AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.24/5 (sur 45 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Berlin , le 09/03/1906
Mort(e) à : Baden Baden , le 16/01/1991
Biographie :

Heinz Rein est né à Berlin en 1906. Employé de banque et journaliste sportif dans les années 1920, il voit ses écrits boycottés par le régime nazi dès 1933 pour avoir soutenu les causes socialistes. Et les sanctions ne s'arrêtent pas là, il est rapidement appréhendé par la Gestapo et condamné au travail forcé.
Après la chute d'Hitler, Heinz Rein devient consultant littéraire pour l'administration allemande dans la zone d'occupation soviétique puis auteur free-lance en Allemagne de l'Est. C'est alors qu'il s'attèle à la rédaction de Berlin finale, son plus grand succès : un roman somme écrit dans l'urgence, qui deviendra après sa parution en Allemagne dès 1947 l'un des premiers best-sellers post-Seconde Guerre mondiale, s'imposant comme un témoignage historique inestimable.
À l'aube des années 1950, Heinz Rein rompt avec le parti socialiste unifié au pouvoir et se réfugie en Allemagne de l'Ouest à Baden-Baden, où il meurt en 1991, peu après la chute du mur de Berlin.
+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Heinz Rein   (1)Voir plus

étiquettes
Podcast (1)


Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Avec la destruction de ses fondations, le sol se dérobera sous ses pieds et elle chutera dans le vide, elle se retrouvera sans rien et le cœur déçu, elle reconnaîtra la tromperie et la manipulation dont elle a été victime (...)
Commenter  J’apprécie          80
La pensée élève l'homme au-dessus de l'animal ? dit-elle. Mon cher garçon, c'est ce que disent les philosophes qui croupissent dans leur pièce, seuls et abandonnés des dieux, ou qui planent bien loin au-dessus de la terre sur des nuages roses. Aucun animal n'est aussi cruel, lâche, sournois, méchant que l'homme doué de pensée. En quoi élevons-nous au-dessus de l'animal ? En inventant des lance-flammes, des bombes incendiaires au phosphore, des chambres à gaz, des gaz toxiques ? Ha, et ne me parle pas de l'homme comme noble créature.

p. 508
Commenter  J’apprécie          70
Notre peuple est hélas intellectuellement pourri jusqu'à la moelle. C'est difficile de le dire mais c'est la vérité, malheureusement, et un jour il sera reconnu coupable par l'Histoire pour ça.
Commenter  J’apprécie          72
Ils sont parqués dans des baraquements construits à la hâte et entourés de barbelés, sur les étendues désertes entre la ville et les banlieues, des décharges et des terrains vagues, le plus souvent le long des voies ferrées. Ces bâtiments présentent une ressemblance frappante avec les logements provisoires érigés pour les victimes de bombardements, qui se tiennent, mornes et gris, entre les bois et les jardins ouvriers, à la seule différence qu'ici (comme partout) les barbelés sont remplacés par le réseau invisible d'un système de surveillance et de coercition hautement perfectionné.

p. 17-18
Commenter  J’apprécie          50
La capacité d'adaptation de l'esprit humain est une des facultés les plus importantes mais aussi l'une des plus effrayantes de l'homme, l'habitude qui rend indifférent ou l'indifférence habituelle lui permettent d'asssimiler tout à fait ce qui doit l'être, au point que l'effroyable n'est plus effroyable, l'horrible n'est plus horrible, l'épouvantable n'est plus épouvantable. Une maison en ruine, une chaussée éventrée ne provoquent plus rien dans la rétine de l'oeil, ne communiquent pas d'émotion au cerveau.

p. 313
Commenter  J’apprécie          30
Berlin, avril 1945

Lisbonne, San Francisco et Tokyo furent détruits par un tremblement de terre en quelques minutes, et il fallut plusieurs jours pour que les incendies de Rome, Chicago et Londres s’éteignissent. Les brasiers et séismes qui se sont déchaînés sur l’endroit de la surface de la terre situé à 52° et 30´ de latitude nord et 13° et 24´ de longitude est ont duré presque deux ans. Ils ont débuté dans la nuit claire et sombre du 23 août 1943 et fini sous le ciel gris et pluvieux du 2 mai 1945.

