouvelle génération de voir le jour, pour qu'au final toutes ces femmes finissent par se découvrir des affinités entre elles, et tant pis pour la génération future de Mariquita.

Les femmes vont réfléchir sur les hommes et sur leurs rapports avec ces derniers : "Finalement, les douze jeunes filles en arrivèrent à la conclusion que Dieu leur avait donné deux yeux pour mieux regarder les hommes, deux oreilles pour mieux entendre ce que les hommes auraient à dire, deux bras pour les embrasser et deux jambes pour les enlacer mais un seul coeur à offrir. Les hommes, quant à eux, aimaient avec leurs testicules, et Dieu leur en avait donné deux.", devoir apprendre à composer, créer une nouvelle communauté avec de nouvelles règles.



Dans son récit fantaisiste, James Cañón repousse les limites du possible en proposant le quotidien sur plusieurs années de cette bourgade de Colombie.

Il donne vie à une communauté de femmes peuplée de caractères aussi divers que variés avec comme personnage moteur celui de Rosalba, auto-proclamée maire de Mariquita.

Des erreurs, elle va en commettre énormément, elle ne va presque d'ailleurs faire que ça, prendre de mauvaises décisions, faire des listes et des listes de priorités pour ne jamais rien commencer, se laisser manipuler par le prêtre.

Au final, c'est le personnage qui évolue le plus et qui apprend sans doute le plus de ses erreurs, même si dans une certaine mesure elle continue à se montrer tyrannique sur certains aspects.

Dans une forme de communisme, elle proposera à la communauté de mettre tous leurs biens en commun, que chacun travaille à la production de quelque chose, et dans l'esprit de la Révolution Française elle va imposer une nouvelle mesure du temps, un nouveau calendrier.

C'est le personnage qui représente l'aspect politique du livre.

A contrario, Julia est celui qui condense l'essentiel de la féminité.

Chaque femme, chaque portrait peint par l'auteur touchent le lecteur.

Elles ont toutes un petit quelque chose qui plaît, qui intéresse, qui amuse, il n'y a pas une histoire identique, il y a une multitude d'histoires qui finissent par se télescoper pour faire un tout.



L'autre aspect particulièrement développé par l'auteur, c'est le féminisme.

Il présente dans son histoire des femmes plus débrouillardes que les hommes, qui prennent des décisions, savent s'imposer et finissent par très bien se passer des hommes dans leur vie quotidienne, à commencer par le prêtre, véritable serpent tenté par la chair et qui finit par sombrer dans une folie meurtrière : "Mais votre Dieu n'habite pas dans ce village, padre [...] Il nous a lâchées, et vous êtes vraiment têtu pour continuer à croire en lui.".

Pourtant, il n'abandonne pas complètement les hommes puisque l'auteur ponctue chaque chapitre par le témoignage d'un homme, guérillero, militaire ou paramilitaire.

L'amour ne leur est pas non plus interdit, comme le démontre la très belle histoire entre Santiago et Pablo, sans doute celle qui m'a le plus émue.



Enfin, cette histoire s'illustre par un côté fantaisiste et c'est sans doute sur ce point que j'aurai quelques remarques à faire.

C'est un aspect que j'ai aimé mais je trouve que l'auteur aurait pu aller beaucoup plus loin dans cette fantaisie et qu'il s'est trop retenu, ce qui fait qu'au final je ne sais trop comment classer son roman.

Par exemple, lorsque les jeunes garçons atteignent l'âge du duel qui devra les départager entre celui qui choisira sa femme et ceux qui seront utilisés comme mâles reproducteurs ils se réveillent tous en croyant qu'ils sont en train de se transformer en femme : l'un a des seins, l'autre ses règles; au final, j'ai compris que ce n'était que le reflet de leurs peurs mais j'aurai préféré y voir une réelle audace de l'auteur, une vraie transformation en fille pour que ces garçons s'adaptent en quelque sorte à la nouvelle Mariquita, comme le personnage de Julia anciennement Julio.

Là, l'auteur se contente de le fantasmer et de passer assez vite à autre chose, comme s'il était peu sûr de lui sur un terrain inconnu.



