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Citations de Gabriel Josipovici (50)


La crise surgit, dit-elle, et puis elle passe. Et on continue, tout simplement. Rien ne s'éclaircit jamais totalement même si on croit que ce sera le cas. Et puis le sentiment de crise s'estompe. Pendant un petit moment du moins.
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Why is it, Massimo, he said to me, that men are so ashamed of being seen to be vulnerable? It is not as if others do not know it, since we all come down to the same thing in the end.( Pourquoi Massimo, me dit-il, les hommes ont-ils si honte de montrer leur vulnérabilité ? Ce n'est pas comme si les autres n'en savaient rien, puisque à la fin nous avons tous affaire à la même chose.)
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Personne ne prévoit l’avenir comme ça, dit-elle. Les gens font ce qu’ils font seulement parce que ça leur semble juste au moment où ils le font. Parfois ça l’est et parfois ça ne l’est pas. On ne se rend compte de ça que plus tard.
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Il y a des moments, dit-elle, où on a l'impression qu'on va exploser si on ne fait pas quelque chose. C'est comme si on était au carrefour de tant de pressions contradictoires que ça en devient insupportable.
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L'appartement était calme. Tu vois un peu le genre de silence quand un endroit est vide ? Je ne pouvais y croire. Vraiment pas. C'était comme si on avait ouvert un robinet quelque part et je débordais de soulagement. Pas de bonheur. De soulagement.
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Un livre est comme une vie, disait-il. Quand nous commençons à devenir conscients de nous-mêmes, il y a de nombreuses directions dans lesquelles la plupart d'entre nous pensent pouvoir aller et chacune d'elle semble également pertinente. En même temps nous sommes toujours confiants que le temps est avec nous et que si nous nous rendons compte après quelques années que nous sommes sur la mauvaise voie, nous pouvons toujours faire marche arrière et recommencer. Dès le milieu de notre vie, disait-il, nous ne sommes que trop conscients d'avoir pris le mauvais tournant ou un certain nombre de mauvais tournants mais nous sommes allées trop loin pour faire autre chose qu'aller obstinément de l'avant. Mais lorsque nous nous approchons de la fin de notre vie, disait-il, et lorsque nous sentons qu'il ne reste plus beaucoup de temps, nous comprenons que toutes les étapes doivent maintenant être les bonnes parce qu'à présent nous n'aurons pas droit à une seconde chance. En même temps, disait-il, il ne faut pas paniquer, car la panique ne peut que nous paralyser, nous devons continuer à faire le mieux possible les choses que nous savons pouvoir faire et les choses que nous savons devoir faire. C'est la même chose pour un roman, disait-il.
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Comme un rêve particulièrement frappant qui laisse une forte impression après-coup mais il semble impossible de la mettre en mots pour la comprendre. Et alors bien sûr, peu à peu, l'impression se dissipe. Parce qu'elle n'a rien à quoi se raccrocher.
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Je suis d'accord avec Proust, disait-il, sur le fait que les livres créent leur propre silence d'une manière que l'on atteint rarement avec des amis. Et le silence qui devient palpable quand on a terminé un Chant de Dante, disait-il, est tout à fait différent du silence qui devient palpable quand on a atteint la fin d’Oedipe à Colonne. Ce qui est arrivé de plus terrible aux gens aujourd'hui est qu'ils ont pris peur du silence. Au lieu de le rechercher comme un ami et une source de renouveau, ils essayent de toutes les façons possibles de le faire taire. Jusqu'il y a quelques années, disait-il, les gens avaient encore la possibilité de redécouvrir la valeur du silence lorsqu'ils qu'ils quittaient l'enceinte de leur maison. Même si leur première réaction instinctive en rentrant chez eux était d'allumer la radio ou la télévision, lorsqu'ils ouvraient leur porte pour sortir ils devaient laisser ces bruits derrière eux. Mais maintenant, disait-il, ils peuvent emporter leur Walkmans et les brancher dans leurs oreilles et ils n'ont plus jamais besoin de vivre sans leur horrible musique. C'est un drogue, disait-il, et elle doit être traitée comme une drogue. Elle est plus dangereuse que le cannabis et crée une dépendance comme l'héroïne. A la source, disait-il, se trouve l'habitude et la peur et le désespoir, la peur du silence est la peur de la solitude. Les gens ont peur du silence, disait-il, parce qu'ils ont perdu la capacité à faire confiance au monde pour leur accorder le renouveau. Pour eux le silence ne signifie que la reconnaissance d'avoir été abandonnés.
