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Critiques de François Cheng (462)
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Cinq méditations sur la beauté

C'est un livre que j'ai abordé moins facilement que les romans de François Cheng, "Le dit de Tianyi" ou "L'éternité n'est pas de trop". Je pense être passée un peu à côté du texte, de sa portée philosophique. Ce n'est pas une oeuvre qu'on lit pour se divertir, voilà toute la nuance. Cependant malgré cette difficulté à appréhender le texte, la plume de François Cheng reste toujours aussi belle. Un livre de qualité qu'il faut pouvoir apprivoiser.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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À l'orient de tout

Cette anthologie poétique de François Cheng reflète un peu la vie de l'auteur. On ressent à chaque chapitre un thème différent, de la nostalgie légère de son pays d'origine : la Chine avec ses coutumes, son esprit, sa famille qui se traduise dans des vers à l'essence philosophique et méditative sur les éléments naturels et les êtres. Mélancolique rhétorique poétique où tourner la page d'une époque et de son existence semble parfois un peu douloureux, mais le poète sait vite rebondir en exhalant des réminiscences positives et éphémères, le transportant avec douceur vers un incertain destin, sa nouvelle patrie : la France. Puis l'auteur nous emmène voyager en Toscane, magnifiant ses paysages, au travers de vers sublimes illuminés par la lumière irradiant les collines, là aussi ressort une intemporalité existentielle où le temps paraît s'arrêter paresseusement pour nous laisser apprécier ces moments d'éternité poétique chantant la beauté d'un lieu et la dolce Vita qui en découle. L'amour et ses chemins magiques et tortueux ne sont pas oubliés, l'auteur y consacre un long passage poétique où il fait une analyse des sentiments amoureux, cherchant l'essence même de ce mystère alchimique entre les êtres. Enfin, en bon fils de l'Empire du Milieu, il ne peut clore cette belle anthologie sans donner une aura spirituelle à ces mots empreints d'une majesté impériale, sans évoquer le tao et son yin et yang, sources mystiques de l'univers et de la vie traçant la voie à suivre aux êtres et aux choses.
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À l'orient de tout



Dans l’univers poétique , comme dans celui du roman, il y a, fort heureusement pour nous, lectrices et lecteurs, une extraordinaire diversité.

De Marot ou Villon à Jaccottet ou à Cheng, chaque poète, avec un langage qui lui est propre, nous ouvre son monde magique, toujours unique.

Ainsi en est il de François Cheng, ce poète d’origine chinoise, et membre de notre prestigieuse Académie Française. De lui, j’ai lu et apprécié beaucoup de poèmes issus de différents livres empruntés en Médiathèque. Celui-ci, que j’ai décidé d’acheter, À l’orient de tout, œuvres poétiques, est un de mes compagnons de chevet, comme le sont tant d’autres, de Rimbaud, Baudelaire, Jaccottet, Chedid, etc..Il rassemble plusieurs recueils publiés entre 1999 et 2009: Double chant, Cantos Toscans, Le long d’un amour, Qui dira notre nuit, Le livre du vide médian.



C’est une poésie merveilleuse, toujours calme et d’une grande sérénité

Les poèmes sont souvent construits de façon graphique, la disposition des mots et des phrases donne au poème à la fois le pouvoir d’évocation de l’image, sans être nullement un calligramme comme le fit Apollinaire, et, en même temps, un rythme et une respiration uniques.

Ce qui est si original et si beau, c’est que nombre de ces poèmes nous disent que le monde est un tout, que tout y est lié, objets inanimés et êtres vivants.

Et puis, dans tous ces thèmes communs à toute poésie, et que les poèmes déclinent, la nature, l’amour, la haine, le temps, la vieillesse, la mort, il suffit de quelques mots, de l’arrangement de quelques phrases, pour que le lecteur soit emporté par la musique et les images qu’elles évoquent.

Dans quelques poèmes enfin, surtout ceux du Livre du vide médian, ce sont des aphorismes d’une grande sagesse qui constituent le poème.

J’en mets un exemple dans les citations.



En conclusion, François Cheng, sans doute le plus grand poète de langue française encore vivant, depuis que Philippe Jaccottet nous a quitté il y a quelques mois.
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L'éternité n'est pas de trop



François Cheng, dans ce roman l’Éternité n'est pas de trop, a tracé de sa plume et de son pinceau de calligraphe la fine fleur de sa pensée.



