Fernande était une curieuse créature aussi difficile à classer qu’à décrire. Les peintures de Picasso montrent une grande femme, placide, au teint splendide, aux yeux en amande, et à la sensualité indolente ; naturelle et à l’aise lorsqu’elle était dévêtue. …Elle était d’une étonnante nonchalance et semble-t-il, elle n’avait absolument rien de maternel. Elle restait étendue sur le lit en regardant Picasso vaquer à toutes les tâches domestiques qui se présentaient ; et bien qu’elle mentionne les efforts d’autres femmes promptes à aider les artistes dont elles partageaient l’existence…. qui logeaient au Bateau-Lavoir… elle ne fit rien pour Picasso même aux moments les plus difficiles …
… Quoi qu’il en soit, elle était loin d’être stupide ; peut-être n’avait-elle qu’une mince idée des activités de Picasso, bien que son travail prodigieux, et persévérant fît sur elle une impression vive, peut-être ne comprit-elle rien au cubisme et ne l’aima-t-elle pas, peut-être ne savait-elle rien, ou si peu, sur l’Espagne….
Mais son livre « Picasso et ses amis » contient des portraits brillants. Quand la malveillance fausse son jugement, ce qui advient dans le cas de Juan Gris et de Marie-Laurencin, elle dit des bêtises ; mais si tel n’est point le cas, lorsqu’elle évoque ceux qu’elle aima, comme Max Jacob ou Salmon, ou ceux qu’elle observa objectivement, tel Apollinaire, ses descriptions sont aiguës, concises, et finement nuancées. C’est un livre qu’une vulgaire odalisque n’aurait pu écrire ; et quoi qu’en dise Gertrude Stein, Fernande était capable de bien ‘autres choses que de parler interminablement de fourrures, de chapeaux et de parfums.
(Pablo Ruiz Picasso de Patrick O’Brian)
Tout semble beau, bon. Je dois peut-être à l'opium de m'avoir fait comprendre le sens véritable du mot "amour". Je découvris que je comprenais enfin Pablo, je le "sentais" mieux. Il me semblait que c'était lui que j'avais toujours attendu.