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Critiques de François Cheng (462)
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Une longue route pour m'unir au chant français

Que dire sinon que je suis assez déçu par ce livre. De François Cheng, j'attendais autre chose que la description de son parcours et sa réussite intellectuelle. J'aurais aimé qu'il nous parle de la Voie, qu'il fasse plus de liens entre la poésie chinoise et française, sans forcément qu'il le fasse à travers ses propres expériences. Ce livre est à prendre comme un livre "testament", d'un vieil homme qui regarde en arrière tout le chemin parcouru et sent la mort approcher.
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Une longue route pour m'unir au chant français

Quel superbe voyage dans le monde de la poésie, quel envol vers un horizon mystique, quelle vision ouverte sur l'entièreté de la Vie !



François Cheng, né en Chine et arrivé à Paris à l'âge de dix-neuf ans, nous fascine par son acculturation à la langue française ; il l'habite encore plus profondément que Akira Mizubayashi dans "Une langue venue d'ailleurs" lorsqu'il nous présente les spécificités de notre langue : précision du vocabulaire, rigueur de la structure et souci du style. Il nous explique le charme lié à la musicalité du français en s'appuyant sur un poème de Baudelaire (L'invitation au voyage) et nous dit prendre "beaucoup de mots comme des idéogrammes (...) par leur prononciation qui suscite l'image de la chose désignée".



La contemplation de la voie lactée qui "ignore sa propre existence" le conduit à réaliser que "tout n'est pas là pour rien, car cette splendeur a bouleversé [son] être".



La citation de Paul Valéry "La France est un creuset où l'on devient français" s'applique à merveille à l'académicien venu de l'autre extrémité de l'Eurasie. Ne devrait-elle pas inspirer notre politique d'accueil des étrangers ? Rejoignant en cela Michel Serres, il balaie d'un revers de main la soi-disant menace que l'anglais exercerait sur la langue française : le français "n'a pas vocation à être un simple outil linguistique pour un monde globalisé (...). Une menace pour la langue française ne pourrait venir que des Français eux-mêmes".



Je peine à rendre compte de toute la puissance de ce livre et du plaisir qu'il procure lorsque, devenu poète français lui-même, l'auteur admire ses prédécesseurs, mais je suis heureux d'en partager le message : c'est le verbe qui fonde les sociétés humaines.
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Une longue route pour m'unir au chant français

Je cherchais depuis quelques temps une lecture qui ne soit pas un enseignement, qui raconte une histoire, je m'orientais vers des thriller/polar mais j'hésitais entre https://www.babelio.com/livres/gisdottir-Les-filles-qui-mentent/1394466 et https://www.babelio.com/livres/Huber-Une-mer-si-froide/847484 pas très glamour tout cela, peut être https://www.babelio.com/livres/Thilliez-Gataca/234872

Tout cela parle d'humains, ce sont des fictions mais... peut être un peu sombre, est ce vraiment ce dont j'ai envie ?

J'ai ce livre : https://www.babelio.com/livres/Guedj-Le-Theoreme-du-perroquet/2455 depuis pas mal de temps, une approche qui semble sympathique des mathématiques. L'idée me parait bonne et cela me semble plus léger avec en toile de fond une intrigue. Voilà je recherche quelque chose d'assez ludique, de pas trop lourd non plus, je garde pour plus tard les ouvrages plus "scientifique" https://www.babelio.com/livres/Faure-101-secrets-de-lADN/129844 et https://www.babelio.com/livres/Hawking-Une-belle-histoire-du-temps-2005/573680 des ouvrages ou je me dis que j'apprendrais quelque chose.

En fait je recherche quelque chose de lumineux, assez léger avec cette joie de l'écriture et du choix des mots. Un livre ou un essai qui fait que l'on aime lire le texte. J'ai retrouvé parfois cela dans des poésies que j'ai lu récemment. Il y a un vécu.

J'ai trouvé aussi le partage dans une conférence d'Agnès Spiquel sur le "lyrisme" et "lyrique", qui s'appuyait sur des textes du XVIe au XXe siècle, ou je cite "le lyrisme est une modalité du chant, où l'intime est central mais débordé de toutes parts par le mouvement même de l'écriture, qui porte vers l'universel."



