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Citations de Henri Barbusse (308)


{au sujet des Poilus}

Ce sont de simples hommes qu'on a simplifiés encore, et dont, par la force des choses, les seuls instincts primordiaux s'accentuent : instinct de la conservation, égoïsme, espoir tenace de survivre toujours, joie de manger, de boire et de dormir.
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Si ces hommes sont heureux, malgré tout, au sortir de l'enfer, c'est que, justement, ils en sortent. Ils reviennent, ils sont sauvés. Une fois de plus, la mort, qui était là, les a épargnés. Le tour de service fait que chaque compagnie est en avant toutes les six semaines ! Six semaines ! Les soldats de la guerre ont, pour les grandes et les petites choses, une philosophie d'enfant : ils ne regardent jamais loin ni autour d'eux, ni devant eux. Ils pensent à peu près au jour le jour. Aujourd'hui, chacun de ceux-là est sûr de vivre encore un bout de temps.
C'est pourquoi, malgré la fatigue qui les écrase, et la boucherie toute fraîche dont ils sont éclaboussés encore, et leurs frères arrachés tout autour de chacun d'eux, malgré tout, ils sont dans la fête de survivre, ils jouissent de la gloire infinie d'être debout.
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Et nous allons, nous allons, sur ces champs encore blêmes et usés par les pas, sous le ciel où des nuages se déploient, déchiquetés comme des linges à travers l'étendue noircissante qui semble s'être salie, depuis tant de jours, par le long contact de tant de pauvre multitude humaine.
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Deux armees aux prises,c'est une grande armee qui se suicide
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Ils sont des hommes, des bonhommes quelconques arrachés brusquement à la vie.Comme des hommes quelconques pris dans la masse, ils sont ignorants, peu emballés , à vue bornée, pleins d'un gros bon sens qui, parfois , déraille ; enclins à se laisser conduire et à faire ce qu'on leur dit de faire, résistants à la peine, capables de souffrir longtemps.
Ce sont de simples hommes qu'on a simplifié encore, et dont, par la force des choses, les seuls instincts primordiaux s'accentuent: instinct de la conservation, égoïsme, espoir tenace de survivre toujours, joie de manger, de boire et de dormir.
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Ce ne sont pas des soldats, ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine - bouchers ou bétail. Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu'on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés. Ils sont prêts. Ils attendent le signal de la mort et du meurtre ; mais on voit, en contemplant leurs figures entre les rayons verticaux des baïonnettes, que ce sont simplement des hommes.

