Nous adhérons pleinement à cet extrait de l'interview d'Antoinette Rouvroy parue sous le titre : "Mais pourquoi faudrait-il s'en inquiéter si on gagne en efficacité ?" :
"Nous allons vers un changement épistémologique majeur. S'en remettre à ce type de calcul traduit un renoncement aux ambitions de la raison moderne qui liait les phénomènes à leur cause. Ces ambitions de la raison permettaient d'envisager la prévention, d'agir sur les causes pour changer les effets. Au lieu de cela, on se dirige vers un système de pures corrélations.
On ne cherche plus à comprendre l'environnement, on cherche à le prédire. Notre rapport au savoir change, mais aussi notre rapport au monde : on se focalise davantage qu'auparavant sur les risques. Voir et comprendre sont supplantés par détecter et prévenir. On passe d'une civilisation du signe, qui était porteur de sens, à une civilisation du signal, qui est une donnée qui ne signifie rien en soi. C'est donc un changement de paradigme qui transforme la manière dont nous sommes gouvernés."
L'IA cherche à prévoir, l'intelligence humaine cherche de plus à comprendre. Tout dépend donc de ce que l'on veut faire. Avec un horizon limité par la recherche de la meilleure clientèle, ou de la police d'assurance la plus rentable, l'IA représente le nec plus ultra et il est totalement inutiles d'aller au-delà. Remarquons que l'immense majorité des applications de l'IA concerne les activités liées au commerce pour lequel cette limitation est naturelle. Il n'empêche que cette vision des choses doit faire peur. (Citant Chris Anderson : ) "La philosophie fondatrice de Google est que nous ne savons pas pourquoi cette page est meilleure qu'une autre : si la statistique des liens entrants le dit, c'est qu'elle est suffisamment bonne." Au mieux elle reflète une mentalité de boutiquier pour qui "le client a toujours raison" ; au pire, une stérilisation de toute pensée novatrice. En tout cas, cette IA-là s'oppose à l'intelligence tout court.
tous les corps matériels, qu'ils soient inertes ou vivants, solides, liquides ou gazeux sont constitués de petits grains de matière : les atomes