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Une bonne conversation, disait-il, devrait être faite de mots ailés, de mots qui s'envolent de la bouche d'une personne et qui se posent sur la poitrine d'une autre, mais des mots tellement légers qu'ils ne tardent pas à s'envoler de nouveau et à disparaître à jamais.
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J'ai noté deux questions, à mon intention. Est-ce que je t'en ai jamais parlé ? Deux questions auxquelles je pense que je devrais répondre.
Qu'attendons-nous de la vie, pour que nous soyons si peu satisfaits de ce qu'elle nous apporte ?
Et aussi : qui est responsable de toutes ces insatisfactions ?
J'ai pensé que si j'avais ces questions sous les yeux, noir sur blanc, il me serait plus facile d'y répondre. Je me suis dit que je resterais simplement assise jusqu'au moment où j'aurais les réponses ; alors je saurais.
J'ai toujours su résoudre les problèmes. Il n'y a pas de problème qui, une fois exposé, ne puisse être résolu. C'est peut-être la seule chose q'iil m'ait apprise. Pas en ces termes, mais par l'exemple. S'il y a un problème, il y a une solution. Si on ne trouve pas la solution, c'est qu'on ne veut pas la trouver, ce qui signifie qu'il n'y avait pas vraiment de problème.
Eh bien, j'ai trouvé les réponses. Ce que nous attendons de la vie, c'est ce que nous estimons confusément être notre dû. Et personne n'est responsable, ni des désirs eux-mêmes, ni de la frustration de ces désirs.
J'ai trouvé les réponses, mais elles ne m'ont été d'aucun secours. Peut-être est-ce là la différence entre l'art et la vie.
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- C'est seulement moi, dit-il, ou c'est toute notre société? Qui rend si tout difficile, je veux dire. Qui nous oblige à prendre des décisions tout le temps. Même quelque chose d'aussi simple que de revoir quelqu'un?
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When you look back at the history of the world, Massimo, he said to me, what you see is the history of sheep. Of madmen leading sheep and sheep following madmen.( Quand tu regardes au passé, à l'histoire du monde, Massimo, me dit-il, ce que tu vois est l'histoire des moutons. D'un fou qui mène des moutons,et des moutons qui suivent un fou).p.63
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- Appelle-nous dès que tu as des nouvelles, tu veux bien, Papa ? a-t-elle dit.
Pourquoi ma fille dit-elle toujours "nous" ? Elle l'a toujours fait. Comme si elle avait peur de dire quelque chose qui vienne d'elle-même. Maintenant qu'elle est mariée, j'ignore si elle veut dire "mon frère et moi" ou "mon mari et moi" ou si elle veut vraiment dire quelque chose. Je soupçonne qu'elle l'ignore elle-même. (page 212)
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De nature, il était une âme enjouée, mais ces crises d'insomnie l'affectaient profondément. Il ne cessa pas tout à fait d'être enjoué, mais désormais il se rendait souvent compte qu'il était enjoué. Au milieu de son enjouement, une pensée lui traversait soudain l'esprit ; dans le fond, quel type enjoué je suis malgré tout - et sur-le-champ la mélancolie s'abattait sur son esprit.
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J'ai grandi en pensant que l'art, c'était "le beau", écrit-elle, mais j'ai fini par comprendre que ce n'est pas du tout cela. L'art est ce qui permet d'exprimer ce qui est enfoui si profondément à l'intérieur de nous-même qu'on ne peut jamais trouver ni les sons ni les images ni les mots pour en rendre compte, et auquel, par conséquent, on ne pourrait jamais avoir accès sans l'aide des autres, les artistes. C'est pourquoi ils sont si importants pour nous. C'est pourquoi Cornell est si important pour moi.
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Le fond de la vérité, dit-il, est que ce n’est que par le plus grand des hasards que nous pouvons aujourd’hui être surpris par le monde qui nous entoure, que nous pouvons tomber sur une partie de ce monde qui n’est pas déjà emballée et préparée pour notre regard et où nous ne nous retrouvons pas au milieu d’une foule de nos prochains, hommes et femmes, déjà en train de goûter à ces emballages, à les photographier et à lire à voix haute le contenu de leur guide touristique. La dimension de surprise a disparu, dit-il, et nous nous rendons compte à présent que c’est la chose la plus précieuse au monde. Partout aujourd’hui, dit-il, les gens voyagent afin de se voir confirmer ce qu’ils savent déjà et afin de prendre des photos pour se souvenir qu’ils se sont vraiment trouvés là. Ils voyagent en groupe et avec des emplois du temps très stricts auxquels ils doivent se conformer, car leur temps est limité et tout doit être absorbé. C’est pour cela, dit-il, tandis que nous attendions pour traverser la rue, qu’il est nécessaire que ceux d’entre nous qui sont conscients de l’énormité du désastre gardent l’esprit ouvert, laissent leurs jambes les emmener où elles veulent, abandonnent les chemins déjà tracés et s’attendent à tout et à rien.
