Certes les Hongrois, parfois rudes, sont déstabilisants, difficiles à cerner avec ce mélange de fierté, confinant souvent à l'orgueil arrogant, et de sensibilité extrême.
Mais c'est un peuple fier, fort, passionné. Ils sont prêts à se lier d'une amitié chaleureuse et forte à qui cherche à les connaître et les aimer.
La langue hongroise est particulière, soulignait ce jour-là un orateur. Elle est notre meilleure alliée, mais elle peut être aussi notre pire ennemie. La musique, elle, nous libère et nous rend compréhensibles au reste du monde.
Le journaliste Bálint Ablonczy, bien connu en Hongrie, chef de service à l’hebdomadaire de centre droit Heti Valasz, parfait francophone et francophile, résume particulièrement bien le sentiment d’une grande majorité de la population. « Pendant vingt ans, le gouvernement hongrois nous a dit que si nous faisions comme les Occidentaux, nous vivrions comme eux. Nous avons dit oui à tout ce que nous demandait Bruxelles. On a écouté et appliqué toutes les leçons. Or le résultat a été un échec. Maintenant on en a assez de s’entendre dire : ‘Encore un peu de patience, encore des sacrifices’. Avec la crise de 2008, le rapport d’élève à professeur a volé en éclats. Car en fin de compte quelle est l’Europe que nous avons intégrée sinon, comme l’a dit Viktor Orban en 2004, une Europe à croissance zéro, en crise économique et démocratique, incapable de se réformer, et qui doute d’elle-même ? » Ils ne font plus confiance à l’Europe pour les défendre.
Seuls sur une île, perdus dans un océan slave, comme assiégés : ainsi se perçoivent les Hongrois qui restent marqués par leur histoire d’occupations successives depuis le seizième siècle. La domination de l’Empire ottoman, des Habsbourg puis le communisme ont aiguisé cette sensibilité.
Les Hongrois ont eu le sentiment d’avoir été roulés au nom du libéralisme. Dans l’économie courante, le seul bénéfice qu’ils ont pu retirer des privatisations, c’est l’achat d’appartements privés.(…) La Hongrie n’a retrouvé son niveau de vie de 1988 qu’en 2001.