Isabela Figueiredo vous présente son ouvrage "
La Grosse" aux éditions Chandeigne. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2893859/isabela-figueiredo-
la-grosse
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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Quand nous grandissons et que la vie nous corrompt, il devient impossible de revenir aux premières lettres, celles qui ne connaissent, naturellement, aucune corruption, aucun commandement.
« Tous ceux qui m’ont aimée, je les ai vus comme des geôliers, des ennemis plaçant des obstacles sur ma route. Aimez-moi, mais libérez-moi. Je ne peux restituer l’amour que sans soumission. Ne limitez pas mes pas. Ne me rendez pas coupable, ne me faites rien payer. Rien. » P58
« Donner à entendre le langage dans lequel on a soi-même macéré durant toutes ses années, c’est aussi montrer comment les mots construisent et solidifient une réalité, aussi problématique soit-elle. Parce que le vocabulaire racial tient une place aussi importante dans la narration, il n’est pas nécessaire de produire une pensée sur le racisme qui pollue la société coloniale. La monstration de la violence raciale se produit de manière brute à travers le discours, la description de scènes. Ce lexique et la charge négative qu’il véhicule se révèle aussi un outil imparable pour exprimer une colère longuement étouffée. « Carnet de mémoires coloniales » expulse le cri que l’enfant dut contenir, oppressée par un environnement raciste qui était aussi le seul espace au sein duquel il lui fut possible d’évoluer. » P13
« Il y a des gens qui rentrent dans notre vie par une porte, puis qui ne trouvent pas la sortie, même si on aimerait qu’ils disparaissent et qu’ils se fassent oublier. Bien des années plus tard, on avance une explication. Tout bien considéré, on comprend que s’ils n’ont pas disparu plus tôt, c’est parce qu’on a souhaité les conserver. Nous avons un grand pouvoir de garder où d’abandonner, même si nous sommes passés maîtres pour imputer à autrui le poison de la possession. » P202
Ce fut prémédité. Je m'étais dit avant, si elle recommence à m'énerver, je la frappe. Je pouvait parfaitement la frapper en toute impunité. C'était une mulâtre. [...] Je lui dis, tu as ton compte, puis je m'éloignai vers le fond de la cour, pleinement consciente de l'infamie que je venais de commettre, cet abus de pouvoir que je ne comprenais pas et que je n'approuvais pas. [...] Marília était une cible facile. Elle ne pouvait rien contre moi. Elle irait se plaindre et après ? Moi, j'étais blanche. Laquelle des deux pouvait chanter victoire dès le départ ?
(p. 96-97)
[préface]
Parce que le vocabulaire racial tient une place aussi importante dans la narration, il n'est pas nécessaire de produire une pensée sur le racisme qui pollue la société coloniale. La monstration de la violence raciale se produit de manière brute à travers le discours, la description de scènes. (13)
Au Mozambique, c'était facile pour un Blanc d'éprouver du plaisir à vivre. Nous étions presque tout patrons et ceux qui ne l'étaient pas, avaient l'ambition de le devenir.
(p. 53)
La vérité était une histoire très longue et très complexe, riche de récits imbriqués, alternant entre eux ou simultanés, une polyphonie. Ce que mon père aurait voulu que je raconte, c'était le chaos qu'était devenue la décolonisation, la vie menacée à chaque instant, le risque physique encouru, permanent,, réel, ne ne pas savoir, quand on sortait, si l'on pourrait rentrer chez soi. Ce qu'il voulait que je raconte n'était qu'une partie d'un tout gigantesque.
[préface]
La racialisation défavorable infligée aux Noirs autorise toutes les violences, toutes les négations d'humanité. Il n'existe aucune possibilité de se dire noir sans avoir reçu cette blessure en héritage, sans habiter un corps dont l'apparence interdit l'amnésie en ce qui concerne la réification esclavagiste que connurent les ancêtres. (17)
Les gens meurent et on ne peut pas leur dire de vive voix qu ils avaient raison, que nous avons retenu leurs leçons, que nous avons compris combien ils nous ont aimés et combien nous les avons aimes, et combien nous continuons à les aimer, n étant en rien responsables d avoir été toutes ces années aveugles, sourds et muets.