La star, elle, adulée et aimée, convoqua l'amour sans même le désirer, personnifiant la perfection, la lumière et la plénitude.
Marilyn est un fantasme, une marque, un héritage, donc un nid de serpents.
Elle avait compris lors de ses interminables séances chez les analystes que son père lui manquait. Non, pas « manquait ». Manquait n’était pas le bon terme car elle ne l’avait jamais connu, mais elle n’arrivait pas à en trouver de plus juste. Consumait ? Oui, c’est mieux. Son père absent la consumait, elle aimait bien cette idée. Est-ce que chaque homme venu contre sa peau diaphane la rapprochait un peu plus de son père ? Elle voulait le croire, elle les appelait « papa », un petit jeu qu’elle avait imaginé.
Trois noms pour un seul être...quelle confusion !
Personne ne l'avait dit comme elle auparavant, personne n'avait allumé un énorme projecteur de cinéma sur cette meute qui était si dense qu'aucune forêt ne pourrait la cacher. Après l'épisode du porc au faux studio, il y en avait eu tellement d'autres.
Et en effet, difficile de ne pas réécrire les faits si longtemps après, alors que, d'une semaine à l'autre, notre cerveau s'amuse parfois à travestir les réminiscences en leur donnant une apparence nouvelle.
Marilyn Monroe imaginait revivre ça à chaque relation. C’était intense, mais comme avec un trait de cocaïne, la sensation partait vite, trop vite. Pourtant, ce qu’elle demandait était simple. De l’amour, un cœur tout ouvert comme le sien, et tant pis s’il fallait donner son corps, voir ces hommes le triturer, l’embrasser, le consommer, c’était le prix qu’elle accepterait de payer toute sa courte vie.
(...) dans chaque histoire, dans chaque destin, il y a irrémédiablement des lacunes pouvant faire l'objet d'une enquête.
Son père absent la consumait, elle aimait bien cette idée.
La femme chercha perpétuellement le désir des hommes, comme autant de figures palliatives à un père sans existence pour elle, qui l'avait rejetée.