Le texte est porté par une spiritualité humaine, compréhensible, vitale ou le corps et l'esprit témoignent de sentiments , que le lecteur peut partager.



On navigue loin d'une érudition philosophique, de concepts ésotériques, d'altérités tapageuses pour faire savant, c'est le langage des mains, le silence des cœurs, la sensualité des gestes simples, "nullement éclipsée par la magnificence des fleurs, elle irradie" p96 .

C'est un roman d'amour certes, tels Tristan et Iseult devenus chinois, mais le récit n'est pas mélo encore moins mièvre, mieux c'est un récit rugueux, âpre, où les corps puisent jusqu'à leurs dernières ressources leur ultime désir, se sentir aimé, désir d'éternité pour ces êtres aux cœurs giflés par la vie, désir de vie ; "Ce que les morts laissent aux vivants..; c'est certes un chagrin inconsolable, mais aussi un surcroît de devoir vivre, d'accomplir la part de vie dont les morts ont dû apparemment se séparer, mais qui reste intacte" .

la passion émerge page 41, Dao-sheng, médecin, ayant quitté les moines taoïstes, après une longue quête, est enfin appelé au chevet de Lan-ying qui se meurt, il attend depuis tant de jours, à rencontrer celle qui le hante et qu'il recherche avec désespoir.



Il ne verra pas Dame Ying, ce jour béni, il est juste autorisé à épuiser son pouls, à tenir sa main derrière un rideau, les amants s'inventent alors un langage plus fascinant que les mots, la calligraphie des mains, "Entre leurs deux mains aux doigts noués, le moindre frémissement, bruit de battements d'ailes; la moindre pression provoque une onde qui s’élargit de cercle en cercle.P70"



 

Cet amour va la sauver de la mort, ce jeu des doigts, où passent leurs frissons, soulage leurs cœurs, bascule Dame Ying dans l'amour, vers le monde des vivants.

Leur histoire va osciller entre la vie et la mort, "Non, la vie de Dame Ying ne peut pas s'arrêter là, s'écrit-elle. ; il faut qu'elle vive" p 205, implore la servante de Dame Ying.

"La mort entraîne la mort, mais la vie engendre la vie", p205 Cheng suggère alors avec humour "c'est la manière pour les vivants de remettre les morts dans la voie de la vie".



On se laisse emporter par cette passion, qui devient un amour impossible à vivre, un amour consommé charnellement par la puissance des mains, comme si cette guérison devenait un bonheur indicible et sublimé, une suprême éternité d'amour.

La poésie de François Cheng s'y exprime avec fougue et simplicité, une estampe faite de quelques sublimes pleins et de beaucoup de manques, le souffle et le vide.



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Une longue route pour m'unir au chant français

Ma vie se tient toute

Au futur antérieur

Par une longue route à l'unisson

J'aurai été retrouver qui je fus

Qui je serai





Le livre reposait à l'étal

En seconde main

Pressentant l'intime d'un lit d'hôpital

En moins d'une seconde

Je le caressai des miennes





Au clair alunissons

Tes larmes de sérénité

Repu re-paix d'un report ...

Tu n'as pas la plume

Du Dit du non-dit





Au futur intérieur

Ces silences chouettes

Ceux-là mêmes qui me font en Vie

Je le sais effrayent

Alors j'aurai dit vain



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"La beauté est une rencontre, toute présence

Sera par une autre présence révélée,

D'un même élan regard aimant figure aimée ;

D'un seul tenant vent d'appel feuilles de résonance."

p.166-167

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L'éternité n'est pas de trop

J'ai lu ce livre après une lecture plombante (‘'Orphelins 88'' de Sarah Cohen-Scali, excellent roman historique) dans lequel j'avais été confrontée à la violence de l'Histoire. J'ajoute que cette lecture se télescope avec une difficulté croissante à vivre dans une société où prévalent de plus en plus individualisme, exhibitionnisme (télé réalité, étalage de vie intime via les portables dans les lieux publics ou via Facebook et autres réseaux sociaux), matérialisme et instantanéité.

Dans ''L'éternité n'est pas de trop'', j'ai trouvé sérénité, poésie, subtilité, altruisme, don de soi, pudeur, spiritualité et lenteur… je ne pouvais qu'apprécier.