Je ne connais pas les écrits de François Cheng mis à part https://www.babelio.com/livres/Cheng-Cinq-meditations-sur-la-beaute/10140 dont j'avais apprécié la langue et les mots.



Ce nouveau texte de François Cheng est comme une invitation, je me laisse apprécier au fil des mots l'histoire que François Cheng déroule sur sa vie. Je l'accompagne dans la lecture de ce texte qu'il propose pour découvrir les personnages, les lieux, les espaces, les formes, les époques, les couleurs et les sons qui l'ont accompagné au cours de son existence et qu'il choisit ici de partager.



C'est aussi découvrir l'intime des personnes qu'il côtoie au cours de ses rencontres, mais ce n'est pas du voyeurisme mais bien des rencontres généralement amicales d'être humain avec d'autres êtres humains qui forment ses écrits, ses lectures ou encore ses promenades. Le texte est généralement fluide, je le lis sans effort car je devine l'effort qui a été fait lors de l'écriture pour permettre au lecteur de le lire simplement même si parfois, je me dois de m'arrêter sur certains passage pour mieux profiter de l'ensemble.



C'est donc avec une certaine joie que je parcours le livre, j'ai trouvé cette lumière, le vécu que je cherchais dans un livre, je reste attentif à la lecture et à sa manière de traduire le monde et la vie qui l'entoure. L'écriture ne déborde pas.

Je découvre une partie de l'histoire qu'il choisi de partager, des teintes ou parfois se tinte des ombres et des lumières qui s'estompe pour aller vers d'autres paysages, comme une odeur, permet parfois de sentir l'air que l'on respire et qui libère différents parfums.



Cela ressemble un peu à un ouvrage dont le titre voudrait laisser penser qu'il serait la conclusion d'une histoire qui n'est pas encore achevé mais qui a connu bien des paysages.



La lecture de ce livre m'a donné envie d'en lire d'autres ou peut être d'Anne Cheng et de découvrir aussi certains écrivains dont il a évoqué les noms.



Une belle lecture.

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Une longue route pour m'unir au chant français

L'itinéraire d'un Chinois, de la découverte de la langue française et de la France à l'Académie. Un Chinois issu d'un milieu cultivé, dont les parents ne parviennent pas à cerner l'adolescence tourmentée, et qui préfère s'exiler pour tracer sa voie. Le jeune garçon traverse des moments difficiles, mais poursuit un chemin jalonné de mains tendues, de rencontres heureuses qui lui permettent de surmonter ses difficultés personnelles. Surtout, son approche des deux cultures est particulièrement appréciée. L'Académie ouvre les bras à un Chinois : tout un symbole.

Le récit se lit avec aisance, mais certaines pages compilent des écrivains français dans un raccourci pour lycéens de Première. On n'en saura pas beaucoup plus sur les liens entre les deux cultures, qui demeurent éloignées.
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Une longue route pour m'unir au chant français

Produire une critique approfondie de cette lecture m'est impossible. Vous parler de cet homme, oui. Vous dire ce qu'il me transmet à travers ses livres, ce que je ressens pendant leurs lectures.

Cet homme est au-delà de tout ce que je peux en dire. Lorsque je l'entends parler, lorsque je le lit, je sens tout mon être s'apaiser, ralentir pour arriver à ne plus rien ressentir de la vie qui m'entoure telle qu'elle était quelques instants auparavant.

Je n'ai pas la culture littéraire qui me ferait connaitre, plus que de nom, les philosophes, les écrivains qu'il croise. Mais les poèmes qui parsèment les pages sont de vrais cadeaux.

Ne serait-ce que le déroulé de sa vie fascine le commun des mortels que nous sommes. Celui qui est devenu plus français, plus lettré... jusqu'à finir sur les bancs de l'Académie française est fascinant
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Une longue route pour m'unir au chant français

L’eau, source de vie, devient poésie.



Né en 1929, au sein d’une famille de lettrés, dans une Chine tourmentée, l’auteur se retrouve, en 1949, à Paris, esseulé et sans aucune connaissance du français.

Grâce à sa volonté, son travail et son érudition, il parvient à maîtriser notre langue et à exceller dans des traductions franco-chinoises.

Diplômé, reconnu par ses pairs , lauréat de plusieurs prix littéraires, il entre à l’académie, en 2002.