Roman féministe, loufoque, avec des situations cocasses et des moments plus tristes, "Dans la ville des veuves intrépides" est un premier roman qui ne se démarque pas par une originalité hors du commun mais il y a tout de même quelque chose dans la plume de James Cañón qui interpelle le lecteur et ne le laisse pas insensible à cette histoire de femmes qui réinventent le temps et la vie du petit village de Mariquita en plein coeur de la Colombie.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Dans la ville des veuves intrépides

Un super moment de lecture. Une histoire originale écrite avec un humour décapant !
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Dans la ville des veuves intrépides

C'est un roman drôlement construit . C'est l'histoire de chacune des femmes de ce village mais séparément. Le village va devenir entièrement féminin et indépendant avec ses règles et ça va fonctionner. Ce qui est commun aux différents chapitres c'est la chronologie: on les suit individuellement à travers ces 16 années ou il n'y plus d'hommes dans le village. Et ceci, entrecoupé de petites " nouvelles" concernant des guerillos. A vrai dire j'ai plus aimé cet aspect du livre.
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Dans la ville des veuves intrépides

C'est un roman plein d'inventivité et de fantaisie (trop pour me plaire) qui aborde un sujet grave, mais le récit m'a fait penser à une juxtaposition de nouvelles plutôt qu'à un seul roman.
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Dans la ville des veuves intrépides

Je n'ai pas du tout accroché mais alors pas du tout. Le style d'écriture ne m'a pas plu et j'ai trouvé les personnages bizarres et pas attachants, bref un des très rares livres que je n'ai pas réussi à lire jusqu'au bout!
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Dans la ville des veuves intrépides

Un beau jour de 1992, des guerilleros de passage raflent tous les hommes de plus de 12 ans dans le petit village de Marquerita, en Colombie et tuent tous ceux qui refusent de partir avec eux. Depuis, le village vivote autour des femmes, des veuves pour la plupart, qui ont bien du mal à s'organiser. Mais peu à peu, une nouvelle société s'organise, ce qui ne se fait pas sans mal car les personnalités s'opposent...



Quelle chouette découverte que ce roman atypique ! Au départ, la survie de ce petit village semble franchement compromise après le départ des hommes et les petites histoires de chacune peinent à laisser croire qu'un avenir est possible. Mais finalement, après bien des déboires et des aventures assez rocambolesques, on entrevoit une lumière et on se prend à rêver à cette espèce d'utopie en pleine jungle. Le récit est entrecoupé de témoignages de soldats qui viennent ponctuer l'histoire, de manière souvent sordide et violente, comme pour rappeler la brutalité du monde, en dehors de cette oasis féminine dans la forêt. On rit souvent, on est parfois touché par une personnalité qui laisse filtrer une fêlure, bref, on passe un bon moment à la lecture de ce roman réjouissant et plein d'humanité.
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Dans la ville des veuves intrépides

Cette histoire se situe dans un village colombien, à notre époque. Il n'y vivent que des femmes, les hommes ayant été tués ou embrigadés de force par les guerilleros. Elles construisent leur société peu à peu, les hommes ayant disparu récemment semble-t-il. Chaque chapitre est séparé par une brève description d'une situation d'un guerillero ou d'un paramilitaire, englué dans la guerre et préocupé de sa survie. C'est un peu déjanté, drôle, cruel, peut-être un tout petit peu trop long.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Dans la ville des veuves intrépides

Lu pour Le Club des Lectrices. Nous voulions sortir un peu de nos lectures franco-anglo-américo-centrées, et nous avions donc pour consigne de proposer un roman africain ou latino-américain. Devant l’impossibilité de nous décider, ce roman a brusquement été proposé. Aucune de nous ne connaissait le titre ni l’auteur mais le sujet nous a intrigué. Rajoutez à cela qu’il était désigné comme le digne héritier de Gabriel Garcia Marquez et de Vargas Llosa, et hop c’était emballé !