Pour donner un aperçu de ce roman j'emprunterai deux phrases d'un autre livre de François Cheng : «Bien nombreux, se tapissant partout, sont les obstacles extérieurs. Mais les êtres à l'âme élevée ne se rendent pas : ils sont aptes à transmuer l'absence en présence.» (in ‘'Quand reviennent les âmes errantes'').



Il n'y a pas d'histoire, ou plutôt, celle-ci n'est qu'une toile de fond lointaine pour cette quête spirituelle : le dépassement d'un amour charnel impossible dans une société ligotée par les traditions et les séparations de castes ; c'est la sublimation d'un immense amour intériorisé.

Mais, si poétique soit-elle, cette quête n'est pas dénuée de sensualité ni d'une lutte pour les amants contre le désir charnel : «Sans doute, avant la rencontre, leur pensée a-t-elle été frôlée par l'informulé ou l'inavoué. Sans doute Dao-Cheng a-t-il vaguement espéré, audace inouïe, une forme inouïe d'intimité. Mais toutes les velléités se sont évanouies devant cette évidence. Dans l'état présent de leurs sentiments, marqués par la pudeur millénaire et la lointaine aspiration, rapprocher leurs corps n'est pas une perspective possible encore. Pour eux, plus urgent, plus intense qu'une étreinte qui les mettrait dans la gêne, est le regard qui s'offre comme le cadeau le plus précieux.» Les fêtes religieuses qui se succèdent sont l'occasion de brèves mais intenses retrouvailles ; comme cette fête de la Lune qui inspire cette prière à Dao-cheng : « Laisse-moi pénétrer ton jardin, tel un rayon de lune. Il éclairera tout sans rien bousculer. (…) Je comprends ta nostalgie. Tu es allée bien loin. Peut-être trop loin pour moi. Mais, crois-moi, je saurai te suivre. J'aurai toute la patience exigée. L'éternité n'est pas de trop pour que je te rejoigne.»

Cet amour, sublimé par le temps, s'inscrit dans la durée de cette vie et des suivantes : «L'essentiel est que nous sommes déjà ensemble, aussi ensemble que si nous nous voyions. En cette vie et en une autre vie, âmes liées à jamais inséparables.».



François Cheng évoque l'arrivée des premiers jésuites en Chine. Les rencontres entre Dao-cheng, moine taoïste, et l'un d'entre eux donnent lieu à d'intéressants échanges sur divers sujets dont l'amour, qui l'aideront dans sa quête.



Un conte magnifié par la plume fine et délicate de François Cheng.







PS : Membre de l'Académie Française, François Cheng a été élu au siège de Jacques de Bourbon Busset ; je ne sais pas s'il s'agit d'un hasard ou si c'est un choix délibéré. La langue française sous ces deux plumes est un pur régal ; je vous recommande ‘'Lettre à Laurence'' de J. de Bourbon Busset.

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Cinq méditations sur la mort

" Philosopher c'est apprendre à mourir" nous disait Montaigne.



Et si c'était la Mort qui nous apprenait à vivre ? rétorque François Cheng.



C'est un sujet tabou en Occident, et le titre même de cet essai peut faire peur. Ce fut pour ma part une lecture très intéressante. François Cheng y fait appel à des philosophes, des évènements historiques, aussi bien qu'au taoïsme, un large panel de référence qui a le mérite d'ouvrir l'esprit et de sortir des réflexions purement cartésiennes que l'on connait rop bien maintenant. Ce sont autant de "visions" qui nous permettent de réfléchir à notre rapport à la vie - et à la mort.



Quoi qu'on en pense, la mort est un fait inéluctable avec lequel il faut apprendre à vire. Avec ou malgré elle , à chacun de se faire son opinion.



Pour peu qu'on le comprenne, la philosophie nous invinte à montrer notre gratitude et vivre le bonheur qui nous est offert pour un temps seulement...





- "Et maintenant, que vais-je faire de tout ce temps ?"

- Carpe diem !

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Quand reviennent les âmes errantes

Le talent de Fr Cheng est toujours là, pour nous décrire avec poésie et fluidité des moments doux où tragique, surtout pour plonger au cœur des impressions et des sentiments.

A Travers 3 personnages très différents, aux destinées à priori opposées, il nous peint une fresque dans laquelle ses trois âmes vont se trouver, s’unir et se confondre. Etrange et émouvant voyage de ces âmes à travers leurs actes et leurs sentiments.

L’évocation de la mort est omniprésente, passage obligé pour que les âmes s’unissent !