Son autobiographie est un régal. Très discret sur sa vie intime, il transmet , avec amour et enthousiasme, sa passion pour la poésie. Il partage , avec ses lecteurs, ses strophes préférées et ses propres vers.

Ce livre est semblable à un ruisseau qui jaillit de la montagne, un joyau qui brille à chaque page.

Un récit , hors du temps, où règnent beauté, tendresse et mort.

Un grand merci à François Cheng de m’avoir donné envie de me plonger dans l’oeuvre de Rilke et dans

des recueils de poésie.
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Une longue route pour m'unir au chant français

François Cheng est un poète et un philosophe qui , au crépuscule de son existence, nous invite à parcourir » le long chemin « qui l’a conduit de Chine en France puis la lente métamorphose de son univers mental chinois vers un amour débordant pour la France ,sa langue et sa littérature

Dès son adolescence au milieu de la Chine ,il est fasciné par les brumes , l’eau, la montagne, les vallées, le silence propice à la médiation , probablement aussi très inspiré par le taoïsme où l’homme puise ses forces dans la nature. Très jeune Il se nourrit intellectuellement des grands poètes français mais sera aussi en communion spirituelle avec le grand poète autrichien Rainer Maria Rilke qui , dans ses poèmes orphiques et les Cahiers de Malte , fait de la mort l’incitation à vivre encore plus pleinement, en participant à la souffrance du monde.

La mort est en effet omniprésente dans ce récit. On retrouve l’ambiance du quartier de la Montagne Sainte Geneviève des années 60 , la Mecque de la vie intellectuelle européenne ,on découvre des poètes contemporains connus ou inconnus avec lesquels il est en étroite complicité littéraire.

On ne peut qu’admirer une telle personnalité , tellement originale dans sa perception du monde et qui a la délicatesse de ne pas ennuyer le lecteur avec toutes les difficultés traversées en France pour s’imposer,jusqu’à être admis dans le Saint des saints « l’Académie Française « 

Son voyage sur les traces de Rilke en Suisse est très émouvant.

Il faut se détacher du monde actuel pour apprécier tous les poèmes qu’il cite au hasard de ses réflexions et qui ont enchanté sa vie, beaucoup d’entre eux écrits par lui-même
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Une longue route pour m'unir au chant français

Un livre autobiographique qui m'a semblé avoir été écrit par un auteur absolument prétentieux, malgré toutes ses dénégations à l'être et toutes ses déclarations de modestie. Dans la même veine mais loin, très loin, des souvenirs autobiographiques d'un Paul Veyne par exemple...
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Une longue route pour m'unir au chant français

Je suis toujours admirative quand j'entends des interview de François Cheng, par son calme, ses connaissances, sa formulation. Du coup, quand ce texte a tourné dans mon groupe de lecture, je m'en suis emparée.



L'auteur revient sur son parcours, de son départ de Chine à sa réussite en tant qu'écrivain et poète en France.



Je suis restée en retrait, trouvant qu'il y avait des faits mais peu d'humains.


Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Une longue route pour m'unir au chant français

À la fois livre autobiographique, réflexion sur le langage et la poésie, témoignage de rencontres diverses avec des gens de plumes, des enseignants,des éditeurs,des linguistes,des sinologues,des peintres, des érudits,ce livre est aussi un pont entre l'Orient et l'Occident ,entre philosophie orphique et philosophie bouddhiste.

C'est un livre dense par les sujets abordés mais écrit avec une plume alerte,claire,simple, précise,empreinte de modestie , racontant la vie extra-ordinaire du Chinois le plus français puisqu'académicien, clairvoyant nonagénaire étant parvenu,par sa fine intelligence,son amour de la langue française,sa soif de rencontres et d'échanges,à une sagesse pluri culturelle que j'aime retrouver dans ses poèmes.

Beau témoignage de quelqu'un qui est devenu qui il était.
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Une longue route pour m'unir au chant français

Ma vie se tient toute

Au futur antérieur

Par une longue route à l'unisson

J'aurai été retrouver qui je fus

Qui je serai





Le livre reposait à l'étal

En seconde main

Pressentant l'intime d'un lit d'hôpital

En moins d'une seconde

Je le caressai des miennes





Au clair alunissons

Tes larmes de sérénité

Repu re-paix d'un report ...

