En ce temps-là, les stars se nommaient Alexandre Cabanel, William Bougereau, Ernest Meissonnier ou Jean-Léon Gérôme, ces peintres académiques gardiens d'une traditions, auteurs d'une peinture narrative et rassurante, érudite et populaire, qui plaisait au pouvoir en place et séduisait la bourgeoisie sans la heurter.
"J'entends par tableau un beau rêve romantique de quelque chose qui n'a jamais été , ne sera jamais- dans une lumière plus belle qu'aucune lumière qui a jamais brillé -dans un lieu que personne ne peut définir , ni se rappeler , mais seulement désirer.
Edward Burne-Jones.
John Ruskin préconise une vision morale de l'art qui, selon lui, doit jouer un rôle social. Si la peinture doit éveiller les sens de la beauté, elle se doit aussi de toucher l'esprit et de stimuler l'intelligence.
L'école a tort de s'appeler préraphaélite, parce que les principes d'après lesquels ses membres travaillent ne sont ni post ni préraphaélites, mais éternel. Ils s'efforcent en effet de peindre avec le plus parfait degré d'achèvement possible avec ce qu'ils voient en la nature, sans égard à des règles établies par une convention, et sans vouloir imiter en aucune façon le style d'aucun époque passée.
La peinture doit véhiculer un message, mais elle doit aussi séduire celui qui la regarde. L'une des grandes réussites des préraphaélites est de parvenir à traduire sur la toile la vérité de la nature, dans les moindres détails, tout en ouvrant leurs compositions à la magie de rêve et de l'imaginaire.
L'idée de donner au spectateur l'illusion du réalisme, même à l'artiste, en laissant cours à son imagination, a joué avec la vérité. Malgré un rendu d'une précision quasi photographique, nombre de compositions relèvent en effet davantage du théâtre et de la mise en scène.
Quel que soit le sujet choisi, la nudité était un argument de choix pour plaire au plus grand nombre. Mais attention. Pas cette nudité naturaliste, jugée si vulgaire qui provoqua le scandale du Déjeuner sur l'herbe d'Édouard Manet, présenté au salon des Refusés de 1863.
Pour être repéré au Salon, parmi les centaines de tableaux qui couvraient les murs du sol au plafond, les peintres se devaient d'être dans la surenchères. C'est ce qui explique, très certainement, le nombre important de tableaux de très grands formats.
Sur le plan stylistique, l'art pompier est une peintre lisse, d'une qualité d'exécution exemplaire, qui révèle une maîtrise parfaite du dessin.