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Citation de Partemps


Ainsi l’explication par la substitution devra-t-elle être
prise avec les précautions qu’on a dites : si elle est éligible
pour rendre compte de l’émergence du présent romanesque, elle ne l’est guère pour celle de l’indirect libre. Il
apparaît surtout qu’autant qu’une forme isolée, ce sont
des faisceaux de formes qui évoluent. Ce constat sert de
point de départ à une double étude sur des changements
à terme bref cette fois, dix ans, à partir de deux cas choisis pour leur complémentarité. Dans le premier (celui
de Gustave Flaubert), on interroge quelques glissements
imperceptibles, largement isolés; dans le second (celui de
Maurice Blanchot), on interroge à l’inverse une rupture
brusque, qui concerne moins des faits isolés que des faisceaux de faits.Le but de ces deux études n’est ni de ramener platement le changement stylistique qui s’observe entre deux
œuvres à la simple réorientation de la pratique esthétique
d’un même écrivain ni, à l’inverse, de ramener bêtement
ce changement à des évolutions collectives dont la réorientation d’une pratique individuelle serait un simple
reflet. Il s’agit d’abord de faire valoir ce que le dernier
chapitre de ce livre appelle le «régime d’historicité stylistique» des textes, c’est-à-dire la façon dont ils se situent
dans le mouvement évolutif. On y propose, pour le dire
ici rapidement, de considérer qu’un texte littéraire est
toujours polychronique, et l’on y vérifie, notamment dans
la lecture d’extraits d’Émile Zola et de Georges Bataille, le
rendement d’une idée si bien formulée par Iouri Tynianov
et Roman Jakobson en 1928 :
Le synchronisme pur apparaît maintenant comme une
illusion : chaque système synchronique contient son passé et son avenir qui sont ses éléments structuraux inhérents (a/ l’archaïsme comme fait de style; l’arrière-fond
linguistique et littéraire que l’on sent comme un style
dépassé, désuet; b/ les tendances novatrices dans la
langue et en littérature, senties comme une innovation
du système).
L’opposition de la synchronie à la diachronie opposait
la notion de système à celle d’évolution; elle perd son
importance de principe, puisque nous reconnaissons
que chaque système apparaît obligatoirement comme
une évolution et que, d’autre part, l’évolution possède
inévitablement un caractère systématique14.

14. I. Tynianov & R. Jakobson, «Problèmes des études linguistiques
et littéraires», p. 141.
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