Tu n'as pas la plume

Du Dit du non-dit





Au futur intérieur

Ces silences chouettes

Ceux-là mêmes qui me font en Vie

Je le sais effrayent

Alors j'aurai dit vain



-----------------------------------------------------------------------



"La beauté est une rencontre, toute présence

Sera par une autre présence révélée,

D'un même élan regard aimant figure aimée ;

D'un seul tenant vent d'appel feuilles de résonance."

p.166-167

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Une longue route pour m'unir au chant français

« Le livre d’une vie » annonce le bandeau en couverture.

Et c’est parfaitement résumé.



C’est en tout cas certainement l’un des livres majeurs de François Cheng, livre dans lequel il revient sur sa vie et le parcours qui l’a amené à vivre en France et à « s’unir au chant français » (ce sont ses mots) par sa passion pour la littérature et la poésie.

François Cheng est depuis longtemps une voie précieuse, véritable passeur entre deux cultures (chinoise et française).



C’est un écrivain qui transmet à merveille sa sagesse, ses passions et son regard poétique sur la vie.



Une lecture lumineuse et qui grandit.

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Vide et plein

François Cheng nous fait entendre le langage de la peinture chinoise et tente de nous faire comprendre la syntaxe de ses signes.

Qu'est ce qu'un langage sinon la communication de l'expression d'une pensée au moyen de signes ?



La peinture chinoise est donc une « pensée en action », et plus encore un art de vivre, une philosophie, « la somme de leur conceptions de la vie », « En Chine, de tous les arts, la peinture occupe la place suprême ». Suprême parce que sacrée, parce que révélatrice, parce que re-création.

« En chine, l'art et l'art de la vie sont indissociables ». Dans ce « lieu médiumnique », le peintre se transporte, rejoint, atteint.



La tradition picturale chinoise remonte au début du premier millénaire. Successions de dynasties, unifications, divisions, invasions n'eurent de cesse de se succéder. À travers les siècles la peinture n'a cessé de se développer. Depuis la grande dynastie des Chin (3e-5e siècles) jusqu'à celle des Ts'ing (17e–19e siècles), les noms de ces grands peintres ont tracé chaque épisode de son illustre histoire.



Cheng s'attache ici à l'exploration du langage picturale profane, délaissant le courant religieux. Profane mais empli de spiritualité.



L'art du trait, voilà la base de cet art. Le trait. Immanquablement il nous revient en mémoire l'étude du point et ligne sur plan de Kandinsky. Ce point qui commençant à vivre, en devenant ligne, évoluant en « nécessité intérieure ». « Voilà le monde de la peinture » disait Kandinsky. Il y a là extraordinaire résonance. « Une ligne unit autant qu'elle divise » écrit Brusatin dans Histoire de la ligne. Et il ajoute « Un point génère le monde, deux points génèrent une vie qui est une ligne... ». Le « Peindre » est donc acte universel. « Poser un point, c'est semer un grain ; celui-ci doit pousser et devenir... » Huang Pin-Hung.

Le Trait donc. Ce trait de l'Esprit qui prononce l'état de l'âme. « Un et Multiple ». Le Trait d'Union entre l'homme et le surnaturel. Surnaturel puisqu'il devient « aussi vrai que la Nature elle-même ».

Voyages vers des espaces intérieurs infinis, le paysage n'est jamais figuratif. Pour entrer dans ce lieu, il faut comprendre l'aspiration du peintre. « Le regard du peintre est tourné vers le dedans ».

S'il est une particularité propre à ces peintures, c'est la place qu'elles offrent au Vide.

Tout ne se remplit pas. Tout ne se recouvre pas. Rien n'est lié. Tout est relié. Pleins, déliés, vagues, nuages, brumes, tendent par leur multiplicité à l'unité.

Et c'est par ce Vide, ces souffles vitaux que l'unicité de l'oeuvre peut apparaître. « tout est là dans le cœur ».

Le Vide est agissant, dynamique, l'espace nécessaire aux transformations, le lieu où le Plein peut se réaliser, le vide, ce non-avoir, ce Rien, cet élément central de l'école taoïste, l'école de la Voie. La Vallée qui mène à la Plénitude.

« La Grande Vallée est le lieu où l'on verse sans jamais remplir et où l'on puise sans jamais épuiser » - Chuang - Tzu.