Ballade d’impression troublante d’émotions, qui nous laisse nous interroger sur notre propre cheminement…

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Quand reviennent les âmes errantes

Devant une interview télévisée de François Cheng, on se retrouve à écouter, ébahi, un vieux sage chinois de la dynastie Han qui aurait trouvé le moyen de franchir les frontières de l'espace-temps pour venir distiller dans un français étonnamment subtil les leçons d'une sagesse oubliée et pourtant si nécessaire. Qu'il vienne ici nous parler d'âmes errantes qui ont le pouvoir de dialoguer avec une personne aimée, restée parmi les vivants, n'est pas pour nous surprendre. Nous respirons ce texte et communions par l'esprit avec ses trois principaux personnages, deux hommes et une femme, qui en des temps très troublés ont su inventer une façon se s'aimer à trois et d'être plus fort que la barbarie et la mort. C'est un texte court qui n'a peut-être pas le même souffle que "Le dit de Tianyi" ou "L'éternité n'est pas de trop" mais qui porte néanmoins la marque de ce maître des mots qu'est François Cheng.
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Une longue route pour m'unir au chant français

Produire une critique approfondie de cette lecture m'est impossible. Vous parler de cet homme, oui. Vous dire ce qu'il me transmet à travers ses livres, ce que je ressens pendant leurs lectures.

Cet homme est au-delà de tout ce que je peux en dire. Lorsque je l'entends parler, lorsque je le lit, je sens tout mon être s'apaiser, ralentir pour arriver à ne plus rien ressentir de la vie qui m'entoure telle qu'elle était quelques instants auparavant.

Je n'ai pas la culture littéraire qui me ferait connaitre, plus que de nom, les philosophes, les écrivains qu'il croise. Mais les poèmes qui parsèment les pages sont de vrais cadeaux.

Ne serait-ce que le déroulé de sa vie fascine le commun des mortels que nous sommes. Celui qui est devenu plus français, plus lettré... jusqu'à finir sur les bancs de l'Académie française est fascinant
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De l'âme

Un magnifique livre, tout en finesse et en poésie de François Cheng, sur l'âme, la vie, la beauté, la vieillesse, la mort, Dieu. Sous la forme de sept lettres écrites à une amie, l'auteur s'exprime à la fois avec pudeur et sincérité sur toutes ces thématiques qui lui sont chères.

A lire tout doucement, à relire par bouts, ou de bout en bout. A offrir.
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L'éternité n'est pas de trop

Il y a quelque temps j'ai vu le livre sur l'étagère d'une amie, elle me l'a prêté et, après la lecture, devant mon émotion... le livré est devenu mien.

Je connais l'écriture de François Cheng, et "connaître" c'est osé pour une pensée aussi profonde et subtile, pour un style aussi raffiné, pour cette musicalité des mots et des phrases qui s'enchaînent pour former une harmonie qui touche l'esthète, le mélomane, le philosophe, l'être sensible.

C'est l'histoire d'un amour sublimé par l'interdit. Il naît d'un regard et d'un sourire car il a la chaleur, la lumière et encore quelque chose au delà des mots, essentiel et indescriptible.

Amour refusé par les codes trop stricts d'une société conventionnelle du XVIIème siècle, il se nourrit de sa vérité et grandit à travers les années. Comme le vide et le plein, l'un ne pouvant pas exister sans l'autre, Dao-Sheng et Lan-Ying sont liés pour l'éternité en dépit de tous les vents contraires. Leur amour est lumière et souffle de vie, il les aide à avancer, c'est leur force, c'est le sens de leur vie.

La douceur extrême des phrases, dont la naissance advient comme après une longue méditation, leur rythme lent comme celui d'un fleuve séculaire, les émotions intenses, durement éprouvées, la force inaltérable des sentiments et la tendresse inouïe font de L'Éternité n'est pas de trop un roman exquis.

Le style littéraire de François Cheng atteint le sublime, dépouillé jusqu'à l'essence, recherché jusqu'à l'absolu, musical jusqu'à l'enchantement, il se pare de la philosophie la plus simple qui soit : saisir le miraculeux dans l'ordinaire.

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Poésie chinoise

Signe et rumeur, le geste qui trace le signe et l'écriture qui fait entendre une rumeur, signe et rumeur à l'unisson du poème.