Là, à trente-deux mètres au-dessus du niveau de la mer, encastrée dans une dune de l’ère glaciaire, s’étendait la ville de Berlin, jusqu’à cette nuit où la destruction a entamé sa marche funeste. D’ancien village de pêcheurs, elle avait été élevée au rang de bourg, de siège des margraves et des princes-électeurs du Brandebourg, de résidence des rois de Prusse et enfin de capitale de l’Empire allemand impérial et républicain. Créée après l’avancée des tribus allemandes dans le territoire des Wendes et des Slaves, des siècles durant, elle se tint à l’écart des régions de culture allemande, forteresse dans le pays colonial, bastion retranché de la vieille partie occidentale, avant-poste de la nouvelle partie orientale, elle n’entra dans le domaine de l’histoire allemande que plus tard, et bien plus tard encore elle y occupa la place centrale. Elle était composée d’une multitude de villes petites, grandes et de taille moyenne, de villages, de hameaux, de propriétés et de fermes, qui étaient dispersés entre la Havel et la partie est du plateau des lacs de Brandebourg, avant de se réunir en s’étirant vers les vieux bourgs de Berlin et de Cölln. Le ciselet de l’Histoire a œuvré avec parcimonie, il y a très peu de traces de son ascension et de sa métamorphose, mais ses multiples visages ont été affinés en quelques traits nobles gravés en profondeur dans le cœur de la ville.

Les vestiges du déclin qui a immédiatement suivi son accession au statut de capitale du Grand Empire allemand sont innombrables. Les feux, appelés grands incendies, les orages d’acier tissés dans des tapis de bombes ont transformé la figure ensanglantée de la ville en une tête de mort grimaçante.

La ville s’est vu infliger sa blessure initiale le 23 août 1943, lorsque deux cents avions de l’armée de l’air britannique ont porté la première attaque d’envergure. Les banlieues sud de Lankwitz, Südende et Lichterfelde sont devenues une île de mort, noircie par la fumée, dans l’océan de la vie, mais, cette fois-ci, ce ne fut pas l’océan qui engloutit l’île, mais l’île qui repoussa l’océan, et bientôt elle n’a plus été seule, partout, dans Moabit et la Friedrichstadt, autour de la gare d’Ostkreuz et à Charlottenbourg, sur la Moritzplatz et dans le Lustgarten, des îles de mort sont apparues, elles n’ont cessé de repousser plus loin leurs rivages et se sont rejointes, jusqu’à ce que la ville entière finisse par devenir un pays de mort, au milieu de quelques étendues d’eau dans lesquelles on trouve encore un peu de vie. Chaque attaque arrache un morceau à la structure de la ville, anéantit les biens, dégrade les conditions de vie.

Des quartiers entiers sont détruits et se dépeuplent. D’immenses zones industrielles deviennent des déserts de halles effondrées et de machines rouillées, de tuyaux, de barres, de câbles et de poutrelles métalliques. De nombreuses rues dont les façades toujours debout bordent encore les trottoirs ne sont plus que de cyniques trompe-l’œil. D’autres secteurs sont si mutilés qu’ils en deviennent méconnaissables, emplis d’une vie au souffle court, les restes de maisons déformées se dressent, dénudés et affreux, au milieu des tas de ruines, ces restes s’élèvent comme des îles au-dessus de la mer de destruction, les maisons sont dépouillées et échevelées, les chevrons des toits extraits telles des côtes auxquelles on aurait retiré la peau, les fenêtres sont aussi aveugles que des yeux aux paupières constamment baissées, ne clignant que de temps en temps pour laisser échapper un regard vitreux, les murs sont nus et sans plus d’éclat, semblables à de vieilles femmes dont le rouge et le maquillage auraient été effacés par une éponge impipoyable.

