François Rollin : "Je n'ai pas reconnu Sting sur un tournage !"
La culture du clash ringardise intentionnellement tout ce qui ressemble à la compétence, à la connaissance, à la pertinence, à la légitimité, en même temps qu’elle révère le dédain, l’affront, l’outrage, et finit par « prouver la vie » non plus par les battements du cœur ou la force de la pensée mais par le cliquetis des sabres et l’odeur du soufre.
Marianne 14/08/2022
Panacée
Si ce mot n' existait pas, le Premier ministre devrait dire : " La privatisation n' est pas un remède universel contre tous les maux , capable de résoudre tous les problèmes ", et personne ne l' écouterait jusqu' au bout. Grâce à panacée , il peut dire : "La privatisation n' est pas une panacée." Peu de gens ont compris , mais tout le monde a écouté jusqu' au bout.(p19)
Dictée 35
Pas facile à dire
« L’abbé de Lattaignant avait raison : le mot est parfois pire que la chose.
Ainsi, il est moins grave d’agir contrairement aux règles constitutionnelles que d’agir anticonstitutionnellement. Il est moins effrayant d’avoir peur de la constipation que d’être atteint d’apopathodiaphulatophobie. On peut vivre tranquillement avec la peur du nombre 666, mais pas avec l’hexakosioihexekontahexaphobie. Rien n’est perdu lorsque les spermatozoïdes sont un peu fatigués, mais tout est à craindre l’oligoasthénotératospermie, contre laquelle la vitamine B2 n’est d’aucune aide, même sous son nom de chlorure d’aminométhylpyrimidinylhydroxyéthylméthythiazolium. Un petit jet de gaze lacrymogène me fait pas peur, mais il en va autrement de l’orthochlorobenzalmalononitrile. Je n’aurais jamais utilisé de DDT si j’avais su qu’il s’agissait de dichlorodiphényltrichloroéthane. Bref. »
Le mot du professeur
La vie n’est pas rose pour un chimiste constipé, infertile, rebelle et superstitieux.
Actor
Parmi les nombreuses différences entre bêtise et connerie, l’une des plus voyantes est qu’il a existé un grand acteur britannique nommé Sean Connery, alors qu’on ne connaît aucun acteur, britannique ou pas, nommé Sean Betty’s.
page 15
Lettre à un(e) libraire pour obtenir un conseil éclairé sur l'achat d'un livre devant servir de cadeau à une belle-soeur
Chère libraire, ou cher libraire,
Je vous écris pour vous demander conseil. C'est bientôt l'anniversaire de ma belle-soeur, et je souhaite lui offrir un livre - c'est toujours bien profitable, un livre, vous ne me contredirez pas sur ce point, et cela me coûtera moins cher que les très onéreuses pâtes de fruits de chez Granulovic que je lui offrais chaque année, ou que les follement dispendieux accessoires de salle de bains de chez l'imprononçable Bath House, accessoires ruineux (particulièrement les mitigeurs de baignoire) dont elle me parle à chacune de nos rencontres, mais ce n'est pas précisément ce qui m'amène.
Un livre, donc, un roman, de préférence, car je sais que ma belle-soeur ne prise guère les essais ou les nouvelles, et moins encore les biographies (il y a quatre ans, son fils cadet lui a offert une biographie de Franz Schubert : elle ne l'a jamais ouverte... Schubert, pourtant, excusez du peu !).
L'idéal serait un roman qui puisse la sortir un peu de son cadre de vie quotidien, à Bois-Colombes... un roman dont l'action se situerait donc un peu loin de chez elle - pas à Pétaouchnok quand même ! -, mais par exemple en Italie, pays qu'elle affectionne tout particulièrement, et pourquoi pas dans le sud de l'Italie, dans cette très belle région de Naples, ville historique et dont la baie est tellement romanesque, convenez-en. (...)
Une autre question, de Charlotte, de Brie-Comte-Robert : " Professeur, lors du dernier festival de musique de Brie-Comte-Robert, vingt-sept concerts sur les trente programmés étaient des concerts de musique chinoise. J'ai fait remarquer qu'à mon sens c'était trop. Ce à quoi on m'a répondu : "C'est de la xénophobie. Faut que t'apprennes à t'ouvrir sur le monde, ma cocotte, c'est affligeant d'être fermée comme tu l'es...un tel chauvinisme (je suis toujours dans les guillemets)....un tel chauvinisme petit bourgeois, c'est triste." J'ai trouvé ces reproches injustes. Professeur, que pouvez-vous faire pour moi. ?". Quant à la programmation de votre festival, je ne peux rien faire, je n'ai pas de contact fiable à Brie-Comte-Robert. J'ai eu un ami, mais il est mort. Et il n'était pas de Brie-Comte-Robert. En revanche, ce que je peux faire pour vous, Charlotte, c'est d'une part vous dire que je partage votre avis : vingt-sept concerts de musique chinoise sur trente, c'est une proportion qui me semble légèrement déséquilibrée. A moins bien sûr qu'il s'agisse d'un festival de musique chinoise, mais là si j'ai bien compris, non !
Et Le saxifrage des ombrages, qu’il suffit de regarder pour comprendre qu’on l’appelle « désespoir du peintre ».
Dictée 36
La dictée du footballeur
« Ses plutot un bon matche pour l’équipes, on à jouer notre jeu tous le long, on a encaissez un but qu’on aurais pas dus juste avant la pause, mais on a bien réagis, on s’est bien reprit
en deuzième période, au final on prends les 3 points à domicile, ça nous permets d’envisajer tranquilement le derbit de Dimanche prochain, rien n’est gagner, alors on conte sur les supportaires pour répondre présant. »
Le mot du professeur
Rien à redire : l’analyse du match est claire et concise, les perspectives sont maîtrisées, l’appel au peuple vibrant... Que demander de plus à un footballeur ?
En réalité les deux graphies sont admises. Et si Alfred de Musset en personne a pu écrire : "Je prends la liberté de vous envoyer ci-jointes des rillettes", on écrirait tout aussi impunément, et à condition de prévoir l'emballage idoine : "Je prends la liberté de vous envoyer ci-joint des glaces à l'abricot."
L’alcool est convivial, il est gai, il est festif, il parle d’évasion, de soulagement, quand ce n’est pas de bienfaits pour la santé. Tous nos héros boivent, tous nos modèles picolent, tous nos grands esprits célèbrent l’alcool, et l’honorent publiquement.