Poésie chinoise est un petit livre co-écrit par François Cheng et Fabienne Verdier. Deux propos séparés mais qui se rejoignent, qui se relient l'un l'autre autour du bel âge d'or de la poésie chinoise classique.

Retour sur une époque, celle de la dynastie des Tang (618-907). Considérée comme la plus puissante des dynasties de l'histoire de la Chine, celle-ci règne sur un pays qui connaît un essor politique et économique important. Essor intellectuel et religieux également avec l'influence du taoïsme, du confucianisme et du bouddhisme.

Héritiers de cet apport philosophique et spirituel en perpétuel mouvement, des poètes vont peu à peu connaître une renommée que le temps n'affaiblira pas. Ils se nomment Li Po, Du Fu, Wang Wei ou encore Meng Haoran. Une écriture dépouillée servent des thèmes divers comme la communion totale avec la nature, la méditation sur le destin douloureux de l'homme, l'amour, la nostalgie d'un bonheur vécu ou rêvé...



À ce propos nécessaire de François Cheng sur la poésie classique chinoise, s'ajoutent les remarquables calligraphies de Fabienne Verdier qui accompagnent chacun des poèmes choisis. Très intéressant également son témoignage sur son parcours qui l'a menée au début des années 80 en Chine faire des études d'esthétique et de peinture auprès des plus grands maîtres de la calligraphie*. L'art de la calligraphie vécu comme un art de vivre, une maîtrise technique qui s'accorde avec une quête de vie intérieure, une disposition de l'artiste à la contemplation et à la méditation, en quelques pages magnifiques Fabienne Verdier rend compte de son cheminement mais aussi de l'attrait qu'exerce sur elle (mais aussi sur nous) la Chine ancienne.



Poésie chinoise est un très bel ouvrage mais qui ne peut pourtant pas se suffire à lui-même. le choix des poèmes, les calligraphies présentées, le propos des deux auteurs agissent comme une invitation à se rapprocher encore un peu plus de la lumière venue d'Orient, entre le signe et la rumeur.





(*) pour les lecteurs qui ne connaîtraient pas encore Fabienne Verdier, je renvoie à son beau livre Passagère du silence: dix ans d'initiation en Chine (éditions Albin Michel, 2003).
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À l'orient de tout

Magnifique recueil de poésie. Très moderne dans la forme, tout en abordant des thèmes intemporels et qui me parlent beaucoup. La nature est notamment présente dans presque tous les poèmes, et elle est souvent utilisée pour parler de la nature humaine. Les vers semblent couler de la plume légère de l'auteur.

Je recommande ce recueil à tous les amateurs de poésie.
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De l'âme

Un essai splendide où François Cheng, à travers 7 lettres évoque avec clarté et érudition, l'âme, l'esprit, Dieu et la vie. Loin de la pure théologie, c'est une véritable réflexion philosophique. On y retrouve le style de l'auteur, sa poésie, sa concision, son talent. Cet ouvrage résonne de sagesse, il nous invite à faire nous aussi, notre propre voyage intérieur, pour nous découvrir, et tenter de trouver ce que nous sommes, ici et ailleurs.
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Cinq méditations sur la mort

François Mitterrand, dans sa très belle préface du livre de Marie de Hennezel « la mort intime » s’interrogeait :



« Comment mourir ?

Nous vivons dans un monde que la question effraie et qui s’en détourne. Des civilisations, avant nous, regardaient la mort en face. Elles dessinaient pour la communauté et pour chacun le chemin du passage. Elles donnaient à l’achèvement de la destinée sa richesse et son sens. Jamais peut-être le rapport à la mort n’a été si pauvre qu’en ces temps de sécheresse spirituelle où les hommes, pressés d’exister paraissent éluder le mystère. Ils ignorent qu’ils tarissent ainsi le goût de vivre d’une source essentielle ».



« Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie » est un petit livre qui nous donne quelques pistes de réflexion pour aborder cette grande question. Il présente l’intérêt d’avoir été écrit par le poète François Cheng, qui excelle à nous faire profiter à la fois de sa double culture, occidentale et chinoise et de sa grande érudition. Sans donner de leçon, il s’interroge. Du coup, sa méditation devient, de façon très naturelle, celle du lecteur. Aux raisonnements philosophiques, il préfère les paroles des poètes, « non pour leur lyrisme, mais en raison de la fulgurante intuition qui les a suscitées, de leur formulation éminemment incarnée ».