Chacun sait qu'il va apporter sa tête, sa poitrine, son ventre, son corps tout entier, tout nu, aux fusils braqués d'avance, aux obus, aux grenades accumulées et prêtes, et surtout à la méthodique et presque infaillible mitrailleuse - à tout ce qui attend et se tait effroyablement là-bas - avant de trouver les autres soldats qu'il faudra tuer. Ils ne sont pas insouciants de leur vie comme des bandits, aveuglés de colère comme des sauvages. Malgré la propagande dont on les travaille, ils ne sont pas excités. Ils sont au-dessus de tout emportement instinctif. Ils ne sont pas ivres, ni matériellement ni moralement. C'est en pleine conscience, comme en plein forme et en pleine santé, qu'ils ne massent là, pour se jeter une fois de plus dans cet espèce de rôle de fou imposé à tout homme par la folie du genre humain.
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Pas de profession libérale parmi ceux qui m'entourent. Des instituteurs sont sous-officiers à la compagnie ou infirmiers. Dans le régiment, un frère mariste est sergent au service de santé ; un ténor, cycliste du major ; un avocat, secrétaire du colonel ; un rentier, caporal d'ordinaire à la Compagnie Hors Rang. Ici, rien de tout cela. Nous sommes des soldats combattants, nous autres, et il n'y a presque pas d'intellectuels, d'artistes ou de riches qui, pendant cette guerre, auront risqué leurs figures aux créneaux, sinon en passant, ou sous des képis galonnés.
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À un point de l’horizon, puis à un autre, tout autour de nous, le canon tonne, et son lourd fracas se mêle aux rafales d’une fusillade qui tantôt redouble et tantôt s’éteint, et aux grappes de coups de grenades, plus sonores que les claquements du lebel et du mauser et qui ont à peu près le son des vieux coups de fusil classiques. Le vent s’est encore accru, il est si violent qu’il faut se défendre dans l’ombre contre lui : des chargements de nuages énormes passent devant la lune. 
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Volpatte, à qui elle s’adresse, rougit. Il a honte de la misère d’où il sort et où il va rentrer. Il baisse la tête et il ment, sans peut-être se rendre compte de tout son mensonge :
– Non, après tout, on n’est pas malheureux...C’est pas si terrible que ça, allez !
La dame est de son avis :
– Je sais bien, dit-elle, qu’il y a des compensations ! Ça doit être superbe, une charge, hein ? Toutes ces masses d’hommes qui marchent comme à la fête ! Et le clairon qui sonne dans la campagne : « Y a la goutte à boire là-haut ! » ; et les petits soldats qu’on ne peut pas retenir et qui crient : « Vive la France ! » ou bien qui meurent en riant !... Ah ! nous autres, nous ne sommes pas à l’honneur comme vous : mon mari est employé à la Préfecture, et, en ce moment, il est en congé pour soigner ses rhumatismes.
– J’aurais bien voulu être soldat, moi, dit le monsieur, mais je n’ai pas de chance : mon chef de bureau ne peut pas se passer de moi.
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Seul dans un coin, Cocon est accroupi. Il est dévoré de poux, mais, affaibli par le froid et l'humidité, il n'a pas le courage de changer de linge, et il reste là, sombre, immobile et mangé…
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Je voudrais savoir le secret de la vie. J’ai vu des hommes, des groupes, des gestes, des figures. J’ai vu briller dans le crépuscule les yeux tremblants d’êtres profonds comme des puits. J’ai vu la bouche qui, dans un épanouissement de gloire, disait : "Je suis plus sensible que les autres, moi !" J’ai vu la lutte d’aimer et de se faire comprendre : le refus mutuel des deux interlocuteurs et la mêlée de deux amants, les amants au sourire contagieux, qui ne sont amants que de nom, qui se creusent de baisers, qui s’étreignent plaie à plaie pour se guérir, qui n’ont entre eux aucun attachement, et qui, malgré leur rayonnante extase hors de l’ombre, sont aussi étrangers que la lune et le soleil. J’ai entendu ceux qui ne trouvent un peu de paix que dans l’aveu de leur honteuse misère, et les figures qui ont pleuré, pâles, avec les yeux comme des roses.
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Mme Martet, tu sais, ma seule amie un peu proche, plus âgée que moi de deux ans seulement, me disait qu’il faut se contenter de ce qu’on a. Je lui répondais : "Alors, c’est fini de tout, s’il faut se contenter de ce qu’on a. La mort n’a plus rien à faire. Vous ne voyez donc pas que cette parole termine la vie ?… Vous croyez vraiment à ce que vous dites ?" Elle répondait oui. Ah ! la sale femme !
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Moi,dit alors une voix de douleur,je ne crois pas en Dieu.Je sais qu'il n'existe pas a cause de la souffrance.On pourra nous raconter les boniments qu'on voudra,et ajuster là-dessus tous les mots qu'on trouvera,et qu'on inventera:toute cette souffrance innocente qui sortirait d'un dieu parfait,c'est un sacre bourrage de crane
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Nous traversons nos fils de fer par les passages. On ne tire encore pas sur nous. Des maladroits font des faux pas et se relèvent. On se reforme de l'autre côté du réseau, puis on se met à dégringoler la pente un peu plus vite : une accélération instinctive s'est produite dans le mouvement. Quelques balles arrivent alors entre nous. Bertrand nous crie d'économiser nos grenades, d'attendre le dernier moment.
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L'avenir est dans les mains des esclaves, et on voit bien que le vieux monde sera changé par l'alliance que bâtiront un jour entre eux ceux dont le nombre et la misère sont infinis.
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- Je ne sais pas. Moi, à force de regarder l’intérieur des hommes, je les vois tous tellement semblables !

- Ils sont semblables surtout, murmura l’autre, par leur odieuse prétention d’être dissemblables et ennemis !

(Des médecins qui parlent)
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Les hommes, c'est des choses qui pensent un peu, et qui, surtout, oublient. Voilà ce qu'on est.
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La courte vue est la maladie de l'esprit humain.
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À mesure qu'on avance, tout apparaît retourné, terrifiant, plein de pourriture, et sent le cataclysme. On marche sur un pavage d'éclats d'obus. À chaque pas, le pied en heurte ; on se prend comme à des pièges, et on trébuche dans la complication des armes rompues, de machines à coudre, parmi les paquets de fils électriques, les équipements allemands et français, déchirés dans leur écorce de boue sèche, les monceaux suspects de vêtements englués d'un mastic brun rouge. Et il faut veiller aux obus non éclatés qui, partout, sortent leur pointe ou présentent leurs culots ou leurs flancs, peints en rouge, en bleu, en bistre.
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Il monte sur la banquette de tir, pratiquée du temps ou c'était ici la première ligne, érige la tête, rageusement, par-dessus le parapet. Dans la lumière frisante d'un petit rayon froid qui traîne sur la terre, on voit briller les verres de ses binocles et aussi la goutte qui lui pend au nez, comme un diamant.
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