L'Eau devient Montagne, la Montagne peut être Eau.

Voici leur Devenir réciproque, « cet universel écoulement, cet universel embrassement ».



Le Vide est le lieu du passage, le lieu des Mutations. Car les choses se reflètent les unes dans les autres. Il n'y a pas de dissociations, il y a basculement, embrassement. Tout n'existe qu'à la condition du Rien. « Toute chose réalise son même et son autre et par là atteint sa totalité ». La peinture chinoise est « une philosophie de vie en action ».



Il s'y passe quelque chose, quelque ici se réalise, aussi bien pour le peintre que pour le spectateur.

Le peintre prend vie dans son acte. La peinture chinoise ne copie pas, ne reproduit pas, ne mime pas, n'interprète pas, ne filtre pas, elle vit l'intériorité de l'être.



Le Vide, lieu d'émanation de l'Un, le Souffle primordial qui donne naissance au deux souffles vitaux : la force active le Yang et la douceur réceptive le Yin. Par leurs continuelles interactions ils animent les dix mille êtres du Monde.

Et pour que ces interactions se réalisent il faut l'action du vide médian qui entraîne les souffles vitaux dans un devenir réciproque.

Il est en somme le maître du ballet harmonique de l'équilibre du monde.

Et c'est ce vide médian résidant en toute chose qui permet à celle-ci d'être en relation avec le Vide suprême.

Deux axes régissent la cosmologie de cet univers. « un axe vertical qui représente le va-et-vient entre le Vide et le Plein, le Plein provenant du Vide et le Vide continuant à agir sur le Plein ; un axe horizontal qui représente l'interaction, au sein du Plein, des deux pôles complémentaires Yin et Yang dont procèdent les Dix mille êtres, y compris l'Homme, microcosme par excellence ». « Le Vide est la vêture du Yang et le Plein cœur du Yin ». Ting Kao.

Le devenir de l'Homme, troisième génie de l'Univers, avec le Ciel et la Terre, réunit en lui leurs vertus et il doit les mener à l'harmonie.

Voilà son voyage initiatique. « c'est ce qu'on appelle la nature innée. Qui perfectionne sa nature fait retour à sa vertu originelle. Qui atteint à sa vertu originelle s'identifie avec l'Origine de l'univers et par elle avec le Vide. »

Dans le cœur de l'Homme doit ainsi devenir le miroir du monde et voir apparaître en lui images et formes et maîtrisant l'Espace et le temps, il maîtrise la loi de la Transformation.

Ainsi est il possible, en suivant la Voie du Tao, de devenir miroir du monde et de soi-même, là s'inscrit la possibilité de vivre.

Rapport, harmonie, équilibre, rythme, mouvement, réciprocité, sont les points majuscules de la pensée et donc de la peinture chinoise, illustrant le Cycle infini du Tao.

Infini et non éternité, voici la grande spécificité de cet espace.

Dérouler une peinture c'est Dénouer le Temps. C'est rejoindre l'Esprit du Monde. Atteindre le Retour, cette « reprise en charge de toute la vie remémorée ou rêvée, sans cesse jaillissante », c'est entrer dans le mouvement circulaire de la Création. Par la « conscience du blanc et a contenance du Noir » accéder au Mystère, à la vision Suprême.

Le Trait, par l'encre et le pinceau, par l'esprit et la main, par le Souffle, par le cœur, par la structure de l'esprit, par l'harmonie de tout équilibre, par le rythme de l'écoulement de chaque chose en toute chose, est devenu un Art.

Pour citer Brusatin, il faut comprendre « comment se construit celui qui construit », ceci afin de parfaitement saisir la vérité de ce qui se construit.

C'est ce que François Cheng par « le Vide et le Plein, Le langage pictural chinois », a parfaitement réalisé.

Astrid Shriqui Garain
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Vide et plein

Pour explorer, se plonger dans un shanshui, un paysage d'eau et de montagne, découvrir la rigueur de l'équilibre et le bonheur de la fuite du pinceau, saisir le sens de la pose de l'encre sans repentir, faire sens avec la perception du beau niché dans la nature...