En lisant ce livre, on se surprend donc à méditer en compagnie de François Cheng sur ces trois notions indissociables que sont la vie, la mort et le temps. Heidegger, bien sûr, est évoqué (« dès qu’un homme est né, il est assez vieux pour mourir »), mais aussi Goethe, Hölderlin, et surtout Rilke, qui décrit l’union de la vie et de la mort par le « Double royaume ». Et c’est ainsi que nous sommes invités à ne pas « nous accrocher seulement à ce seul versant de la vie, mais de nous situer au cœur du Double-royaume », puisque « en excluant la mort de sa vie, on se prive d’une vie complète et en l’y accueillant, on élargit et enrichit sa vie » (Etty Hillesum). On s’interroge ensuite sur les besoins que la conscience de la mort fait naître en nous : celui de nous réaliser (ne pas subir un « trajet de vie », mais réaliser son « projet de vie ») ; celui de nous dépasser nous-même (à travers nos passions et notamment l’amour) ; enfin, celui de tendre vers la transcendance, que ce soit par notre lien avec Dieu ou simplement avec les autres.



Ceci nous amène également à réfléchir sur ce qui distingue l’esprit de l’âme, dont François Cheng donne une définition lumineuse : « C’est elle qui, absorbant patiemment tous les dons et les épreuves du corps et de l’esprit, est l’authentique fruit conservant intact ce qui fait l’unicité de chacun. »

Après diverses réflexions, notamment sur la beauté et le mal, « les deux mystères fondamentaux qui interfèrent avec notre conscience de la mort », nous sommes enfin conduits à la grande question de la survie de l’âme. Celle-ci est vue d’abord sous l’angle de la communion des âmes au-delà de la mort, au moyen d’une belle évocation de Byron, Keats et Shelley. Evidemment, il n’y a alors plus qu’un pas pour que ce cheminement aboutisse à la question de Dieu, ou du lien qui peut unir toutes nos existences individuelles. Que l’on suive les méditations jusque-là ou que l’on ait bifurqué auparavant vers d’autres voies, on aura pris plaisir à accompagner François Cheng dans cette réflexion sur le sens de la vie : « Il n’y a qu’une seule aventure, et si chacun d’entre nous n’a qu’une seule vie, toute la Vie est une. »

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Entre source et nuage : La poésie chinoise réin..

J'aime de temps à autre revenir vers le pays du Soleil-Levant, redécouvrir sa poésie qui, telle la lointaine lumière des étoiles, n'en finit pas d'arriver jusqu'à nous.



Entre Source et nuage : la poésie chinoise réinventée est une courte et belle anthologie sur la poésie chinoise classique et contemporaine. Ce recueil préfacé et annoté par François Cheng (il est également le traducteur des poèmes de l'ouvrage avec sa fille Anne, sinologue et universitaire) est comme un nouveau témoignage du magnifique héritage littéraire que nous laisse la Chine, un héritage qui a su traverser le temps et les frontières, tracé d'un long chemin qui va des dynasties des Tang (618-907) et des Sung (960-1279) jusqu'à notre époque contemporaine.



J'ai retrouvé avec plaisir des poèmes de ceux qui sont sont considérés en Chine comme les trois grands noms de la poésie : Li Po, Tu Fu et Wang Wei. Chez eux, le langage est épure, l'intime embrasse l'universel et fait de chaque poème un nuancier subtile, entre gravité et méditation mais aussi légèreté et trivialité.



Un poème de Li Po m'a particulièrement touché. Son titre : Pensée nocturne.

" Devant mon lit clarté lunaire

Est-ce du givre couvrant la terre ?

Tête levée, je vois la lune

Yeux baissés songe au sol natal. "



Ce très court poème est d'une rare beauté. Quelques mots seulement ont suffit à son auteur pour décrire toute l'immensité d'une nuit sans nuages, d'un paysage nimbé d'une étrange lumière. Étonné, l'homme lève le regard jusqu'à la lune puis ses yeux baissés apparaît le songe du pays natal. Quelques mots, juste quelques mots, le mouvement d'un regard à peine suggéré, et ce sont deux mondes, deux temporalités (le présent et le passé) qui nous apparaissent dans toute leur évidence, dans toute leur simplicité.