Dans d’autres parties de la ville, la dévastation n’est pas aussi totale, certes, la patte de la guerre a creusé d’énormes trouées, laissant souvent entrevoir de façon inattendue des immeubles d’arrière-cour rescapés des frappes, visibles pour la première fois, depuis les trottoirs, ils ne peuvent plus cacher leur horrible figure derrière l’apparat bas de gamme des maisons côté rue, puisque l’ouragan des explosions a, d’une certaine manière, levé le rideau. On trouve là tous les degrés et les variétés de la désolation, de l’anéantissement complet aux maisons en carton et cellulose ; des bâtiments dont les charpentes ont brûlé, certains totalement consumés par les flammes, à l’exception du premier étage, d’autres encore que les déflagrations ont balayés arrachant les croisées des fenêtres, les stores et les portes, et en haut desquels les squelettes décharnés des charpentes s’élancent vers le ciel comme des os sortent des cadavres. Des appartements sont perchés comme des nids d’hirondelles au-dessus des devantures éclatées, signe que les bombes sont tombées en biais, des caves ont tenu bon face à la pression des maisons effondrées, et seuls des tuyaux de poêle fumant au milieu de montagnes de gravats de plusieurs mètres de haut laissent voir que des gens y végètent comme dans la tanière d’un renard. L’anatomie des maisons s’expose à nu, les escaliers, les cloisons, les cages d’ascenseur et les cheminées sont les os, les conduites d’eau et de gaz, les artères, les radiateurs et les baignoires, les tripes. Un reste de vie lutte au milieu de la jungle de ruines, et la nature commence à coloniser la destruction brute en envahissant de mauvaises herbes les décombres.

La toile du réseau de transports aux multiples ramifications, tissée des nombreuses lignes de tramways et d’autobus, de métros souterrains et aériens, de la Stadtbahn et de la Ringbahn, des trains de banlieue et des S-Bahn, est déchirée, raccommodée en urgence, arrangée de manière provisoire, les horaires changent de jour en jour car les destructions de rails, de caténaires, de rails conducteurs, de câbles de signalisation, de tunnels, de viaducs, de ponts et de gares provoquent des restrictions, des suppressions, des dérivations.

Les traits représentatifs de la ville, les édifices du classicisme bourgeois groupés autour de l’île de la Spree et de l’axe tournant de l’avenue Unter den Linden, les caractéristiques de son visage créé de main de maître par Schinkel, Schlüter et Eosander, Rauch, Knobelsdorff et Langhans sont anéantis, et après que l’architecture de planche à dessin de Speer en a pris possession, ses emblèmes sont les bunkers, ces accumulateurs de la peur, ces inhalateurs de la déroute, blocs de béton gris-vert armés de batteries de canons antiaériens, aussi imposants que des mammouths géants, ils écrasent le quartier de Friedrichshain, le parc de Humboldthain et le Jardin zoologique, aucune ligne agréable ne venant adoucir leur architecture si brutalement fonctionnelle. À ceux-ci viennent s’ajouter les nombreux abris, souterrains et en surface, sur les places et à proximité des gares du centre-ville, dans les lotissements et les jardins ouvriers, ainsi que leur forme la plus primitive, les tranchées, creusées dans les parcs, les coins de forêt et au bord des talus qui longent les voies des trains de banlieue.

Au moment où la guerre a éclaté, la ville comptait 4 330 000 habitants, en avril 1945 il n’en reste plus que 2 850 000. Les hommes sont appelés au service militaire, réquisitionnés pour l’Organisation Todt, mobilisés pour le Volkssturm, transférés avec leurs entreprises, les femmes sont réfugiées dans les zones a priori non touchées par les menaces aériennes, les personnes âgées et les malades sont évacués, les jeunes gens sont convoqués au Service du travail, les écoliers sont envoyés dans les camps d’éloignement à la campagne, les Juifs sont déportés. Les pertes démographiques sont en réalité bien plus importantes, sur les 2 850 000 habitants de la ville, 700 000 sont des travailleurs forcés étrangers venus de pays soumis et assujettis, des Ukrainiens, des Polonais, des Roumains, des Grecs, des Yougoslaves, des Tchèques, des Italiens, des Français, des Belges, des Hollandais, des Norvégiens, des Danois, des Hongrois, des Juifs capables de travailler et des concentrationnaires des camps de la mort de l’Est. Ils sont parqués dans des baraquements construits à la hâte et entourés de barbelés, sur les étendues désertes entre la ville et les banlieues, des décharges et des terrains vagues, le plus souvent le long des voies ferrées. Ces bâtiments présentent une ressemblance frappante avec les logements provisoires érigés pour les victimes de bombardements, qui se tiennent, mornes et gris, entre les bois et les jardins ouvriers, à la seule différence qu’ici (comme partout) les barbelés sont remplacés par le réseau invisible d’un système de surveillance et de coercition hautement perfectionné.

