Citations de Jacques de Bourbon Busset (262)
On ne rejoint jamais son passé. On s'en fabrique un sur le modèle qui convient aux dispositions du moment.
Avec le temps, j'ai changé d'attitude envers la mort. Et elle m'a changé.
Il faut croire au temps créateur pour qu'il le devienne.
La cohérence n'est pas l'unification arbitraire, la cohérence, c'est la continuité à travers les discontinuités, le fleuve qui coule vers la mer à travers rapides et tourbillons.
Esthétique et éthique sont une seule et même chose. Elles s'efforcent, l'une par des œuvres, l'autre par les conduites, de donner à voir l'éclat, la splendeur de la continuité, c'est-à-dire de la cohérence dans le temps.
Ce qui me passionne, c'est une certaine manière de vivre la vie intérieure en partie double. Deux deviennent un en demeurant deux. Cette apparente impossibilité montre qu'on se trouve en face d'une réalité qui ne se laisse pas réduire, qui oppose son existence têtue aux réfutations et aux négations. La moins mauvaise définition de cette réalité me parait être le désir d'absolu vécu à deux.
Point n'est besoin d'être physicien pour jongler avec l'infini, qu'il soit grand ou petit.
Les siècles ne sont que des bornes kilométriques qui jalonnent l'infini de l'éternité.
Qu'est-ce qu'une vie d'homme, si elle n'est pas recherche d'un absolu ?
A quinze ans, je cherchais la vérité, à vingt-cinq ans le succès, à trente-cinq ans, la considération. A quarante-cinq ans, je cherche un mot-clé, tout en sachant qu'il serait désastreux qu'il y en eût un.
Il faut que j'apprenne de toi à distinguer sans séparer. Pour toi, l'ombre et la lumière vont de pair. Tu les unis sans les confondre.
La vie humaine n'est pas un odieux cauchemar, elle est un songe fastidieux, ponctué de déceptions.
Je m’apercevais que j’avais renoncé pour toujours au confort de l’agnostique. J’étais entré dans les terres de l’inquiétude, et cela me rassurait. Je cessais enfin d’être une machine à idées satisfaite de son fonctionnement. Croire me faisait croître.
Chaque individu est de droite à certains moments, de gauche à d’autres et l’équilibre doit être atteint par l’alternance au pouvoir des deux tendances. On doit voter à droite ou à gauche selon que les circonstances paraissent exiger une cure de sagesse, ou, au contraire, un abandon à la générosité. Mais pour que le système fonctionne, il nous faudrait des conservateurs authentiques et des socialistes sincères. Au lieu de cela, nous disposons d’un club de vedettes fatiguées. Nous en avons assez de ces libéraux protectionnistes, de ces démocrates autoritaires, de ces marxistes nationalistes. Cette confusion mentale avantage les animaux politiques doués, mais elle ruine les institutions et, ce qui est pire, l’esprit public.
La politique ce n'est que cela : l'équilibre entre ceux qui veulent faire durer et ceux qui veulent changer pour changer.
Chacun de nous est comme le vent qui traîne sur la plaine. Il souffle, s'apaise, souffle de nouveau et meurt. Nous avons, en plus, cet encombrant cadeau de la conscience, ce metteur en scène qui dramatise tout.
Tout est musique. Un tableau, un paysage, un livre, un voyage ne valent que si l'on entend leur musique.
La décision essentielle que prend un être humain, au cours de sa vie, est le mariage. On dira qu'on épouse un inconnu. Il ne s'agit pas de faire le meilleur choix possible, cela n'a aucun sens, il s'agit de donner sa parole à quelqu'un qui, comme vous, y engage tout. C'est en y engageant tout qu'on devient capable de tout le reste, et notamment d'une vie publique réelle.
Proust dit que l'amour est "le temps rendu sensible au coeur". Sans un amour profond le temps est, en effet, bête comme une voie de chemin de fer. On y va de gare en gare. L'amour change la couleur du temps. Des points lumineux s'allument, s'éteignent, se rallument après des années. Les mois, les semaines, les jours sont multicolores. Il en est de noirs, de bleus, de rouges, d'écarlates. Le temps n'est plus un long chemin qui s'étire tristement, c'est un feu d'artifice où les fusées de la joie s'efforcent d'éclairer la nuit obscure.
Les esprits légers se moquent des laborieux. Ils ont tort. Ce qui est acquis sans labeur ne dure guère plus qu'une fleur coupée. Ce quit fait l'homme, c'est de prendre un parti et de s'y tenir. Le pouvoir, c'est le pouvoir d'oser.
On dira que c'est peu de chose, c'est immense, comme l'amour, ce jeu étrange, où l'on est présent à soi par la présence de l'autre, où l'infini d'un visage fait éclater la finitude du moi.