Au fil des pages, j'ai découvert d'autres poètes moins connus mais qui influencés par le taoïsme, le confucianisme ou le bouddhisme, possèdent une écriture tout aussi belle et sensible que leurs illustres prédécesseurs. Je pense notamment à Li Ch'ing-Chao (poétesse née à la fin du XIème siècle). Ses poèmes sont emplis d'une réserve et d'une délicatesse touchantes. Celui-ci particulièrement, il s'appelle " Sur l'air de Wan-ch'i-sha " :



" Faiblesse après la maladie, cheveux ornés de givre.

Un reste de lune éclaire mon lit par la croisée…

Tisane de noix muscades bouillies avec leurs tiges

non moins savoureuse que le thé.

Lecture de poésie sur l'oreiller, délice inespéré.

Dehors le paysage, se rafraîchit sous l'averse.

Tout le long du jour, seule présence amie :

secret parfum de cannelier. "



Plus loin dans le recueil, François Cheng révèle une face peu connue de la poésie chinoise, celle des périodes modernes et contemporaines. La plupart de ses représentants sont très peu étudiés et traduits en France. Il est donc très difficile, même au travers d'une présentation des auteurs et de quelques-uns de leurs poèmes, de rendre compte de leur influence, de l'importance de leur oeuvre. Même l'évocation d'Ai Ts'ing (auteur né en 1910), considéré par beaucoup en Chine comme le plus grand des poètes modernes, a du mal à se faire une place dans la présente anthologie.



Les écrits de beaucoup de poètes chinois modernes et contemporains mériteraient une traduction comme ceux de Mu Tan (1918-1977) ou Ping Hsin, une poétesse des années 20 très populaire au Pays du soleil levant :



" Sur l'eau verte de la rivière

se penchent des lavandières

et passent quelques canards…

Le poète à dos de mulet

entre pas à pas

dans le paysage de son poème. "



Entre Source et nuage, entre l'eau de la pluie qui s'évapore et remonte au ciel, la poésie est un cycle qui va de l'immuable vers la transcendance, avec pour belle interprète de ce passage, la poésie chinoise.
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À l'orient de tout

Voici une compilation de cinq recueils du poète François Cheng. Partagé entre son pays natal la Chine et son pays d'adoption, la France, Cheng revendique cette double appartenance : il dévoue sa pensée et sa plume à ces deux pays allant sans cesse de l'un à l'autre comme suivant la migration des oies sauvages qui traversent ses poèmes.

Les quatre éléments, le minéral, la faune et la flore, le cosmos, l'amour, la vie et la mort ou encore la renaissance sont autant de thèmes que Cheng traite avec talent et sensibilité.

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Cinq méditations sur la beauté

En toute honnêteté, avec la présence que l'on doit au monde, peut-on prétendre livrer une méditation sur la beauté dont la recherche est présentée comme le but ultime et la raison fondamentale de vivre, alors que notre univers est quotidiennement défiguré par la barbarie, entaché de tant de laideurs et réduit, semble-t-il, à une recherche mesquine mais effrénée du pouvoir et du profit ?



Oui, répond François CHENG. Entre le laid, l'obscur, la déviance du réel et le beau, l'illuminé, la symbiose entre l'être et le Monde, il y a certes une tension. Mais il y a aussi un parcours, un art de vivre qui invite à l'engagement de chacun pour un supplément d'âme pour tous. En cinq méditations tenues devant et en complicité avec un groupe informel d'amis poètes, écrivains, anthropologues, psychiatres, économistes, tous hommes de notre temps, François CHENG s'attelle à interroger les deux cultures orientale et occidentale. Il montre alors comment c'est dans l'entre--dit, entre le déjà là et ce qui doit encore advenir, que la beauté se laisse voir comme elle ne cesse de regarder celui qui la cherche. Il souligne l'heureuse similitude entre le double sens du mot 'voir' en chinois comme en français. Il nous rappelle que la vue est à la fois l'organe qui regarde (c'est l'actif) et ce qui s'offre au regard (nécessitant une réceptivité 'passive). Non seulement, dans ces méditations, on retrouve la puissance active du yang mais aussi la douceur réceptive du Yin. Perception du Monde que l'occident a, en partie, repris à son compte en lisant ce qui est à travers la dualité de l'être à la fois corporel et mental, mieux corporel et spirituel.