Et j’avoue que je ne suis pas déçue … sans être un coup de cœur, ce texte est un beau moment de littérature …



Un beau jour de 1992, dans un petit village colombien, les guérilleros débarquent pour réclamer des armes et de la nourriture. Devant le manque de coopération des habitants, les soldats se radicalisent et embauchent tous les hommes de plus de 12 ans. Immédiatement, les femmes savent qu’elles ne les reverront pas et se mettent en deuil … Mais rapidement les problèmes se posent : comment assurer la marche du village, sa subsistance ? Et puis surtout comment combler le vide émotionnel et organisationnel créé par l’absence des hommes ?



« Son Mariquita chéri s’était mué en un village de veuves dans un pays d’hommes. »



Très vite, les situations deviennent cocasses, aussi diverses que toute la palette de sentiments qui compose la nature humaine. Les jeunes filles condamnés à rester vierge, les épouses heureuses d’être débarrassées de leur mari, un homosexuel qui sera « l’autre veuve »; le prêtre qui reste le seul homme et va proposer d’assurer la continuité du village : les portraits sont bien dressés et très intéressants.



Dans cet univers instable et violent – ce qui est rappelé par les chapitres intercalaires racontant la fin d’un certain nombre de guérilleros. Petit bémol : je n’ai pas réussi à faire le lien avec les maris enlevés, cela aurait peut-être rajouté un peu de force.



Du côté de l’écriture, j’ai retrouvé ce style si particulier aux auteurs latino-américains, fluide, original. Un style parfait pour le genre du réalisme magique auquel se plie James Canon, dans la droite lignée de Gabriel Garcia Marquez. Un style qui montre une grande maîtrise narrative, transformant le récit en une sorte de conte qui intègre une sorte de malédiction, l’effacement du temps lui-même et une vie en autarcie totale.



En même temps, il propose une analyse très poussée des avantages et contraintes du communisme, en parallèle de ceux d’une société matriarcale. Ou comment les habitantes, poussées par la nécessité, ont bien dû se reposer entièrement sur la communauté. Des habitantes qui s’épanouissent souvent pleinement loin de la société des hommes (considéré comme un procréateur).



Cette chronique tragico-burlesque (l’ironie est très présente) d’une bourgade perdue au fin fond de la Colombie a donc beaucoup de charme. Malheureusement, elle n’a pas réussi à tenir mon attention constante durant 500 pages. Certains passages m’ont parus trop longs, ou sans intérêt. Alors que la fin est très bonne, et clôture parfaitement la vingtaine d’années étranges qu’ont vécu ces femmes.



« Le village dans lequel vous viviez autrefois n’existe plus, voyez-vous. Vous êtes maintenant à La Nouvelle-Mariquita, une communauté entièrement féminine, indépendante, qui a des caractéristiques sociales, culturelles et économiques particulières et des liens étroits avec la nature. »



Une belle découverte, un dépaysement assuré, grâce au Club des Lectrices !
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Dans la ville des veuves intrépides

Sur fond de guérilla colombienne, James Canon met en scène un village perdu aux odeurs d'orchidées et de mangues, où ne demeurent plus que des femmes.

Après la disparition des hommes, ces dames s'organisent comme elles peuvent. ces femmes sont surtout l'occasion pour l'auteur de livrer des réflexions profondes, mais toujours teintées d'humour, sur ce qu'endure le peuple colombien, sur le Communisme, la politique et l'économie.

l'histoire qui est à la fois drôle, touchante, originale et exotique.

j'ai beaucoup aimé ce roman.



lu en 2012.
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Dans la ville des veuves intrépides

Onirique, poétique, magnifique... Quel serait le meilleur adjectif pour ce voyage dans le temps et l'espace ?

Mariquita, petit village colombien, est un jour attaqué par des guérilleros qui enrôlent de force (et tuent ceux qui refusent) tous les hommes du village. Les femmes se retrouvent seules à bord et doivent réorganiser leur société et repenser leur manière de fonctionner...