Les ministères ont quitté Berlin, sont « délocalisés » ou éloignés dans des « points d’évitement », sur la Wilhelmstrasse les locaux sont démontés, jour et nuit on charge dans des camions des dossiers, des armoires et des caisses, mais aussi des meubles, des ustensiles de ménage et des valises. Les hautes administrations des ministères et du parti fuient la ville, seuls ce qu’on appelle des « centres de contrôle » restent sur place, mais pour eux aussi on s’inquiète et on met à leur disposition les trains spéciaux « Adler » et « Dohle » à Lichterfelde-West et Michendorf ainsi que de nombreuses voitures privées.
Commenter  J’apprécie          00
On ne peut véritablement comprendre le national-socialisme, son ampleur monstrueuse et sa puissance terrible, sa cruauté impitoyable et son amoralité absolue, qu’en analysant les caractères et les tempéraments, les souhaits et les objectifs, les intérêts et les raisons des hommes qui ont rejoint le parti dès avant 1933, ce sont eux qui ont donné au parti son identité, ses principes et sa teneur, dans la deuxième phase de l’histoire du parti ils ont poursuivi leur engagement sans rien changer, et ils n’ont jamais perdu leur légitimité. Malgré tous les travestissements et les circonlocutions, malgré tous les vernis culturels et l’élégance diplomatique, la substance réelle transparaissait partout et toujours. Sur ce point, il ne fait aucun doute que Hitler avait raison quand il disait que le parti devait toujours agir selon les règles qui le définissaient. Ces règles étaient la trahison, le meurtre, la terreur, la cruauté, l’amoralité, et la fidélité à ces règles. Les avoir appliquées en tout temps et en tout lieu, c’est en réalité la seule loyauté qu’on peut concéder aux nazis.
Aussi hétérogènes qu’aient été les éléments qui se sont retrouvés dans le parti avant qu’il devienne le parti d’État, ils étaient tous rassemblés sous un dénominateur commun : chacun d’entre eux était sorti des rails, ou était sur le point de le faire. Il y a en premier lieu les soldats incapables de s’adapter à un emploi paisible, ou qui n’en ont jamais eu, et les officiers dont la fonction a soudain perdu de son prestige et ne leur offre plus aucune perspective ; ils ont en commun ce besoin de se soumettre et en même temps de pouvoir donner des ordres, éternels sous-officiers habitués à obéir et à n’assumer aucune responsabilité puisqu’ils reçoivent les ordres de titulaires de postes plus élevés. Et puis il y a ceux, innombrables, qui ont fait naufrage dans le civil et à qui la faute n’incombe jamais, qui ne mettent pas en cause leurs défauts ou leur paresse mais toujours ceux des autres et les circonstances défavorables. Dans cette catégorie, il faut compter les éternels désœuvrés, les vieux croûtons universitaires, ceux qui n’ont pas réussi à devenir chef comptable ou maître d’œuvre. Et ceux qui sont marqués par la nature, dont l’infériorité va de pair avec un besoin érostratique de se faire remarquer, et les membres des associations de malfaiteurs à qui l’occasion s’offre ici, sur leur territoire attitré, de descendre dans l’arène politique. Tous ont décidé de se lancer dans la politique, parce que le Führer l’avait fait et que cela semblait la façon la plus simple et la moins fatigante de réussir.
Ils ont été rejoints par les masses de la petite bourgeoisie et de la classe moyenne ; sans ambition politique, elles étaient, au fond, ce que leur Führer avait désigné un jour avec mépris comme un tas d’amateurs, elles s’accrochaient au national-socialisme comme à l’unique espoir d’empêcher l’effondrement de l’ordre social bourgeois et de rétablir la stabilité de cet édifice chancelant et craquelant. Enfin, il faut aussi mentionner une horde de desperados politiques, à savoir tous ceux dont l’arrivisme n’avait pas été servi par d’autres partis, qui n’avaient pas pu s’imposer ou qui, la plupart du temps pour des raisons tout à fait évidentes, en étaient plus ou moins forcément exclus. Et c’est ce conglomérat de traits de caractère mêlant attitude de mercenaire, instinct de gangster, désir bourgeois de possession, échec à vivre, fatalisme existentiel, sentiment de persécution, besoin maladif de briller, arrogance raciale, c’est cette créature étrange et contre nature qui symbolise le soi-disant Homo teutonicus novus, censé apporter une culture nouvelle, et qui a réussi à faire entrer toute la