François CHENG, vrai chinois, insère un troisième temps dans la respiration face au beau (comme d'ailleurs à la laideur), c'est la place laissée, prise et enrichie du vide médian. Ce dernier permet la transformation, l'enrichissement, l'interactivité entre l'un et l'autre, l'actif et le passif, le don et le reçu, ce qui est et ce qui advient. Avec ce modèle ternaire, usant de mots simples et livrant toutes les explications et illustrations nécessaires, François CHENG nous guide vers la recherche de la beauté. Ce n'est pas celle qui, volontariste, veut créer, fabriquer, forcer et usiner ce qui est imaginé et le baptiser 'beau'. Non, la recherche proposée est celle de l'acceptation de cette interaction entre, par exemple, le paysage qui est, qui s'offre au 're-gard' de qui a déjà vu des paysages, qui les a gardés en lui et se laissant interpeller par l'unicité de ce qu'il voit, 're-garde' à nouveau à la fois la vue qu'il a en face de lui et toutes celles qu'il a en lui, chacune venant enrichir la première. Transformé par cet apport, il donne au paysage (ou à la rose, au visage aperçu, au geste de la personne croisée, à l'être aimé, à la musique qui ouvre à une vibration intérieure ...) une nouvelle façon d'être. Ce qui n'était que ce qu'il était avant son regard devient beau ! Car l'unicité de chaque objet, de chaque être, de chaque moment est source d'émerveillement. La beauté qui s'en dégage n'est vraie que si chaque unicité en réclame d'autres, qu'elle ne cherche pas à suppléer ou dépasser. C'est dans l'existence même de ces unicités que la vision ouverte (offerte) sur le monde peut exister. C'est de ces unicités que naît la possibilité d'un 'je' et d'un 'tu', que naît le langage et donc l'entre-dit qui peut soutenir et enlacé un amour, une existence reconnue. La diversité est la condition même de l'humain, sa richesse, sa chance !



François CHENG propose aussi sa conviction : Dans la nature, la beauté est vraie et désintéressée, sans recherche de pouvoir, sans prise en otage de l'autre. Elle n'est donc jamais un instrument du pouvoir. Chaque fois que, dans nos vies, la beauté est triturée par l'homme pour l'asservir, pour contrôler autrui ou le piéger, il nous faut nous méfier et nous interroger sur l'entre-dit qui lie ce 'beau' et ses effets de reconnaissance ou non des autres unicités. Il nous faut donc, non cueillir la beauté (ce qui correspond à un acte de pure préhension le plus souvent instinctif) mais nous montrer capable et digne d'accueillir la beauté (ce qui correspond à un acte de réception et de réflexion).



S'appuyant sur la croyance profonde née des sources de ses méditations et de sa recherche éperdue de compréhension des cultures et civilisations, François CHENG, pense que l'effort de l'homme pour tendre vers le beau est de nature universelle. Dès lors, dira-t-il, "*Je ne doute pas que le grand dialogue qui marquera le siècle à venir se fera aussi dans l'esprit, non de confrontation mais de compréhension, le seul qui vaille. *"



"La beauté sauvera le monde" dit quelque part Dostoïevski ... François CHENG, par ses méditations partagées, nous donne de nous en approcher quelque peu.

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La vraie gloire est ici

L'écriture magnifique de François Cheng m'a transportée tout au long de ce recueil de poèmes.



Il y a beaucoup de sensibilité chez François Cheng. Beaucoup de vécu et pas seulement du fait de l'âge. On sent dans sa poésie toute l'attention qu'il porte au monde, visible comme invisible. Il nous livre ici une spiritualité à la fois emplie de mystique et de quotidien. Les poèmes se font tour à tour contemplatifs et introspectifs. La frontière entre l'intériorité et l'extériorité se fond en une recherche perpétuelle du présent, de la Voie, de la vie et du sacré.

La Nature est omniprésente, complice ou détentrice d'une sagesse que l'humanité devrait s'efforcer d'acquérir.

Et toujours cette richesse des mots, l'amour de François Cheng pour la langue française qui tintent clairs et sublimes à chaque strophe, à chaque vers.



Alors tant pis si, faute de connaissances ou de sensibilité, je n'ai pas tout compris. Tant pis si certaines pièces me sont restées complètement hermétiques. Car au final est-ce si important? Si La vraie gloire est ici, selon François Cheng, peut-être que l'humilité y est aussi, celle m'engageant à comprendre que tout n'est pas compréhensible. La magie des mots, la musique de la langue suffisent à combler mon appétence de lectrice quand la compréhension est absente. Permettre d'accueillir la beauté en soi est un cadeau inestimable du poète.
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