Un livre essentiel pour amateur éclairé ou spécialiste.
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Vide et plein

Ils détruisent ce qui n’est quasiment rien, sinon l’éternité de la nature, et par-là, la « réalité intérieure » de ces peintres… Voilà le message sublime que nous livre aujourd’hui, François Cheng, François comme François d’Assise, Cheng comme fils de la Chine, aujourd’hui plus menaçante que jamais.
Lien : https://www.nouvelobs.com/bi..
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Vide et plein

Pour qui s'intéresse non seulement à la peinture chinoise, mais surtout à la pensée chinoise, cet essai est une assez bonne vulgarisation qui permet au travers de l'exemple de la peinture de comprendre la notion de vide (et de plein) comme élément dynamique de l'univers, de la cosmogonie. A l'aide de nombreuses citations, nous appréhendons ce qui se cache derrière ces paysages peints certes beaux mais pas toujours accessibles. On voit alors s'ouvrir le cheminement, l'art par la contemplation. Pour la contemplation, les symboles, la philosophie (montagne et eau, le paysage dans l'homme et l'homme dans le paysage).



L'introduction qui résume l'histoire de la peinture chinoise, citant de nombreux noms manque d'illustrations et je conseille de chercher sur le net.



Ensuite, on se concentre beaucoup sur Shi Tao (le moine citrouille amère auteur des propos sur la peinture). A ce niveau, c'est intéressant mais redondant et si la synthèse permet une compréhension rapide avec une bonne contextualisation, lire le moine citrouille amère devient un impératif pour mieux comprendre.



Après lecture de ce petit ouvrage, j'ai regardé le paysage de montagne autour de lac Léman différemment, avec un autre ressenti.
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Vide et plein

Je n'aurais pas du commencer la lecture de Cheng par ce livre-là, j'ai rien pigé...................
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Vide et plein

Livre pour public averti ouverture vers la peinture chinoise.

Analyse très structurée, basée sur des citations d'artistes
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Vide et plein

Tout jeune, c’est avec cet ouvrage que j’ai découvert François Cheng et la pensée sous-jacente à la peinture chinoise. Cet essai m’avait profondément marqué et c’est avec lui que je m’étais exercé pour la première fois au Shan shui, littéralement « montagne et eau », un style de peinture traditionnelle chinoise alliant expression littéraire et picturale au travers de la représentation d’un paysage naturel.



Comme le rappelle l’auteur, « en Chine, de tous les arts, la peinture occupe la place suprême. » C’est sans doute parce que nulle autre expression artistique ne possède une telle dimension syncrétique. Au travers de cet essai, François Cheng nous présente les éléments essentiels de la pensée philosophique et esthétique chinoise, mettant l’emphase sur une notion centrale, celle du Vide, avant de l’illustrer à partir de l’œuvre du célèbre Shitao, plus connu en France sous le nom de Moine Citrouille Amère, artiste peintre, poète et calligraphe de la dynastie Qing. Cette seconde partie m’avait parue à l’époque un peu plus cryptique, et ce n’est que bien plus tard, grâce à l’influence de Fabienne Verdier, que j’ai redécouvert Citrouille-Amère avec la traduction de ses propos et les commentaires de Pierre Ryckmans.



Après des préliminaires brossant rapidement l’évolution de l’art pictural au travers des dynasties chinoises, c’est donc au Vide que François Cheng consacre l’essentiel de son essai. Le Vide est un pivot autour duquel s’articulent toutes les formes artistiques (peinture, poésie, musique, théâtre) et même notre quotidien. Que serait la musique sans les silences entre les notes ? A quoi servirait une cruche sans le vide qui caractérise son usage ? De même, le vide structure la peinture et permet aussi de comprendre la philosophie et la cosmogonie chinoises. Cheng décortique les dualités (Pinceau-Encre, Yin-Yang, Montagne-Eau, Homme-Ciel), cite Lao-Tzu et Confucius, mais aussi Matisse et Ryckmans, nous emmène en voyage guidé dans les paysages peints et les poèmes qui les accompagnent, ne manquant pas d’offrir de nombreuses images pour accompagner ses propos.



Un essai érudit et lumineux, relu avec grand plaisir.
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Vide et plein

Pour qui s'intéresse à l'esthétique de la peinture chinoise et à l'influence de la pensée chinoise sur l'art pictural, l'essai de François Cheng constitue à la fois une référence incontournable et une introduction idéale.
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