Je n'aime pas spoiler les bouquins donc je n'en dis pas plus. Mais j'ai fortement pensé au réalisme magique cher à Garcia Marquez tout au long de ma lecture. Les chapitres concernant les habitantes du village alternent avec ceux racontant la guerre paramilitaires/guérilleros dans le reste du pays. Et vers la fin, certains chapitres sont entièrement dédiés aux pensées et émotions d'une personne en particulier : c'est là que la magie opère.

On lit le livre d'une traite : du suspense (les hommes vont-ils revenir au village ?), de l'humour (les insultes truculentes ou certaines descriptions des vieilles dames et leur "moustache soyeuse" sont à hurler de rire), de l'amour (ben oui, plus aucun homme pendant des années, les femmes vont parfois virer leur cuti), et de belles réflexions sur les notions de pouvoir et de démocratie. Une des mes bouquins préférés ces derniers temps...
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Dans la ville des veuves intrépides

Le 15 novembre 1992, un dimanche comme tous les autres, une troupe de guérilleros pénétra dans Mariquita, village de la cordillère colombienne, et emmenèrent ou tuèrent tous les hommes de plus de douze ans, excepté le padre Raphaël.



Ainsi commencent Dans la ville des veuves intrépides et les multiples péripéties des femmes de Mariquita. Veuves, célibataires et vieilles filles ont vu, impuissantes, disparaître au nom d'une énième guerre civile, qui un frère, un mari, un fils, un fiancé, une possibilité d'avenir... Un temps, le village sombre dans le chaos et les ruines laissés par les guérilleros.

Rosalba, veuve du brigadier assassiné, autoproclamée maire, décide de se relever, et Mariquita avec elle.



Les choses ne vont pas sans mal ni sans erreur et frictions. James Cañon présente dans son roman une savoureuse galerie de portraits féminins - plus quelques hommes. On assiste à l'évolution des habitudes et des mentalités, une prise de conscience que "du temps des hommes", leur personnalité et leur féminité étaient rabaissées à des corvées domestiques et à une soumission au modèle patriarcal.



L'auteur ponctue les chapitres relatifs à Mariquita de témoignages de guérilleros, miliciens paramilitaires de droite et soldats de l'armée nationale colombienne. Tout n'y est que violence, mort et désolation, au nom du communisme, d'une dictature militaire ou d'un gouvernement bancal. Ces récits masculins offrent un véritable contrepoint à la révolution lente mais en marche dans l'esprit des femmes du village.



Dans la ville des veuves intrépides relève du réalisme magique propre à la littérature sud-américaine, même si l'auteur l'a rédigée en anglais. Je me suis attachée aux personnages hauts en couleur de Mariquita. James Cañon met bien en avant les forces, les failles et les défauts de ces femmes et des quelques éléments masculins qui restent. L'orgueilleuse et quasi dictatoriale Rosalba réserve des surprises, Santiago m'a beaucoup émue au retour de Pedro parti des années auparavant tenter sa chance à New-York, la folie qui s'empare de Francisca après sa surprenante découverte sous son propre plancher, ...



On assiste au fil du temps qui passe à une évolution captivante de la communauté. Les dignités se redressent et le rapport à la masculinité et même à la religion, les deux formes de soumission subies depuis des générations par les femmes du pays, se transforme radicalement. Dans les esprits comme dans la chair. Utopie féministe et humaniste mise en application vaille que vaille, avec force trébuchements.



Je garderai de cette lecture un souvenir très plaisant et qui donne à réfléchir. Ainsi que des moments et des caractères d'anthologie. La force que James Cañon insuffle à ses personnages se propagent via les pages jusqu'à la personne qui lit et ranime volonté et moral qui iraient chancelants. Pourquoi s'en priver?
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Dans la ville des veuves intrépides

(2008 – Prix du Premier Roman étranger)

Dans le village colombien de Mariquita, tous les hommes ont été réquisitionnés ou tués par la guérilla. Les femmes apprennent donc à vivre seules et finissent, après une période d'anarchie, par créer une utopie communautaire. Roman concentré sur le quotidien, au ton burlesque, teinté d'humour noir. Très très apprécié, je m'y suis ennuyée. Question d'humeur sûrement.

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