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Ou bien cette autre page de son carnet : "Il faut trouver le moyen de pénétrer cela. Le moyen de rendre justice au temps qui passe, au fait que rien n'est immuable pour s'offrir à notre regard, mais tout, au contraire, ne cesse de se dérober, de disparaître, de se transformer en quelque chose d'autre. Mais aussi le moyen de faire de cette évanescence quelque chose de palpable sans la figer en un monument." Ailleurs : "Ne laissez pas le temps vous éblouir de sa richesse sinon vous allez vous perdre en lui, mais ne le réduisez pas non plus à une formule. Ne vous laissez jamais aller à penser que vous n'avez pas assez de temps. Car le temps est de votre côté. Votre temps, le temps dont vous avez besoin pour travailler, le temps qui vous est mesuré sur cette terre, ce n'est pas un obstacle à déplorer, c'est un élément qu'il convient d'incorporer dans tout ce que vous faites. Il vous faut l'accepter, et travailler avec lui."
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La peur du silence est la peur de la solitude, disait-il, et la peur de la solitude est la peur du silence. Les gens ont peur du silence, disait-il, parce qu'ils ont perdu la capacité à faire confiance au monde pour leur apporter le renouveau. Pour eux le silence ne signifie que la reconnaissance d'avoir été abandonnés.
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Quand je suis arrivé la première fois en Angleterre, dit-il, rien ne me paraissait meilleur que les haricots de Heinz suivis par une tasse de lait malté Horlicks. Une des raisons pour laquelle j'ai cessé d'enseigner, me dit-il alors que nous sortions de la gare, est que je craignais de devoir bientôt m'adresser à mes étudiants comme à des clients. Voilà ce qui se passe quand le consensus libéral est rompu, dit-il. L'idéologie se précipite pour le remplacer puis, quand elle s'effondre, l'argent. La peur de l'autorité et de l'autoritarisme qui a balayé l'Amérique puis la Grande-Bretagne est plutôt effrayante, dit-il tandis que nous poursuivions le long de la berge en direction de Tower Bridge. Ce n'est plus une question d'enseignant et d'èlève, dit-il, mais de vendeur et d'acheteur. Mais quand on enseigne la littérature, que signifie un client ?. je n'ai jamais pensé que je renoncerais au monde, dit-il, j'ai toujours imaginé que mon optimisme inné me ferait passer outre. Mais où que je me tourne, les valeurs auxquelles je croyais sans vraiment m'en rendre compte sont tranquillement jetées par-desus bord et à leur place il n'y a plus que l'agression pure et l'argent. Combien de temps une société peut-elle exister quand elle est tirée par un tel moteur ?
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- Rabelais, dit-il, est le premier écrivain à l'ère de l'imprimerie. Comme Luther est le dernier écrivain de l'ère manuscrite. Bien sûr, dit-il, sans l'imprimerie Luther serait resté un simple moine hérétique. L'imprimerie, dit-il, en ôtant la mousse à la surface de sa tasse, a fait de Luther le puissant qu'il est devenu mais c'était essentiellement un prédicateur, et non un écrivain. Il connaissait son public et écrivait pour lui. Rabelais, lui, dit-il en suçant sa cuiller, a compris ce que signifiait pour l'écrivain ce nouveau miracle qui était l'imprimerie. Ça signifiait avoir gagné le monde et perdu le public. Ne plus savoir qui vous lisait ni pourquoi. Ne plus savoir pour qui vous écriviez. Rabelais, dit-il, trouvait ça insupportable, comique et délectable, tout ça en même temps.
- Tu comptes écrire sur Rabelais ? demande-t-elle.
- Oui, dit-il. Je crois que oui. Je voudrais expliquer aux gens sa modernité. Ce qu'il signifie et devrait signifier pour nous tous, maintenant.
Il la regarde. Elle sourit.
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