richesse et la variété d’un peuple débordant de talents dans le lit de Procuste d’un manuel politique minable. Tout cela sera élevé au rang de thèse et de dogme par les hommes de main savants et les gardes-chiourmes philosophes avant d’être transmis tel quel de génération en génération en tant qu’axiome, comme une forme de légitimation et de justification a posteriori, une tentative d’enfiler le masque de l’honnête homme par-dessus la figure grimaçante du barbare. Ce qui demeurait d’idéalisme sincère et de croyance naïve n’avait pas le moindre impact sur la ligne prétendument idéologique et n’était toléré qu’à la marge, avec une profonde méfiance. L’essence du parti était fondée de manière inaltérable et irrévocable sur la clique hétéroclite de baroudeurs, de bourgeoisie déracinée et de sous-prolétariat abject, et plus encore sur le troupeau sans volonté ni instinct de la petite et moyenne bourgeoisie apolitique, qui se sent menacé par le capitalisme monopoliste et craint l’effondrement dans le prolétariat industriel.
Commenter  J’apprécie          00
C’est bien la première fois dans l’histoire de l’humanité que la jeunesse ne se sent pas supérieure à la vieillesse, qu’elle n’est pas fière d’être jeune. Quand vous avez dit à l’instant, monsieur Lassehn, que vous nous enviiez notre âge, votre formule n’était pas tout à fait pertinente, ce n’est pas tellement notre âge que vous convoitez, mais le savoir et les expériences que nous avons accumulés à une époque où le national-socialisme n’avait pas encore restreint la pensée à une formule élémentaire unique. Bien sûr, la plupart de ceux de votre génération n’ont pas encore pris conscience de cette idée, parce qu’elle est masquée par la guerre et les discours de Hitler et de Goebbels qui s’évertuent à être rassurants, mais un jour la guerre finira, Hitler et Goebbels ne seront plus là, et quand le grand silence s’abattra sur eux et que plus personne ne sera là pour approuver leurs actes, quand, de tous côtés, on leur fera des reproches, alors seulement ils comprendront que leur jeunesse a été honteusement trahie, que leur capacité d’enthousiasme a été scandaleusement maltraitée, que leur pensée a été induite en erreur. Un vide immense s’ouvrira devant eux, car, tandis que les générations précédentes peuvent encore trouver refuge dans des conceptions antérieures, le socialisme, le communisme, le libéralisme ou la démocratie, l’Église ou un système philosophique quelconque, la jeunesse se retrouvera tout à fait démunie spirituellement.
Commenter  J’apprécie          10
Cette fois les soldats qui vont revenir ne sont pas des soldats du type de la guerre de 14-18, des brutes qui ont mal tourné, des hommes déçus, aigris et fatigués, non, ces nouveaux soldats sont passés par l’école de ce qu’on appelle l’idéologie national-socialiste, convaincus d’appartenir à une race supérieure, ils ont commis des atrocités inimaginables et ravagé des pays entiers, ils ont appliqué jusqu’au bout la maxime selon laquelle ce qui est juste, c’est ce qui est utile. Quand le soldat de la dernière guerre tuait par légitime défense, pour ainsi dire, l’adversaire en uniforme dans un combat d’homme à homme, celui de cette guerre-ci assassinait non seulement les ennemis mais aussi d’innombrables êtres humains de tout sexe et de tout âge et les dépouillait de leurs biens, avec cœur, au nom de la supériorité de sa race et grâce à la soif de domination de son peuple. La défaite militaire n’effacera pas aisément ce point de vue, ses effets sur les hommes dureront plus longtemps, jusqu’à ce qu’ils se rendent compte peu à peu que ce ne sont pas des erreurs stratégiques qui ont provoqué la chute de leur Führer, que la guerre n’était pas une faute, mais que tout le soi-disant mouvement était déjà un crime.
Commenter  J’apprécie          10
Heinz Rein
La Stadtbahn est devenue une voie fantôme, Berlin, une Pompéi habitée, une ville déjà décomposée en de nombreux endroits et souffrant de blessures fraîches.
Commenter  J’apprécie          30

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Heinz Rein (65)Voir plus

Quiz Voir plus

LNHI-20770: jeux - énigmes logiques

LOGIQUE - La mère de Boum a trois fils, Tic, Tac et ..#.. .

Toc
Tuc
Tec
Boum

12 questions
62 lecteurs ont répondu
Thèmes : énigmes , logique , mathématiques , physique , françaisCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}